[#Reportage] Mbigou : le centre de santé délabré

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00:00Nous avons commencé notre enquête au centre de santé de Bigou. Oui, il existe bien un

00:09centre de santé dans ce coin perdu, situé à 85 kilomètres de Lébamba et à près

00:14de 650 kilomètres de Libreville. Cependant, en arrivant sur les lieux, le décor est celui

00:20de bâtiments vieux des années 40, dont certains désaffectés ont perdu leur toiture, les

00:26plafonds en partie arrachés, les fenêtres et ventrilles. De hautes herbes entourent

00:31les bâtiments. A l'intérieur, les conditions de travail des agents sont encore plus dramatiques.

00:36C'est notamment le cas dans le bâtiment qui abrite les services des urgences, de médecine

00:41et de pédiatrie. C'était plus difficile avant l'arrivée

00:46du CETERI, mais avec l'arrivée du CETERI, on nous a quand même donné quelques produits

00:52qui nous amènent à pouvoir donner les premiers soins aux malades. Mais sinon, pour le reste,

00:59il n'y a rien. On n'a pas de laboratoire, on n'a pas de petit TDR pour pouvoir faire

01:05des examens, il n'y a rien. Nous traitons les patients symptomatologiquement et ça nous

01:11amène à ne pas être vraiment précis de fois dans les traitements.

01:15Donc, il y a beaucoup de manquements, comme vous avez pu constater, à cause de ce que

01:21le village est abandonné, négligé, comme vous pouvez le constater vous-même.

01:26Faute d'entretien des infrastructures, ces services ont dû être rassemblés à un même

01:31endroit, réduisant ainsi l'espace de travail des agents et rendant compliquées leurs performances.

01:37Ces mêmes difficultés, nous les avons constatées au service maternité.

01:41Parce que nous rencontrons beaucoup de difficultés au niveau de l'imagerie, les femmes ne font

01:46pas d'échographie, le laboratoire ne font pas d'examens. C'est assez pénible. On travaille

01:55à l'aveuglette, juste sur ce que l'on voit. Certaines ont la possibilité d'aller au niveau

02:01de l'Ebamba, Bongolo, Biendende, pour faire des examens, mais pour la majorité c'est compliqué.

02:06Nous avons cette personne qui est arrivée hier. C'est un cas de Mélène. Elle est venue

02:15retrouver ses parents, mais l'accouchement c'était vraiment difficile. C'était un accouchement

02:20difficile et là même elle refuse qu'on la touche, qu'on essaie un peu de faire les soins nécessaires.

02:27Elle a eu une déchirure, juste au niveau de l'anus. On n'a pas tout le matériel. Même pour

02:36avoir le fil de citurière, c'était compliqué. Outre ces conditions de travail difficiles,

02:46les agents affectés au centre de santé de Bigou doivent payer le prix du sacrifice,

02:51y compris dans leur vie personnelle et familiale, à l'instar de cette jeune

02:56infirmière d'état polyvalente qui a pris ses fonctions en janvier 2024. Nous ne sommes pas

03:01logées. J'ai pris juste une chambre en bas. Comme il y a des chambres qui ne sont pas habitées,

03:07j'étais obligée d'abord de me situer là avec mes enfants. Les logements sont inhabités là-bas,

03:12mais je pense que les logements sont gaspillés. Il faut réfléchir. Les agents qui sont affectés

03:19ici, donc les fonctionnaires, ils ont des difficultés même à faire des achats, des

03:23difficultés à se déplacer, à aller toucher leur argent, etc. Donc vous voyez que s'il n'y a pas

03:28la route, on ne peut rien faire. Nous avons souhaité constater par nous-mêmes l'état des

03:33logements affectés à ces infirmiers d'état. Cependant, impossible de pénétrer dans certaines

03:38résidences. Elles sont effectivement inhabitées et pour cause, herbes encombrantes, toitures et

03:44ventrilles, plafonds dégradés, murs effondrés. Bref, le temps a fini par avoir raison de ces

03:50bâtisses érigées depuis des décennies. L'état a pourtant bien pris conscience des dangers encourus

04:00par ces agents et partant des quelques milliers d'habitants qui composent cette ville et ses

04:05alentours. Un nouveau centre de santé est donc en construction depuis quelques mois déjà. Les

04:10ouvrages qui seront édigés ici, c'est la gynécologie, bâtiment gynécologie, bâtiment

04:20hospitalier, bâtiment chirurgie. Donc dans la chirurgie, je pense que c'est vraiment généralisé

04:29tout ce qui concerne la chirurgie, la gynécologie, tout ce qui concerne notamment la femme,

04:36les accouchements et tout le reste. Et pour l'exécution des travaux, il n'y a pas longtemps,

04:42nous avons commencé au mois de juin et jusque là, les travaux sont en train d'aller en bon train.

04:51Vous êtes à quel niveau? Nous sommes au niveau des sous-bassements. Donc nous avons déjà ressorti

04:57tous les sous-bassements des différents bâtiments. Si ce centre de santé devrait

05:02permettre de répondre aux besoins exprimés par le corps médical, soulager les populations de

05:07ce département parmi les plus grands du pays en termes de superficie et de population,

05:11l'entreprise SCORM BTP a pointé un facteur qui pourrait dans les prochaines semaines impacter

05:17les délais de livraison, au point qu'ils ont d'ailleurs été incapables de nous situer sur la

05:22fin du chantier. Les difficultés, je pourrais dire des difficultés sont au niveau de, comme on

05:28parlait de l'approvisionnement, c'est dû non seulement à la route, donc l'accès ambigu. Nous

05:37avons des gros porteurs, des camions qui nous approvisionnent en ferraille, en agrégat, donc

05:44le gravier et aussi des matériaux comme le ciment. En temps de pluie, nous craignons vraiment que ça

05:53puisse vraiment considérablement ralentir l'avancement des travaux parce qu'elle est glissante

05:57vu qu'elle est faite de terre. Une difficulté également relevée par le personnel de santé,

06:04impatients de devoir aménager dans de nouveaux locaux. La difficulté majeure d'ici reste le

06:10problème de la route parce qu'au-delà de tout ce qu'on peut faire, même là vous voyez qu'il y a

06:16des travaux qui ont été engagés, mais tout est bloqué, ça n'arrive pas à avancer. Depuis

06:21pratiquement déjà trois mois, on est vraiment stagné et le problème majeur reste le problème

06:29de la route parce qu'on est presque coupé du monde. La route ne permet pas de transporter le matériel.

06:34Selon nos informations, il semblerait que les couacs observés sur ce chantier sont également

06:40liés à des problèmes de financement. En effet, sur les 2 milliards et demi de France-EFA prévus,

06:46moins de 200 millions de France-EFA seulement auraient été décaissés pour l'heure.

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