Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été tué dans une frappe israélienne près de Beyrouth, a annoncé samedi le mouvement pro-iranien, un coup très dur qui pousse le Liban et le Moyen-Orient vers l'inconnu. Regardez l'analyse de Georges Malbrunot, journaliste au "Figaro" et éditorialiste à RTL, en direct de Beyrouth.
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00:006h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:04Merci d'être là, 8h48, c'est RTL Matin face à l'actualité.
00:07Et l'actualité ce matin encore, c'est le Liban, au cœur des bombardements israéliens,
00:12avec des centaines de civils tués.
00:14La mort officielle depuis hier du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah,
00:18considéré comme l'homme le plus puissant du Liban.
00:21Alors, doit-on parler tournant ?
00:23Que peut-on imaginer comme suite à la situation sur place ?
00:26On va rejoindre en direct Beyrouth, où se trouve notre confrère du Figaro,
00:30Georges Malbruneau, qui est éditorialiste, vous le savez, le vendredi dans RTL Matin.
00:34Bonjour à vous, Georges.
00:35Bonjour, Stéphane.
00:37Avant de profiter de votre analyse sur le présent et le futur,
00:40je voudrais juste d'abord avoir votre ressenti de grand reporter, Georges,
00:44habitué de ces territoires et des conflits.
00:46À quoi ressemble Beyrouth ? Que pense la rue ?
00:48Qu'est-ce que vous avez pu percevoir ou humer ces dernières heures sur place ?
00:53C'est encore, je dirais, l'état de choc, la stupeur,
00:56parce que vendredi après-midi, lorsqu'il y a eu cette énorme déflagration,
01:02tout le monde s'est posé la question, mais est-ce qu'Israël a tué Hassan Nasrallah ?
01:08Après, vous vous souvenez, il y a une semaine, les attaques aux bipers.
01:13Ensuite, il y a eu des centaines et des centaines de personnes,
01:18que j'ai vues d'ailleurs en arrivant vendredi soir à l'aéroport,
01:21qui ont fui le quartier général du Hezbollah qui avait été visé.
01:27Donc ces gens-là sont partis avec leur baluchon sur le dos.
01:31Ils avaient été avertis par Israël qu'ils devaient partir.
01:33Ils se sont installés ensuite, durant la nuit, sur la corniche, dans les villages autour.
01:37Et hier matin, le Liban, les Libanaises sont réveillés un petit peu ébêtés,
01:44toujours avec cette question, Nasrallah est-il mort, n'est-il pas mort ?
01:48On n'arrivait pas à joindre les gens du Hezbollah parce que les communications avaient été interrompues.
01:54Et puis, cette attente un peu lourde s'est terminée, je dirais, sur le coup de 14h30.
02:00Moi, j'étais en train de rapidement prendre un déjeuner dans le quartier central de Hamra,
02:05où là, on m'a dit tout de suite, le restaurant doit fermer.
02:09On a reçu un ordre de proche du Hezbollah, il faut fermer tous les restaurants,
02:15tous les bars ont été fermés.
02:17Et puis, il y avait de la nervosité, il y avait eu quelques coups de feu qui ont retenti.
02:21Et à partir de là, effectivement, il y a eu des scènes de déviolation chez certains,
02:26notamment la communauté chiite qui regrette, en tout cas qui montre qu'elle regrette Hassan Nasrallah.
02:34Ensuite, la ville de Beyrouth, c'est vraiment pas devenu une ville fantôme,
02:40mais je vous le dis habituellement, les cafés sont pleins, etc.
02:43Tous les cafés, même dans les zones chrétiennes, ont été fermés.
02:47Et puis, les gens continuent de redouter des frappes israéliennes,
02:52parce qu'ils savent que ça va continuer.
02:56Le quartier d'Arié, dans la banlieue sud, ressemble à une ville vraiment fantôme,
03:03parce que de nombreux immeubles ont été détruits, il ne reste plus personne,
03:07tout le monde est parti.
03:09Et donc voilà, les Libanais sont habitués, vous le savez, aux explosions 2005, etc.
03:17Afiq Hariri qui avait été tué dans une explosion terrible à Beyrouth.
03:22En 2020, il y a eu l'explosion du port.
03:24Là encore, il y a une explosion, mais qui s'inscrit dans un contexte de guerre.
03:29Tout le monde se dit effectivement vers où on va.
03:33Certains sont en silence, sont pas loin d'approuver.
03:37D'autres redoutent d'autres attaques israéliennes.
03:41On a l'impression quand même que le Liban vit un moment de bascule.
03:47– Hassan Nasrallah n'est plus, il a été éliminé entre guillemets.
03:51Ça ne veut pas dire pour autant, Georges Malbruneau, que le Hezbollah est mort.
03:55– Non, le Hezbollah n'est pas mort.
03:57Il a quand même pris de sérieux coups.
04:00On peut dire que sa branche militaire a été décapitée.
04:04Vous vous souvenez, la semaine dernière,
04:05une réunion d'une quinzaine de décades de son unité d'élite qui ont été tués.
04:10Ses responsables politiques, en tout cas le plus haut, Nasrallah, a été tué.
04:16Mais c'est une organisation qui est décentralisée sur le terrain,
04:19qui continue ce matin d'ailleurs de riposter à Israël.
04:23Tout le monde se pose la question aussi de savoir jusqu'à quand l'Iran,
04:30qui est son parrain, celui qu'il a créé en 1982,
04:35va-t-il refuser de voler à son secours ?
04:38Parce que normalement l'Iran doit venir au secours du Hezbollah.
04:43Mais certains Libanais se demandent si finalement l'Iran ne va pas dénoncer fortement
04:49comme il le fait régulièrement quand il est attaqué par Israël.
04:52Mais va laisser finalement certains Libanais affronter l'État hébreu à leur place.
04:59Je vous dis, tout ça, on est dans une espèce d'entre-deux,
05:02avec beaucoup plus d'interrogations que de réponses, dans un climat assez lourd.
05:06– C'est vrai qu'on parle beaucoup évidemment des affrontements concrets,
05:10des bombardements, des raids, et puis des oppositions entre ces pays qui se détestent aussi.
05:15On ne parle pas beaucoup, je trouve, personnellement, mais de loin évidemment,
05:18Georges Malbruno, des civils, des gens qui sont tués au Liban, et puis à Gaza,
05:23et puis à Yerba, dans ce conflit qui s'étend là.
05:26– Oui, c'est la raison pour laquelle, si vous voulez, ici dans ce pays
05:29qui est quand même un pays à l'unité très fragile,
05:32et bien tout le monde, même si loin s'en faut, tout le monde n'aimait pas le Hezbollah,
05:38il y avait quand même une certaine unité nationale fragile qui s'était reconstituée
05:43parce que le pays est attaqué, il y a un million de personnes qui sont déplacées,
05:47il y a beaucoup de civils qui se sont tués, vous l'avez dit,
05:50ici dans les attaques israéliennes, mais aussi à Gaza,
05:53donc il y a un sentiment quand même anti-israélien qui est assez fort,
05:58mais c'est aussi une impression.
06:04Aujourd'hui, il y a effectivement encore ce sentiment-là,
06:07parce que c'est un pays de Liban, vous le savez, qui n'est pas un pays failli,
06:12mais presque, parce que le pouvoir politique n'existe pas,
06:14le Hezbollah dominait politiquement, militairement,
06:17aujourd'hui militairement, il est quand même réduit,
06:20donc certains estiment que peut-être c'est le moment pour que la souveraineté libanaise,
06:24et bien de l'état libanais s'affirme,
06:27mais c'est vrai qu'il y a une grande détresse de la population,
06:30il suffit d'aller dans les rues de Beyrouth,
06:32il y a pratiquement beaucoup, beaucoup de rues,
06:35on voit dans beaucoup, beaucoup de rues, on voit des déplacés qui sont là,
06:40qui ont dormi sur les bancs, qui ont dormi, je vous dis, sur la corniche,
06:44qui sont partis avec leurs baluchons et qui ne savent pas de quoi demain sera fait,
06:48il y a une certaine solidarité qui est assez forte,
06:51il y a des ONG qui distribuent un manger,
06:54beaucoup sont accueillis dans les écoles,
06:57donc il y a une vraie solidarité, parce qu'il y a un vrai drame humain,
07:01mais il y a toujours ces interrogations derrière,
07:05qu'est-ce que va devenir le Liban après ?
07:09Je vous dis, certains espèrent que peut-être justement,
07:13cette attaque sur le Hezbollah permettra de réduire un peu son emprise,
07:20d'autres se disent qu'il faut continuer la lutte,
07:23parce qu'Israël, de toute façon, n'arrêtera pas,
07:26donc c'est beaucoup de questions, beaucoup d'interrogations,
07:29peu de réponses, et puis toujours le choc.
07:31– Merci beaucoup Georges Malbrunot d'avoir partagé ce que vous vivez concrètement
07:35pour le quotidien Le Figaro, et merci d'avoir partagé tout cela
07:39avec les auditeurs de RTL, grands reporters à Beyrouth,
07:42et en direct on y revient bien sûr dès le début du journal de 9h.