Musée DADO au Manoir de Vaux

  • le mois dernier
Le Manoir de Vaux, à Gisors dans le Vexin Normand (à 1h de Paris), ouvre ses portes au public en 2025. Il abritera un musée (privé) dédié à l’artiste DADO à partir d’un important fonds d’œuvres issu de la collection personnelle de Hendrik Bokdam. Inscrit en totalité à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, le domaine, propriété de Caroline Bokdam, regroupera à terme des espaces de 400 m2 pour le musée DADO et de 500 m2 dédiés à des expositions temporaires d’art contemporain. Il comprendra également une grande salle et un bar permettant d'accueillir des concerts et évènements divers, ainsi que des gîtes ruraux et résidences d’artistes. Ce lieu culturel est entouré de 9 hectares de prairie et forêt, propices à la découverte de la faune (Refuge LPO) et de la flore locale.
Transcription
00:00Oui, alors comment ce projet est né ? En fait, ça faisait des années, des décennies
00:25même, que papa cherchait un lieu pour exposer sa collection d'œuvres de Dado, son importante
00:33collection et promouvoir l'artiste, le faire connaître au plus grand nombre et puis moi
00:41j'étais à un moment de ma vie où je souhaitais quitter Paris pour plus d'espace, de nature,
00:49un grand chien et en fait, par hasard, en rendant visite à un ami qui avait acheté
00:59une maison à Gisors, j'ai découvert l'annonce pour le manoir de Vaud qui était à vendre
01:08et donc je suis rentrée chez papa, je lui ai dit regarde, regarde, il faut qu'on aille
01:12voir sur ton ordinateur l'annonce et puis la semaine suivante, on a visité et puis
01:20ça nous a plus lâchés quoi, donc on a beaucoup cogité, revisité, etc. et voilà, ça s'est
01:28imposé finalement à nous comme le lieu qui allait permettre de combiner ces différents
01:35projets.
01:36Et les deux générations ?
01:38Aussi !
01:39Encore une cohabitation, pas toujours évidente, avec le chien en plus, parce que le chien
01:51préfère sa maîtresse au papa.
01:55Mais il aime beaucoup le papa aussi, c'est vrai qu'il a des élans, il a des élans
02:03un peu…
02:04Je pense qu'il soupçonne papa de vouloir lui piquer ses croquettes, c'est grave,
02:13c'est très grave.
02:15L'humour fait partie des qualités familiales, je vois, et Dado, vous l'avez connu, vous ?
02:25Oui, je l'ai connu un peu, ponctuellement, parce que je venais de temps en temps en week-end
02:32chez papa, et puis on rendait visite à Dado, puisque papa, de toute façon, le voyait
02:36tous les jours.
02:37Et c'est vrai que c'était un véritable personnage, quelqu'un de très, très érudit.
02:47En fait, il connaissait tout sur énormément de choses.
02:51Moi, j'adore Debussy, par exemple, c'est mon compositeur préféré, mais je pense
02:57qu'il en connaissait plus que moi sur Debussy, c'était incroyable, alors qu'il n'était
03:01pas musicien.
03:02Non, mais il a une mémoire fantastique, phénoménale, phénoménale, et même pour le tour, il ne
03:10concerne pas spécialement, mais il se souvenait beaucoup plus de mes vacances avec mes livres
03:17en sport du vin que moi-même, et lui, peut-être c'est nécessaire, c'est aussi pictural,
03:24c'est aussi bien pour les mots que pour les livres, pareil, il recommandait parfois de
03:30lire un livre.
03:31Je lisais, ensuite je lui en parlais, il se souvenait beaucoup mieux que moi déjà des
03:35personnages de livres, pourtant quelque chose qu'il aurait lu il y a dix, quinze années,
03:40mais lui, il connaît un peu le personnage, donc c'est une mémoire fantastique.
03:45D'ailleurs, la forme même de sa peinture, de son expression, est comme ça, panépsistique,
03:52je dirais, c'est-à-dire qu'il y a différents niveaux de lecture, beaucoup de choses en
03:59même temps, qui font le choc de sa peinture.
04:04Mais bon, vous, vous êtes beaucoup plus à même de juger que lui, moi, je suis vraiment
04:09sur, j'ai rendu visite à Dado à cause de mon ex-femme qui était yougoslave, c'est
04:17notre plus grand peintre qui habite dans la région, il n'y a absolument rien à voir,
04:21et moi j'étais complètement, toujours déjà amateur, enfin amateur néophyte en
04:28matière de peinture, mais quand j'ai vu Dado, ça m'a interpellé, ça m'a subjugué
04:35quelque part.
04:36Qu'est-ce qui vous a subjugué chez lui ? L'homme d'abord ?
04:42L'homme aussi, la peinture, parce que c'est très difficile d'écrire ce que Dado a peint,
04:51je me suis dit, quand je suis rentré la première fois, qu'est-ce que j'ai vu ? C'était
04:56impossible de décrire, presque même de m'imaginer, il fallait revoir, j'espère que pour les
05:06musées ce serait la même chose, les gens qui ont vu, pour savoir ce qu'ils ont vu
05:14finalement.
05:15Moi ça a été moins immédiat en fait, c'est vrai qu'on se prend quelque chose dans la
05:23figure, et il y a une certaine violence que j'ai perçue avant de percevoir l'humour,
05:31en fait maintenant je vois plus l'humour que la violence, c'est un mélange de tout
05:35ça, et c'est vrai qu'au départ, il y avait quelque chose de fascinant, ça c'est sûr,
05:42mais de là à dire que je suis tombée en adoration immédiate, non, il y avait aussi
05:46le petit côté inquiétant de voir la passion dévorante de papa pour cette artiste, parce
05:52qu'il l'achetait, il l'achetait, et c'est vrai que ça pouvait de l'extérieur paraître
06:02un peu, oui presque inquiétant, et en fait, la peinture est aussi inquiétante, quelque
06:17part, pas pour tout le monde, vous êtes familiarisé avec cette expression, mais les gens qui regardent
06:25la première fois ont toujours un choc, alors je ne sais pas si c'est de la violence, mais
06:30en tous les cas, comme vous le dites, quelque chose un peu dérangeant, on ne sait pas forcément
06:38mettre les mots sur ce qu'on ressent la première fois, mais en tout cas ça ne laisse pas indifférent.
06:44Ça n'est jamais de la conscience, et quand on a la conscience tranquille, on n'est pas
06:49choqué, voilà, donc en fait, moi j'ai pris la conscience tranquille, c'est un côté
06:59jouissif, on est content d'être en meilleure forme que les êtres décrits par d'avant, déjà.
07:05Oui, bien sûr, c'est vrai que par ailleurs, ce que tu disais, c'est qu'à chaque fois qu'on y
07:14retourne, on découvre des choses nouvelles qu'on n'avait pas vues la fois d'avant, et une fois
07:19qu'on y a pris goût, il y a beaucoup d'autres œuvres qui paraissent, d'autres artistes qui
07:26paraissent bien fades à côté, parce que c'est un tel niveau d'expression, et d'une richesse,
07:33et c'est vrai qu'une fois qu'on y a goûté... En tous les cas, ce qui est assez exemplaire,
07:42c'est de vouloir faire un musée, et donc de vouloir partager ce plaisir que vous avez ressenti.
07:47Oui, c'est ça. Vous vous reconnaissez ? Oui, parce qu'en fait, il y a des collectionneurs qui
07:56gardent leurs collections pour eux, qui en font un fonds presque financier, en espérant que l'œuvre
08:10va prendre place dans l'histoire de l'art pour que ça coûte très cher, et puis il y a les gens
08:16passionnés comme vous qui veulent partager, parce que ça vous coûte cher, tout ce que vous êtes en
08:21train de faire. Non, je m'excuse de parler d'art, mais c'est un métier où on parle beaucoup d'art.
08:29Oui, on dépense ce que l'on a, et ce que d'autres sont bien gentils de nous aider, etc. Oui, vous
08:40allez avoir des soutiens. Oui, parce que c'est une œuvre publique que vous allez faire. Oui, je pense
08:49que l'œuvre doit être publique, et les lieux aussi. C'est un lieu qui aurait dû être plus public,
08:54qui était public dans le passé. Ça fait vraiment partie de la vie locale de l'époque. C'était,
09:01à mon avis, un lieu où les gens se rassemblaient, où il y avait des foires. Et vous vouliez aussi
09:13continuer cette fonction du lieu. C'est possible, oui. Il faut une organisation, il faut des gens
09:21qui l'organisent, il faut de l'énergie. Il faut y aller par étapes, je pense, parce que c'est
09:26tellement énorme comme projet. Déjà, le lieu est énorme. Les travaux sont d'une ampleur. Tout
09:35est colossal. J'espérais pouvoir ouvrir au public bien avant, mais c'est vrai que vu l'ampleur des
09:48travaux, l'état dans lequel on a acheté le domaine, tout ce qu'il y avait à faire, plus le fait que ce
09:54soit un monument historique qui rajoute quand même des contraintes en termes de restauration.
10:00Il y a des allers-retours avec la DRAC. Tout nécessite un permis de construire. Donc,
10:08ça prend plus de temps que si on achète une maison. Mais en même temps, c'est ça aussi.
10:19Comme dirait notre premier interlocuteur en date de la DRAC, on en a eu plusieurs. Je me souviens,
10:26il m'a dit « c'est le projet de toute une vie ». Donc, voilà, c'est parti.
10:32Qui prolonge d'ailleurs la vie de l'œuvre, qui prolonge la vie de l'artiste. Moi qui suis auprès
10:39des artistes comme vous, je trouve ça exemplaire. Et ce besoin de partager, c'est vrai que c'est la
10:47première des passions à avoir parce qu'humainement, c'est l'histoire d'une vie. Il faut qu'elle ait
10:56un sens cette vie. Oui, c'est ça. En fait, c'est quelque chose qui nous dépasse en fait,
11:01qui est au-delà de nous. Parce que c'est sûr, si on voulait être riche, c'est certainement pas le
11:07genre de projet dans lequel il faut se lancer. Mais ce n'est pas ça le but en fait. Donc,
11:13voilà, c'est de faire vivre le lieu et de prendre du plaisir à mener à bien tous ces projets et à
11:21voir aussi l'enthousiasme des personnes qui viennent visiter, qui nourrissent aussi notre
11:26enthousiasme. Parce que là, il y a des moments où on a plus ou moins des petits coups de mou.
11:30C'est ça. Et donc, de voir des personnes comme vous qui nous soutiennent, qui nous donnent envie.
11:37Papa a sa passion pour Dado et moi, c'était plutôt la musique de longue date. Et j'ai moi-même à un
11:47moment eu mon propre projet en tant qu'auteur-compositeur-interprète. Et c'est vrai que
11:53le lieu se prêterait idéalement à des spectacles. On a une grande salle qui pourrait servir d'écran
12:01à des spectacles, notamment musicaux, mais pas que. Ça peut être aussi des pièces de théâtre.
12:08On a prévu, oui, ça peut être des lectures, des conférences aussi. Et on a prévu une salle qui
12:18accueillera un bar. Donc, ça peut devenir très important. Dès le début, la buvette, c'est le
12:26coeur du domaine. Et en fait, ça peut devenir un lieu très, très convivial de culture au sens
12:34large. Donc, les différents arts trouveraient toutes leurs places. Et voilà. Donc, moi, à titre
12:41personnel, j'ai un penchant tout particulier pour le jazz et notamment le jazz instrumental. Donc,
12:47pourquoi pas un jour un festival de jazz? Ça serait vraiment un aboutissement. Mais bon, il y a
12:54encore du travail pour y parvenir. En tout cas, c'est un des projets de pouvoir développer des
13:01activités aussi dans cette grande salle qui va être magnifique une fois restaurée, avec les baies
13:06qui vont être rouvertes, puisqu'actuellement, la plupart sont mûrées. Mais on voit, on sent le
13:12potentiel. Sinon, le domaine est également refuge LPO, donc pour la protection des oiseaux. Refuge
13:24LPO depuis l'année dernière, parce qu'en fait, on a constaté qu'il y avait un certain nombre
13:28d'espèces. Il y a beaucoup d'animaux qui vivent ici. Et parmi tous ces animaux, il y a un certain
13:34nombre d'espèces protégées. Et par exemple, on a des hirondelles qui reviennent nicher tous les
13:40ans. Donc, on leur a réservé la scellerie. On ne fait rien, on ne touche pas à la scellerie. Il y a
13:45une dizaine de nids d'hirondelles. On a, qu'est-ce qu'on a comme autres oiseaux protégés? On a des
13:59chouettes, des chouettes hulottes, des chouettes effraies. On a des hérissons aussi qui se
14:06promènent. On les voit de temps en temps nuitamment. Et enfin, voilà, c'est vraiment...
14:13Et on nous avait dit, un organisme qui venait faire un rapport sur l'état du domaine en rapport
14:22avec la nature. On ne connaît plus le nom de l'organisme, mais en tout cas, une dame m'avait
14:27dit que c'était un domaine important, notamment pour les oiseaux. Alors...
14:33Et aussi pour la faune et les plantes aussi. Il y a des gens de clubs de randonnées,
14:39de chemins versains qui venaient et qui disaient qu'ils étaient enchantés par la diversité des
14:43plantes qu'ils ont trouvées là. Et le lieu se prête aussi très bien à la promenade. Pourquoi
14:52pas des petits pique-niques en pleine nature? Et aussi, j'aimerais bien organiser éventuellement,
14:59en partenariat avec la LPO, pourquoi pas, des visites pour sensibiliser les jeunes,
15:05voilà. Les sensibiliser, oui, à la nature, à la protection de l'environnement.
15:11Les enfants emmènent les parents après. Oui, oui, oui, oui. Et on a reçu la visite d'ailleurs
15:18d'une classe de collégiens de 5e qui sont venus visiter pendant les travaux, donc. Et ils avaient
15:28l'air très intéressés et notamment aussi par le volet animalier. Très intéressés par Pacha,
15:33le chien, comme tout le monde, mais aussi par les anecdotes au sujet de la nature,
15:38des animaux qu'on pouvait voir dans le parc. On voit des chevreuils aussi, des sangliers également.
15:43Mais voilà, c'est quelque chose aussi d'important. Et vous n'êtes pas là par hasard non plus. Non,
15:49non. Et c'est vraiment un lieu où il y a tellement de choses, un tel potentiel que ce
15:55soit patrimonial, culturel, naturel. Il y a énormément de choses qui peuvent se retrouver
16:05dans un même lieu. L'œuvre de Dado aide à développer la conscience. Je pense, humaine,
16:12humainement, oui. Donc venez en masse à l'ouverture. En masse, ça ne serait pas très agréable pour
16:24vous. Il faut que ça soit aussi distillé dans le temps. Donc là, en fait, on voit,
16:30donc c'est dans la bande dessinée Les chemins de Malfausse, tome 2. On voit le manoir de loin.
16:36Alors l'intrigue se situe exactement en août 1589. Et donc là, en fait, on voit, c'est l'ancienne
16:44entrée avec la chapelle Saint-Laurent, donc du XIIe siècle, qui existe encore. La chapelle de
16:54plus près. Là, on dessine à l'intérieur. Et ensuite, le pavillon Mèneville, qui existe toujours,
17:07mais qui n'a plus ses deux baies là, il n'y a plus que celle-ci. Écurie,
17:12colombier, le colombier que l'on voit derrière. Et voilà, un petit moment d'histoire dans l'histoire.

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