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00:00C'était il y a dix ans au Mexique, 43 étudiants disparaissaient à Iguala après avoir été enlevés par les policiers.
00:07Leurs familles attendent toujours la vérité, mais cette histoire mêle tous les maux de la société mexicaine.
00:11La corruption, le narcotrafic, la falsification de l'enquête, mais aussi l'implication de l'armée.
00:16Léa Hurel, bonjour. On vous retrouve en direct de la rédaction hispanophone de France 24 à Bogotá.
00:22D'abord, que sait-on de cette nuit où tout a basculé ? C'était il y a dix ans.
00:27Bonjour, Julien. Alors, ce qui est certain, c'est que cette affaire, c'est une plaie ouverte pour la population au Mexique,
00:34car il s'agit d'un des plus grands scandales qui a secoué le pays au cours de la dernière décennie.
00:39Le 26 septembre 2014, dans la municipalité d'Iguala, au sud du pays, des étudiants de l'université rurale d'Ayotzinapa
00:48détournent des bus à la gare routière locale. C'est une pratique assez courante lorsqu'ils se rendent en manifestation,
00:53comme c'était le cas ce jour-là. Ils se rendaient à la capitale, Ciudad de México, et généralement, ils rendent ensuite ces bus.
01:04Mais cette nuit-là, lorsque cinq bus quittent cette gare routière, la police locale et des criminels se mettent à leur tirer dessus.
01:13Alors, il y a six personnes, dont trois étudiants, qui sont tués, et 43 autres jeunes âgés entre 17 et 25 ans
01:21qui sont enlevés par la police, et ces étudiants n'ont jamais été revus.
01:26Les autorités mexicaines ont d'abord tenté de minimiser leurs responsabilités.
01:31Elles ont présenté, à l'époque, une version basée sur des témoignages obtenus sous la torture,
01:36qui suggérait que la police locale était de connivence avec un cartel, avec le crime organisé,
01:42et une version qui affirme que les bus transportaient de la drogue, transportaient de l'héroïne,
01:47la nuit des faits, et que c'est pour cela qu'ils auraient été interceptés.
01:51Cependant, des enquêtes indépendantes depuis ont montré que cette version était truffée de mensonges,
01:57qu'il s'agirait en fait d'un crime d'État, impliquant non seulement la police,
02:01mais aussi et surtout l'armée mexicaine, en collusion avec un groupe criminel.
02:06C'est pour cela que le procureur chargé de cette affaire a parlé de deux crimes en un,
02:11d'abord de la disparition forcée, puis du mensonge.
02:15Léa, comment cette affaire a-t-elle été gérée par le président Obrador ?
02:19On imagine que ça a compliqué son mandat.
02:23Effectivement, Julien.
02:25Alors tout d'abord, Andrés Manuel López Obrador, pendant sa campagne présidentielle en 2018,
02:30il avait fait de cette affaire une affaire personnelle.
02:33Il avait fait vraiment une promesse de campagne.
02:37Il avait promis de faire la lumière sur ce cas traumatisant.
02:40Et dans un premier temps, lorsqu'il a débuté son mandat, il y a eu effectivement du progrès,
02:44comme l'arrestation de l'ancien procureur général, poursuivi pour torture,
02:49pour disparition forcée et entrave à la justice.
02:52Mais aussi, il y a eu la reconnaissance de l'implication de cette armée mexicaine,
02:56de l'implication et de la responsabilité des militaires,
02:59ce qui a conduit à quelques arrestations.
03:01Mais progressivement, les relations entre le gouvernement et les familles,
03:05mais aussi entre le gouvernement et les experts, se sont détériorées.
03:08Alors qu'ils s'apprêtent à céder le pouvoir à Claudia Sheinbaum dans quelques jours,
03:13à la fin du mois, les familles des 43 disparues restent pour le moment sans réponse.
03:19Les quelques rencontres que ces familles ont eues avec le président Andrés Manuel López Obrador
03:23se sont soldées par des échecs.
03:25Les familles parlent même du mépris que le président aurait témoigné à leur rencontre.
03:31Jusqu'à présent, seuls les fragments d'os de ces 43 étudiants de l'école normale rurale d'Ayotzinapa
03:39ont été identifiés sous le mandat d'Andrés Manuel López Obrador.
03:42Du coup, on imagine, Léa, que ces familles comptent sur la nouvelle présidente mexicaine,
03:46Claudia Sheinbaum, qui prend le pouvoir dans quelques jours ?
03:52Oui, alors, ce qui est sûr, c'est que ces familles, depuis 10 ans,
03:56elles dénoncent un exécutif, un État qui n'est pas à la hauteur.
04:01Elles seront, d'ailleurs, à Ciudad de México, à la capitale, ce jeudi, le 26 septembre,
04:06qui est la date d'anniversaire de ces disparitions,
04:10pour manifester leur colère et crier, justement, leur rage, leur tristesse
04:15par rapport à ces inactions du gouvernement.
04:18Donc, on peut imaginer toute la méfiance, en fait,
04:21avec laquelle elles vont voir cette nouvelle présidente arriver à la tête du pouvoir.
04:28Elles espèrent, quand même, entamer un nouveau processus
04:31avec cette nouvelle chef de l'État, mais reste à savoir
04:34ce que Claudia Sheinbaum va pouvoir et va vouloir entreprendre
04:37par rapport à ce cas, à ces disparitions.
04:41Qu'est-ce qu'elle va pouvoir faire de plus que son prédécesseur,
04:44qui fait partie de la même formation politique qu'elle,
04:47et qui la considère, d'ailleurs, comme sa dauphine politique ?
04:50Il reste encore beaucoup à faire concernant la part de l'exécutif
04:55et de l'État dans cette enquête sur les 43 disparus.
04:59Depuis des mois, les familles réclament notamment la publication
05:02de plus de 800 documents militaires détaillant les événements
05:06de la nuit, de la tragédie et les disparitions forcées.
05:10C'est un fléau, en fait, qui ravage le Mexique.
05:15Ça va être, c'est certain, un des défis
05:19pour le nouveau mandat de Claudia Sheinbaum.
05:22L'affaire de Ayotzinapa étant cela une goutte d'eau seulement
05:26dans un océan de plus de 115 000 personnes
05:30actuellement disparues au Mexique.
05:32Merci beaucoup pour ces éléments.
05:34Léa Hurel, en direct de Bogotá.