Un violeur sort de prison et tue. Comment est-ce possible ?
Pierre Botton, homme d'affaire et ancien détenu, a raconté sa dernière incarcération entre autre à la prison de la Santé dans un livre, "QB4 ? Ce qui se passe en prison est pire que ce que vous croyez", chez Robert Laffont. Il est l'invité de Thomas Sotto.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 27 septembre 2024.
Pierre Botton, homme d'affaire et ancien détenu, a raconté sa dernière incarcération entre autre à la prison de la Santé dans un livre, "QB4 ? Ce qui se passe en prison est pire que ce que vous croyez", chez Robert Laffont. Il est l'invité de Thomas Sotto.
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00:00RTL Matin
00:04Il est 7h43 sur RTL et l'heure de l'invité d'RTL et ce matin, Thomas, vous recevez Pierre Botton.
00:12Pierre Botton, bonjour et bienvenue sur RTL, ancien homme d'affaires, ancien détenu aussi.
00:16Le pays est sous le choc, Pierre Botton, depuis la mort de Philippine parce qu'aujourd'hui,
00:20on peut être condamné à 7 ans de prison pour viol, purger sa peine et tuer quelqu'un,
00:25en l'occurrence cette jeune femme, en sortant, comme si la prison n'avait servi à rien.
00:29Alors nous, on se demande comment c'est possible. Est-ce que vous, avec votre expérience, entre guillemets, ça vous surprend ?
00:34Non. Non, non. Il faut se poser... Que les Français veuillent incarcérer les délinquants, je le comprends.
00:42En revanche, il y a un problème qu'on ne se pose pas, c'est le problème de l'efficacité de la prison.
00:47Et c'est un échec. Et le premier échec, c'est la surpopulation.
00:51Et quand j'entends qu'il faut 10 ans, 20 ans pour construire une prison, c'est faux.
00:57J'ai ici quelque chose que j'ai visité en Suisse, c'est à la prison de Witzville, dans le canton de Neuchâtel.
01:05Ils avaient un problème de surpopulation, ils ont pris des containers,
01:08comme les containers qui ont été pris aux Pays-Bas pour des étudiants, donc c'est pas dégradant,
01:12en plus moi je suis un ancien détenu, donc je ne vais pas proposer quelque chose de dégradant,
01:16et ils ont mis des containers. Par exemple, je suis persuadé que si vous demandez à M. Saadet de...
01:24Oui, de faire une expérimentation avec 300 ou 400 containers dans une prison,
01:31celle de Villepinte par exemple, qui croule, je suis persuadé qu'il va accepter de le faire,
01:37et ce qu'il faudrait, c'est que les détenus participent au montage de ces containers.
01:42Ça veut dire que vous dites, vous ce matin, il y a une solution simple, un problème majeur,
01:46qui est la surpopulation carcérale. Les derniers chiffres, c'est près de 79 000 détenus pour 61 000 places.
01:52Ça, ça peut se corriger rapidement, parce qu'il y a des plans de construction de prison, vous avez raison,
01:57le plan qui a été lancé jusqu'en 2027, on annonçait 15 000 places, il y en aura moins à cause du Covid,
02:02ça, c'est un faux problème.
02:04Je dis qu'on peut le solutionner en tout cas immédiatement. Nous, vous savez, avec nos partenaires, on ne fait qu'une chose.
02:10On propose des expérimentations, et on a besoin que d'une chose, pas d'argent, on a besoin seulement d'autorisation.
02:17Donc, on nous donne l'autorisation d'installer cela, par exemple, à la prison de Villepinte,
02:22et on va le faire en 6 mois, si ça ne marche pas, on me dira, ça ne marche pas,
02:27et puis si ça marche, on pourra le généraliser.
02:30Alors, on verra quelle écho ça aura, on va mettre sur les réseaux sociaux d'RTL les photos,
02:33parce que c'est vrai que ça paraît comme ça assez simple et assez facile à faire.
02:36Je voudrais quand même vous faire entendre le témoignage d'un ancien détenu.
02:39Il nous a appelé hier au 3210, le standard d'RTL, il a pris 5 ans de prison pour trafic de stupes,
02:43et voilà ce qu'il nous disait, c'était dans les auditeurs en la parole, avec Eric Brunet.
02:47J'ai côtoyé beaucoup de pédophiles, de duelleurs, et il n'y a aucun suivi.
02:52Pour les gens normaux qui pensaient qu'en prison, il y a 5 fois par jour des docteurs et des psychiatres qui viennent les voir,
02:57il n'y a personne. Donc, vous pouvez les enfermer 5 ans, 10 ans, 15 ans, ils vont ressortir, ils vont recommencer.
03:02Ils vont sortir, ils vont recommencer. La prison ne sert donc à rien aujourd'hui ?
03:06Elle ne guérit de rien, Pierre Botton ? Elle ne rend pas meilleure ?
03:09Alors, bien sûr que non. Si vous voulez, il faut bien expliquer pourquoi je parle de la surpopulation.
03:14Parce que quand vous avez des surpopulations, ça veut dire que vous avez des médecins qui sont surchargés.
03:18Ça veut dire que les surveillants n'ont pas la possibilité de vous amener aux rendez-vous médicaux.
03:23Et puis, ça veut dire autre chose. Ça veut dire que vous êtes à 4 dans une cellule de 2.
03:27Et il y a des gens qui l'ont compris, M. Soto, que c'était un moment privilégié pour prendre les gens en main.
03:34C'est les gens qui les radicalisent. Ils ont bien pris conscience que ce moment-là est un moment privilégié pour faire changer les gens en bien ou en mal.
03:44Et c'est pour ça que je dis qu'il faut aller vite, vite. Moi, j'ai l'impression de parler dans le vide.
03:50Alors, je sais bien, je suis un ancien détenu, j'ai une personnalité très clivante, et tout ça. Je le sais, tout ça.
03:57Mais que quelqu'un prenne la place, d'abord. Et ensuite, on n'a besoin pas d'argent. On a besoin d'autorisation.
04:03Qu'on nous les donne ! Tout ce que nous avons fait aujourd'hui.
04:06Vous savez, quand les surveillants défilent sur les Champs-Elysées, je suis un ancien détenu.
04:10C'est moi qui les demandais. Ça n'était pas fait jusqu'ici.
04:14La profession de surveillant aujourd'hui, c'est juste incroyable. C'est des gens qui sont incroyables.
04:19Mais, ouvrir la porte d'une cellule aujourd'hui, où vous avez 4 gars pour 2, au lieu de 2, c'est juste un enfer.
04:26Vous êtes un ancien détenu, vous êtes allé 2 fois en prison dans les années 90, il y a 25 ans, et vous en êtes sorti pour la dernière fois il y a 2 ans.
04:33Qu'est-ce qui a changé fondamentalement entre ces 2 époques ? Est-ce que la prison était la même dans les années 90 et dans les années 2020 ?
04:39Monsieur Soto, si vous regardez la prison avec le regard des gens normaux, vous ne pouvez pas la comprendre.
04:47Aujourd'hui, vous avez des jeunes qui, depuis l'âge de 10 ans, n'ont plus aucune autorité.
04:52A 14 ans, ils gagnent 100 euros par jour pour la drogue.
04:57A 15 ans, la seule solution qu'ils ont, ce n'est pas le dialogue, c'est la violence.
05:04La violence est intégrée chez eux.
05:07Il y a une autre chose qui est intégrée, monsieur. La prison est intégrée.
05:11La prison est intégrée.
05:13Et la dernière chose qui est dramatique pour eux, c'est que leur mort est intégrée.
05:18C'est-à-dire que tous ces gars avec qui j'ai été, j'ai été en cours de promenade avec eux,
05:22tous ces gars, ils ont intégré qu'ils allaient mourir.
05:27Et maintenant, je vais vous raconter quelque chose, pourquoi je m'occupe d'eux.
05:30J'ai vécu un drame terrible. Il n'y a pas pire. Il n'y a pas pire pour un père.
05:35Ces gamins m'ont pris dans leurs bras.
05:39Ils m'ont dit « Pierre, on est avec toi ».
05:47Alors quand ces gosses sont capables de faire ça,
05:50oui ils trafiquent, oui ils sont violents.
05:53Mais quand ils sont capables de faire ça, ça veut dire qu'il y a quelque chose à faire vivre.
05:58Et moi je veux le faire vivre.
06:00Donc je demande juste une chose.
06:02Qu'on me laisse expérimenter avec mes partenaires.
06:05Mes partenaires, ce n'est pas des gens qui ont regardé mon casier judiciaire.
06:08C'est les plus grands groupes français.
06:11Ils acceptent d'être cités, ces groupes ?
06:13Ou est-ce que la prison est honteuse ? Est-ce que la prison reste cachée ?
06:16Non, il y en a qui acceptent d'être cités.
06:21Ils sont tous assez exceptionnels.
06:23La plupart d'ailleurs demandent à leur personnel de dire « on s'engage ou on ne s'engage pas ».
06:29Et la plupart du temps, j'ai des expériences extraordinaires,
06:32et la plupart du temps, les personnels disent « oui, on y va ».
06:36Il y a beaucoup de français qui vous écoutent ce matin
06:38et qui doivent se dire qu'ils ne viennent pas nous embêter avec leurs conditions de détention d'étolards.
06:42Ils n'ont qu'à bien se tenir.
06:43Qu'est-ce que vous leur répondez ?
06:44Ce n'est pas notre problème.
06:45Non, non, ils ont raison sur ça.
06:48Qu'ils se moquent des conditions de détention d'étolards, pas de problème.
06:52Aucun problème.
06:53Le seul problème, M. Soto, c'est qu'on fasse un délit routier.
06:58Qu'on soit un trafiquant de drogue.
07:01On ressort.
07:03Il faut que les français le comprennent.
07:06Et qu'une partie de leur sécurité se joue en prison.
07:09On ressort.
07:10Les détenus ressortent.
07:12Moi, aujourd'hui, je suis devant votre micro.
07:14On ressort.
07:15Il faut savoir si on ressort mieux ou si on ressort en disant
07:19« bon, ok, j'ai fait mes 4 ans, maintenant je reprends ma kalachnikov et je tire ».
07:23Vous voyez ce qui se passe dans le pays ?
07:26Ça fait des années que je le dis que ça va se passer.
07:28La vague de violence, vous voyez la vague de violence ?
07:30Vous voyez l'âge des gamins qui prennent les armes ?
07:33Vous voyez qu'au départ c'était à Marseille, que maintenant c'est dans toutes les campagnes ?
07:38Vous voyez qu'aujourd'hui c'est des innocents qui meurent ?
07:40Une étudiante dans sa chambre ?
07:42Une gamine porte-dauphine ?
07:44Vous le voyez ?
07:45Que faut-il faire pour que les français le comprennent
07:47et surtout que les politiques prennent les décisions ?
07:49Je demande pas grand-chose.
07:50Je demande qu'on me donne des autorisations.
07:53– Merci Pierre Botton d'être venu ce matin.