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Jean-Sébastien Ferjou, journaliste, à propos de l'influence historique de la France au Liban : «L'influence de la France au Liban est assez largement virtuelle aujourd'hui».

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Transcription
00:00Souvenez-vous, après l'explosion du port, justement,
00:02Emmanuel Macron a fait deux voyages
00:04dans l'espace de trois semaines, ce qui était sans précédent.
00:07On se souvient des scènes avec Emmanuel Macron
00:09accueilli par des foules plutôt chrétiennes, d'ailleurs,
00:11qui lui étaient reconnaissantes,
00:14puisque l'État libanais n'est plus là.
00:17D'ailleurs, il leur avait dit à ce moment-là,
00:20parce que c'est vous, parce que c'est nous.
00:21Et c'est vrai qu'incontestablement,
00:23le Liban et la France sont une histoire très ancienne,
00:26avec des liens de proximité.
00:27Il y a déjà la langue,
00:28le français est une langue parlée au Liban,
00:29mais ça remonte à Saint-Louis.
00:31Saint-Louis, déjà, s'était érigé
00:32en protecteur des chrétiens d'Orient,
00:33et les chrétiens d'Orient, il se trouve,
00:35ils vivaient sur le mont Liban.
00:36Au XIXe siècle, en 1860,
00:38Napoléon III avait envoyé,
00:40et c'est comme ça que notre histoire s'est renforcée
00:41avec le Liban, un corps expéditionnaire,
00:43parce qu'il y a eu des massacres de chrétiens
00:45par des druzes musulmans.
00:46Donc, il avait envoyé un corps expéditionnaire
00:48pour aider les Ottomans à rétablir l'ordre.
00:49C'est la France, ensuite, qui, au moment de l'explosion,
00:51de l'effondrement de l'Empire ottoman,
00:53après la fin de la Première Guerre mondiale,
00:55a obtenu le mandat sur ce qu'on appelait le Grand Liban.
00:58C'est la France qui a dessiné l'architecture de cet État.
01:01Vous savez qu'un État très particulier,
01:03le président de la République doit avoir telle confession,
01:05le Premier ministre, telle confession.
01:07C'est la France qui, en quelque sorte,
01:08a créé et accompagné le Liban.
01:12Maintenant, cette influence-là,
01:13on parlait de l'explosion du port de Beyrouth,
01:15regardons ce qui s'est passé depuis.
01:18Malheureusement, le bilan n'est pas fameux.
01:19On se souvient d'un Emmanuel Macron qui avait débarqué
01:21et qui avait semblé considérer que lui allait imposer sa volonté
01:25à l'ensemble des partenaires politiques libanais.
01:28Ça ne s'est pas passé comme ça,
01:29si on regarde d'un point de vue financier.
01:31Alors, bien sûr, la France a des troupes.
01:32Je vous faisais référence, d'ailleurs, au Parra,
01:34qui avait été assassiné par l'OS Bola en 1983.
01:36Depuis 1982, la France participe aux côtés des Nations unies,
01:40notamment à sécuriser le Sud-Liban à la frontière israélienne.
01:44Mais les programmes économiques,
01:46c'est quelques millions, quelques dizaines de millions d'euros.
01:48Quand on regarde sur le site du Cadorcée,
01:50donc ça n'est pas une aide massive non plus.
01:53C'est ce que sont nos contraintes,
01:54mais quoi qu'il en soit, ça n'est pas une aide massive.
01:57Et puis, il y a des anecdotes qui sont un peu troublantes.
01:59Jean-Yves Le Drian, qui était ministre...
02:01C'est le journaliste Nicolas Beau qui rapportait ça, me semble-t-il.
02:04Il s'était rendu au Liban
02:05alors qu'il était ministre des Affaires étrangères.
02:07Un de ses interlocuteurs lui avait dit
02:09« Nous avons 600 000 réfugiés syriens sur le sol libanais.
02:12Ils ont eu des formations militaires.
02:14C'est très déstabilisant. »
02:15Jean-Yves Le Drian lui avait dit
02:16« Oui, nous sommes tous confrontés au terrorisme. »
02:18Je ne sais pas si vous voyez bien la distinction
02:21entre 600 000 réfugiés syriens ayant une formation militaire
02:24sur un pays de quelques millions d'habitants
02:26ou ce qui se passe sur la France.
02:28Donc, on voit en permanence ce décalage
02:30dans l'intention et les réalités
02:32qui n'a pas produit beaucoup d'effets.
02:35Et puis, Emmanuel Macron,
02:36après l'épisode du port de Beyrouth,
02:37avait eu une espèce de lussicasté pour le Liban.
02:41Enfin, c'est-à-dire un candidat premier ministre,
02:43et ça n'est méprisant ni pour elle ni pour le candidat en question,
02:46qui s'appelait Moustapha Hadid.
02:48C'est simplement qu'on a vu que ça n'avait abouti à rien.
02:51La France avait choisi un candidat premier ministre,
02:54et c'était totalement virtuel.
02:55Certains ont fait semblant.
02:56Alors, le Hezbollah accepte de parler à la France,
02:59peut-être d'ailleurs parce que la France
03:00est un des rares Occidentaux qui accepte de parler au Hezbollah,
03:03mais rapidement, cette hypothèse-là était tombée à l'eau,
03:07quels qu'étaient les efforts investis par Emmanuel Macron.
03:10Donc, on voit bien que cette influence-là de la France au Liban,
03:14elle est assez largement virtuelle aujourd'hui.

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