Emmanuel Macron s’exprime lors de l’Assemblée générale des Nations unies et évoque notamment la situation au Proche-Orient et en Ukraine.
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00:00Je m'exprime ici au nom d'un pays qui n'oubliera jamais ce dont les nations sont capables quand elles sont unies.
00:08La liberté, et la France vient de rendre hommage cette année au peuple d'Amérique, d'Europe, d'Afrique, d'Asie et d'Océanie
00:16qui lui ont permis de se libérer de l'emprise nazie voilà huit décennies.
00:21Le progrès et la paix.
00:24Libérée, la France a fondé avec ses peuples une communauté d'États libres et souverains
00:29capables de s'engager les uns envers les autres et de s'entendre sur l'essentiel.
00:34Et l'espoir, comme celui que nous avons encore vu ces derniers temps lors des Jeux olympiques et paralympiques
00:41accueillis cet été par la France dans la beauté, l'enthousiasme et la concorde des peuples.
00:47Pourtant, malgré cette liesse, la trêve olympique unanimement voulue ici même est restée lettre morte.
00:56Pourtant, le danger d'une parole sans effet et d'une diplomatie impuissante sont là chaque jour devant nous.
01:08Pourtant, notre organisation affronte la plus grande convergence de crise qu'elle ait sans doute connue
01:15après ces huit décennies d'existence.
01:19Et le sentiment d'une perte de contrôle grandit face aux guerres, aux changements climatiques,
01:24à l'accroissement des inégalités, des injustices.
01:27Et chaque jour, l'humanité semble se fragmenter davantage
01:31alors que les circonstances exigeraient de trouver des réponses communes, fortes, efficaces.
01:40Pour redonner à ces deux mots, Nations unies, leur puissance d'espérance,
01:46nous devons nous retrouver, comme jadis, sur un socle essentiel.
01:49Et c'est de cela dont je voudrais dire quelques mots.
01:52D'abord et avant tout, il faut restaurer les termes de la confiance et du respect entre les peuples.
02:00Et je les vois s'estomper dans les débats qui sont les nôtres.
02:05Pour ce faire, nous devons en effet montrer une égale attention à ceux qui souffrent.
02:10Je l'évoquais ici même il y a deux ans en conjurant la possibilité d'un double standard.
02:17Une vie égale une vie.
02:19La protection des civils est une norme impérative et doit rester notre boussole
02:23alors même que nous célébrons cette année le 75e anniversaire des conventions de Genève.
02:29Et ne laissons pas s'installer l'idée, un seul instant,
02:33que les morts de l'Ukraine sont ceux du Nord,
02:36que les morts de Gaza sont ceux du Sud,
02:38et que les morts des conflits au Soudan, dans la région des Grands Lacs ou en Birmanie
02:44seraient ceux des consciences qui, trop seules, s'en indigneraient.
02:50Reprendre le contrôle et restaurer cette confiance implique donc de partout chercher la paix,
02:56de n'accepter aucune différence à chaque fois que la dignité de la vie humaine est en jeu,
03:04de n'accepter aucune différence à chaque fois que l'intégrité territoriale,
03:09la souveraineté des États est en jeu.
03:11Ces conflits aujourd'hui interrogent notre capacité même à faire respecter notre charte des Nations unies.
03:19Et quand je vois certains vouloir proposer la paix en demandant la capitulation,
03:25je m'étonne qu'on puisse même soutenir une telle idée.
03:29Je veux ici redire combien la protection des civils,
03:33de l'ensemble des travailleurs humanitaires, de toutes celles et ceux qui oeuvrent à nos valeurs communes
03:37est indispensable dans chacun de ces conflits.
03:41Ensuite, nous devons apporter une réponse commune aux grands défis
03:45que sont les deux guerres qui touchent l'Europe et le Proche-Orient.
03:50La Russie, en effet, mène en Ukraine une guerre de conquête territoriale
03:55au mépris des principes les plus fondamentaux de la vie internationale.
03:59Elle est coupable de graves manquements aux droits, à l'éthique, à l'honneur même.
04:05Rien dans ce qu'elle fait ne correspond à l'intérêt commun des nations
04:08ni aux responsabilités particulières qu'elle assume dans cette organisation.
04:14Le sort de l'Ukraine engage la paix et la sécurité en Europe et dans le monde.
04:21Car qui pourra encore se croire protégé de ses voisins les plus forts,
04:26les plus violents, les plus avides,
04:29si nous laissions la Russie l'emporter comme ça ?
04:32Si nous laissions la Russie l'emporter comme si de rien n'était ?
04:37Personne.
04:39C'est donc bien notre intérêt commun, l'intérêt commun des nations,
04:42que l'Ukraine soit restaurée au plus vite dans ses droits légitimes
04:46et qu'une paix juste et durable soit bâtie.
04:50La France continuera de faire tout ce qui est en son pouvoir
04:54pour que l'Ukraine tienne bon, se mette hors de danger et obtienne justice.
05:00Elle continuera de lui fournir des équipements indispensables à sa défense
05:04et avec ses alliés et partenaires les plus proches,
05:06la France soutiendra la remarquable résistance du peuple ukrainien
05:10et s'engagera pour qu'il obtienne une sécurité durable.
05:15Cherchons la paix.
05:17La France saura joindre ses forces à celles de tous les partenaires sincères
05:23pour construire une paix solide pour l'Ukraine et pour l'Europe.
05:27Je sais que pour beaucoup d'entre vous, l'essentiel est toutefois ailleurs,
05:31dans la trop longue liste des guerres oubliées, des victoires injustes,
05:36des résolutions mal négociées ou parfois jamais mises en oeuvre.
05:41Je n'en oublie aucune, même si je ne peux ici les évoquer toutes.
05:45Le président Tchisekedi me précédait à cette tribune il y a quelques instants
05:49et la situation des Grands Lacs, j'y reviendrai avec lui,
05:52et le président Kagame dans quelques jours nous préoccupent.
05:56Et en Arménie, M. le Premier ministre,
05:59aux côtés de laquelle la France se tient fermement face aux pressions de l'Azerbaïdjan
06:03et aux tensions territoriales, la communauté internationale doit être là
06:07pour que les négociations de paix aboutissent
06:10et que les frontières internationalement reconnues soient préservées.
06:17Mais je sais que pour beaucoup d'entre vous,
06:21l'essentiel au-delà de ces guerres est aussi aujourd'hui,
06:24et il l'est pour nous également, à Gaza,
06:28là où le destin du peuple palestinien est présent
06:33et pèse sur chacun de nos débats.
06:38Je voudrais sur ce sujet aussi complexe redire avec la plus grande clarté
06:43la position de la France depuis le premier jour.
06:46Nous condamnons avec fermeté l'attaque terroriste terrible et sans précédent
06:51décidée et menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.
06:57Le terrorisme est inacceptable, quelles qu'en soient les causes,
07:00et nous pleurons ici les victimes de l'attaque du Hamas du 7 octobre dernier,
07:04parmi lesquelles 48 citoyens français.
07:10J'adresse mes pensées de compassion, d'amitié à toutes les familles
07:14qui vivent dans la douleur d'avoir perdu des enfants, des parents, des amis le 7 octobre.
07:21Nous demandons également, à nouveau et solennellement,
07:25que les otages soient libérés.
07:29Parmi eux, plusieurs de nos compatriotes français demeurent,
07:33et je veux ici saluer les efforts des Etats-Unis d'Amérique,
07:36de l'Égypte et du Qatar pour y parvenir.
07:39Cela demeure une priorité pour nous tous.
07:43Israël, face à cette attaque terroriste, a le droit légitime de protéger les siens
07:48et d'enlever au Hamas les moyens de l'attaquer à nouveau.
07:51Et aucun d'entre nous n'aurait subi les coups reçus le 7 octobre
07:55sans en tirer des conséquences.
07:58Pour autant, la guerre qu'Israël mène à Gaza n'a que trop duré.
08:04Les dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes
08:07n'ont aucune justification, aucune explication.
08:12Trop d'innocents sont morts, et nous portons aussi leur deuil.
08:16Et ces morts sont eux aussi un scandale pour l'humanité
08:20et une source dangereuse de haine, de ressentiment,
08:24qui menace et qui menacera la sécurité de tous,
08:27dont celle d'Israël, demain.
08:30Il faut donc que cette guerre cesse et que le cessez-le-feu intervienne au plus vite,
08:34en même temps que les otages soient libérés,
08:37et que l'aide humanitaire arrive massivement à Gaza.
08:41Cette position, nous la tenons depuis octobre 2023.
08:47Poussant des résolutions avec nombre d'entre vous,
08:50tenant la première conférence humanitaire pour Gaza
08:53dès novembre 2023 à Paris.
08:55C'est aujourd'hui une question de volonté politique
08:58au vu de la destruction des capacités militaires du Hamas.
09:01Il est impératif qu'une nouvelle phase s'ouvre à Gaza,
09:04que les armes se taisent, que les humanitaires reviennent,
09:08que les populations civiles enfin soient protégées.
09:12La France participera à toute initiative qui sauvera des vies
09:16et qui permettra d'assurer la sécurité de tous.
09:19Le déploiement d'une mission internationale doit ouvrir la voie
09:23à la mise en oeuvre de la solution des deux Etats.
09:26Il revient au Conseil de sécurité des Nations unies
09:29de se prononcer à cet égard.
09:31Et il faut aussi que soient prises sans plus attendre
09:34les dispositions nécessaires pour préserver le lien entre Gaza
09:38et la Cisjordanie, pour restaurer l'autorité palestinienne
09:42dans ses fonctions et pour assurer la reconstruction du territoire
09:46et rendre à nouveau possible la vie, tout simplement.
09:50La France s'engagera pour que tout soit fait
09:54afin que les Palestiniens disposent enfin d'un Etat vivant
09:58côte à côte avec Israël.
10:01Les conditions d'une paix juste et durable sont connues.
10:06Il reste à en ouvrir le chemin et il doit être le plus court possible.
10:10La France tirera donc les conséquences de son engagement
10:13pour la solution des deux Etats et renouvellera son action
10:16pour qu'elle advienne enfin aux bénéfices des peuples
10:19pour répondre à leurs aspirations légitimes.
10:22Faire advenir un Etat palestinien,
10:25donner toutes les garanties nécessaires à Israël pour sa sécurité,
10:29bâtir des reconnaissances réciproques
10:35et des garanties de sécurité communes pour tous dans la région.
10:38Nous y travaillerons au cours des prochaines semaines
10:41avec Israéliens et Palestiniens comme avec tous nos partenaires régionaux
10:44et internationaux.
10:47Et dans l'immédiat, au moment où nous nous parlons,
10:50le risque principal est celui de l'escalade.
10:53Mes pensées fraternelles vont au Liban et au peuple libanais.
10:58Le Hezbollah prend depuis trop longtemps le risque insoutenable
11:02d'entraîner le Liban dans la guerre.
11:05Israël, quant à lui, ne peut sans conséquence étendre ses opérations au Liban.
11:10La France exige le respect par chacun de ses obligations
11:14le long de la ligne bleue.
11:17Nous agirons donc pour faire émerger une voie diplomatique indispensable
11:22afin d'épargner les populations civiles
11:25et empêcher une explosion régionale.
11:28Il ne doit pas, il ne peut pas y avoir de guerre au Liban.
11:34C'est pourquoi nous appelons avec force Israël à cesser l'escalade au Liban
11:42et le Hezbollah à cesser les tirs vers Israël.
11:47Nous appelons avec force tous ceux qui leur en fournissent les moyens
11:51à cesser de le faire.
11:54Nous avons demandé que le Conseil de sécurité puisse se réunir dès aujourd'hui à cette fin
11:59et je m'en félicite.
12:01Et le ministre français se rendra en cette fin de semaine au Liban.
12:07C'est la même unité dont nous devons faire preuve
12:11face aux grands défis régionaux et aux défis mondiaux qui sont les nôtres.
12:17Car au-delà des conflits que nous connaissons et que je viens d'évoquer,
12:22il nous faut ensemble continuer d'assurer le respect de la souveraineté de chacun,
12:29de bâtir des solutions régionales et internationales face aux défis.
12:34C'est tout le sens de la relation que nous voulons avec l'Afrique.
12:37Un nouveau partenariat et c'est ce que depuis deux ans nous avons à faire.
12:45La France a beaucoup fait ces dernières années pour le continent africain.
12:50Elle a beaucoup fait ces dernières décennies.
12:53Mais tout particulièrement au Sahel où les armées françaises ont combattu avec succès le terrorisme,
12:59côte à côte avec leurs partenaires régionaux et internationaux.
13:02Toutefois, les coups d'État militaire dans la région nous ont conduit à en tirer les conclusions légitimes.
13:08Et l'Europe et l'Afrique ont devant elles un destin commun
13:11qui exige un partenariat large.
13:14Partenariat de paix et de sécurité qui suppose d'en renouveler les termes,
13:20plus de formation, plus d'équipement, plus de respect réciproque.
13:25Partenariat également reposant sur l'économie, l'énergie, le sport, la culture, la mémoire.
13:35C'est ce qu'avec le Bénin, le Sénégal, le Cameroun, l'Algérie, le Maroc et beaucoup d'autres pays
13:41nous avons patiemment construit ces dernières années et que nous continuerons de mettre en oeuvre.
13:48C'est la même philosophie qui, depuis six ans maintenant, nous conduit à bâtir un partenariat inédit avec l'Indo-Pacifique
13:56où la France a pour ambition de contribuer au respect du droit international
14:00sans lequel il ne saurait y avoir de prospérité.
14:03Dans cette région qui a connu un essor exceptionnel au cours des dernières décennies,
14:07certains ont la tentation de s'affranchir des règles, voire d'imposer leur volonté par la force.
14:12La France propose une alternative, non pas pour se substituer à quiconque,
14:16mais pour redonner aux États de la région la possibilité de choisir leur partenaire, projet par projet.
14:23Les territoires français de l'Indo-Pacifique disposent d'une expertise unique
14:27dans la lutte contre le changement climatique, la protection de la biodiversité,
14:31le développement des énergies propres ou la lutte contre les menaces transnationales
14:35et notre vocation à cet égard dans la région est de coopérer davantage avec tous dans leur environnement.
14:41Vous l'avez compris, cette logique partenariale, c'est celle qui vise à bâtir de nouveaux équilibres,
14:46à refuser la fragmentation du monde ou les grammaires anciennes,
14:52mais à chercher, dans un respect réciproque, à bâtir les chemins de stabilité et de paix.
15:00Au-delà de cela, le défi qui est le nôtre, percuté par, évidemment, les conflits que j'évoquais à l'instant,
15:08serait de perdre le fil de notre agenda multilatéral, de perdre l'efficacité à laquelle nous sommes attachés,
15:16et après avoir vécu la pandémie qui nous avait rappelé avec tant de force l'importance de certains de ces défis communs,
15:24d'oublier qu'il nous faut poursuivre ce fil.
15:27Je crois profondément que le multilatéralisme efficace n'a jamais été aussi nécessaire qu'aujourd'hui
15:33et doit conduire à des résultats en matière de développement et de lutte contre les inégalités,
15:37d'éducation, de santé, de climat et de biodiversité et de technologie.
15:42Sur chacun de ces piliers, nous avons besoin d'unité.
15:46Et nous avons besoin, là aussi, de tout faire pour éviter la fracture entre le nord et le sud.
15:53C'est exactement la philosophie que nous avons développée dans le pacte de Paris pour les peuples et la planète
15:58que plus de 60 Etats ont désormais rejoints.
16:02D'abord, s'assurer que jamais nous ne poussons un Etat à choisir entre ses objectifs.
16:08Pourquoi des Etats du nord iraient donner la leçon à des Etats du sud,
16:12en leur expliquant qu'ils devraient respecter le climat et donc renoncer à des opportunités économiques ?
16:19Ils devraient faire ce que certains d'entre eux au nord n'ont pas fait il y a 20, 30 ou 40 ans.
16:24C'est irrecevable et inaudible.
16:27Il nous faut donc bâtir un agenda qui permette tout en même temps d'avancer
16:32dans la lutte contre les inégalités et le développement économique,
16:35pour l'éducation, le climat et la biodiversité et la santé mondiale.
16:40Ensuite, les solutions doivent se faire et être basées par des propositions des Etats eux-mêmes.
16:47C'est ce que nous avons, par exemple, commencé à bâtir avec nos partenariats pour les transitions énergétiques justes.
16:54Ne pas avoir une seule solution pour tous ou des leçons données depuis nos capitales
16:59où, en quelque sorte, on vient inspecter des pays en leur demandant de tous suivre la même recette.
17:04Il y a un chemin singulier pour chaque pays. C'est la clé de la souveraineté.
17:09Et ensuite, il faut un choc financier public et un effet de levier privé supplémentaire.
17:15C'est ce qui nous a ainsi permis, il y a trois ans, de soutenir,
17:19d'oeuvrer à l'augmentation des droits de tirage spéciaux du FMI
17:23et d'obtenir la réallocation effective de près de 100 milliards de droits de tirage spéciaux
17:28au profit des pays qui en ont le plus besoin, tout particulièrement en Afrique.
17:33Révolution silencieuse mais indispensable.
17:36C'est pourquoi aussi, fort de ce pacte, et nous étions avec plusieurs des membres à l'instant,
17:42sous l'autorité efficace du président Macky Sall et avec le concours des Nations unies,
17:46de l'OCDE et des organisations concernées, nous voulons poursuivre ce cycle de réforme
17:51et mener une réforme profonde des banques multilatérales, de nos institutions financières.
17:58Nous avons lancé cet objectif de finance en commun,
18:02réunissant les banques de développement de toute la planète,
18:06y compris de ceux dont les agendas ne sont pas alignés.
18:10Il nous faut oeuvrer sur cet agenda de finance en commun
18:14pour pouvoir tenir les objectifs que j'évoquais.
18:17Et il nous faut ensemble, je l'espère dès les mois qui viennent,
18:21réformer en profondeur la Banque mondiale et le FMI,
18:25d'abord pour en renouveler les membres,
18:29ces institutions ayant été conçues à une époque où tant d'entre vous ici n'étiez pas indépendants.
18:35Il faut en renouveler la structure du capital pour lui donner plus de force.
18:39La Banque mondiale et le FMI ont été conçus, pensés, calibrés
18:45à une époque où les défis n'étaient pas les mêmes,
18:47où l'économie mondiale n'avait pas cette taille,
18:49où la démographie n'avait rien à voir.
18:51Il nous faut lever les tabous absurdes,
18:55des blocages posés parfois par les plus grands
18:58qui empêchent les autres de remettre de l'argent de peur d'être dilués.
19:02Il nous faut donner les capacités d'agir à ces institutions
19:06pour financer les projets dont les pays du Sud ont besoin.
19:10Et cette réforme est impérieuse pour notre crédibilité collective.
19:14Et je le dis aux Etats les plus riches
19:16et à ceux qui, aux côtés de la France, sont autour de la table,
19:18décidez de ne pas le faire !
19:20Et vous verrez, dans les années qui viennent émerger,
19:23un ordre alternatif.
19:25Et il viendra d'autres qui n'ont pas votre agenda.
19:27Décidez de ne pas le faire !
19:29Et vous serez voués aux gémenis, accusés de cynisme
19:31et peut-être pas à tort.
19:33Cette réforme du multilatéralisme financier
19:37est indispensable pour relever ces défis.
19:39Il nous faut aussi poursuivre notre agenda en matière de climat,
19:43de biodiversité.
19:45Les COP à venir sont des rendez-vous importants.
19:47Et la France y jouera tout son rôle,
19:49en particulier en organisant, avec le Costa Rica,
19:53pour les Nations Unies,
19:55une réunion importante pour les océans.
19:58Nice, en effet, en juin 2025,
20:00accueillera la conférence des Nations Unies sur l'océan.
20:03Et nous poursuivrons ce faisant notre travail.
20:06Et j'espère que nombre d'entre vous pourront ratifier,
20:09à cet égard, les acquis des derniers mois,
20:13en particulier le traité sur la protection de la haute mer.
20:16Indispensable.
20:17Et nous continuons à avancer aussi sur la question de l'eau,
20:20si indispensable,
20:21avec le nouveau sommet One Planet sur l'eau,
20:24aux côtés du Kazakhstan et de l'Arabie saoudite.
20:27Je ne grainerai pas ici tous les sujets nécessaires,
20:31indispensables,
20:32mais je veux aussi rappeler combien l'intelligence artificielle
20:35suppose que, dans notre enceinte,
20:37tous les États ici présents se coordonnent.
20:40Nous avons besoin de favoriser l'innovation.
20:44Nous avons besoin de nous assurer que l'innovation
20:46de l'intelligence artificielle sera accessible à tous les pays
20:49et les peuples de la planète,
20:50et qu'elle ne vienne pas nourrir de nouvelles fractures
20:52et de nouvelles inégalités.
20:54Mais nous avons besoin que tout ceci se développe
20:56dans un cadre éthique, démocratique,
21:00pensé par les peuples de la planète et concerté.
21:03Et nous ne pouvons pas laisser quelques-uns,
21:06a fortiori des acteurs privés
21:09qui sont aujourd'hui à la pointe de ces innovations,
21:12penser pour nous et pour nos peuples l'avenir de celles-ci.
21:16C'est pourquoi la France organisera en février 2025
21:20le prochain sommet d'action pour l'intelligence artificielle.
21:23Mais vous l'avez compris,
21:25l'objectif est de construire ce cadre commun,
21:27et je me félicite des travaux qui ont été conduits
21:30et coordonnés par le secrétaire général
21:32et du pacte numérique mondial,
21:34bâti avec les meilleurs experts
21:36qui portent totalement cette philosophie
21:38dans laquelle nous nous inscrivons.
21:41Pour finir mon propos, mesdames et messieurs,
21:43et ayant conscience que j'ai oublié là
21:45tant de situations difficiles,
21:48du Venezuela au coeur de l'Afrique
21:51en passant par tant de tensions océaniennes,
21:54je voudrais conclure en parlant de nos institutions.
21:57J'entends beaucoup de voix s'élever
21:59pour dire qu'au fond, les Nations unies seraient
22:01à mettre à la poubelle.
22:03Ça ne sert plus à rien.
22:05Vous voyez bien, on n'arrive pas à régler les conflits.
22:08Ayons en la matière une impatience constructive.
22:13Ayant de l'impatience, je l'ai avec vous,
22:15on ne peut pas se satisfaire
22:17de ne pas savoir régler les choses.
22:19Mais soyons clairs, les responsables sont là.
22:23Tant que nous aurons un Conseil de sécurité
22:25qui est bloqué, je dirais, de manière réciproque
22:28selon les intérêts par les uns et les autres,
22:30on aura du mal à avancer.
22:32Est-ce qu'il y a un meilleur système ? Je ne le crois pas.
22:34Et donc, rendons simplement
22:36ces Nations unies plus efficaces,
22:39d'abord en les rendant peut-être plus représentatives.
22:42C'est pourquoi la France,
22:44et je le redis ici, est favorable
22:46à ce que le Conseil de sécurité soit élargi.
22:49L'Allemagne, le Japon, l'Inde, le Brésil
22:51devraient en être des membres permanents,
22:53de même que deux pays
22:55que l'Afrique désignerait pour la représenter.
22:57De nouveaux membres élus
22:59devraient aussi être admis en son sein.
23:02Mais la réforme de la composition du Conseil de sécurité
23:05ne suffirait pas à elle seule
23:07à lui rendre son efficacité.
23:09Et je souhaite donc que cette réforme
23:11permette aussi de changer les méthodes de travail,
23:14de limiter le droit de veto en cas de crime de masse,
23:17et de se concentrer sur les décisions opérationnelles
23:20que nécessitent le maintien de la paix
23:22et de la sécurité internationale.
23:24C'est cela que nous devons avoir le courage et l'audace de faire,
23:27et qu'avec les membres permanents actuels,
23:29nous devons porter.
23:33Près de 25 ans après le sommet du millénaire,
23:35le moment est venu de retrouver de l'efficacité
23:38pour mieux agir sur le terrain,
23:40auprès des Etats comme de la société civile.
23:42Et au-delà des Nations unies,
23:44nous devons ouvrir une nouvelle ère
23:46dans chacune de nos institutions multilatérales,
23:49comme je viens de l'évoquer.
23:50Voilà, mesdames et messieurs,
23:51les quelques mots que je voulais avoir
23:53ici devant vous aujourd'hui.
23:55Dans un moment grave
23:58de notre ordre international,
24:01là où tant de conflits
24:03semblent ne pas se résoudre,
24:04je veux dire que la France continuera
24:06d'essayer de porter cette voie
24:08exigeante,
24:10fidèle à ses valeurs,
24:12qui refuse les simplifications
24:14du moment,
24:16et qui continuera de se battre
24:18pour les principes simples
24:20qui nous ont toujours portés.
24:22La dignité humaine,
24:24le respect des principes de la Charte,
24:26et qui, au-delà de conflits
24:28et de l'actualité,
24:30a vocation à continuer
24:32à bâtir avec vous
24:34un ordre international plus juste
24:36et plus efficace.
24:38Telle sera notre voie, toujours singulière,
24:40aux côtés de nos amis,
24:42nos alliés,
24:44mais libre aussi, parfois de dire non,
24:46quelquefois
24:50de refuser
24:52le cynisme du moment
24:54ou les évidences
24:56qui n'en sont pas.
24:58Je vous remercie pour votre attention.