• il y a 2 mois
Un ancien chef de projet informatique du groupe Indexia (ex SFAM) accepte de témoigner anonymement sur France Bleu Drôme Ardèche. Il explique le fonctionnement des prélèvements abusifs pour lesquels l'entreprise est jugée devant le tribunal correctionnel de Paris.

Category

🗞
News
Transcription
00:0044, Sadrifié Gaillère va devoir s'expliquer aujourd'hui devant le tribunal correctionnel de Paris.
00:05Prise de parole très attendue du PDG de la Sfam. L'ancien courtier en assurance romanée est jugé pour pratiques commerciales trompeuses pour des
00:13prélèvements abusifs sur des milliers de clients.
00:16Damien Triomphe, vous avez rencontré un ancien employé de la société. Il témoigne ce matin sur France Bleu de Robardèche.
00:22Bonjour monsieur. Bonjour. Votre témoignage a été présenté au tribunal à Paris sur attestation
00:28clairement à charge contre Sadrifié Gaillère.
00:30Mais vous ne souhaitez pas que votre nom circule dans les médias. On dira juste que vous avez été salarié
00:35pour la Sfam et le groupe Invexia. Tout à fait. Donc j'étais chef de projet informatique. Moi j'ai été recruté fin 2021
00:43et j'ai quitté l'entreprise début 2023. J'ai décidé de démissionner. Ça ne correspondait pas
00:49à mes valeurs, à mon éthique on va dire. J'aurais dû lire un peu la presse. Moi je ne savais pas que j'avais été recruté par un
00:55cabinet de recrutement.
00:57Surtout je trouve courant 2022, il y a eu peut-être une accélération un peu plus de ces prélèvements abusifs.
01:04Déjà la façon dont les prélèvements étaient organisés.
01:08Ce que j'ai vu au quotidien, par exemple, on avait proposé à Sadrifié Gaillère
01:15de mettre un peu de la régularité, de la conformité dans les prélèvements, donc de rendre ça peut-être
01:22automatique, à date fixe, etc.
01:24Et Sadri, c'est quelque chose qu'il voulait garder la main dessus, il voulait pouvoir lancer ces prélèvements-là à la main.
01:30Ça arrivait des fois, il le lançait le week-end. Moi j'ai vu des choses où le week-end, il fallait que les équipes informatiques soient disponibles
01:37pour lancer les prélèvements.
01:39Donc il avait vraiment une main libre totale. Ça m'est arrivé en quatre jours, on a prélevé quatre mois à l'avance comme ça des clients.
01:46Après ce que j'ai appris, c'était que pour lui, ça c'était un moyen de faire de la trésorerie.
01:50Donc bon, voilà, c'était des choses un peu un peu bizarres comme ça sur les prélèvements.
01:55Ce sont quand même, pardon je vous interromps, mais ce sont quand même des accusations
02:00graves. On est d'accord, vous attestez de tout ça devant la justice ?
02:04Alors moi j'atteste de tout ça, après voilà, je peux témoigner de tout ça.
02:10Après ce que j'ai vu aussi, comme j'étais chef de projet informatique et tout se fait par informatique,
02:16le logiciel qu'ils utilisaient, ils utilisaient Biappi, qui avait été fait que pour eux.
02:21Et dans ce logiciel, on nous demandait d'apporter des nouvelles fonctions, si vous voulez,
02:26et il y avait des
02:28demandes, c'était pour créer des contrats en masse. On récupère par exemple les données d'un premier contrat, d'une personne, quelqu'un qui avait souscrit un
02:35contrat d'assurance par exemple en 2017 à l'AFMAC ou autre.
02:39On attribue un peu de force à un produit, à quelqu'un qui ne l'a pas voulu, par exemple un pack premium, un pack téléphonie,
02:46un pack n'importe quoi.
02:47Sauf que le client, on ne lui a pas vraiment demandé s'il voulait ou pas, donc il y a un envoi de mail
02:53automatique, et si le client ne répond pas à ce mail, on considère qu'il a accepté. C'est le mode de fonctionnement, on envoie un mail,
03:00la personne ne répond pas, on considère qu'il est d'accord.
03:02La répression des fraudes a parlé la semaine dernière non pas d'une dérive de la part de téléconseillers, mais d'une vraie
03:07stratégie, c'est ce que vous confirmez, c'est ce que vous décrivez ?
03:09Oui, oui, oui. En fait, moi c'est ce que, si je peux amener un témoignage de plus là au procès, c'est ça.
03:15Et vous en attendez quoi justement de ce procès et de Sadrif et Gaillard, lui-même, il va être entendu aujourd'hui à la barre ?
03:20Alors, déjà, moi je pense qu'ils vont essayer de minimiser l'effet, de dire que c'est des cas marginaux, alors qu'en fait, on voit...
03:26Il, c'est lui et ses avocats, on est d'accord.
03:29Voilà, oui.
03:30Les prélèvements abusifs, déjà, ça fait dix ans que ça dure à peu près, donc c'est pas juste une erreur, c'est pas possible.
03:37Ce que j'attends déjà, c'est que ça s'arrête.
03:40C'est un peu atypique, on va dire, j'ai l'impression que c'est même unique dans l'histoire des entreprises,
03:45c'est qu'il y a eu une première enquête de l'ADGCCRF, il y a eu une amende, il y a eu une deuxième enquête.
03:51Ensuite, il y a l'ACPR qui a dit, maintenant, vous n'avez plus le droit de vendre des assurances.
03:55Il y a l'URSSAF qui n'était pas payée, parce qu'il y a plein d'entités qui n'étaient pas payées, donc les clients, on les volait,
04:01mais en plus, on ne payait pas les fournisseurs, on ne payait pas l'URSSAF, c'est un peu facile.
04:05Comme ils n'ont pas été payés, ça a déclenché les liquidations judiciaires.
04:09Et malgré les liquidations judiciaires, il y a encore des prélèvements comme ça qui se font à nouveau sous le nom d'autres sociétés.
04:16À un moment donné, il faut arrêter.
04:18Et déjà, ce que j'attends, moi, c'est déjà qu'il arrête.
04:20Dans quel état d'esprit vous pensez qu'il est ?
04:22En fait, je pense qu'il n'a pas conscience que ce qu'il fait là, c'est illégal et c'est devenu presque du vol à grande échelle.
04:29Et c'est dommage que des entreprises comme ça, c'est devenu ça, c'est devenu une industrialisation,
04:35de ces ajouts de contrats sans que les gens le voient et de ces prélèvements abusifs.
04:40C'est un peu dommage que ça se termine comme ça.
04:43Que ça drifte et gaillard, on ne sait pas trop comment le prendre.
04:45Est-ce que c'est un homme d'affaires, un businessman ou est-ce que c'est devenu un voleur ?
04:50C'est effarant, c'est fou, c'est un truc un peu hors du commun.
04:53Merci d'avoir accepté cette interview.
04:56Merci à vous.
04:57Et bonne journée.
04:58Bonne continuation et j'espère que les clients seront remboursés.
05:01On le souhaite aussi.
05:02Damien Trion, FISI matin.

Recommandations