• il y a 2 mois
Le groupe de laboratoires d'analyse médicale UNIBIO, 17 sites en Drôme et Ardèche, suit la grève nationale à partir de ce vendredi et jusqu'à lundi inclus. Les biologistes protestent contre une baisse des tarifs décidée par l'Assurance Maladie.

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Transcription
00:00Huit heures moins le quart, aujourd'hui de nombreux laboratoires vont faire grève.
00:03Impossible donc d'aller faire des analyses par exemple.
00:06On va comprendre ce mouvement de protestation avec notre invité Alexandre Bertheau.
00:10Bonjour Vincent Gleize.
00:12Bonjour.
00:13Vous êtes biologiste à Unibio, c'est un groupement de laboratoires dans la région.
00:18Il y en a 17 labos au total en Drôme et en Ardèche.
00:21Aujourd'hui, qu'est-ce qui va se passer concrètement dans ces laboratoires déjà ?
00:25Qu'est-ce qui va se passer ?
00:27Ce qui va se passer, c'est que tous les laboratoires seront complètement fermés au public.
00:31Nous n'accepterons donc aucun patient dans nos laboratoires et nous n'accepterons aucun
00:37prélèvement apporté par des infirmières libérales ou effectué par des médecins.
00:42Au cours de ces journées, de vendredi à lundi, y compris les prélèvements présentant
00:55un caractère d'urgence médicale.
00:57Nous orientons dans ce cadre-là les patients vers les services d'urgence, évidemment.
01:01Vous protestez parce que l'assurance maladie baisse les tarifs des actes de biologie de
01:0610%.
01:07Ça veut dire que tout ce que vous faites, ça va vous rapporter 10% de moins ?
01:11C'est plus compliqué que ça ?
01:12C'est tout à fait ça.
01:13En fait, on a 95% de nos analyses qui sont remboursées par la Sécurité sociale.
01:22Donc souvent, les patients ne payent rien, il y a un service de tiers payant.
01:26Nous faisons ensuite rembourser ces analyses selon une cotation qui s'appelle la nomenclature
01:32des analyses biomédicales.
01:35La Sécurité sociale a décidé cet été de baisser un peu brutalement les cotations
01:44de certaines analyses, les analyses les plus fréquentes.
01:46Ce qui entraîne en tout une baisse, pour être très précis, c'est 9,4% de ces tarifs.
01:52Et c'est quoi la conséquence ?
01:56Les conséquences, c'est que ça peut entraîner effectivement une baisse drastique des chiffres
02:05d'affaires de nos entreprises.
02:08On est des entreprises privées.
02:10La biologie de ville en France est tenue par des entreprises privées.
02:17Donc on a besoin, nous, de faire des bénéfices comme toute entreprise.
02:20Et là, ça va atterrer énormément les résultats de fin d'année, jusqu'à, on a des prévisions
02:28qui nous montrent qu'en 2025, on ne ferait aucun bénéfice.
02:31Ce qui n'est pas viable pour les entreprises.
02:33Et sur ces 17 laboratoires unibio en Dromardèche, est-ce que ça veut dire, à terme, voire
02:40à court terme, qu'il pourrait y avoir des fermetures, des licenciements ?
02:43C'est quoi les conséquences ?
02:45Les conséquences principales, c'est qu'on va devoir, nous, trouver des leviers pour
02:53effectivement continuer à être viables.
02:55Donc effectivement, pour nos laboratoires et pour tous les laboratoires, ça va être
03:00peut-être des fermetures totales de certains labos, les labos les plus éloignés.
03:04Puisque pour ces laboratoires, en fait, les analyses sont réalisées sur des plateaux
03:09techniques, donc il y a des coursiers qui transportent.
03:12Effectivement, plus le laboratoire est éloigné d'un plateau technique, moins le laboratoire
03:16est rentable, entre guillemets.
03:17Donc les laboratoires les plus éloignés pourront être fermés.
03:20Il y aura aussi, pour les autres laboratoires, peut-être des fermetures partielles, c'est-à-dire
03:25fermer l'après-midi, fermer le samedi, etc.
03:28Pour l'instant, rien n'est défini, mais on va devoir trouver, nous, des solutions pour
03:34permettre de maintenir un minimum de rentabilité pour nos laboratoires.
03:38Effectivement, la première victime de cette situation, ça va être les patients, ce qui
03:42aura un service qui sera nettement réduit.
03:45Vincent Gleize, vous êtes biologiste à Unibio, c'est un groupement de laboratoires, 17 labos
03:50en Dromardèche.
03:51En 2022, une étude avait montré qu'avec le Covid, les bénéfices des labos d'analyse
03:56avaient augmenté de 85%.
03:58Où est cet argent ? Est-ce que vous n'avez pas pu garder une partie de cet argent ? Est-ce
04:04que vous êtes vraiment en danger ?
04:06Ce qu'il faut dire à vos auditeurs, c'est que la plupart, on l'a déjà « remboursé »,
04:12c'est-à-dire que cette baisse n'est pas la première baisse du tout depuis 2022.
04:17Je crois que sur deux ans, il y a eu à peu près 20% de diminution.
04:22Donc en fait, déjà, l'argent qu'il y avait, effectivement, on a fait des années
04:29avec plus de bénéfices que d'études pendant la période du Covid.
04:32Soit dit en passant, on n'en a pas honte du tout, ce n'était pas du tout indû,
04:36comme l'avait dit un ministre il y a quelques années, c'était suite à un travail très
04:40important pendant le Covid.
04:42Je pense que tout le monde est passé dans un centre de prélèvement et tout le monde
04:46était bien content que les laboratoires soient là.
04:49Mais vous avez l'impression qu'on vous le fait payer aujourd'hui ?
04:51Exactement, on nous l'a fait payer hier, avant-hier et aujourd'hui.
04:55Et là, on a quasiment dépassé, enfin je veux dire, là, on est quasiment perdant
05:00sur cette affaire, c'est-à-dire qu'on a fait notre boulot, on a aidé la gestion
05:07de la santé publique, la société, tout à fait, et aujourd'hui on le paye.
05:10Je crois qu'on arrive à une situation qui est complètement ubuesque, c'est-à-dire
05:15qu'on a un organisme qui est vénérable, la Sécurité sociale qui a été créée pour
05:23servir l'intérêt des patients et la protection sociale des citoyens, et qui aujourd'hui
05:30prend des décisions qui vont à l'encontre de l'intérêt des citoyens, parce que ça
05:34va entraîner une augmentation de la désertification médicale, et ça va entraîner une baisse
05:39de services, des bilans qui étaient urgents, un bilan urgent l'après-midi, par exemple,
05:45ne pourrait plus être pris en charge à temps.
05:50France Anglaise en deux mots, est-ce que la grève qui dure jusqu'à lundi inclut pourrait
05:55durer encore plus ?
05:57La grève, il est possible qu'il y ait des répliques de ce mouvement, et également
06:02il y a quelque chose qui pourrait être refait, ça s'appelle le shutdown, c'est-à-dire
06:07que les syndicats sont en train de calculer le moment de l'année où les dépenses de
06:15biologie médicale vont dépasser le plafond qui nous avait été donné par la sécurité
06:20sociale, c'est ce que la Sécu nous reproche, la Sécu a fait ses calculs et nous dit qu'on
06:25a dépassé ce plafond.
06:26Et donc vous arrêteriez à ce moment-là ?
06:27Excusez-moi, on va calculer ce moment, et à partir de ce moment-là, les laboratoires
06:32seront fermés, parce que de toute façon toute activité au-delà de ce moment sera à rembourser
06:37intégralement pour nous, donc personne n'aime travailler pour rien, je pense que tout le
06:42monde peut comprendre ça, et donc il est possible qu'on fasse un shutdown en fin d'année,
06:45le mois de décembre, tous les laboratoires soient fermés jusqu'à la fin de l'année.
06:49Merci beaucoup Vincent Glesse, biologiste au laboratoire Unibio, 17 labos d'analyse
06:54Andromardèche en grève aujourd'hui, porte-closes pour protester contre la baisse des tarifs
06:59décidée par l'assurance maladie.
07:00Nous retrouvons l'interview dans quelques instants.

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