Le nouveau gouvernement de Michel Barnier sera "sous perfusion de l'extrême droite", a estimé l'eurodéputée LFI Manon Aubry, dénonçant le "coup de force sans précédent" du président Emmanuel Macron. "Perdre les élections, c’est devenu le meilleur moyen de gouverner le pays", a-t-elle fustigé.
Retrouvez tous les entretiens de 8h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-du-week-end
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00:00Et à 8h22, le Grand Entretien d'Inter, ce matin avec Marion Lourdes, nous recevons
00:04une eurodéputée, la France Insoumise, réélue il y a quelques semaines, à peine, dans
00:09un paysage politique qui a pourtant complètement changé.
00:13Vos questions, vos réactions, chers auditeurs, au 01 45 24 7000 ou sur l'application France
00:19Inter.
00:20Bonjour Manon Aubry.
00:21Bonjour.
00:22Et bienvenue.
00:23Merci.
00:24Vous êtes aujourd'hui mobilisée, mobilisée avec d'autres et à l'initiative des organisations
00:30de jeunesse, la France Insoumise appelle à participer à des marches pour destituer Emmanuel
00:35Macron.
00:36Des marches qui auront lieu partout en France.
00:38Qu'attendez-vous de cette mobilisation ? Elle vient se rajouter aux procédures parlementaires
00:45que vous avez engagées pour destituer le Président de la République.
00:47Il est à vos yeux, aujourd'hui, illégitime.
00:51Oui, c'est la première fois qu'on a un gouvernement qui ne sera pas issu du résultat
00:55des urnes.
00:56La première fois qu'on a un gouvernement qui n'a aucune légitimité démocratique.
00:59On a quand même réussi, au prix d'une incroyable mobilisation pour ces élections
01:04législatives qui sont quand même tombées d'un coup, on a réussi à les sortir par
01:08la grande porte des élections.
01:09Et puis, ils reviennent, toujours plus à droite, par la toute petite lucarne des tambouilles
01:14politiques.
01:15Et vraiment, le message envoyé d'un point de vue démocratique, que vous soyez d'accord
01:18ou non avec le Nouveau Front Populaire, c'est que perdre les élections, dans notre pays,
01:23c'est devenu le meilleur moyen de gouverner ce pays.
01:26Donc, oui, c'est un coup de force sans précédent.
01:28Raison pour laquelle nous l'utilisons.
01:30Oui, c'est un coup de force.
01:31Oui, c'est un coup de force.
01:33Quand, et je le dis d'autant plus avec ma casquette de députée européenne, dans n'importe
01:37quel autre pays européen, ça aurait fait réagir que le parti, la formation politique
01:42qui est arrivée en tête des élections, ne lui soit pas confié la responsabilité
01:46de gouverner.
01:48Les élections électorales, vous êtes arrivée en tête.
01:49Vous m'accorderez qu'on les a moins perdues que d'autres.
01:52Et que si vous donnez aux derniers le pouvoir de gouverner, alors ça sert à quoi d'aller voter ?
01:58Je veux dire, je me souviens, on en parlait hors antenne juste avant que j'arrive, le 9 juin dernier,
02:02on a tous été choqués par la dissolution.
02:05On a été tous remués et puis on s'est mobilisés comme jamais avec un taux de participation
02:11qu'on n'a pas eu depuis les années 80, donc avant même que je naisse.
02:15Et tout ça s'est traduit par une incroyable, quand même, victoire, vous me l'accorderez,
02:22parce qu'il y a eu 27 sondages dans l'entre-deux-tours, aucun ne donnait le Nouveau Front Populaire
02:27aux gagnants.
02:28Et nous sommes arrivées en tête.
02:29Et on a été, il y a des millions de Français qui ont été soulagés, parce que pour des
02:33millions de Français, de battre l'extrême droite, c'était aussi une question de survie,
02:37du quotidien.
02:38On a réussi à le faire et là, honnêtement, on se fait voler l'élection par un président
02:43de la République qui, depuis l'Elysée, décide qu'on va prendre les mêmes et on
02:47recommence et en encore plus à droite, quand on voit en plus les noms qui circulent.
02:51Encore un mot, le Nouveau Front Populaire, ça existe encore ? Vous avez fait campagne,
02:55on s'en souvient, en arborant régulièrement le trac de la NUPES et de l'Union des Gauches.
03:00On a vu la NUPES se fracasser avant les élections européennes et dans sa foulée.
03:04Le Nouveau Front Populaire, aujourd'hui, il est déjà brisé ? Il existe vraiment ?
03:08Oui, Ali Baddou, vous m'accorderez le mérite de la cohérence, parce que c'est vrai,
03:13j'ai fait campagne pour les élections européennes avec le programme de la NUPES.
03:17J'y tenais parce que je croyais à cette unité de la gauche.
03:20On ne va pas refaire l'histoire, mais je pense que d'ailleurs, si nous avions été
03:23unis aux élections européennes, sans doute Emmanuel Macron n'aurait pas dissous l'Assemblée
03:26Nationale.
03:27Et le pari d'Emmanuel Macron au moment de la dissolution, c'était que la gauche se
03:31divise.
03:32Et la gauche a réussi à s'unir sur un programme clair, sur un programme de rupture.
03:35Ensuite, elle a réussi à gagner, deuxième pari remporté par le Nouveau Front Populaire
03:41et troisième pari.
03:42Emmanuel Macron s'est dit, bon, même s'ils arrivent en tête, ils n'arriveront jamais
03:46à se mettre d'accord sur un nom de Premier Ministre.
03:47On l'a fait avec le nom de Lucie Castex.
03:50Quatrième pari remporté, il va bien y avoir quelques arrivistes à gauche qu'on va réussir
03:54à débaucher pour aller au gouvernement.
03:56Personne ne veut aller dans ce radeau de la méduse qui est déjà en train de couler.
04:00Didier Mizeau, ancien socialiste.
04:01Enfin, il n'a pas sa carte au Parti Socialiste, il n'a pas soutenu le Nouveau Front Populaire.
04:06Personne qui s'est inscrit dans la démarche du Nouveau Front Populaire ne veut participer
04:10à un gouvernement qui sera toujours plus à droite.
04:12Pardon, mais regardons un instant les noms qui sont donnés.
04:15Bruno Retailleau, pour ne citer que lui, mais je peux en citer d'autres.
04:20Laurence Garnier ont été manif pour tous, c'est-à-dire qu'ils se sont opposés au
04:25mariage homosexuel, ont voté contre la constitutionnalisation de l'IVG.
04:29C'est un gouvernement rétrograde, conservateur.
04:33C'est pour ça que j'ai dit les noms qui circulaient.
04:37Et justement, le Président de la République a appelé hier tous les groupes politiques
04:40à aider Michel Barnier à former un gouvernement, malgré les difficultés qui semblent exister
04:44notamment avec le modem.
04:46Quand même, Manon Aubry, ça fait plus de deux mois depuis les législatives, ça fait
04:49plus de deux semaines depuis la nomination du Premier Ministre, est-ce qu'effectivement
04:53il ne faudrait pas aider Michel Barnier, ne serait-ce que vous êtes heureux député
04:57pour l'image de notre pays, sa crédibilité ?
04:59Mais vous savez, nous on a cherché à aider même le Président de la République, Emmanuel
05:03Macron, on est sympa quand même.
05:05Dès le mois de juillet, on lui a dit « mais vous avez une solution, vous avez Lucie Castex,
05:10vous la nommez Première Ministre, il suffit de demander à vos troupes, à l'Assemblée
05:12Nationale de ne pas la censurer, et elle ne sera pas censurée ».
05:15Mais on est aujourd'hui ?
05:16Mais aujourd'hui, c'est la responsabilité du Président de la République de faire une
05:20alliance parce que ce gouvernement, il sera sous perfusion de l'extrême droite, de nommer
05:25un gouvernement.
05:26Vous en êtes sûre ?
05:27C'est arithmétique, il n'y a pas besoin d'un bac plus 8 en maths.
05:30Pour que ce gouvernement tienne, il faut que le Rassemblement National ne le censure pas.
05:34Parce que le Rassemblement National le censure, il va tomber.
05:35Et vous allez le censurer, vous ?
05:36Oui, nous avons dit dès le début qu'à partir du moment où la volonté démocratique
05:42qui s'est exprimée dans les urnes n'est pas respectée, bien sûr que nous allons
05:45censurer.
05:46Et je pense, franchement, moi je décolère pas, il y a plein de gens qui doivent nous
05:51écouter et qui disent « attendez là, on s'est mobilisés comme jamais, on a voté
05:56parfois contre notre volonté parce que notre candidat qu'on préférait s'est retiré
06:00au second tour.
06:01Et là, il est en train de nous voler l'élection et puis vous avez le modem qui va faire quelques
06:05magouilles.
06:06Allez, je fais semblant d'être pas content et puis ensuite je récupère un ministère
06:09de plus pour finalement soutenir ce gouvernement.
06:12Je vais vous dire, tout ça, ça donne aussi un spectacle pitoyable de la politique.
06:17Pitoyable de la politique quand vous vendez vos convictions de cette manière-là.
06:20Et ce qui m'inquiète, c'est l'impact sur le long terme de la démocratie.
06:24Et si la démocratie est plus capable d'organiser notre société, d'organiser un fait majoritaire,
06:32alors c'est quoi l'alternative ?
06:34On va y venir, Manon Aubry, de nombreuses questions d'auditeurs, on va filer au standard
06:39dans une seconde.
06:40Mais un mot quand même à propos du spectacle aussi que donne la gauche et ce nouveau front
06:44populaire.
06:45Lorsque vous entendez l'ancien président de la République et député de Corrèze,
06:49François Hollande, dire qu'à gauche la radicalité a montré ses limites, quand on
06:54voit le spectacle de la division, voir des mots extrêmement durs échangés entre François
07:01Ruffin et ceux qui soutiennent Jean-Luc Mélenchon, c'était encore le cas à la fête de l'Humanité.
07:07Bon, c'est difficile de dire aujourd'hui, on incarne le leadership et une ligne claire
07:12en politique.
07:13Alors, plusieurs choses.
07:14D'abord sur la radicalité, je pense que quand François Hollande a été au pouvoir,
07:20ça a fait beaucoup de mal à la gauche et on en pèse aujourd'hui encore les conséquences.
07:26On a réussi à reconstruire la gauche sur un programme clair de rupture et qui suscite
07:34un espoir.
07:35Quand on est capable de dire qu'on va vraiment abroger la réforme des retraites, augmenter
07:38le SMIC à 1600 euros net, investir dans l'éducation, la santé, qui deviennent des variables d'injustement
07:44d'un gouvernement qui a cramé la caisse, notamment Bruno Le Maire, ce sont des choses
07:49extrêmement claires.
07:51Mais ça fait partie aussi des fondamentaux de la gauche.
07:54Et donc, moi vous savez, je suis très attachée à l'unité du Nouveau Front Populaire, comme
08:00j'étais attachée à l'unité de la NUPES, et il va falloir continuer à défendre cette
08:04unité coûte que coûte.
08:05Mais c'est une fiction cette unité.
08:06Mais non, c'est pas une fiction.
08:07Elle n'existe pas.
08:08Mais il y a un programme commun, un candidat commun pour être Premier Ministre, pardon,
08:12mais elle existe bien davantage.
08:13Vous avez vraiment regardé les images que nous avons tous vues de la fête de l'Humanité
08:17entre François Ruffin ?
08:18Il y a des débats qui vivent à gauche et c'est normal.
08:21Mais nous avons fait campagne sur un programme commun.
08:23Et ce programme commun, je ne crois pas qu'il soit fondamentalement remis en cause par qui
08:28que ce soit.
08:29Ensuite, il y a des débats stratégiques qui naissent à gauche et c'est normal.
08:32Et moi, y compris eux, j'ai des réserves sur les uns ou sur les autres, mais vous
08:37m'aurez pas, vous me prendrez pas à défaut sur celles et ceux qui tentent à chaque occasion
08:44de diviser la gauche.
08:45C'est le rêve d'Emmanuel Macron.
08:46La division et la résignation, c'est le double rêve de Macron.
08:51Eh bien, je ne suis pas prête à lui donner sur un plateau doré.
08:53On file au standard, bonjour Élodie et merci de participer au Grand Entretien Inter.
08:58Oui, bonjour, merci à vous, merci de prendre ma question.
09:01Bonjour Manon Aubry, je suis de gauche, je vote à gauche depuis que j'ai l'âge de
09:07voter, donc depuis plus de 25 ans, et que répondez-vous aux gens comme moi, et on est
09:12des millions, qui sont de gauche, qui votent à gauche, qui ont fait la campagne des législatives
09:16pour le NFP, qui ont voté NFP, mais qui disent « Mélenchon, on n'en peut plus, c'est
09:21tout sauf Mélenchon ». Moi, pendant la campagne, les gens, ils me demandaient la couleur de
09:25ma candidate, et ils ne voulaient pas de Mélenchon, quoi, ils ne voulaient pas sa tête sur les
09:29tracts, ils n'en peuvent plus, et c'était des gens de gauche.
09:32Qu'est-ce que vous leur répondez ?
09:33Merci Élodie pour votre question.
09:35Réponse Manon Aubry.
09:36Bonjour Marion.
09:37Élodie.
09:38Élodie, pardon.
09:39Marion, c'est moi.
09:40Marion, elle est là.
09:41Pardon.
09:42Je vais vous poser des questions aussi.
09:43Bonjour Élodie.
09:45Je crois qu'il y a une campagne qui a été faite pour essayer de stigmatiser.
09:50Un jour, Jean-Luc Mélenchon, j'ai pas de doute que dans une semaine, dans deux semaines,
09:53dans un mois, dans trois mois, ce sera un tel ou un tel, et ça pourra être moi, Manon
09:59Aubry, parce que la phrase que j'aurais dite ce matin à la matinale de France Inter vous
10:02reviendra.
10:03En attendant, répondez à Élodie.
10:05Mais moi, j'ai conscience que quand on défend un programme de rupture, oui, on ne rassemble
10:11pas toute la société, mais je pense qu'on peut rassembler le plus largement possible
10:14et que Jean-Luc Mélenchon a contribué à politiser une partie de la société dans
10:19les quartiers populaires, dans la jeunesse, qui ne votait pas, et que la force du nouveau
10:23Front Populaire, c'est aussi sa diversité des visages, mais son unité du message politique.
10:27Et ce message politique, il a pu être construit aussi grâce à Jean-Luc Mélenchon, il faut
10:31rendre à César ce qu'il y a à César.
10:33Je veux dire, pareil, quand on désoume un petit peu en Europe, vous prenez des pays
10:36comme l'Italie, où la gauche a été, mais laminée.
10:39Et beaucoup nous envient sur cette capacité qu'a eue la gauche à tenir debout, on le
10:44doit beaucoup à Jean-Luc Mélenchon, mais vous savez, Jean-Luc Mélenchon, c'est autour
10:48de lui, c'est un collectif, c'est un programme, et c'est ça qu'on défend.
10:51Et si je comprends, Élodie, que vous y adhérez à ce programme, eh bien, défendez ce programme
10:56contre tous les anathèmes, y compris qui pourront être faits de vue.
10:59Justement à propos de Jean-Luc Mélenchon, Manon Aubry, il a expliqué le 7 septembre
11:03dernier, dans une manifestation, à une manifestante, il faut mobiliser la jeunesse et les quartiers,
11:08tout le reste, laissez tomber, on perd notre temps.
11:10Est-ce que vous êtes d'accord ? Ça veut dire que LFI ou le NFP, avec les ouvriers,
11:14avec les personnes âgées, avec les habitants des centres-villes, vous perdez votre temps,
11:18vous abandonnez une partie de l'électorat ?
11:19Alors, cette phrase a été sortie de son contexte, mais j'ai pas de problème à y
11:23répondre.
11:24D'abord, vous dites qu'il faut sortir les ouvriers.
11:26Non, je crois qu'il y a des ouvriers qui habitent aussi dans les quartiers populaires.
11:29Et ceux des centres-villes ?
11:30Il y a aussi des quartiers populaires dans les centres-villes, c'est le cas à Paris,
11:35donc vous voyez que la fragmentation de l'espace n'est pas aussi simple que ça, mais il y
11:40a une réalité politique et arithmétique, c'est qu'aujourd'hui, dans la jeunesse
11:46et dans les quartiers populaires, le taux de participation est beaucoup plus faible
11:49que dans le reste de la France.
11:50Prenez aux élections européennes, c'est un jeune sur trois seulement qui a voté alors
11:54que c'est une personne sur deux dans le pays.
11:55Et donc oui, vous en avez une responsabilité.
11:57Entre les lignes, c'est une accusation de communautarisme en quelque sorte ?
12:00Non, vous savez, et c'est justement le débat qui est né entre François Ruffin et Jean-Luc
12:03Macron, parce que François Ruffin disait que lui, il avait fait des tracts en fonction
12:06des quartiers, ce que nous, nous avons toujours refusé de faire à la France Insoumise, et
12:09je pense que personnellement, c'est une erreur.
12:11En revanche, s'adresser à la jeunesse et aux quartiers populaires pour dire que, clairement,
12:16si on ne s'occupe pas de la politique, alors la politique va s'occuper de toi, et que
12:19oui, bien sûr, tous les gens sont dégoûtés, mais que, vous savez, quand tous les dégoûtés
12:24s'en vont de la politique, il ne reste plus que les dégoûtants.
12:26Donc oui, on a une responsabilité massive de réimpliquer des millions de gens dans
12:31la politique.
12:32Aux élections européennes, ma liste est arrivée en tête chez les 18-25 ans, mais
12:36les 18-25 ans ont moins voté que le reste de la population française, et donc je le
12:40dis à tous les jeunes qui nous écoutent, oui, ne vous privez pas de la politique, et
12:43je suis fière que la France Insoumise ait réimpliqué des millions de gens dans ces
12:46quartiers, dans la jeunesse, mais vous avez raison, ce n'est pas les seuls leviers pour
12:49gagner les élections.
12:50On va retourner au standard, mais ce que dit François Ruffin, c'est que vous ne parlez
12:53qu'à la moitié de la France, et quant aux électeurs du NFP, beaucoup ont voté pour
13:00faire barrage à l'extrême droite, et non pas pour un programme, c'est difficile de
13:04le nier.
13:05Bonjour Marc.
13:06Ah oui bonjour, merci de prendre ma question.
13:09Vous avez une question pour Manu Ambri.
13:11La question est en forme d'expression, les chiffres sont têtus, il faut 289 députés
13:17pour avoir une majorité, si M.Barnier est au pouvoir, il lui manquera 76 députés,
13:25si le NFP est aux affaires, il lui manquera également à peu près 90 députés, bref,
13:34on n'en sort pas.
13:35Ça fait trois mois qu'on est comme ça, à s'envoyer des anathèmes à droite et à gauche,
13:39les Français en ont assez, ils souhaitent simplement une chose, c'est qu'on mette les
13:45ambitions personnelles au vestiaire, qu'elles soient de droite ou de gauche, jusqu'à M.Mélenchon
13:50soi-même, et qu'on fasse un gouvernement d'union nationale.
13:54Nous avons 3 200 milliards de dettes, on a trois ans pour relever le bateau, retroussons
14:02les manches et mettons les ambitions personnelles au vestiaire, s'il vous plaît.
14:08Alors, voilà, merci pour votre intervention Marc, commentaire ou réaction Manu Ambri ?
14:13Bonjour Marc, s'agissant des ambitions personnelles, je crois qu'on a fait la démonstration
14:18qu'on ne les mettait pas au premier plan, puisque nous avons proposé non seulement
14:22un gouvernement de Lucie Castex comme Premier ministre, mais nous avons dit, si la participation
14:28de ministres insoumis est une difficulté, alors nous sommes prêts à soutenir ce gouvernement
14:32sans y participer directement.
14:35C'est bien la démonstration que notre ambition, c'était davantage que le pays puisse être
14:38gouverné sur la base du programme du nouveau Front Populaire qui est arrivé en tête,
14:42sans forcément qu'il y ait une participation d'insoumis.
14:44Et ensuite, nous avons dit sur la méthode que notre objectif n'était pas de brutaliser
14:48l'Assemblée Nationale comme l'a fait d'ailleurs Emmanuel Macron ces dernières années, mais
14:52bien de construire des majorités.
14:53Donc, Lucie Castex, sa méthode de travail, ça aurait été d'aller voir chaque président
14:58de groupe à l'Assemblée Nationale, elle leur avait déjà écrit d'ailleurs, pour
15:02dire concrètement sur le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune.
15:06Mais c'est une chronique, cette histoire, elle n'a pas eu lieu et elle n'aura pas eu lieu.
15:09Et en l'occurrence, elle n'est pas élue, le MFP a fait 10% des votes.
15:14Non mais, il y a un homme qui a décidé que le résultat des élections ne compte pas
15:19et ne compte plus.
15:20J'ai conscience qu'on n'a pas la majorité absolue.
15:22Mais si vous ne partez pas du bloc politique le plus large qui existe à l'Assemblée
15:29Nationale, c'est-à-dire le nouveau Front Populaire, et que vous partez d'un bloc
15:32plus restreint, qui vous oblige d'ailleurs à faire une alliance avec le Rassemblement
15:36National, c'est une dinguerie quand même ! Au second tour, on s'est mobilisés pour
15:40faire un Front Républicain.
15:42Se retrouvent au gouvernement ceux qui ont refusé de participer à ce Front Républicain,
15:47ce n'est plus un Front Républicain, c'est un affront pour la démocratie.
15:50Sur le fond, Manon Aubry, votre chef Jean-Luc Mélenchon, se félicite sur son blog de
15:55l'objectif de justice fiscale du nouveau Premier Ministre Michel Barnier, il a même
15:59écrit « jour de joie », il parle d'une bonne idée, parce qu'il veut taxer les
16:03plus riches, en dépit de vos réserves et même de votre opposition, on l'a compris
16:07à Michel Barnier, est-ce que LFI serait prêt à voter une telle mesure de taxation des
16:11plus riches ?
16:12Écoutez, si Michel Barnier arrive devant l'Assemblée Nationale et propose le rétablissement
16:17de l'impôt de solidarité sur la fortune, davantage de progressivité de l'impôt,
16:22évidemment qu'on le votera.
16:24Ça montre que nous, on est des gens progressistes, mais ne soyez pas dupes, Michel Barnier il
16:30a fait campagne pour la primaire des Républicains, en voulant baisser absolument les impôts,
16:35et notamment les impôts des plus riches, et Gabriel Attal et Bruno Le Maire ont laissé
16:40quelques post-its avant de partir en disant « arreau sur les chômeurs, arreau sur les
16:44malades, on va couper dans les arrêts maladie comme si vous étiez responsable des arrêts
16:49de votre maladie quand vous vous arrêtez ». Donc vous voyez bien qu'aujourd'hui cet objectif
16:54de justice fiscale n'existe pas dans les mots et dans les actes de ce gouvernement,
16:59alors que c'est aussi majoritaire dans l'opinion, 67% des gens veulent le rétablissement de
17:03l'ISF, et nous on continuera à le proposer à l'Assemblée Nationale, ce sera un moment
17:07de vérité si ce gouvernement l'accepte ou non, mais malheureusement j'ai ma petite
17:11idée là-dessus au vu de ce qu'ils ont fait ces dernières années.
17:13Tout autre sujet, Manon Aubry, c'est une figure héroïque qui est apparue à travers
17:19les écrans, et qu'on a tous en tête, celle de Gisèle Pellicot, et vous avez particulièrement
17:25suivi le procès qui s'est ouvert, le procès de Mazan, le procès de 49 hommes accusés
17:30de l'avoir violée alors qu'elle était droguée par son mari.
17:33Vous avez publié il y a quelques jours un billet de blog sur ce procès, et vous écriviez
17:37que « cette affaire n'a rien d'un fait divers, c'est le miroir grossissant de la culture
17:41du viol dans notre société ». C'était une question dont vous étiez emparée au
17:45Parlement Européen au cours de la dernière législature, qu'est-ce que vous inspire
17:50justement ce qui se déroule au tribunal dans le procès Mazan ?
17:54D'abord, j'ai été, je pense, comme des millions de personnes dans le pays, très
18:00touchée par ce procès, comme je disais, qui est un peu le miroir de la société.
18:07Les 50 hommes qui sont accusés sont infirmiers, pompiers, journalistes, conseillers municipaux,
18:16c'est à l'image de la société, et on voit à quel point c'est répandu, et surtout,
18:22dans la défense qui est utilisée par certains des accusés, il y a certaines choses frappantes.
18:28D'abord, un accusé qui a dit que le mari était d'accord, et puisque le mari était
18:33là, forcément Gisèle Pellicot était consentante. Et puis, certains arguments qui ont été
18:38utilisés aussi par des avocats en disant qu'il n'y avait pas d'intention de commettre
18:43un viol. Ce qui veut dire, quelque part, qu'ils inventent une nouvelle notion de viol involontaire
18:48et qui pose la question du consentement, sur laquelle j'ai beaucoup travaillé, parce
18:52qu'aujourd'hui, la définition du viol en France et en Europe ne comprend pas cette
18:56notion de consentement explicite.
18:57Mais ce sont les arguments des avocats ?
18:59Oui, bien sûr, et c'est la démonstration
19:03de la nécessité, à mon sens, de faire évoluer la loi pour inclure cette notion de consentement.
19:08On l'avait réussi à le faire adopter au niveau européen, mais malheureusement, Emmanuel
19:11Macron s'y était opposé. Et puis, je crois que ce procès qui, franchement, nous retourne
19:19les tripes, il fera date dans l'histoire. Peut-être comme le procès de Bobigny qui
19:25avait précédé la légalisation du droit à l'avortement. J'espère qu'il précédera
19:31un changement culturel massif pour former, pour acculturer des millions de gens et de
19:39jeunes garçons en particulier à cette notion de consentement. Changer notre relation au
19:44corps de l'autre et en particulier au corps des femmes. Et j'espère que cette transformation
19:49en profondeur de la société sera suivie des faits.
19:51Juste, Manon Aubry, un mot, parce que vous êtes heureux députée. Quel regard vous
19:54portez sur celui qui est désormais notre commissaire français à Bruxelles, l'ex-ministre
19:59des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui a remplacé Thierry Breton ?
20:01Je crois que c'est le clone d'Emmanuel Macron qui a été envoyé à Bruxelles pour s'assurer
20:06qu'Emmanuel Macron garde le contrôle dans une commission qui n'a jamais été aussi
20:10à droite. C'est peut-être un parallèle avec le gouvernement français. Pour la première
20:13fois, il y aura un vice-président exécutif d'extrême droite, Raffaele Fito, l'italien,
20:20et qui en dit long sur les orientations politiques de cette commission européenne, qui n'a
20:24d'ailleurs pas du tout mis dans ses objectifs la question du droit des femmes qu'on évoquait
20:28à l'instant, ou a disparu le commissaire à l'emploi et aux affaires sociales. De quoi
20:34être très inquiets sur les orientations politiques de cette commission qu'on va combattre
20:37dans les prochaines semaines.