Dans le cerveau des autistes - Temple Grandin (2013)
Vous savez ce que je déteste ? Le bruit du sèche-mains dans les toilettes publiques. Pas tellement le moment où il s’enclenche, mais le moment où les mains de quelqu’un entrent dans le souffle d’air. Cette brusque dépression sonore me rend folle. C’est comme lorsqu’on tire la chasse d’eau dans les toilettes d’un avion. Tout d’abord, on entend brièvement un petit bruit de ruissellement, puis une violente succion. J’ai horreur de ça, comme on peut détester le crissement de la craie sur le tableau.
Vous savez ce que je déteste aussi dans les voyages en avion ? L’alarme qui se déclenche quand quelqu’un dans l’aéroport ouvre par mégarde une porte de sécurité. J’ai horreur des alarmes en général, d’ailleurs. Lorsque j’étais enfant, la sonnerie de l’école me rendait complètement dingue. C’était comme la fraise du dentiste. Je n’exagère pas : le bruit résonnait dans mon crâne comme la fraise du dentiste.
À présent vous avez sûrement identifié un point commun à toutes ces choses que je ne supporte pas. Je suis sensible aux bruits. Aux bruits forts. Aux bruits soudains. Pis encore, aux bruits forts et soudains auxquels je ne m’attends pas. Pis que tout, aux bruits forts et soudains auxquels je m’attends mais que je ne peux pas contrôler, ce qui est un problème courant chez les personnes avec autisme. Les ballons me terrifiaient quand j’étais petite, parce que je ne savais pas quand ils allaient exploser.
Aujourd’hui, je sais que si j’avais pu faire exploser des ballons moi-même, en perçant d’abord un petit ballon avec un crayon pour produire un petit bruit, puis en augmentant la taille des ballons et le bruit de l’explosion, j’aurais peut-être pu les supporter. J’ai souvent entendu des autistes dire que s’ils peuvent être eux-mêmes à l’origine du bruit, ils peuvent mieux le supporter. Même chose s’ils savent que le bruit va se produire. Les pétards que font exploser de manière aléatoire les gamins au bas de l’immeuble sont agressifs, mais les feux d’artifice qu’on tire dans le parc municipal pour des festivités sont acceptables. Mais, lorsque j’étais petite, le ballon qui ravissait et excitait les autres enfants, le ballon qu’ils voulaient se lancer les uns aux autres ou envoyer au plafond d’une chiquenaude, ce ballon-là je le regardais avec terreur. Il arrivait sur moi comme un nuage de douleur potentielle.
Mémoires d'une savonnette indocile - Luc Moullet (2021)
Je ne peux faire deux mouvements contradictoires simultanés ou consécutifs. [...]
Je suis un artiste autiste apraxique, et c’est ce qui peut donner une qualité rare à certains de mes films.
Vous savez ce que je déteste ? Le bruit du sèche-mains dans les toilettes publiques. Pas tellement le moment où il s’enclenche, mais le moment où les mains de quelqu’un entrent dans le souffle d’air. Cette brusque dépression sonore me rend folle. C’est comme lorsqu’on tire la chasse d’eau dans les toilettes d’un avion. Tout d’abord, on entend brièvement un petit bruit de ruissellement, puis une violente succion. J’ai horreur de ça, comme on peut détester le crissement de la craie sur le tableau.
Vous savez ce que je déteste aussi dans les voyages en avion ? L’alarme qui se déclenche quand quelqu’un dans l’aéroport ouvre par mégarde une porte de sécurité. J’ai horreur des alarmes en général, d’ailleurs. Lorsque j’étais enfant, la sonnerie de l’école me rendait complètement dingue. C’était comme la fraise du dentiste. Je n’exagère pas : le bruit résonnait dans mon crâne comme la fraise du dentiste.
À présent vous avez sûrement identifié un point commun à toutes ces choses que je ne supporte pas. Je suis sensible aux bruits. Aux bruits forts. Aux bruits soudains. Pis encore, aux bruits forts et soudains auxquels je ne m’attends pas. Pis que tout, aux bruits forts et soudains auxquels je m’attends mais que je ne peux pas contrôler, ce qui est un problème courant chez les personnes avec autisme. Les ballons me terrifiaient quand j’étais petite, parce que je ne savais pas quand ils allaient exploser.
Aujourd’hui, je sais que si j’avais pu faire exploser des ballons moi-même, en perçant d’abord un petit ballon avec un crayon pour produire un petit bruit, puis en augmentant la taille des ballons et le bruit de l’explosion, j’aurais peut-être pu les supporter. J’ai souvent entendu des autistes dire que s’ils peuvent être eux-mêmes à l’origine du bruit, ils peuvent mieux le supporter. Même chose s’ils savent que le bruit va se produire. Les pétards que font exploser de manière aléatoire les gamins au bas de l’immeuble sont agressifs, mais les feux d’artifice qu’on tire dans le parc municipal pour des festivités sont acceptables. Mais, lorsque j’étais petite, le ballon qui ravissait et excitait les autres enfants, le ballon qu’ils voulaient se lancer les uns aux autres ou envoyer au plafond d’une chiquenaude, ce ballon-là je le regardais avec terreur. Il arrivait sur moi comme un nuage de douleur potentielle.
Mémoires d'une savonnette indocile - Luc Moullet (2021)
Je ne peux faire deux mouvements contradictoires simultanés ou consécutifs. [...]
Je suis un artiste autiste apraxique, et c’est ce qui peut donner une qualité rare à certains de mes films.
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🎥
Court métrageTranscription
00:00Quand tes spaghettis ne sont pas coupés, tu manges comme un dégoûtant et tu en mets partout.
00:06Je te défends de faire tomber le haut des waters à retardement.
00:09Ça me fait peur, tu ne peux pas savoir.