Tous les dimanches, Aymeric Pourbaix et ses invités abordent l’actualité d’un point de vue spirituel et philosophique dans #EQE
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00:00Bonjour à tous et bienvenue dans Enquête d'Esprit sur CNews et Europe 1.
00:04Église incendiée, patrimoine religieux délaissé, voire rasé, c'est de nouveau la grande pitié des églises de France.
00:10Une litanie douloureuse, égrénée par l'actualité.
00:14Est-ce une triste image du déclin de la foi dans notre pays ?
00:17Mais il y a aussi, Dieu merci, des motifs de réjouissance.
00:20Sur le terrain, la mobilisation est discrète mais réelle.
00:24C'est celle des restaurateurs de tout poil, des artisans, des familles, des jeunes.
00:28Il y a même des moines qui construisent.
00:30Sont-ils les héritiers des bâtisseurs de cathédrales animés d'une folle espérance ?
00:35A l'occasion des Journées du patrimoine, nous en parlons avec nos invités dans cette émission qui est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:44Générique
00:55Bonjour Éloi Rochebrune, un JT spécial Journées du patrimoine, bien sûr du patrimoine religieux pour commencer.
01:02Bonjour Aymeric et bonjour à tous.
01:04On commence notre journal avec une bonne nouvelle.
01:06La cathédrale de Nantes devrait rouvrir ses portes l'année prochaine en septembre 2025.
01:12Ravagée par un incendie criminel en 2020, elle est actuellement en restauration.
01:17Les travaux visent aussi à sécuriser l'édifice.
01:20Reportage de Mickaël Chailloux.
01:23Quatre ans après l'incendie de la cathédrale de Nantes, tout a été refait, consolidé, dépollué.
01:29Les ouvriers ont aspiré tout le plomb projeté par le feu et apporté par des dizaines d'années de pollution atmosphérique.
01:36Ici, les joints sont nettoyés un à un et restaurés autour de la clé de voûte.
01:42Les voûtes, les pieds, les piliers, à n'importe quel endroit il y avait du plomb puisque avec les courants d'air la pollution s'est répartie partout.
01:53Aussi bien au niveau de la source de l'incendie que plus loin.
01:58Quand je vous dis du sol au plafond, c'était un grand ménage.
02:00Les vitraux, les orgues, la façade sont les prochains grands chantiers avec le réseau électrique et les capteurs et futures caméras de surveillance et de lever de doute qui seront installées.
02:11La sûreté et la sécurité, on a souhaité la remettre à niveau.
02:15On va mettre plus de détecteurs.
02:17Il y avait déjà le seuil réglementaire, c'est-à-dire tous les détecteurs qu'il fallait.
02:22Mais on va en mettre encore plus.
02:24L'incendie de la cathédrale de Nantes avait été déclenché le 18 juillet 2020 par un bénévole du diocèse dont la demande d'asile avait été refusée.
02:33Le Rwandais a été condamné à quatre ans de prison.
02:36Il devra également comparaître pour le meurtre d'un prêtre en août 2021 en Vendée.
02:42Prêtre qui accueillait l'incendiaire lors de sa remise en liberté sous contrôle judiciaire.
02:48Presque 80 000 euros déjà récoltés pour reconstruire l'église de l'Immaculée Conception à Saint-Omer.
02:55La fondation du patrimoine et la mairie ont lancé un appel au don suite à l'incendie il y a deux semaines qui a dévasté l'édifice fraîchement restauré.
03:03Face aux dégradations contre les églises et la multiplication des actes anti-chrétiens, certaines paroisses prennent des mesures.
03:10Caméras de surveillance et rondes.
03:12A Bordeaux, la paroisse Saint-Éloi a décidé de mettre les choses en place.
03:17Reportage d'Antoine Esteve et Jérôme Rampenoux.
03:20Les inscriptions à la peinture noire ont été effacées sur la pierre.
03:23Comme une dizaine d'autres églises du département de la Géronde, Saint-Éloi a été victime de dégradations ces derniers mois.
03:29Les prêtres et les paroissiens vivent leur culte avec une certaine appréhension au quotidien.
03:33On fait attention parce qu'on vit dans une société qui est vraiment de plus en plus violente, de plus en plus hostile.
03:38Les paroissiens sont avertis, font attention aussi, surveillent à la messe du dimanche ou à la messe en semaine.
03:44Alors pas forcément une crainte, une peur, je ne crois pas qu'on en soit là, mais au moins une certaine méfiance.
03:51La sécurisation du lieu, c'est principalement cette caméra au coin de la rue qui filme à 360 degrés jour et nuit.
03:57Mais à l'intérieur de l'église, les responsables ont dû déployer les grands moyens avec un poste à temps plein.
04:02Un prêtre est toujours présent dans la loge et il surveille en permanence les allées et venues.
04:06Nous avons installé des cordons de sécurité, si on peut dire, pour limiter un peu le flux de visiteurs, avoir un certain contrôle.
04:15Vous voyez que les gens ne puissent pas rentrer trop facilement, qu'il y ait une certaine retenue dans le flux de visiteurs.
04:24Dans ce quartier du centre historique de Bordeaux, la police municipale a augmenté le nombre de ces rondes.
04:28Et en dehors des horaires de surveillance par un prêtre, par mesure de sécurité, l'église reste fermée.
04:34La semaine dernière, les huit cloches de la Tour Nord sont arrivées sur le chantier pour être bénies et réinstallées.
04:40Dans la capitale, un bon accueil leur a été réservé. Le récit d'Audrey Bertheau.
04:44Gabrielle, Denis, Marcel ou encore Étienne, les célèbres cloches de Notre-Dame de Paris sont de retour dans leur cathédrale.
04:52Un camion les a transportées depuis la Manche où elles étaient en restauration depuis 2023.
04:57Les huit cloches du Beffrois Nord ont été bénies jeudi matin par le recteur de Notre-Dame.
05:02Et ensuite, on les rentre dans la cathédrale et à partir de la semaine prochaine, on s'occupe de toute la partie remontée des cloches.
05:08On les hisse dans la salle des cloches et on fait tout le montage, l'automatisation et les premiers tests qui auront lieu courant octobre.
05:17Ces cloches pèsent entre 4 tonnes pour la plus lourde à 782 kilos pour la plus légère.
05:22Un retour riche en émotions pour les Parisiens mais aussi pour le président de l'établissement public Rétablir Notre-Dame de Paris.
05:29C'est la voie de la cathédrale mais la voie pour toute la cité.
05:32L'orgue c'est la voie de la cathédrale dans la cathédrale pour les offices.
05:36Les cloches c'est la voie de la cathédrale pour toute la ville.
05:39Donc il faut maintenant patienter encore quelques semaines pour qu'on les entende raisonner et ça on le réserve à la réouverture.
05:47Après cinq ans d'un chantier colossal, la cathédrale doit rouvrir ses portes le 7 décembre.
05:52Emric, c'est à vous pour la suite d'Enquête d'Esprit.
05:55Merci beaucoup Eloi et à l'occasion des Journées du Patrimoine, nous sommes notamment avec des bâtisseurs sur le plateau d'Enquête d'Esprit,
06:02des restaurateurs du patrimoine religieux, Père Ambroise, bonjour.
06:06Bonjour.
06:07Merci d'être avec nous.
06:08Vous êtes le prieur de l'abbaye Sainte-Marie-de-la-Garde près d'Agin.
06:12Vous êtes moine depuis 1996 et vous participez depuis 2007 à l'aventure de cette abbaye,
06:19de la construction d'un monastère au XXIe siècle qui se poursuit depuis 20 ans
06:24et qui envisage aussi l'avenir avec confiance au point de lancer des grands travaux pour faire mentir en quelque sorte la déchristianisation.
06:31Avec nous également Mathieu Lours, bonjour.
06:33Bonjour.
06:34Vous êtes historien de l'architecture, éminent spécialiste de l'histoire des cathédrales dont celle de Notre-Dame de Paris,
06:39auteur de nombreux livres sur le sujet, le dernier Autant des cathédrales publié au Cerf,
06:45mais également une histoire des églises en ruine, toujours au Cerf.
06:48Et puis Loïc Baudin est avec nous, bonjour.
06:50Bonjour monsieur.
06:51Merci d'être avec nous.
06:52Vous êtes chef de l'antenne de SOS Calvaire dans l'Indre et chef de région Centre-Val-de-Loire.
06:57C'est une association qui a pour mission de restaurer les calvaires dans nos villages.
07:01Je cite le livre de votre président, Que la Croix demeure, c'est publié chez Salvatore de Alexandre Cayet.
07:07Et puis bien sûr Véronique Jacquier est avec nous.
07:09Bonjour Véronique.
07:10Bonjour Aymeric, bonjour à tous.
07:11Vous nous ferez dans un instant l'état des lieux du patrimoine religieux
07:14et aussi de la mobilisation autour de la sauvegarde de ce patrimoine.
07:19Juste avant, Mathieu Lours, première question pour vous.
07:21Historiquement, il y a eu des pics dans l'histoire de destruction d'églises
07:25lors des grandes invasions barbares, des réformes, de la réforme, des révolutions.
07:28Aujourd'hui, au regard de l'histoire, que vous inspire la vue de ces édifices en ruine ?
07:33Bien sûr, on a tous en tête les images de Notre-Dame et aussi de l'église Saint-Omer plus récemment.
07:37Est-ce que c'est de nouveau la grande pitié des églises de France ?
07:40Alors, il faut nuancer bien évidemment, mais toujours en restant mobilisés au service de ce patrimoine.
07:46Ce qui se passe aujourd'hui, c'est l'arrivée d'un nouveau type de ruine
07:49qu'on pourrait appeler la ruine d'indifférence.
07:51On laisse l'édifice tomber en ruine, non pas parce qu'on veut le détruire,
07:55non pas parce qu'on veut le faire disparaître,
07:56ou même pas comme au début du XIXe siècle pour créer une ruine romantique.
08:00Non, l'édifice tombe en ruine et ensuite on l'efface.
08:03Ça, c'est vraiment nouveau dans notre civilisation.
08:05Loïc Bedin, je le disais, vous avez monté l'antenne de SOS Calvaire dans l'Inde.
08:11Le Berry, c'est le cœur de la France.
08:13On pourrait dire aujourd'hui la France périphérique.
08:15Est-ce que votre engagement justement part de ce constat de la déchristianisation ?
08:20La déchristianisation, oui, effectivement.
08:22Ce que disait M. Lours tout à l'heure, c'est ça.
08:24C'est l'indifférence surtout qui est le plus marquant.
08:27Je pense qu'on passe devant ces édifices sans trop les voir.
08:31Puis le jour où ils tombent, en fait, on s'aperçoit qu'ils ont toujours été là.
08:34Et ils nous manquent immédiatement, en fait.
08:37Et je pense que ça, c'est aussi une grande marque d'espérance
08:40de voir que malgré l'indifférence, bien d'un coup quand même,
08:44au moment où les choses tombent vraiment en ruine,
08:47les gens se disent non, ce n'est pas possible, on ne peut pas laisser les choses comme ça.
08:49Vous n'êtes pas perdu. On va en parler, bien sûr.
08:51Père Ambroise, votre regard de moine qui a du recul,
08:54et surtout qui avait fait avec votre monastère un choix contre-courant.
08:58L'enjeu, ce ne sont pas seulement des pierres,
09:00mais c'est Dieu qui disparaît du paysage quand une église s'effondre.
09:04Bien sûr, parce que le patrimoine matériel est au service d'un autre patrimoine.
09:09Nos églises, elles ont leur beauté architecturale, et c'est déjà énorme,
09:13mais elles sont au service de quelque chose qui est bien sûr la présence de Dieu
09:16dans nos cités, dans notre pays,
09:19et donc la présence de Dieu pour une union personnelle des âmes avec Dieu.
09:23Et c'est évidemment l'enjeu de la présence du patrimoine.
09:26C'est tout l'objectif, et c'est aussi notre sujet aujourd'hui.
09:29Véronique Jacquet, avec vous, on va faire un point sur,
09:32effectivement, d'un côté, tout ce qui sont des vrais signes d'inquiétude,
09:38s'agissant du patrimoine religieux en France, mais aussi des signes d'espoir.
09:41Oui, parce que nous avons tous en mémoire les flammes qui ont ravagé
09:45l'église de Saint-Omer le 1er septembre dernier.
09:48Énième illustration d'églises abîmées, vandalisées, pillées, etc.
09:54Les églises, en fait, sont vraiment devenues des cibles en France.
09:57En 2023, 854 actes antichrétiens.
10:02Ça fait une moyenne de plus de deux par jour.
10:04Et depuis le début de l'année 2024, 26 églises ont été incendiées.
10:08Pour 14 d'entre elles, le sinistre est d'origine criminelle.
10:12Alors à cela s'ajoute un patrimoine globalement en mauvais état
10:16qui est lourd à entretenir.
10:18Vous avez parlé de ruines, d'indifférence,
10:20mais c'est vrai qu'il y a quand même un sacré défi d'entretenir ces grands vaisseaux.
10:23En vertu de la loi de 1905, 40 000 édifices appartiennent à des communes
10:28dont 75% comptent moins de 3 000 habitants.
10:33C'est compliqué pour les maires.
10:35C'est compliqué pour les maires de tout petit village.
10:38Ainsi, 277 églises ont été détruites depuis 1905.
10:43Et 60 depuis 2000.
10:46Donc on a effectivement le sentiment d'une accélération.
10:48C'est un cas emblématique à Lille,
10:50où la fameuse chapelle Saint-Joseph n'a pas résisté au coup de pelleteuse en 2021.
10:54C'était un sacré symbole.
10:56Mais on oublie que depuis 1905,
10:58et donc il y a des petits ferments d'espérance,
11:012 182 églises ont été démolies et reconstruites,
11:05donc pour être reconstruites,
11:07et que 1 886 ont été construites pour le culte.
11:11Donc des églises toutes neuves qui sortent de terre.
11:13Ça on l'oublie.
11:15On oublie aussi que les trois quarts des églises de France
11:17ont été reconstruites au 19ème,
11:19car très mal entretenues au 18ème.
11:21Donc on a aussi parfois le sentiment de payer un héritage
11:24qui, comme vous le dites, n'a pas été entretenu,
11:26mais auquel s'ajoutent les fameuses ruines d'indifférence.
11:29Puis Véronique, il y a aussi, à contrario,
11:31des vrais signes de mobilisation envers ce patrimoine.
11:34Tout à fait.
11:35Il y a le lancement en 2023 d'une grande collecte
11:37voulue par Emmanuel Macron
11:39en faveur du patrimoine religieux,
11:41tout culte confondu,
11:42afin de soutenir justement les petites communes,
11:4411 700 000 euros ont déjà été récoltés
11:47par la Fondation du patrimoine.
11:49Ça veut dire que d'ici quatre ans,
11:51un millier d'églises de villages
11:52pourraient bénéficier de cet argent.
11:54Ça c'est quand même magnifique.
11:55Le grand inventaire initié par la Conférence des évêques de France
11:58dans le cadre des états généraux du patrimoine religieux,
12:01ça aussi c'est une initiative qui a été lancée l'an dernier.
12:04Il s'agit de repérer les lieux et les biens
12:06qui nécessitent une attention particulière.
12:08L'inventaire n'est pas tout à fait terminé,
12:11mais là encore la Conférence des évêques de France
12:13prend les choses très au sérieux
12:15pour dire quelles pierres on peut relever,
12:17quels monuments, quels édifices on peut faire vivre.
12:20Et puis il y a le loto du patrimoine
12:21voulu par Stéphane Bern,
12:23emmené en tout cas par Stéphane Bern
12:25avec la Fondation du patrimoine.
12:27Et c'est désormais en moyenne 120 édifices religieux
12:30qui sont sauvés chaque année.
12:32Voilà, à cela bien entendu s'ajoute
12:34tout le travail des bénévoles et de familles,
12:37en particulier qui décident de sauver l'église de leur village
12:40et qui à ce titre font des miracles.
12:42Merci beaucoup Véronique pour ce point.
12:44Mathieu Lours, on a l'impression qu'il y a un peu un double mouvement
12:46aujourd'hui dans la société française.
12:48D'un côté cette mobilisation,
12:50le patrimoine qui est en train de redevenir
12:52peut-être une grande cause nationale.
12:53Et puis de l'autre, on a parfois aussi l'impression
12:55qu'il y a une volonté d'escamoter
12:57la dimension chrétienne de ce patrimoine.
13:00On se souvient par exemple de l'affiche des JO
13:02avec la croix qui avait disparu du Dôme des Invalides.
13:05Comment vous analysez les choses ?
13:07C'est toute l'ambiguïté qui existe depuis la Révolution française.
13:10Parce qu'en fait, c'est depuis 1790
13:12que les églises appartiennent aux communes
13:14et les cathédrales à l'État.
13:15La loi de 1905 a simplement arrêté de financer le culte,
13:19mais la propriété était passée à la Révolution.
13:21Et il ne faut pas oublier que quand l'État,
13:24les communes reçoivent ces biens,
13:26elles reçoivent aussi avec tous les biens d'église,
13:28les terres, les maisons, qui permettaient de les entretenir.
13:31Donc c'est une charge,
13:33mais normalement les collectivités ont hérité des biens
13:36qui ont permis pendant des siècles de les entretenir.
13:38Donc il y a des choix aussi qui doivent être faits.
13:41Et je pense qu'on a trop souvent imaginé
13:43que les églises du XIXe siècle étant neuves, récentes,
13:47elles n'avaient pas besoin d'entretien.
13:49Et on découvre 170 ans plus tard
13:51qu'elles en avaient besoin comme toutes les autres.
13:53Et c'est là qu'il faut arriver à finalement
13:57se rendre compte d'une chose,
13:59ça coûte infiniment moins cher d'entretenir que de restaurer.
14:03Mais pour entretenir, il faut aussi d'une certaine manière
14:06qu'il y ait un mouvement populaire,
14:08une foi, on va en parler bien sûr.
14:10Loïc Bodin, vous avez restauré cet été
14:13cinq calvaires en moins de 24 heures dans votre région.
14:16Ça veut dire qu'il y a un vrai engouement,
14:18parce qu'un calvaire ça coûte aussi de l'argent,
14:20c'est pas neutre.
14:22Oui, et puis c'était là en l'occurrence
14:24l'Appel voisin de Grande Croix, de 5 mètres de hauteur,
14:27en chaîne massif, très représentatif en plus de la dévotion
14:30à la Vierge Marie qu'il y a à l'Appel voisin.
14:33Et c'est vrai qu'en fait, s'occuper de ce patrimoine
14:36c'est une grosse charge pour les communes.
14:38L'Appel voisin c'est 750 habitants,
14:40pourtant ils ont mis toute leur énergie,
14:42beaucoup de fonds aussi,
14:44dans la restauration des socs notamment,
14:46qui était en très mauvais état,
14:48et qui a en fait dégradé progressivement les croix,
14:51puisqu'il n'y a pas de drainage dans les socs, etc.
14:53On s'aperçoit de tous ces petits détails évidemment
14:55quand on est aux pieds.
14:57Et puis au fur et à mesure du temps,
14:59on s'est rendu compte que cette possibilité
15:01de restaurer 5 croix le même jour,
15:03c'était aussi montrer au monde,
15:05comme vous disiez tout à l'heure,
15:07que le cœur de France bat encore,
15:09qu'il n'est pas prêt de s'arrêter.
15:11Et donc on a lancé une grande cagnotte aussi
15:13pour pouvoir prendre en charge
15:15la restauration des croix.
15:17Et la mairie s'est occupée des socles.
15:19Le plus important, ce qui fait tenir la croix,
15:21ce n'est pas le bois qui fait tenir la croix,
15:23c'est le socle.
15:25Ça dépend du type de croix évidemment,
15:27mais une croix simple de 5 mètres,
15:29ça peut varier entre 2 000 et 3 000 euros à peu près.
15:31C'est abordable, bien sûr.
15:33Et là aussi, paradoxe,
15:35il y a des calvaires qui sont dégradés,
15:37voire escamotés.
15:39Récemment à Guérande,
15:41il y a eu deux cas.
15:43Comment vous regardez ce phénomène ?
15:45Je les regarde avec beaucoup de compassion
15:47et de peine pour ces gens qui font ça.
15:49Je crois qu'ils ne se rendent absolument pas compte
15:51que ce qu'ils essayent d'effacer,
15:53c'est la croix,
15:55c'est le bois,
15:57c'est le calvaire.
15:59Je suis un jeune converti,
16:01donc j'essaie d'observer les choses
16:03dans la nature un petit peu.
16:05On peut voir dans une forêt
16:07qu'un grand chêne,
16:09quand il est coupé ou quand il meurt,
16:11ses racines qui sont profondes
16:13sont toujours existantes.
16:15Elles sont même maintenues en vie
16:17par les petits rejetons qu'il y a autour
16:19parce qu'elles apportent des sels
16:21et elles apportent de l'eau
16:23que ces petits rejetons n'ont pas à côté.
16:25Je crois que c'est ça,
16:27vraiment, l'enracinement.
16:29Je crois qu'un socle de croix,
16:31une croix, un calvaire,
16:33c'est l'épicentre
16:35du séisme d'amour
16:37qu'il y a dans les villages,
16:39qui fait trembler les cœurs, les âmes.
16:41Là, on est au cœur du concret,
16:43on est au cœur de ce que certains veulent abattre,
16:45mais c'est impossible.
16:47Père Ambroise, votre monastère
16:49est enraciné, lui, dans une terre
16:51qui est plutôt radicale de gauche.
16:53Le Lot-et-Garonne,
16:55vous avez été bien accueillis
16:57par le village,
16:59la commune Saint-Pierre-de-Clerac.
17:01Comment ça se passe aujourd'hui ?
17:03Est-ce que vous êtes bien intégré au paysage ?
17:05On a été très bien accueillis
17:07dès le départ.
17:09On a été accueillis par la population
17:11des alentours, mais même plus largement.
17:13Par notre maire, d'abord,
17:15le maire de la commune,
17:17qui a été très partie prenante
17:19pour l'intégration de cette abbaye.
17:21On a jamais eu de difficulté
17:23de relation, et aujourd'hui,
17:25ça fait plus de 20 ans qu'on est là,
17:27et on fait complètement partie du paysage local.
17:29Vous participez même aux cérémonies
17:31lors, par exemple,
17:33de la commémoration de 1944
17:35avec des atrocités commises
17:37sur le territoire de la commune.
17:39Des moines soient présents
17:41à des événements locaux au niveau de la commune
17:43ou du diocèse.
17:45Juste avant la pause,
17:47est-ce que, historiquement, c'est une loi
17:49qui vérifie que les destructions,
17:51les ruines entraînent aussi
17:53une réaction en sens inverse
17:55et, justement, une renaissance
17:57des chrétiens, des catholiques
17:59qui se mettent à rebâtir ?
18:01C'est une constante dans l'histoire ?
18:03C'est arrivé par trois fois dans l'histoire de France.
18:05Après les invasions vikings,
18:07après les guerres de religion,
18:09et après la Révolution française.
18:11La plus terrible ayant été les guerres de religion.
18:13C'est vraiment la plus grosse hécatombe d'église,
18:15notamment dans le sud de la France,
18:17où il y a eu des destructions.
18:19La Révolution a surtout frappé le clergé régulier.
18:21Ce sont surtout les abbatiales.
18:23Mais les églises paroissiales ont globalement survécu.
18:25Aujourd'hui, la différence,
18:27c'est que le monde a changé.
18:29On est passé d'une France majoritairement rurale
18:31et majoritairement pratiquante
18:33à une France majoritairement urbaine
18:35et peu pratiquante.
18:37Que fait-on des églises où, en fait,
18:39la déprise est totale ?
18:41Dans les villages où l'église pose une difficulté,
18:43généralement, il n'y a plus de café,
18:45il n'y a plus de poste, il n'y a plus d'école.
18:47C'est en fait une solution globale
18:49à l'échelle du territoire, mais l'église peut être
18:51fermant de renaissance, parce que l'église,
18:53souvent, dans le village, est le seul bâtiment
18:55qui soit beau. Et ça, c'est vraiment
18:57un atout pour fédérer autour
18:59les énergies de reconstruction.
19:01On va voir comment, justement,
19:03ce patrimoine religieux et ceux qui l'habitent, bien sûr,
19:05peut renaître en France
19:07à travers l'exemple d'un monastère,
19:09de la construction d'un monastère au XXIe siècle,
19:11à travers des croix, des calvaires de nos villages,
19:13avec nos invités, donc vous restez avec nous,
19:15on se retrouve dans un instant.
19:17De retour dans Enquête d'Esprit, à l'occasion des
19:19Journées du Patrimoine, nous parlons
19:21de ces catholiques qui font renaître
19:23le patrimoine religieux
19:25en France, et notamment,
19:27nous parlerons de ce monastère,
19:29Sainte-Marie-de-la-Garde, avec le père Ambroise,
19:31qui est prieur de ce monastère
19:33et qui a de grands projets pour l'avenir.
19:35Nous sommes également avec Loïc Bodin,
19:37il est responsable de l'antenne
19:39de SOS Calvaire dans l'Indre,
19:41avec Mathieu Lours, historien de l'architecture.
19:43Véronique Jacquier, bien sûr,
19:45est avec nous, et cette émission est en partenariat
19:47avec l'hebdomadaire France Catholique.
19:49Alors, père Ambroise,
19:51racontez-nous cette aventure quand même incroyable,
19:53au XXIe siècle,
19:55qui lui crut la fondation
19:57d'un monastère, ça a commencé en 2002,
19:59à cette époque, donc, 8 moines arrivent
20:01sur place, depuis l'abbaye
20:03Sainte-Madeleine du Barou, c'est dans le Vaucluse,
20:05au départ, une grande maison, quelques dépendances,
20:07et puis aujourd'hui, 17 moines,
20:09en 2021, vous devenez officiellement
20:11une abbaye indépendante,
20:13première question, pourquoi bâtir
20:15un monastère, plutôt que
20:17de restaurer ou de reprendre une abbaye
20:19qui aurait été abandonnée ?
20:21Alors, il faut bien comprendre que le fait que nous soyons amenés aujourd'hui
20:23à construire,
20:25plutôt que de restaurer, ne procède pas d'un choix
20:27a priori, mais des circonstances
20:29très concrètes selon lesquelles s'est passée cette fondation.
20:31Ça veut dire que, quand l'abbaye Sainte-Madeleine
20:33du Barou, qui est notre maison mère, a cherché
20:35à fonder dans les années 2000,
20:37il a fallu trouver un diocèse,
20:39et c'est le diocèse d'Agin qui nous a
20:41ouvert ses portes, en nous demandant
20:43de venir l'enrichir par la présence
20:45de la vie contemplative,
20:47et donc le diocèse d'Agin, lui, n'a pas
20:49d'ancienne abbaye à reprendre.
20:51Donc, on savait qu'en arrivant à Agin,
20:53on serait amené à acheter une
20:55propriété, et un jour, à construire notre abbaye.
20:57Mais, étant donné que la
20:59finalité première d'une fondation monastique,
21:01c'est d'enrichir,
21:03féconder un diocèse par la présence de la vie
21:05monastique et de la vie contemplative,
21:07on n'a pas pensé que le fait de ne pas pouvoir
21:09reprendre une abbaye ancienne même vide
21:11soit un empêchement d'irriment pour se lancer
21:13dans cette aventure Agin.
21:15Alors, c'est quand même un pari fou,
21:17on pourrait dire, puisque vos projets
21:19depuis mai 2023,
21:21vous avez lancé d'importants travaux,
21:23vous envisagez d'accueillir, aujourd'hui,
21:25vous êtes de 17 moines, je le disais, vous envisagez
21:27d'en accueillir 25, puis peut-être 40.
21:29Aujourd'hui, c'est un des
21:31seuls grands chantiers religieux
21:33en France.
21:35Alors, monastiquement parlant,
21:37il y a une autre abbaye qui se construit
21:39dans le diocèse
21:41de l'abbaye de la Grâce,
21:43c'est l'abbaye de Donézan, dans les montagnes,
21:45donc ça, c'est un chantier monastique qui est en cours,
21:47mais à ma connaissance,
21:49il n'y a pas d'autre chantier
21:51actuellement monastique qui consiste à
21:53construire intégralement une abbaye à partir de rien.
21:55Mais vous voyez loin, quand même,
21:57parce que vous projetez dans l'avenir
21:59avec optimisme ou espérance,
22:01alors que le constat, c'est plutôt,
22:03on en parlait, celui d'une déchristianisation.
22:05Alors, on voit loin, certainement,
22:07mais on voit loin aussi avec prudence
22:09et mesure, puisqu'on projette
22:11de construire une abbaye pour 40 moines,
22:13ce qui n'est pas démesuré,
22:15on est en fait 18 aujourd'hui,
22:17on a deux garçons qui rentrent au Novicia
22:19début octobre, donc on sera 20,
22:21vous voyez, donc on a quand même un signe,
22:23enfin, les signaux sont au vert, au niveau
22:25implantation locale,
22:27rayonnement de notre abbaye,
22:29et puis les quelques vocations
22:31qu'on a ces dernières années, donc
22:33effectivement, on voit loin et c'est un défi,
22:35mais si on se permet de
22:37relever ce défi, c'est parce qu'on considère que les
22:39signaux sont au vert et que ça n'est pas imprudent
22:41de le faire, même si ça demande de l'espérance.
22:43Mathieu Lours, la naissance des
22:45cathédrales au Moyen-Âge, là aussi, c'était
22:47des projets complètement fous
22:49à l'époque. Oui, il s'agissait
22:51aussi d'anticiper l'avenir, c'est-à-dire que l'évêque
22:53qui lance la construction d'une cathédrale,
22:55il est obligé de penser un chantier
22:57qui implique tous ses successeurs.
22:59Il y a quelques cas où on arrive à reconstruire
23:01en une vingtaine d'années, comme à Chartres,
23:03mais parce qu'on avait les fondations de la cathédrale précédente.
23:05Donc on est obligé de penser
23:07un édifice modulaire
23:09et de penser un financement à long terme.
23:11Et ça, vraiment, seuls les
23:13grands maîtres d'ouvrage arrivent à
23:15penser, à planifier ce genre de choses.
23:17Et les chantiers de cathédrales qu'on a
23:19aujourd'hui, c'est vraiment ça.
23:21C'est la capacité à anticiper,
23:23à prévoir, à synchroniser
23:25et à s'adapter aussi aux ressources
23:27et à susciter des ressources nouvelles.
23:29Et puis aussi, l'Église a l'éternité devant elle,
23:31d'une certaine manière, on pourrait dire.
23:33Ce qui explique aussi cette intégration
23:35du temps long, plutôt que d'avoir une culture
23:37du résultat. Père Ambroise,
23:39c'est confirmé.
23:41Et dans le cadre de la vie monastique,
23:43le rapport au temps pour un moine
23:45n'est absolument pas celui de quelqu'un du monde.
23:47Les moines voient très très loin.
23:49Le temps joue pour eux
23:51et ils voient pour des siècles.
23:53Alors, on va se rendre
23:55sur un autre chantier
23:57dans un lieu emblématique
23:59dans l'Orne. C'est la grande trappe de Soligny
24:01qui a été réformée au XVIIe siècle
24:03par l'abbé de Rancay.
24:05Et également au XXe siècle, un moine a marqué son histoire.
24:07C'était un inventeur de génie,
24:09un sculpteur, sculpteur officiel d'ailleurs
24:11de Thérèse de Lisieux. Regardez ce reportage
24:13signé Éloi Rochebrune.
24:24A l'intérieur, ces grosses machines
24:26ont été conçues par un moine trapiste,
24:28le père Marie-Bernard.
24:30Ce fabricant de génie, décédé en 1975,
24:32a créé de ses mains
24:34une industrie de l'art sacré.
24:36C'est toujours une machine
24:38de reproduction de médaillons sur bois.
24:40À part qu'il a doublé
24:42les quantités,
24:44il peut reproduire
24:4612 modèles différents
24:48sur 24
24:50plaquettes en bois.
24:52Dans une autre salle,
24:54des statues de saints,
24:56notamment Sainte-Thérèse de Lisieux,
24:58dont le père Marie-Bernard est le sculpteur de référence.
25:00L'artiste avait le souci du détail.
25:02Sur toutes ces statues
25:04originales, que ce soit
25:06de Thérèse, de la Vierge,
25:08de Saint-Bernard
25:10ou d'autres saints,
25:12des visages qui disent quelque chose
25:14de la douceur et de la tendresse de Dieu.
25:16C'était un élément qui était important
25:18dans sa statuaire.
25:20C'est quelque chose
25:22qu'on a envie de remettre en avant
25:24parce que des statues copiées
25:26des milliers de fois ont perdu cette finesse.
25:28L'apogée de son art se trouve
25:30dans les hauteurs de l'abbaye.
25:32Cette statue de 4 mètres a été érigée en 1947.
25:34Le père Marie-Bernard
25:36avait fait le vœu que si le monastère
25:38n'était pas bombardé,
25:40il érigerait
25:42un ex-voto en remerciement
25:44à la Vierge Marie pour avoir
25:46protégé le monastère.
25:48Elle veille à la fois
25:50sur la communauté monastique qui vit en ce lieu
25:52et sur les habitants des environs.
25:54Il y a beaucoup de gens qui viennent
25:56en pèlerinage jusqu'à elle
25:58et qui, sur le grillage de clôture,
26:00fabriquent des petites croix en bois
26:02et des petits ex-votos.
26:04Il y a une dévotion populaire
26:06dans le territoire à Notre-Dame de la Confiance.
26:08L'abbaye de la Trappe a été sélectionnée
26:10cette année par le loto du patrimoine.
26:12Le monastère souhaite ainsi
26:14mettre en valeur l'héritage du père Marie-Bernard.
26:16Voilà un reportage signé Léa Rochebrune.
26:18Père Ambroise, un commentaire.
26:20Parce qu'on a entendu cette phrase
26:22dans ce reportage dire la tendresse de Dieu.
26:24Est-ce que c'est ça le rôle ?
26:26Tout à l'heure, vous disiez que votre monastère
26:28est au service du territoire du diocèse
26:30sur lequel vous êtes implanté.
26:32Est-ce que c'est ça votre rôle tel que vous le concevez ?
26:34Notre rôle, je pense que c'est d'abord
26:36de rappeler le primat de Dieu.
26:38En rappelant le primat de Dieu,
26:40on rappelle la grandeur de Dieu, sa bonté,
26:42son amour, sa tendresse,
26:44tous ses attributs divins.
26:46La vie monastique est d'abord intrinsèquement contemplative.
26:48Elle a pour but de remettre Dieu
26:50au centre de tout.
26:52Au centre du village.
26:54Au centre du village, c'est clair de le dire.
26:56Au-delà de tout ce que les moines peuvent faire d'autres,
26:58c'est d'abord ça qui justifie
27:00leur présence et qui est la seule
27:02véritable raison de leur fécondité.
27:04Véronique Jacquet.
27:06Depuis votre arrivée à la garde en 2007,
27:08est-ce que vous pouvez témoigner d'une dynamique
27:10par rapport aux gens qui habitent
27:12autour de l'abbaye ?
27:14Est-ce que vous suscitez,
27:16pas seulement de la curiosité, bien entendu,
27:18mais un retour à la pratique religieuse
27:20et à la ferveur même ?
27:22Je pense qu'en tout cas,
27:24le nombre de gens qui viennent
27:26chez nous pour profiter de la messe du dimanche
27:28ou des offices va croissant.
27:30En période de vacances,
27:32notre chapelle est petite, elle contient 80 personnes
27:34et on a une centaine de personnes dehors.
27:36Des familles avec des enfants.
27:38Ce ne sont pas tous des gens qui reviennent
27:40à la pratique religieuse alors qu'ils en étaient éloignés.
27:42Mais on a effectivement
27:44beaucoup de témoignages aussi
27:46de gens qui sont en recherche
27:48aujourd'hui et qui sont
27:50très interrogés
27:52par la radicalité de la vie monastique
27:54et qui effectivement
27:56viennent à l'abbaye pour cheminer
27:58et pour être aidés dans cette quête intérieure
28:00et au final dans cette recherche de Dieu.
28:02Mathieu Lours, quand on entend le témoignage
28:04du père Ambroise, on se dit finalement
28:06est-ce qu'on n'a pas une vision trop culturelle
28:08uniquement de ce patrimoine,
28:10le patrimoine religieux en particulier
28:12en oubliant ce qui en fait son cœur finalement ?
28:14Je crois que les deux sont absolument indissociables.
28:16C'est-à-dire que même si
28:18on n'est pas croyant, même si on n'est pas pratiquant,
28:20l'église reste un édifice
28:22sacré. Et donc il a une sorte
28:24d'aura qui fait
28:26qu'il restera toujours
28:28un témoignage.
28:30S'ils me font taire, les pierres crieront.
28:32Et les pierres crient. Elles crient
28:34l'héritage civilisationnel de la France
28:36et la présence en France
28:38aujourd'hui quand même de ferments
28:40de renouveaux catholiques un petit peu partout.
28:42Et ces églises,
28:44elles sont appelées aussi à appuyer cette renaissance.
28:46Donc ce patrimoine,
28:48il ne sert en fait qu'au futur.
28:50Véronique.
28:52Oui, vous avez quand même parlé tout à l'heure de
28:54ruines d'indifférence.
28:56On parle de sacré, mais il y a des gens qui n'ont plus
28:58cette lecture du sacré.
29:00Des gens qui ne savent même plus ce que c'est que le sacré.
29:02D'où le fait qu'ils laissent d'ailleurs l'église tomber en ruines.
29:04Par certains élus qui n'ont plus de culture
29:06chrétienne.
29:08Il y a quelque chose d'assez symptomatique. Aujourd'hui,
29:10quand l'église tombe en ruines, on la rase.
29:12À la Révolution française, on laissait généralement
29:14une ruine romantique.
29:16Aujourd'hui, on a honte des ruines.
29:18Alors qu'au XIXe, on assumait
29:20d'une certaine manière.
29:22Regardez un des plus gros scandales patrimoniaux des 25
29:24dernières années, la démolition de l'église Saint-Jacques
29:26à Abbeville.
29:28La seule trace qu'il en reste, c'est dans le square
29:30qu'il a remplacé une sorte de trace au sol.
29:32Mais on aurait pu imaginer aussi une conservation
29:34du clocher, une conservation de quelque chose.
29:36Si ce n'est évidemment la conservation de l'ensemble
29:38de l'édifice ou la reconstruction d'un édifice
29:40cultuel. Mais on a en quelque sorte
29:42honte des ruines. On met la poussière sous le tapis
29:44aujourd'hui. Et on risque
29:46de perdre même cette vocation de signal,
29:48cette vocation de trace, cette vocation
29:50de mémoire. Donc c'est vrai
29:52que dans certains endroits, on a quand même
29:54cette volonté d'effacement.
29:56Mais encore une fois, ce n'est pas général.
29:58Et on a l'impression qu'aujourd'hui, il y a quand même
30:00un mouvement de retour vers...
30:02De réappropriation.
30:04Et puis quand même de constat
30:06que c'est un élément qualitatif.
30:08On perdrait quelque chose
30:10à le supprimer.
30:12Loïc Baudin, ce qui est intéressant dans votre cas
30:14et dans le cas de SOS Calvaire,
30:16c'est que parmi
30:18vos effectifs, 4000 personnes je crois,
30:20en France, vous avez 50%,
30:22beaucoup de jeunes d'abord, et 50%
30:24de convertis. C'est-à-dire que finalement
30:26le fait de s'occuper de la restauration
30:28du patrimoine religieux, de croix en l'occurrence
30:30dans les villages, entraîne
30:32ou est la conséquence
30:34d'un chemin de foi ?
30:36Je crois. Je crois que déjà en fait
30:38le passage de la non-foi
30:40à la foi se fait je crois généralement
30:42à partir du moment où on comprend
30:44que sa volonté même
30:46est déjà agie par Dieu. Je pense qu'effectivement
30:48quand on se retrouve au pied
30:50d'une croix qui s'élève à plus de 5 mètres,
30:52on se pose des questions,
30:54on se dit
30:56qu'est-ce qui se passe ?
30:58Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Peut-être pour 100 ans,
31:00peut-être pour 150 ans, et puis une fois
31:02qu'elle est posée, avec l'aide de Dieu,
31:04parce que vraiment c'est toujours Dieu
31:06qui pose ses croix, c'est gigantesque
31:08quelque part pour nous, à chaque fois
31:10de poser une croix comme ça avec un Christ qui fait
31:12plus de 100 kilos en fonte,
31:14il y a déjà une grande joie au moment
31:16où elle se pose,
31:18et puis une grande ferveur populaire qui s'ensuit,
31:20parce qu'en fait tous les gens du village
31:22s'approchent petit à petit, ont envie
31:24d'embrasser la croix à nouveau.
31:26C'est une rencontre nouvelle pour eux,
31:28encore une fois.
31:30Leur visage est éclairé vraiment par
31:32cette croix qui illumine
31:34tout leur cœur. Je crois qu'il y a
31:36vraiment une grande démarche
31:38mystique, profonde.
31:40Vous êtes un converti également ?
31:42Oui, je suis un converti, effectivement.
31:44Moi je suis un converti
31:46d'abord
31:48assoiffé de concret.
31:50Je suis un révolté parce que je trouve que
31:52en France on parle beaucoup
31:54et on agit peu.
31:56Parfois dans les paroisses même,
31:58on agit peu.
32:00Je me suis retrouvé au départ
32:02de ma conversion sur des
32:04parvis d'église, avec des docteurs
32:06de l'église sur canapé, des théologiens
32:08de parvis qui m'expliquaient Vatican I,
32:10Vatican II, Vatican III,
32:12le retour du Vatican, Vatican au Congo,
32:14Vatican en Amérique.
32:16C'est juste insupportable
32:18pour un jeune converti qui n'a que l'amour
32:20et qui a envie de faire
32:22quelque chose pour Jésus parce qu'il sent que
32:24Jésus est en train d'agir profondément
32:26dans sa vie.
32:28Beaucoup de gens qui viennent à SOS Calvaire
32:30sont des jeunes convertis, effectivement.
32:32Ils ne savent pas trop comment s'intégrer dans des paroisses,
32:34dans des fraternités, etc.
32:36Là c'est concret.
32:38C'est accultuel, c'est-à-dire
32:40qu'on ne leur demande même pas
32:42d'avoir
32:44une homonie particulière,
32:46une fraternité affiliée particulière.
32:48Et puis ils se rencontrent fraternellement.
32:50On parlait de la Révolution
32:52française. J'ai envie
32:54de rappeler quand même
32:56que c'est au pied de la croix, en fait.
32:58La liberté de croire ou de ne pas croire.
33:00L'égalité, vous savez, un stipe,
33:02la partie horizontale, le patibulum,
33:04la partie verticale
33:06et la partie horizontale, le patibulum.
33:08Cette partie horizontale
33:10signifie un petit peu
33:12les hommes tous égaux
33:14traversés par ce stipe
33:16et cette soif
33:18de transcendance.
33:20Donc c'est l'égalité. Et puis
33:22travailler au pied des croix, c'est la
33:24fraternité. Donc finalement, liberté,
33:26égalité, fraternité, c'est le serpent qui se
33:28mord la cloche. C'est au service du bon
33:30Dieu qu'elle est la meilleure.
33:32La question s'adresse aussi aux autres invités.
33:34Est-ce qu'actuellement, le patrimoine
33:36religieux, mais peut-être la foi plus généralement
33:38en France, est en train de vivre un mystère
33:40de croix et de résurrection ? Croix
33:42avec ces églises qui s'effondrent, qui brûlent,
33:44qui sont attaquées. Et puis de l'autre côté,
33:46effectivement, plus discrètement, comme on le
33:48disait, une renaissance, Père Ambroise.
33:50Est-ce que vous avez ce sentiment
33:52avec le recul, encore une fois, du moine
33:54qui voit le temps long
33:56et observe les choses avec peut-être un peu
33:58plus de sagesse que
34:00ce qu'on voit dans l'actualité au quotidien ?
34:02Oui, effectivement. J'ai l'impression que
34:04la foi repart toujours des coeurs.
34:06La foi, c'est quelque chose d'intérieur. Elle ne
34:08repartira pas d'abord du patrimoine extérieur.
34:10C'est d'abord quelque chose qui repart des coeurs.
34:12Et en ce moment, effectivement, on sent
34:14énormément de retour
34:16à l'église et de gens qui
34:18viennent dans les paroisses ou dans
34:20les abbayes. Et ça, les prêtres même, amis
34:22de l'abbaye, nous en témoignent dans divers diocèses.
34:24Donc, il y a un retour
34:26à une recherche beaucoup
34:28plus forte qu'il y a encore quelques années.
34:30Effectivement, oui.
34:32Mathieu Lours, c'est aussi votre regard
34:34d'historien, je dirais, plus distancié peut-être,
34:36mais sur la situation dans laquelle
34:38nous sommes. Alors, si on regarde aujourd'hui
34:40les ferments de renaissance, c'est-à-dire les endroits
34:42où on construit des églises aujourd'hui, on voit
34:44que ce n'est pas tant des coeurs
34:46de villes, mais plutôt des périphéries
34:48que la foi revient. Toutes sortes
34:50de périphéries. On construit aujourd'hui
34:52des églises dans les banlieues où il y a
34:54des populations traditionnellement plutôt pratiquantes,
34:56les Yvelines, mais aussi
34:58en Seine-Saint-Denis, en Seine-et-Marne,
35:00dans le Val d'Oise, là où il y a des communautés
35:02immigrées très fortement pratiquantes.
35:04Et donc, cette France catholique qui construit
35:06des églises, c'est une France ouverte, c'est une France
35:08de la diversité, et c'est celle-là
35:10qui peut-être va revivifier
35:12les coeurs qui sont un peu arc-boutés
35:14sur cette idée d'une déchristianisation
35:16un peu triste. Il y a une rechristianisation
35:18qui émerge des périphéries.
35:20D'ailleurs, on peut le signaler, vous participez
35:22à la reconstruction
35:24d'une des flèches de la basilique
35:26Saint-Denis. Donc là, c'est très symbolique. Exactement.
35:28Dans un territoire de mission, aujourd'hui,
35:30on peut le dire, et en même temps, avec un poids
35:32je dirais historique chrétien
35:34extrêmement fort. Oui, la flèche
35:36qui se reconstruit à Saint-Denis, c'est une reconstruction
35:38d'un monument historique qui appartient
35:40à l'État. Mais dans ce monument historique,
35:42vous avez une pratique religieuse
35:44nombreuse et intense tous les dimanches
35:46et évidemment que la présence de cette nouvelle flèche
35:48leur dira à eux aussi,
35:50aux croyants, quelque chose.
35:52Est-ce qu'il ne faut pas aussi
35:54réapprendre, finalement, qu'il y a
35:56un mode d'emploi à ce patrimoine
35:58religieux, à cet espace sacré ?
36:00On en parlait tout à l'heure.
36:02Père Ambroise, les églises,
36:04elles ne sont pas des musées, même si elles sont
36:06très belles, et on ne peut pas faire n'importe quoi
36:08dedans. Vous, vous avez fait le choix
36:10par exemple, au sein de votre monastère, de
36:12conserver ces trésors du patrimoine
36:14liturgique et spirituel de l'Église
36:16et votre
36:18projet architectural,
36:20il s'inscrit dans
36:22une tradition. Effectivement,
36:24nous, on va s'inscrire dans une tradition architecturale
36:26plus que millénaire, donc on va construire
36:28une abbaye d'esprit roman, parce
36:30que pour nous, c'est très important de montrer
36:32une continuité, et puis cette
36:34architecture a fait
36:36ses preuves aussi pour
36:38manifester le beau, et on a besoin
36:40d'être porté par le beau pour aller à Dieu. Donc ça,
36:42c'est effectivement incontestable,
36:44et je pense que cette notion de beauté est très importante
36:46parce qu'on ne va à Dieu que
36:48par le beau.
36:50Toute beauté créée est un reflet de la beauté divine
36:52et nous permet de nous faire une petite
36:54idée, évidemment, de la beauté de Dieu,
36:56et donc il faut qu'il se retrouve à tous les niveaux, au niveau
36:58architectural, au niveau de la liturgie,
37:00au niveau du chant. Nous, on a conservé
37:02le chant grégorien, par exemple, parce que
37:04ce chant qui a
37:06des siècles et des siècles, on prie sur des mélodies
37:08sur lesquelles des générations
37:10de moines ont prié pendant des siècles.
37:12Là aussi, c'est un patrimoine qu'il faut faire vivre.
37:14Ça fait partie du patrimoine qu'il faut faire vivre, et faire vivre
37:16de façon vivante.
37:18Mathieu Lours, est-ce qu'on a perdu, quelque part,
37:20le sens de l'espace sacré, et
37:22avec les règles qu'il faut respecter ?
37:24Je voudrais juste montrer un exemple
37:26qui est celui de
37:28la cathédrale de Créteil, qui
37:30a été construite avec
37:32des normes architecturales extrêmement
37:34modernes. Est-ce qu'il y a
37:36des règles à respecter quand on construit un
37:38espace religieux ?
37:40La cathédrale de Créteil ne me semble pas
37:42particulièrement désacralisante, au contraire,
37:44avec l'éclairage. On peut peut-être
37:46discuter sur la position de l'autel latéral,
37:48mais
37:50pendant tous les siècles,
37:52les évêques ont rappelé ces normes.
37:54Vous lisez des visites pastorales du XVIIe siècle,
37:56on trouve des gens qui abritent leurs chèvres
37:58dans l'église quand il pleut.
38:00On trouve, à toutes les époques,
38:02ce besoin de rappeler la sacralité
38:04de l'espace. Et aujourd'hui,
38:06ce qui est assez frappant, c'est que parfois, des gens
38:08qui sont éloignés de la pratique religieuse, voire qui ne soient
38:10pas chrétiens,
38:12observent instinctivement un
38:14silence religieux dans l'église,
38:16quand on voit ensuite arriver des dames catéchistes
38:18avec des enfants qui hurlent.
38:20On a perdu le respect, finalement ?
38:22Souvent, ce sont les personnes
38:24qui ne sont pas pratiquantes,
38:26qui ne sont pas inscrites dans une pratique régulière,
38:28qui attendent de l'église
38:30un lieu de sacralité, et les chrétiens
38:32qui la pratiquent au quotidien,
38:34ont tendance à s'y considérer un peu chez eux,
38:36et à imaginer que la voix ou le corps
38:38puissent s'y comporter comme sur le parvis.
38:40Donc c'est très étonnant, et il y a
38:42un travail à faire, sans doute,
38:44simplement de baisser la voix quand on est dans l'église.
38:46Voilà, donc...
38:48C'est très paradoxal, et c'est un combat incessant.
38:50L'ordonnancement même
38:52de l'architecture, la place de l'hôtel,
38:54par exemple, est très importante.
38:56L'emplacement de l'hôtel, les hôtels placés
38:58au centre de l'assemblée, sont très problématiques,
39:00parce que tout le monde se regarde dans tous les sens.
39:02On confond le centre et le milieu.
39:04Ce qui est au centre n'est pas forcément au milieu.
39:06Et donc, l'idée du plan basilical,
39:08qui a la tradition dans l'église latine,
39:10est évidemment celui qui conduit
39:12le plus vers la sainteté.
39:14Et puis la lumière est très importante.
39:16Le fait que la lumière vienne de l'arrière de l'hôtel,
39:18que l'église soit si possible orientée,
39:20tout ça, ça fait de l'architecture
39:22une sorte de machine
39:24qui porte la foi,
39:26qui porte la foi par les sens.
39:28La vue, l'audition...
39:30Il faut concevoir... Il y a des très belles réalisations
39:32contemporaines qui fonctionnent bien,
39:34et on a parfois des réalisations
39:36d'époque gothique ou classique qui fonctionnent mal.
39:38Donc il faut arriver aujourd'hui
39:40à corriger un petit peu tout ça,
39:42et arriver à sacraliser
39:44les espaces qui nous ont été transmis.
39:46Pour les quelques minutes qui nous restent,
39:48on se projette à nouveau
39:50vers l'avenir.
39:52Finalement,
39:54quelle est la clé
39:56de l'espérance
39:58pour continuer ce mouvement ?
40:00Ces dispositions
40:02positives qu'on a observées à travers
40:04la construction d'un monastère ou de calvaire
40:06dans les villages,
40:08à travers le reflet de l'histoire aussi,
40:10quelles sont les clés de l'espérance pour l'avenir ?
40:12Qu'est-ce qu'il faut rebâtir
40:14d'abord dans les coeurs ? La foi, bien sûr,
40:16mais plus concrètement parlant,
40:18qu'est-ce qu'il faut souhaiter,
40:20Loïc Baudin ?
40:22Le concret. La jeunesse a besoin
40:24d'une foi concrète.
40:26Une foi qui porte des trucs lourds,
40:28qui marche, qui ne sait pas faire vraiment
40:30des choses.
40:32Il faut que ça soit
40:34physique, il faut que ça soit
40:36donné de son corps,
40:38de l'effort, produire de l'effort.
40:40Je crois aussi que tous ces pèlerinages
40:42qui ressurgissent aujourd'hui montrent cet engouement
40:44qu'à la jeunesse pour ça.
40:46Cette jeunesse a besoin aussi d'apprendre.
40:48Il faut que des personnes
40:50qui ont 50, 60 ans, 70 ans,
40:52qui ont eu des capacités
40:54dans leur vie technique,
40:56les artisans, etc., rejoignent
40:58des associations comme nous, puissent transmettre
41:00à ces jeunes cette passion,
41:02parce qu'ils sont vraiment tous très passionnés.
41:04Ils se posent la question de savoir
41:06qu'est-ce qu'on va faire plus tard pour travailler à SES Calvaire,
41:08par exemple. J'ai beaucoup
41:10d'enfants dans des congrès qui m'ont posé cette question,
41:12qui ont 16 ans, 17 ans.
41:14C'est une vraie envie
41:16de s'orienter, de donner du sens
41:18à leur vie profondément,
41:20avec le Christ toujours au milieu.
41:22Je crois que c'est ça l'essentiel.
41:24Je voudrais citer une phrase de votre président
41:26qui a écrit ce livre sur
41:28l'aventure d'SES Calvaire.
41:30La croix demeure, le monde tourne.
41:32Ce n'est pas de lui, bien sûr, c'est la devise d'Eschartreux,
41:34mais finalement, est-ce que ça correspond bien à votre objectif
41:36lorsque vous voulez restaurer
41:38ces fameux calvaires ?
41:40On me dit
41:42voilà, c'est notre mot,
41:44il faut que ça soit stat,
41:46il faut qu'on demeure absolument.
41:48Il faut que ces gens demeurent au pied de la croix.
41:50Il faut qu'on puisse avoir
41:52ces
41:54réactions d'amour
41:56qu'il y a d'étonnement.
41:58J'ai eu, lors d'une pose
42:00d'une croix, quelqu'un qui conduisait un Manitou,
42:02un engin d'élévation
42:04pour ces croix qu'on utilise.
42:06C'était un grand monsieur qui fait
42:08120 kg,
42:10qui n'est absolument pas du tout croyant,
42:12et qui une fois la croix posée,
42:14descend de son véhicule,
42:16alors qu'il a l'habitude de porter des grosses charges,
42:18là, il a entendu les « Je vous salue Marie »
42:20pendant qu'on posait la croix,
42:22il a vu ce qu'il était en train de faire,
42:24il a compris, il a ressenti en lui, physiquement,
42:26ce qu'il était en train de faire.
42:28C'est en train de le bouleverser complètement.
42:30Il faut donner la possibilité
42:32aux gens de vivre des moments comme ça.
42:34Je lui ai dit, en fait, ton petit-fils,
42:36il a quelques temps, il t'a demandé où était passé Jésus.
42:38Tu vois, c'est toi qui l'as remis, Jésus.
42:40Et il dira à ses enfants,
42:42à ses petits-enfants,
42:44c'est mon grand-père qui a remis Jésus au milieu du village.
42:46Mathieu Lours,
42:48quelles sont historiquement les clés
42:50pour faire renaître l'espérance
42:52et justement habiter ce patrimoine religieux ?
42:54D'abord, la vigilance.
42:56Rappelez que quand l'Église appartient à la mairie,
42:58elle appartient à tout le monde.
43:00Et il est du devoir du citoyen de dire,
43:02vous n'avez pas curé les gouttières,
43:04quelle que soit l'appartenance religieuse.
43:06Et essayez, si possible,
43:08de travailler à une obligation d'entretien.
43:10C'est ça.
43:12Sa maison, ce n'est pas quand elle est en ruine
43:14qu'on va la refaire.
43:16Sa maison, on l'entretient tous les ans.
43:18C'est pareil. Quand on vous transmet une Église
43:20et que vous devez la transmettre à vos successeurs,
43:22vous avez un devoir de la transmettre en bon état.
43:24Père Ambroise, le mot de la fin ?
43:26Écoutez, moi, je pense que
43:28l'avantage de notre époque,
43:30même si elle est douloureuse du point de vue de la foi,
43:32c'est que
43:34pour un chrétien au quotidien,
43:36pour mener authentiquement sa vie chrétienne,
43:38ça demande tellement d'être à contre-courant en permanence
43:40sur les idées du temps
43:42que l'avantage, c'est qu'on ne peut plus être dans la demi-mesure.
43:44Et donc, je pense que
43:46la clé de l'espérance pour l'avenir,
43:48c'est qu'il faut que les catholiques
43:50ou ceux qui sont en recherche puissent trouver
43:52des lieux où le message de la foi est vécu
43:54authentiquement.
43:56Avec simplicité, mais de façon
43:58ferme, forte, détendue,
44:00mais authentique, et à tous les niveaux.
44:02Au niveau de la beauté des lieux de culte,
44:04au niveau de la beauté de la liturgie,
44:06au niveau de la rigueur
44:08de l'enseignement de la foi, on ne peut plus être
44:10dans la demi-mesure et dans l'à-peu-près.
44:12Il faut vraiment être au cœur du message du Christ
44:14et rappeler avant tout que
44:16la vie chrétienne, c'est une intimité
44:18avec une personne.
44:20Avec notre Seigneur Jésus.
44:22Et c'est peut-être en ce sens-là
44:24qu'aujourd'hui, ça peut être l'heure des moines.
44:26Alors, ça n'est pas que l'heure des moines,
44:28bien sûr, mais je pense que les moines
44:30ont vraiment un rôle à jouer aujourd'hui,
44:32et qu'ils ont joué d'ailleurs à d'autres époques,
44:34et que des abbayes
44:36qui sortent du sol ou qui existent
44:38déjà, ont un grand rôle à jouer
44:40dans les temps à venir.
44:42Des oasis spirituelles.
44:44Merci infiniment
44:46à tous. On peut vous aider
44:48Père Ambroise en se rendant
44:50sur le site de votre monastère,
44:52Sainte-Marie-de-la-Gare,
44:54ça s'affichera, et puis on pourra le retrouver
44:56sur le site de France Catholique,
44:58dont le thème cette semaine est Véronique.
45:00Un beau débat, toutes les religions se valent-elles ?
45:02Vous pouvez découvrir ce numéro
45:04sur abonnement et sur france-catholique.fr.
45:06Et puis, concernant SOS Calvaire,
45:08une actualité, le 28 septembre,
45:10samedi prochain, un calvaire sera érigé
45:12dans le petit village de Bous-les-Bônes,
45:14juste à côté.
45:16Merci à tous d'avoir suivi cette émission,
45:18merci à Adrien Fontenot, aux équipes
45:20techniques de CNews, et puis la semaine prochaine,
45:22nous serons le 29 septembre, nous parlerons
45:24de la figure du diable,
45:26et de comment lutter contre, qui est-il,
45:28comment parvient-il à ses fins ou pas,
45:30et comment lutter contre, notamment avec la figure
45:32de l'archange Saint-Michel.
45:34Merci, et l'info continue sur CNews.