Un constat est fait à l'occasion de la journée mondiale de la contraception : les jeunes se protègent moins lors de leurs rapports sexuels.
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00:00A 8h15, sur France Bleu, Belfort, Montbéliard, France 3, Franche-Comté, c'est aujourd'hui la journée mondiale de la contraception.
00:05L'occasion de s'interroger sur l'évolution de vos moyens de protection.
00:08A quel point la progression des moyens de contraception a changé votre vie ?
00:12On en parle avec l'invité d'ici matin, Alexandre Leterre.
00:15Bonjour Élise Moujneau.
00:16Bonjour.
00:18Vous êtes cadre sage-femme à l'hôpital, non ? Franche-Comté.
00:21Pourquoi est-ce toujours important, selon vous, de parler de contraception aujourd'hui ?
00:26Je pense que c'est toujours important parce que, malgré les progrès à l'accès de la contraception,
00:32on a quand même toujours des difficultés à ce que, notamment, la jeune population se protège
00:39et utilise une contraception intéressante et qu'elle choisisse.
00:44Vous ciblez les jeunes, en effet, vous vous échangez avec eux.
00:46Qu'est-ce qu'ils vous disent ? Ils ne se protègent plus ?
00:48Ils se protègent moins. Ils se protègent moins.
00:52Ils ont plus peur des hormones, notamment, donc ils utilisent moins de contraceptifs hormonaux.
00:58Les préservatifs sont un petit peu tombés aussi en oubliette avec des jeunes qui ne sont plus très inquiets,
01:06je pense, du risque de grossesse, du risque d'infection. Donc, les jeunes se protègent moins.
01:12Un constat, Élise Moujneau, que vous illustrez.
01:15On peut ajouter, justement, le témoignage de Maevin qui réagit à notre rubrique ce matin.
01:20Elle a 16 ans, elle habite d'elle, elle ne prend pas de contraception.
01:23Elle se demande, elle vous demande, Élise Moujneau, si des avortements en répétition peuvent rendre infertiles.
01:28On l'écoute.
01:29Je suis déjà tombée enceinte plusieurs fois, mais j'ai avorté.
01:31Je ne voulais pas spécialement, mais je n'avais pas le choix.
01:33Forcément, ça fait mal, mais je n'avais pas trop le choix.
01:36Par exemple, si un jour, je viens m'arriver d'avoir un enfant là, je n'avorterai pas.
01:39Parce que j'ai déjà avorté dans le passé et je ne veux pas.
01:40Ça me fait mal au cœur d'enlever un enfant.
01:43Je pense, à force d'avorter plusieurs fois,
01:45je pense que c'est possible d'avoir des risques de ne plus avoir d'enfant ou je ne sais pas.
01:47Moi, je veux des enfants, moi.
01:49Une question sur la fertilité avec ces avortements en répétition.
01:52C'est un constat que vous constatez souvent auprès des jeunes, Élise Moujneau.
01:56Je ne veux pas dire qu'on constate souvent des avortements en répétition chez les jeunes ou chez le reste des femmes,
02:03mais on en a trop souvent.
02:04Et en effet, c'est trop souvent utilisé comme un moyen de contraception d'urgence,
02:10alors que l'avortement n'est pas un moyen de contraception.
02:13Et c'est quand même un geste qui est très difficile moralement et physiquement pour les femmes et pour les jeunes femmes.
02:20Donc, de là à dire que ça aura un gros impact sur leur fertilité,
02:24on ne va pas aller jusque là.
02:26Mais c'est triste de faire ce constat que des jeunes femmes de cet âge-là
02:30passent des avortements en répétition par manque de contraception.
02:34Il y a un paradoxe, Élise Moujneau, avec ce que vous dites.
02:37C'est qu'il y a un développement des moyens de contraception.
02:40Vous pouvez l'illustrer ?
02:42Ah oui, il y a un développement des moyens de contraception.
02:45Il y a un gros développement de l'accès à la contraception également,
02:48notamment chez les jeunes, avec des contraceptions qui sont complètement remboursées,
02:53rien que des préservatifs qui sont en libre accès en pharmacie pour les moins de 26 ans,
02:59en pharmacie, en centre de prévention, en infirmerie scolaire.
03:03Donc, il y a un accès très facile à la contraception.
03:06Et malgré ça, les jeunes, notamment les jeunes, ne l'utilisent pas.
03:11Vous voyez un développement avec la stratégie nationale de santé sexuelle.
03:15C'est un plan qui s'établit jusqu'en 2030.
03:18Vous voyez que c'est une priorité, l'une des priorités du ministère de la Santé ?
03:23Ah oui, c'est une priorité, oui.
03:25Il faut développer les préventions dans les collèges, dans les lycées,
03:30dans les campagnes médiatiques.
03:32Ça me semble être une priorité, oui.
03:35Pinul, un plan préservatif.
03:37En quoi la libération de la contraception a changé votre vie ?
03:40Vous témoignez à l'occasion de la Journée mondiale de la contraception
03:43et vous composez le 03-84-22-82-82.
03:46La discussion se poursuit avec votre invité, Alexandre.
03:49Oui, adolescent ou parent, vous pouvez témoigner.
03:52On a par exemple cette question de Noémie, 16 ans, qui habite à Éricourt,
03:56avec ce rapport à la contraception toujours très distant chez les jeunes.
03:59Je trouve ça plutôt étonnant en ce moment de voir le nombre de personnes de 14-15 ans
04:03qui peuvent tomber enceinte, alors que normalement,
04:06ce n'est pas censé arriver aussi vite.
04:08J'aurais bien aimé savoir le ou la plus jeune cliente qu'elle a déjà eue
04:12qui est tombée enceinte.
04:14Alors, Élise Mougelon, on vous pose directement cette question.
04:17Vous avez eu des personnes, des jeunes filles, plus jeunes peut-être que 16 ans,
04:21pour avoir eu ce recours, non ?
04:24Alors, on a déjà eu des jeunes femmes de 15 ans qui ont accouché.
04:29Donc, des jeunes femmes qui ont eu recours à l'IVG, oui.
04:33Ça reste une minorité, heureusement, ça reste une minorité de nos patients.
04:38Mais oui, on a quand même des très jeunes.
04:41On n'a pas que des jeunes aussi qui pratiquent cette interruption volontaire de grossesse
04:45avec ce que vous constatez à l'hôpital L'Enfranche-Comté ?
04:48Si, si, on a des jeunes mineurs.
04:51Je n'aurai pas l'âge minimum de la plus jeune patiente qu'on a eue,
04:55mais on a à peu près 4% de mineurs dans nos patients.
04:58C'est une pratique des IVG.
05:00Ça veut dire qu'il n'y a que les jeunes, ou le rapport à la contraception aussi
05:06est assez distant chez les personnes un peu plus âgées ?
05:11Alors, il y a principalement des jeunes jusqu'à 25-28 ans dans nos patients.
05:18Et après, on a aussi un rapport différent chez les personnes un peu plus âgées,
05:22chez les femmes pré-ménopausées,
05:24où la contraception est perçue différemment de par leurs habitudes de vie
05:30et puis la confiance qu'elles peuvent avoir en leur partenaire.
05:36Ça veut dire dans tout ça, Élise Mougenot,
05:38qu'il y a assez de prévention qui est passée, notamment dans les médias,
05:42ou est-ce qu'il n'y a pas assez de prévention sur les moyens de contraception ?
05:47Non, je pense qu'il n'y a pas assez de prévention
05:50qui passe ni par les médias, ni encore une fois dans les collèges et les lycées.
05:55Je pense qu'on peut vraiment s'améliorer là-dessus.
05:57Vous allez souvent dans les collèges,
05:59il y a des opérations prévues aujourd'hui à l'occasion de la Journée mondiale de la contraception ?
06:04Alors nous, aujourd'hui, on participe à une action à l'Institut de formation des métiers de santé,
06:10à l'IFMS à Montbéliard,
06:12auprès des étudiantes infirmières, notamment y être soignantes.
06:16Après, on n'a pas l'occasion encore de se développer beaucoup dans les collèges et les lycées.
06:19C'est quelque chose qu'on aimerait bien faire dans les prochaines années.
06:23Ça va demander du temps.
06:25Vous avez ce temps-là, du côté de l'hôpital Nord-Franche-Comté, de pouvoir faire tout ça ?
06:30Ce sera une autre question, c'est un autre problème. On verra, on aimerait.
06:33Une question à développer à l'occasion de la Journée mondiale de la contraception.
06:38Et vous nous avez expliqué aujourd'hui ce rapport à la contraception,
06:42un peu plus distant qu'avant pour notamment les jeunes générations.
06:46Merci beaucoup Élise Mougenot de nous avoir répondu ce matin.
06:48Je vous le rappelle, vous êtes cadre sage-femme à l'hôpital Nord-Franche-Comté.
06:51Merci d'avoir participé à cette discussion ici matin.
06:54France Bleu, Belleforme, Montbéliard et France 3, Franche-Comté.