Emmanuel Macron: "Le multilatéralisme efficace n'a jamais été aussi nécessaire qu'aujourd'hui"
Emmanuel Macron s’exprime lors de l’Assemblée générale des Nations unies, après avoir rencontré Joe Biden pour évoquer la situation au Proche-Orient et en Ukraine.
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00:00Le défi qui est le nôtre, percuté par, évidemment, les conflits que j'évoquais à l'instant,
00:07serait de perdre le fil de notre agenda multilatéral,
00:13de perdre l'efficacité à laquelle nous sommes attachés,
00:16et après avoir vécu la pandémie qui nous avait rappelé avec tant de force l'importance
00:22de certains de ces défis communs, d'oublier qu'il nous faut poursuivre ce fil.
00:27Je crois profondément que le multilatéralisme efficace n'a jamais été aussi nécessaire qu'aujourd'hui
00:32et doit conduire à des résultats en matière de développement et de lutte contre les inégalités,
00:37d'éducation, de santé, de climat et de biodiversité, et de technologie.
00:42Sur chacun de ces piliers, nous avons besoin d'unité.
00:46Et nous avons besoin, là aussi, de tout faire pour éviter la fracture entre le nord et le sud.
00:52C'est exactement la philosophie que nous avons développée dans le pacte de Paris pour les peuples et la planète
00:58que plus de 60 Etats ont désormais rejoints.
01:01D'abord, s'assurer que jamais nous ne poussons un Etat à choisir entre ses objectifs.
01:08Pourquoi des Etats du nord iraient donner la leçon à des Etats du sud en leur expliquant
01:12qu'ils devraient respecter le climat et donc renoncer à des opportunités économiques ?
01:18Ils devraient faire ce que certains d'entre eux au nord n'ont pas fait il y a 20, 30 ou 40 ans.
01:23C'est irrecevable et inaudible.
01:26Il nous faut donc bâtir un agenda qui permette tout en même temps d'avancer
01:31dans la lutte contre les inégalités et le développement économique,
01:34pour l'éducation, le climat et la biodiversité, et la santé mondiale.
01:39Ensuite, les solutions doivent se faire et être basées par des propositions des Etats eux-mêmes.
01:47C'est ce que nous avons, par exemple, commencé à bâtir avec nos partenariats pour les transitions énergétiques justes.
01:54Ne pas avoir une seule solution pour tous ou des leçons données depuis nos capitales
01:58où, en quelque sorte, on vient inspecter des pays en leur demandant de tous suivre la même recette.
02:04Il y a un chemin singulier pour chaque pays. C'est la clé de la souveraineté.
02:08Ensuite, il faut un choc financier public et un effet de levier privé supplémentaire.
02:14C'est ce qui nous a ainsi permis, il y a trois ans, de soutenir,
02:18d'oeuvrer à l'augmentation des droits de tirage spéciaux du FMI
02:22et d'obtenir la réallocation effective de près de 100 milliards de droits de tirage spéciaux
02:27au profit des pays qui en ont le plus besoin, tout particulièrement en Afrique.
02:32Révolution silencieuse mais indispensable.
02:35C'est pourquoi aussi, fort de ce pacte, et nous étions avec plusieurs des membres à l'instant,
02:41sous l'autorité efficace du président Macky Sall et avec le concours des Nations unies,
02:45de l'OCDE et des organisations concernées, nous voulons poursuivre ce cycle de réformes
02:51et mener une réforme profonde des banques multilatérales, de nos institutions financières.
02:57Nous avons lancé cet objectif de finance en commun,
03:01réunissant les banques de développement de toute la planète,
03:06y compris de ceux dont les agendas ne sont pas alignés.
03:09Il nous faut oeuvrer sur cet agenda de finance en commun
03:13pour pouvoir tenir les objectifs que j'évoquais.
03:16Et il nous faut ensemble, je l'espère dès les mois qui viennent,
03:20réformer en profondeur la Banque mondiale et le FMI,
03:24d'abord pour en renouveler les membres,
03:28ces institutions ayant été conçues à une époque où tant d'entre vous ici n'étiez pas indépendants.
03:34Il faut en renouveler la structure du capital pour lui donner plus de force.
03:38La Banque mondiale et le FMI ont été conçus, pensés, calibrés
03:44à une époque où les défis n'étaient pas les mêmes,
03:46où l'économie mondiale n'avait pas cette taille,
03:48où la démographie n'avait rien à voir.
03:51Il nous faut lever les tabous absurdes,
03:55des blocages posés parfois par les plus grands,
03:57qui empêchent les autres de remettre de l'argent de peur d'être dilués.
04:02Il nous faut donner les capacités d'agir à ces institutions
04:05pour financer les projets dont les pays du Sud ont besoin.
04:09Et cette réforme est impérieuse pour notre crédibilité collective.
04:13Et je le dis aux Etats les plus riches,
04:15et à ceux qui, aux côtés de la France, sont autour de la table,
04:17décidez de ne pas le faire,
04:19et vous verrez dans les années qui viennent émerger un ordre alternatif.
04:23Et il viendra d'autres qui n'ont pas votre agenda.
04:26Décidez de ne pas le faire,
04:27et vous serez voués aux gémonies, accusés de cynisme,
04:30et peut-être pas à tort.
04:33Cette réforme du multilatéralisme financier
04:36est indispensable pour relever ces défis.