• il y a 3 mois

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00:00Bonjour Guy Royal, alors vous êtes professeur de chimie à l'université Grenoble-Alpes,
00:05également chercheur au laboratoire Edith M. sur l'environnement et la montagne au Bourget-du-Lac.
00:10Alors première question, pas difficile vous allez voir, mais juste qu'on se mette tous d'accord,
00:14comment vous vous prononcez ? Est-ce que vous dites Pifas à la française ou Pifas à l'anglaise ?
00:18On prononce Pifas en général.
00:19On reste sur Pifas, bon allez on est parti pour Pifas.
00:22Alors c'est votre sujet de recherche, c'est Pifas, pour qu'on sache bien de quoi on parle,
00:28est-ce que vous pouvez nous expliquer simplement, à nous qui ne sommes pas scientifiques,
00:32ce que sont ces Pifas ?
00:33Alors le P de Pifas veut dire P.F. perfluoré, donc il y a beaucoup de fluor,
00:38ce sont des molécules qui contiennent beaucoup de fluor et de carbone.
00:41En fait le carbone est lié au fluor, ce qui confère à ces types de molécules des propriétés assez extraordinaires.
00:48En fait elles sont très résistantes à la chaleur, elles sont anti-adhésives,
00:52elles sont très très stables, donc se dégradent très peu dans le temps,
00:55donc ça leur confère des propriétés qui sont très importantes,
00:58et c'est pour ça qu'elles sont très très utilisées.
01:00Donc on en retrouve beaucoup dans notre quotidien ?
01:02Alors les Pifas c'est à peu près une famille, on estime à peu près 10 000 molécules en fait.
01:06C'est une famille de molécules, mais c'est pas une molécule comme un pesticide unique par exemple,
01:11mais c'est à peu près 10 000 molécules différentes.
01:13On peut en fabriquer des nouvelles tous les jours en fait,
01:16c'est un petit peu comme des Legos qu'on va assembler,
01:18et donc on peut en faire plusieurs milliers.
01:21Mais bien sûr, parmi les 10 000, il y en a qui sont plus surveillées,
01:24il y en a une vingtaine actuellement qui sont surveillées particulièrement pour leur toxicité.
01:28Et pour bien comprendre, si on donne quelques exemples dans notre quotidien, on les trouve où ?
01:32La question ça serait plutôt où est-ce qu'on ne les trouve pas ?
01:35Pour être honnête, on en trouve un petit peu partout,
01:38alors bien sûr on connaît tous les poils anti-adhésives.
01:41Le téflon est un Pifas qui n'est pas toxique en soi,
01:45puisqu'il est très stable, là il n'y a pas de problème.
01:47Il y en a dans les pailles en carton par exemple,
01:51pour recouvrir les pailles en carton,
01:53beaucoup dans l'alimentaire en fait,
01:55les emballages alimentaires très souvent,
01:59tout ce qui est anti-adhésif, les mousses incendies,
02:02anti-incendie pour les pompiers,
02:04ce sont des Pifas qui sont très stables, très résistants à la chaleur,
02:07donc c'est pour ça qu'ils sont utilisés.
02:08Et quelles sont les conséquences de ces Pifas sur notre santé ?
02:11Alors c'est très compliqué, il y a beaucoup d'études en cours.
02:15Ce qu'on sait vraiment, c'est que c'est des composés qui sont très stables,
02:18comme je vous l'ai dit, et qui se bio-accumulent,
02:20c'est-à-dire ils vont rentrer dans le corps humain et s'accumuler dans le temps.
02:24Donc on peut en retrouver dans le sang, dans les cheveux,
02:27comme ça s'est fait à l'Assemblée Nationale, sur les députés,
02:30on en retrouve un petit peu partout,
02:32et donc ça se bio-accumule, ce qui peut donner des maladies,
02:35des cancers ou des maladies cardio-vasculaires par exemple.
02:38Il est 7h48 sur France Bleu Pays de Savoie,
02:41et notre invité ce matin c'est Guy Roya, le chercheur spécialiste des Pifas.
02:44Si vous avez des questions à lui poser, bien sûr vous nous appelez dès maintenant 0806 00 10 10.
02:49Dites-nous si ces polluants vous inquiètent,
02:51est-ce que vous allez arrêter de consommer l'eau du robinet en vous attendant ?
02:540806 00 10 10.
02:56Bon donc tout ça c'était le contexte,
02:58on va passer maintenant à votre domaine de recherche à voix proprement parlée.
03:02Vous, vous travaillez pour mieux détecter ces Pifas dans l'eau ?
03:06Oui, je travaille avec une entreprise qui s'appelle Graphil,
03:08une startup grenobloise.
03:10On travaille en commun, on a monté un laboratoire commun qui s'appelle Fluorograph.
03:13L'objectif c'est de mettre en place des capteurs de Pifas.
03:18Il faut savoir qu'à l'heure actuelle, pour les détecter, pour les mesurer,
03:21il faut faire un prélèvement et envoyer ça dans des laboratoires,
03:24ce qui prend beaucoup de temps, qui est très coûteux.
03:26Une analyse c'est entre 300 et 500 euros.
03:28Notre objectif c'est de faire des petits capteurs jetables,
03:33qui sont à quelques euros.
03:35Je vais faire l'analogie avec le Covid,
03:37quand il y a eu le Covid, tout le monde a entendu parler des tests PCR,
03:42qui sont une vraie confirmation, comme quand on a le Covid.
03:45C'est assez coûteux, ça prend du temps.
03:47Mais avant, on a tous fait nos tests sur des bandelettes.
03:49Nous, ce qu'on essaie de développer, c'est l'équivalent de ces bandelettes.
03:52C'est un petit peu ça.
03:54On met une goutte d'eau sur l'échantillon, sur le capteur,
03:58et puis ça peut marcher avec un smartphone par exemple,
04:01ça nous donnerait le résultat de l'analyse sur un smartphone.
04:04Vous pensez qu'il peut y avoir une vraie demande là-dessus,
04:07parce que c'est un sujet qui inquiète ?
04:09Il y a une demande énorme, parce que, comme je vous l'ai dit,
04:11les coûts sont très importants pour les analyses et prennent du temps.
04:13Donc il y a une demande de tous les industriels à ce niveau-là.
04:17Il n'existe pas de solution pour ceci.
04:19À l'heure actuelle, il y a une vingtaine de PFAS qui sont surveillés.
04:22On pourrait augmenter ce nombre,
04:24mais en fait on n'est pas en capacité de faire les analyses.
04:27Pour des histoires de coûts, il manque de laboratoires d'analyse.
04:30Donc si on a un capteur,
04:32alors que ça ne serait pas destiné à remplacer les analyses existantes,
04:35mais plutôt à donner une alerte,
04:37dire voilà, attention, paf, là il faut faire une analyse,
04:39il y a un souci, il faut faire une analyse plus approfondie.
04:42Ceux qui nous écoutent là peut-être se disent,
04:44mais tout simplement, pourquoi est-ce qu'on n'applique pas le principe de précaution,
04:47et pourquoi est-ce qu'on n'interdit pas ces PFAS ?
04:50Alors, certains PFAS sont interdits, sont déjà interdits,
04:54mais le problème c'est qu'ils ont été utilisés très longtemps,
04:57et comme je vous l'ai dit, ils sont très très stables,
04:59ils dégradent très peu, donc ils sont quasiment,
05:01enfin pas indestructibles, mais très peu destructibles,
05:04et donc ils sont là, ils existent.
05:06Alors il y a des recherches qui sont en cours pour les éliminer.
05:09Pour les remplacer.
05:12Alors, soit pour les remplacer à l'heure actuelle,
05:14mais aussi pour éliminer ceux qui sont existants dans les eaux, par exemple.
05:17Guerre royale, on parle des PFAS depuis quelques années,
05:19on a l'impression qu'avant ils n'existaient pas.
05:21C'était le cas ou pas ?
05:23Ils existaient, si, il y a eu des alertes,
05:26mais c'était très peu connu.
05:28Maintenant, c'est devenu vraiment un problème dans le monde.
05:31Alors, je vous rassure, je bois de l'eau du robinet quand même.
05:34Il ne faut pas non plus s'alerter sur l'eau de consommation,
05:37elle est très suivie, et là-dessus il n'y a pas trop de difficultés.
05:40Eh bien, on va voir si nos auditeurs aussi boivent de l'eau du robinet.
05:43Vous pouvez nous le dire ce matin, 0806 00 10 10.
05:49Et on va accueillir François, tiens, qui est à Salanche.
05:52Alors justement, avant d'écouter François,
05:54on va préciser que Salanche, ça fait partie des endroits
05:56où France Bleu a effectué des prélèvements d'eau
05:58pour ensuite faire des analyses.
06:00C'est la grande enquête qu'on a menée.
06:02Il y a des traces de PFAS qui sont infimes,
06:04on est loin du seuil d'alerte à Salanche.
06:06Alors c'est le jour où on a fait le prélèvement
06:08et vous avez tous les résultats sur francebleu.fr.
06:10On vous a mis une carte interactive.
06:13Alors bonjour François.
06:15Oui bonjour.
06:17On vous réécoute.
06:19Vous buvez de l'eau du robinet vous, François ?
06:22Moi je bois de l'eau du robinet.
06:24Absolument.
06:26Et j'ai un seau d'astrine, je fais de l'eau gazée avec.
06:28D'accord.
06:30Je m'en porte très bien.
06:32Elle n'a pas de goût, rien.
06:34Elle est bonne.
06:36Donc ça ne vous inquiète pas ?
06:38Non, ça ne m'inquiète pas du tout.
06:40Je sais qu'elle est surveillée.
06:42Je ne regarde pas les analyses.
06:44Je fais confiance aux pouvoirs publics.
06:46De toute façon, si on achète de l'eau
06:49en bouteille plastique,
06:51je crois que c'est aussi pire
06:53que de ne pas
06:55prendre de l'eau du robinet.
06:57Lorsqu'on mettra l'eau dans les bouteilles en verre
06:59et qu'on récupère les bouteilles en verre,
07:01on pourra se mettre d'accord.
07:03Je pense que les autres sources qui sont prises,
07:05par exemple Cristaline et tout,
07:07elles devraient être aussi polluées
07:09que le robinet.
07:11Très bien, merci François.
07:13Merci François.
07:15Pour votre appel, on a Christine
07:17de Chambéry. Bonjour Christine.
07:19Bonjour.
07:21Vous avez une question pour notre invité
07:23Guy Royal qui est chercheur.
07:25Oui, bonjour.
07:27Je serais intéressée.
07:29Est-ce que vous pourriez indiquer
07:31sur les... Vous savez l'eau adoucie.
07:33J'ai fait installer un appareil
07:35pour l'eau adoucie
07:37qui m'a coûté assez cher.
07:39Qu'en est-il pour l'épiphase dans ce cas-là ?
07:41Les adoucisseurs d'eau ?
07:43Les adoucisseurs d'eau,
07:45non, ne vont pas fonctionner
07:47sur l'épiphase.
07:49On va enlever surtout le calcaire.
07:51Mais il existe...
07:53Il y a des systèmes en développement
07:55un peu sur le système des adoucisseurs d'eau
07:57pour l'épiphase. Il y a des systèmes en cours de développement.
07:59Mais encore une fois, l'eau du robinet
08:01est quand même très très surveillée
08:03au niveau de l'épiphase.
08:05Je pense qu'il n'y a pas d'inquiétude
08:07trop grande à avoir.

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