"Ce gouvernement n'est pas de droite, c'est un alibi": l'interview en intégralité d'Éric Ciotti

  • il y a 11 heures
Éric Ciotti, président du groupe Union des droites pour la République et député des Alpes-Maritimes, était l'invité d'Apolline de Malherbe sur BFMTV et RMC.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Éric Ciotti, merci d'être dans mon studio ce matin pour répondre à mes questions.
00:08On va évidemment revenir sur le drame de Philippines, la question des défaillances de l'État.
00:14Vous êtes président et fondateur du groupe Union des Droites pour la République à l'Assemblée Nationale, député des Alpes-Maritimes.
00:21Vous avez récemment démissionné de la présidence des Républicains. Vous réalisez que vous pourriez être ministre là quand même ?
00:28Pour faire quoi ? Est-ce que l'objectif c'est d'être ministre pour flatter un égo ou d'être ministre pour redresser le pays ?
00:36Est-ce qu'objectivement, ceux qui sont dans ce gouvernement qui en quelques jours a démontré quand même ces contradictions,
00:43et ces contradictions elles sont structurelles, c'est un gouvernement macroniste avec un peu de LR, pour faire quoi ?
00:50La réalité c'est est-ce qu'on peut demain rétablir avec ce gouvernement l'ordre dans la rue ?
00:56L'ordre dans les comptes ? Je ne crois pas. Donc je n'ai aucun regret pour répondre à votre question.
01:01Je comprends bien que vous vous consoliez, mais j'imagine quand même qu'à un moment...
01:05Ce n'est pas une consolation. Je ne donne aucun avenir à ce gouvernement qui est un gouvernement qui dès le départ est parti sur de mauvaises bases.
01:15Moi je souhaite que le pays réussisse, mais nous voyons bien que ce gouvernement ce n'est uniquement celui de M. Macron.
01:24Ce n'est pas le gouvernement de M. Barnier.
01:26C'est celui de M. Macron ou c'est celui de Marine Le Pen ?
01:29Les ministres ce n'est ni celui de Marine Le Pen, ni celui de M. Barnier.
01:34C'est celui d'Emmanuel Macron. C'est lui qui a choisi jusqu'au directeur de cabinet du Premier ministre.
01:40C'est lui qui a choisi les ministres. Regardez tout le pôle économique et social.
01:44Il n'y a que des macronistes. À Bercy, sur les sujets qui ont trait aux impôts, au pouvoir d'achat, ce ne sont que des macronistes.
01:52On voit la passation de pouvoir entre M. Armand qui a bien commencé, on l'a vu avec ses déclarations au trancière, qui salue le bilan de M. Le Maire.
02:03Qui dit je prends un bilan extraordinaire.
02:06Comment voulez-vous avec ces options que l'on redresse l'état budgétaire, l'état économique du pays qui est en quasi faillite ?
02:16Plus de dettes, plus de déficits, plus d'impôts.
02:19Et on a un ministre qui dit ce qu'a fait M. Macron, ce qu'a fait M. Le Maire est formidable.
02:24Eric Ciotti quand même. Quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a l'arrache.
02:26C'est-à-dire que là, vous ne voyez que l'aspect dans la main d'Emmanuel Macron.
02:30Mais il y a aussi dans la main de Marine Le Pen.
02:32Vous parliez à l'instant des premières déclarations du tout nouveau ministre de l'Economie qui a commencé par dire qu'il allait parler avec tout le monde sauf le RN.
02:41La réalité, c'est que Marine Le Pen a tapé du poing sur la table.
02:44C'est-à-dire que Michel Barnier a appelé Marine Le Pen pour faire amende honorable et qu'il a recadré le ministre.
02:50Et le dernier acte, ça a été que le ministre lui-même a dit je me suis trompé, j'écouterai le RN.
02:54Qui dirige dans ces cas-là ? Qui tire les ficelles ?
02:56C'est la logique. C'est la logique qu'on respecte 11 millions de Français qui ont voté pour notre coalition.
03:03Celle de l'Union des droites que je dirige, celle du Rassemblement national.
03:08C'est la logique qu'il y ait ce respect, qu'il n'y ait pas ce mépris.
03:12C'est bien ce que je suis en train de dire. L'Union des droites, elle est faite là.
03:16Ces élections législatives, ça a été un gigantesque hold-up démocratique.
03:22Certains se sont mis d'accord en appelant.
03:26Certains de ma famille politique ont appelé à voter LFI comme M. Bertrand.
03:32C'est une abomination quand même.
03:34Il y a des candidats LFI insoumis, ceux de M. Mélenchon, qui se sont retirés pour Les Républicains.
03:40Cette coalition des contraires, comment pouvez-vous imaginer qu'elle redresse le pays ?
03:46Nous, nous avons fait une coalition cohérente autour de valeurs d'autorité, d'identité, de liberté,
03:54autour de la volonté de redonner du pouvoir d'achat aux Français.
03:58Il y a une cohérence. Ce sont les autres qui ne sont pas cohérents.
04:02Comment voulez-vous qu'on gouverne la coalition qu'il a ?
04:06Vous ne vous dites pas qu'au fond, il tient les mêmes discours que nous ?
04:10Bien sûr qu'il tient les mêmes discours.
04:12Il a toujours refusé de s'associer avec l'ORN, contrairement à vous.
04:17Je pense qu'il a eu des interrogations, mais c'est à lui de le dire.
04:22C'est-à-dire quoi, il a eu des interrogations ? Vous en avez parlé avec lui ?
04:24C'est à lui de le dire. En tout cas, d'autres ont eu des interrogations.
04:28Ce que je veux dire, c'est qu'avec Bruno Retailleau,
04:31quel je souhaite de réussir, bien entendu, pour le bien du pays,
04:35nous avons porté les mêmes textes, ce n'est pas il y a dix ans,
04:38c'est l'année dernière, en début d'année, sur la loi immigration.
04:42Mais comment voulez-vous que Bruno Retailleau mette en place ces textes,
04:47alors qu'il va trouver dans le même gouvernement que lui,
04:50l'opposition notamment de M. Migaud, ça a commencé dès les premières heures.
04:55M. Macron a installé, c'est quelque part un peu pathologique chez lui,
05:00le en même temps, un ministre de droite à l'intérieur,
05:04un ministre de gauche, socialiste, à la justice.
05:08Tout ça va conduire à quoi ? À l'immobilisme et à l'impuissance.
05:12Or, on sait bien, et malheureusement, le drame, la tragédie de l'assassinat
05:18de Philippine le démontre, qu'aujourd'hui, les principales failles,
05:23en tout cas, les principales voies d'amélioration pour restaurer l'ordre,
05:29la justice dans notre pays, sont dans le domaine judiciaire,
05:32sont dans la réponse pénale.
05:34Ce que vous voulez dire, c'est que Bruno Retailleau aura beau avoir
05:37des volontés communes avec l'autre, il ne pourra pas avancer
05:40tant que M. Migaud sera le ministre de la Justice.
05:42Je lui dis chiche, qu'il défende les mêmes textes que nous avons défendus ensemble.
05:47La réforme constitutionnelle sur l'immigration,
05:50pour mettre en place des quotas migratoires,
05:52pour que les prestations sociales ne soient pas versées dès les premiers jours,
05:56pour que l'hébergement d'urgence, qui coûte aujourd'hui 2 milliards d'euros
06:01à notre pays, qui est embolisé par les trois quarts d'étrangers
06:05en situation régulière, soit supprimé.
06:08Vous parlez des points qui ont été rejetés par le Conseil constitutionnel
06:10dans la loi immigration.
06:11Mais on peut faire une réforme constitutionnelle.
06:15Nos groupes la voteront, ceux du Rassemblement national,
06:19ceux de l'UDR.
06:20Si M. Retailleau veut porter cette réforme, nous, nous la voterons.
06:25Il y a des blocages.
06:26On va y revenir.
06:27Comme moi, il les a constatés.
06:29Eh bien, allons-y, levons-les.
06:31Nous, nous les voterons, c'est ce que vous dites.
06:32Bien sûr.
06:33Dans ce cas-là, chiche.
06:34Si toutes les mesures qui vont dans le bon sens, nous les voterons.
06:37Je prends ces exemples.
06:39On a porté ensemble la fin des subventions aux associations de migrants.
06:44Vous savez, ça coûte 1 milliard d'euros.
06:48Je vais évoquer l'hébergement d'urgence.
06:50L'hébergement d'urgence à Nile de France, chaque nuit.
06:54Vous allez les mettre où ?
06:5550 000 lits.
06:56Vous allez les mettre où ?
06:57Il faut les expulser.
06:58Donc, vous préférez les laisser dehors ?
06:59Il faut les expulser.
07:00Il y a plusieurs centaines de milliers d'OQTF inexécutés dans notre pays.
07:07On va y revenir parce que, évidemment, le drame de Philippines,
07:10il traverse tout cela.
07:11Mais je reviens quand même sur un mot que vous avez prononcé.
07:14Vous avez dit, avec une petite pointe d'ironie, il y a réfléchi.
07:19Est-ce que vous pouvez quand même nous en dire plus ?
07:21Vous ne pouvez pas ouvrir cette porte sans rien dire.
07:22Est-ce que ça veut dire qu'au moment où il y a eu des hésitations,
07:24où vous-même, vous avez fait le choix finalement de vous associer avec l'ERN,
07:29vous en aviez parlé avec Bruno Retailleau et qu'il a failli venir avec vous ?
07:31Non, je n'en ai pas parlé avec lui.
07:33Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
07:35Ne laissez pas ce flou.
07:37Au moins, dites les choses clairement.
07:38Au moment où il y a eu cette hésitation chez beaucoup de mes amis,
07:42ou quelquefois de mes anciens amis, compte tenu de ce qu'ils ont dit après,
07:46aujourd'hui, la droite pourrait gouverner le pays.
07:50Bruno Retailleau n'a pas envisagé de venir avec vous ?
07:54Non, absolument pas.
07:55Jamais ?
07:56C'est pour ça que je ne me satisfais pas de cette situation,
07:59parce qu'il pourrait y avoir un ministre de droite comme garde des Sceaux,
08:03de la Justice, et un ministre de l'Intérieur, de droite,
08:07qui travaille ensemble.
08:08On a l'impression que ce gouvernement n'est pas de droite.
08:10Il est de droite quand même, ce gouvernement ?
08:11Mais non, il n'est pas de droite.
08:12C'est un alibi, ce sont des otages.
08:15Ce gouvernement, il est macroniste.
08:17Il est fait, voulu, manipulé par M. Macron, du début à la fin.
08:23Et mes amis, et je les avais prévenus,
08:27ils sont allés tête baissée dans ce piège tendu par M. Macron.
08:33Il ne pourra, malheureusement, je le redoute,
08:36parce qu'il ne pourra rien apporter de bon au pays.
08:41Mais tenir tout de même ?
08:42Vous ne voterez pas la censure ?
08:43Vous n'irez pas jusqu'à voter la censure ?
08:45Je ne m'interdis rien.
08:46Nous ne la voterons pas mardi prochain.
08:48Nous ne voterons pas la censure des insoumis.
08:51Nous ne voulons pas le chaos pour le pays.
08:53Nous voulons le meilleur.
08:54Moi, je souhaite que la France redresse.
08:55Ça veut dire quoi ?
08:56Ça veut dire que potentiellement, dans quelques mois, vous pourriez la voter ?
08:58Notre pays va mal.
09:00Je la voterai s'il y a des mesures qui mettent en péril notre nation
09:05et qui portent atteinte aux libertés des Français, je pense en particulier,
09:09aux hausses d'impôts.
09:10S'il y a des hausses d'impôts qui frappent les ménages,
09:14les classes moyennes et qui globalement frappent les entreprises,
09:18parce qu'avoir comme paresse intellectuelle de dire
09:21« on va régler la situation budgétaire »,
09:23vous avez vu les chiffres annoncés hier,
09:25ils sont terrifiants.
09:26D'ailleurs, il faut qu'on ait la vérité des chiffres.
09:29Moi, je réclame un audit de nos finances publiques.
09:32Michel Barnier lui-même l'a demandé.
09:34Il a demandé à avoir plus d'informations.
09:35Oui, mais il faut un audit indépendant
09:39qui ouvre les placards où les cadavres sont dissimulés
09:42par l'équipe Macron.
09:45La Cour des comptes commence à l'envisager,
09:46notamment la succession sur les entreprises,
09:48les plus grosses entreprises.
09:49Là aussi, ça serait une folie.
09:51On a un impôt sur la mort qui est sans doute le plus élevé au monde.
09:57Les familles, après avoir travaillé toute une vie,
10:01avoir payé la TVA, l'impôt sur le revenu...
10:04Mais Eric Ciotti, l'Insee dit que 90% des successions
10:07sont sans droit de succession,
10:09c'est-à-dire qu'elles sont en sous.
10:10Mais c'est faux.
10:11C'est faux ?
10:12On voit bien qu'il y a des familles moyennes
10:15qui sont notamment dans certaines régions.
10:17Dans certaines régions, le prix de l'immobilier est très élevé.
10:21Je pense à la mienne qui se voit privée du patrimoine
10:25de toute une vie par l'État
10:27qui vient prélever cet impôt sur la mort.
10:30Moi, je souhaitais même qu'on le supprime.
10:32Il faut en tout cas le baisser.
10:34Emmanuel Macron l'avait promis lors de sa campagne de 2022.
10:38Promesses non tenues.
10:39Toucher au pacte Dutreil serait aussi une folie.
10:42Le pacte Dutreil, c'est quoi ?
10:44C'est permettre qu'on ne ferme pas une entreprise
10:47quand le chef d'entreprise décède,
10:50que ses héritiers puissent reprendre l'entreprise.
10:53Mais aujourd'hui, le pacte Dutreil, il n'est pas plafonné.
10:56On fermerait des dizaines, des milliers d'entreprises.
10:59Ça aurait des conséquences très lourdes en matière d'emploi.
11:02Mais ce qu'évoque la Cour des comptes,
11:03ce n'est pas de supprimer le pacte Dutreil pour tout,
11:05c'est-à-dire pour les PME, les TPE,
11:07mais pour les plus grosses entreprises.
11:09Personnellement, j'y suis opposé,
11:10que ce soit les petites ou les grandes.
11:12L'idée, et pour moi, je le redis,
11:15c'est qu'une base intellectuelle
11:17on est le pays au monde
11:20où les prélèvements, les dépenses publiques
11:24sont les plus élevées au monde, 58 %,
11:27et les prélèvements obligatoires,
11:29donc les impôts, les taxes, les cotisations sociales
11:32sont les plus élevées au monde.
11:33Chaque année, nous gagnons la coupe du monde des impôts.
11:36Et la seule idée, au lieu de s'attaquer aux dépenses,
11:40j'ai évoqué des pistes tout à l'heure,
11:42l'hébergement d'urgence, l'immigration,
11:45les fraudes de toute nature.
11:47Ils ont quand même dit, le ministre du Budget hier a dit
11:49ce sera notre priorité, ce sera de baisser les dépenses.
11:51La fonction publique.
11:52En quelques années,
11:54on a 13 % d'augmentation de la population,
11:5744 %, par exemple,
11:59d'augmentation de la fonction publique territoriale.
12:03Je n'attaque pas aux collectivités,
12:05mais il y a une structure notamment
12:07qui a explosé, ce sont les intercommunalités.
12:10Je vois dans ma ville.
12:11Qui se sont rajoutées alors que d'autres n'ont pas été supprimées.
12:13Il y a, je crois dans la métropole,
12:15plus de 10 000 agents.
12:17Il n'y en a eu aucun de moins dans les communes
12:21et notamment à Nice.
12:22Donc c'est rajouté aux autres, c'est ça que vous voulez dire ?
12:24On voit une augmentation de 25 % de la taxe foncière à Nice.
12:28Donc ces dépenses, à un moment, il faut les arrêter.
12:31De tous les niveaux, au niveau de l'État,
12:33au niveau de certaines collectivités,
12:35et notamment des intercommunalités.
12:37Et dans ce temps-là, Eric Ciotti,
12:39il y a pourtant des grands dysfonctionnements,
12:42notamment dans la transmission des informations,
12:44dans les demandes faites de différents services.
12:47On le voit avec ce terrible drame de Philippines.
12:50Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
12:53qui déclare hier, c'est à nous, responsables publics,
12:56de refuser la fatalité et de faire évoluer
12:58notre arsenal juridique pour protéger les Français.
13:01S'il faut changer les règles, alors changeons-les.
13:03Eric Ciotti, à vos yeux, qu'est-ce qui a dysfonctionné ?
13:06D'abord, il faut peut-être changer les règles.
13:09Sûrement, et Bruno Retailleau a raison.
13:12Mais dans cette affaire, si la loi avait été appliquée,
13:17si les juges avaient pris les bonnes décisions,
13:21ce drame aurait été évité.
13:23À quelle décision vous pensez ?
13:25Je pense à la décision du juge de la liberté de la détention,
13:29qui est une décision d'opportunité,
13:32qui malheureusement était tragiquement erronée,
13:36puisque la remise en liberté,
13:38la veille que le Maroc envoie le laissé-passer consulaire,
13:42est une faute.
13:44Sauf qu'Eric Ciotti, il n'avait pas le choix,
13:47juridiquement parlant.
13:49C'est faux. Il avait totalement le choix.
13:53C'est faux.
13:54C'est l'appréciation souveraine du juge.
13:57Il aurait pu très bien motiver sa décision
14:00par le dernier critère de la loi
14:02qui prévoit l'attente des mesures pour l'expulsion.
14:07Donc on attendait un laissé-passer consulaire.
14:10Il était en cours d'arriver,
14:13donc la décision est heureusement...
14:16Heureusement qu'il y a des JLD qui prolongent jusqu'à 90 jours.
14:20Donc là, il y a pour moi une faute et beaucoup de juristes.
14:24Vous estimez que la faute impute au juge ?
14:27C'est l'appréciation du magistrat.
14:29Il devrait en rendre compte ?
14:30Je pense aujourd'hui que toutes les professions
14:34devraient avoir ce rendez-vous de responsabilité.
14:37Les policiers, dès qu'ils commettent une erreur,
14:40ont ce rendez-vous de responsabilité.
14:42Pourquoi il n'y aurait aujourd'hui que cette corporation
14:46qui est totalement irresponsable ?
14:48Éric Ciotti, on va être très précis.
14:50En effet, un juge des libertés et de la détention
14:52a validé la sortie du centre de rétention
14:55du meurtrier présumé de Philippines.
14:57C'était le 3 septembre.
14:58Il y a trois critères selon lesquels
15:01un juge des libertés et de la détention
15:03peut prolonger, pour la quatrième fois en l'occurrence,
15:06le séjour dans ce centre de rétention.
15:091. Si l'étranger a fait obstruction à l'exécution d'office
15:12de la décision d'éloignement.
15:13Ça n'était pas le cas, en l'occurrence.
15:152. S'il a présenté une demande de protection
15:18contre l'éloignement ou une demande d'asile.
15:20Ça n'était pas le cas, en l'occurrence.
15:213. Si la décision d'éloignement n'a pu être exécutée
15:24en raison d'un défaut de délivrance des documents de voyage
15:27par le consulat, le fameux laisser-passer.
15:29Ce critère ne pouvait pas,
15:33et je vais vous expliquer pourquoi,
15:35pour une autre erreur.
15:37C'est vous dire combien il y avait une erreur.
15:39Vous n'êtes pas magistrate, vous n'êtes pas juriste.
15:41Heureusement, beaucoup de magistrats utilisent ce critère
15:46pour aller jusqu'aux 90 jours de rétention.
15:49Sauf qu'en l'occurrence, Eric Ciotti, une autre erreur,
15:51donc ce n'est pas pour dire que tout s'est bien passé,
15:53il y a une vraie erreur qui a été faite,
15:55mais l'erreur a été faite en amont.
15:57Vous le savez, on a perdu plus d'un mois
15:59parce qu'on s'est trompé de service
16:01pour appeler le Maroc et leur demander le laisser-passer.
16:03Sur la demande du laisser-passer consulaire.
16:05C'est ce mois perdu qui entraîne également à cela.
16:09Le juge n'y fait qu'appliquer les règles.
16:11Non, il n'y fait pas qu'appliquer.
16:13Il a une liberté d'appréciation.
16:15Ça s'appelle l'individualisation de la décision judiciaire.
16:18Ce n'est pas automatique.
16:20La préfecture n'a d'ailleurs pas fait appel
16:22à cette décision du juge des libertés des enfants.
16:24Il y a un principe constitutionnel, c'est l'individualisation.
16:26Moi, je conteste cette décision,
16:28mais au-delà, qu'est-ce que dit cette affaire ?
16:32Cette personne est rentrée sur le territoire national.
16:35Elle commet un crime en 2019.
16:39Quelques jours après son arrivée.
16:41Elle est condamnée en 2021 à 7 ans de prison.
16:452019 plus 7 ans, ça fait 2026.
16:49Pour moi, si la peine a un sens,
16:52cette personne aurait dû être toujours en prison.
16:55Premier point.
16:57Deuxièmement, est-ce que cette personne...
16:59Par automaticité de remise de peine.
17:01Je conteste. Je l'ai toujours fait.
17:03Vous pouvez regarder mes amendements à l'Assemblée.
17:05Depuis 2009, je conteste cette automaticité.
17:08Moi, quand on est condamné à un an de prison,
17:10on doit faire un an de prison.
17:11À 10 ans, on doit faire 10 ans de prison.
17:13Autrement, nos concitoyens et les victimes ne comprennent plus rien.
17:16Deuxièmement, cette personne aurait pu purger sa peine au Maroc.
17:21Là aussi, il faut qu'on négocie avec les pays.
17:23Il y a 25% des détenus qui occupent nos places de prison
17:27qui sont saturés et qui empêchent une bonne réponse pénale.
17:31Il faut qu'on négocie avec les pays.
17:33Ils nous envoient des étrangers.
17:35Lorsqu'ils commettent un crime, un délit, on leur renvoie.
17:38C'est la prison et l'avion.
17:40Et à tout le moins, dès le jour de sortie,
17:42ça a été fait d'ailleurs,
17:44il faut que cette personne soit placée en centre de rétention
17:47et qu'elle y reste jusqu'à ce qu'elle soit expulsée.
17:50Au fonction du jour où le laissé-passer arrive.
17:56Ça peut être admissible.
17:58Il y a des pays, c'est plusieurs années.
18:00En Allemagne, aujourd'hui, c'est six mois.
18:02Ça nécessitera sans doute une réforme constitutionnelle.
18:06En France, c'est 90 jours. L'Europe permet jusqu'à 18 mois.
18:08Pour moi, le GLD doit intervenir quatre fois.
18:12Pour renouveler en 90 jours, quatre fois.
18:14Mais on perd du temps.
18:16Il y a des erreurs de procédure.
18:18Il y a des avocats qui exploitent tout ça,
18:21qui font libérer.
18:23Les taux de remise en liberté depuis les centres de rétention
18:27sont énormes aujourd'hui.
18:29C'est presque 50%.
18:31Selon certaines villes, en fonction de la personnalité du GLD.
18:36Tout ça n'est pas normal.
18:38Mais au-delà, il faut qu'on reprenne le cours de notre destin.
18:42Les Français, très majoritairement,
18:44qu'est-ce qu'ils nous disent ?
18:46Ils ne veulent plus de l'immigration.
18:48La politique, pour moi, c'est du bon sens.
18:50Quand on est étranger, en situation régulière,
18:53ou irrégulière a fortiori,
18:55qu'on vient dans un pays, qu'on y commet un délit,
18:58ou un crime comme un viol,
19:00mais on doit en être expulsé par tous les moyens.
19:04Même quand on est en situation régulière ?
19:06Bien sûr, parce qu'être en situation régulière...
19:09C'est-à-dire que vous êtes en sursis ?
19:11Vous êtes régularisé, sauf si ?
19:13Oui.
19:14Si vous allez à l'étranger,
19:16si vous allez en Algérie, au Maroc, en Tunisie,
19:19que vous commettez un crime,
19:21vous croyez que vous allez y rester ?
19:23Non.
19:24L'ordre est mieux défendu dans ces pays que chez nous.
19:28D'ailleurs, j'ai vu cet été au Maroc
19:30que les autorités marocaines,
19:32qui sont très soucieuses de l'ordre,
19:34elles ont raison, je leur rends hommage.
19:36D'ailleurs, elles ont bien joué le jeu dans cette affaire.
19:39Elles ont envoyé le laissé-passer consulat.
19:41Et je les en remercie.
19:42Les autorités marocaines se sont inquiétées
19:45de jeunes issus de l'immigration, venant de France,
19:48qui ont mis le bazar dans leur rue cet été avec des rodéos.
19:51Ça veut dire que nous, on a laissé faire,
19:54qu'il y a trop de laxisme, qu'on n'écoute pas les Français.
19:57Donc la justice est laxiste pour vous,
19:59concernant ce qu'a affirmé Médi Di Domingo.
20:01C'est notre système qui est laxiste.
20:03Il faut remettre de l'autorité à tous les niveaux.
20:06Il faut écouter les Français.
20:08Il faut du bon sens.
20:10Combien on a eu Lola ?
20:12On a aujourd'hui Philippine.
20:14Quel prénom demain ?
20:16On a des centaines de milliers d'OQTF
20:19qui ne sont pas exécutés.
20:21On a des centres de rétention.
20:23Il n'y a que 1800 places
20:26pour 700 à 800 000 clandestins dans notre pays.
20:31C'est tout notre système qui est laxiste, dites-vous.
20:33Eric Ciotti, merci d'être venu à ce micro.
20:37Président et fondateur du groupe Union des Droites
20:39pour la République à l'Assemblée Nationale
20:41et du Parti des Alpes-Maritimes.
20:448h53 sur AMC BFM TV.

Recommandations