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Joël BRUNEAU ex maire de Caen - député LIOT du CALVADOS

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00:00Bonjour François, bonjour à tous, notre invité ce matin de France Bleu Normandie, Joël Bruneau, ancien maire de Caen, aujourd'hui député Lyott du Calvados.
00:07Bonjour Joël Bruneau, après avoir longtemps appartenu à la famille des Républicains, dont fait partie le Premier Ministre, vous avez rejoint le groupe Lyott Liberté Indépendant Outre-mer Territoire à l'Assemblée Nationale.
00:19Quelle est votre position ? Vous soutenez le gouvernement ou vous êtes dans l'opposition ?
00:23Oui, oui, je soutiens le gouvernement. En fait, ce gouvernement, il incarne en quelque sorte la philosophie politique qui a toujours été la mienne, c'est ce qu'on pourrait appeler la droite ou centre-droite, comme vous voulez.
00:33Et si je suis dans ce groupe, c'est pour, tout en gardant évidemment mes convictions, avoir cette liberté de parole et cette liberté de vote aussi, qui parfois manque quand vous êtes dans un groupe avec une discipline de vote un peu stricte, comme on en connaît parfois.
00:49Alors Michel Barnier, le Premier Ministre, prononcera demain son discours de politique générale dans lequel il donnera les grandes orientations de son mandat, un discours très probablement orienté sur le budget.
00:59Que doit dire Michel Barnier pour vous rassurer ?
01:01Je pense qu'il ne faut pas qu'il rassure tant que ça. Il faut prendre conscience à l'ensemble des Français que la situation est grave, que finalement les réalités ont fini par nous rattraper
01:13et qu'il est grand temps de changer peut-être notre logiciel, qui est d'abord basé sur la dépense publique, alors même que, malgré cette dépense publique très importante par rapport à ce qu'on connaît dans les autres pays,
01:23finalement, le degré de satisfaction, si je puis dire, n'est pas à la hauteur.
01:27Changer de logiciel, ça veut dire quoi ? Réduire les dépenses publiques ?
01:29Ça veut dire qu'il faudra, peut-être qu'à la marge, on peut trouver quelques ressources supplémentaires en prenant un peu à quelques grandes entreprises.
01:38Avec une augmentation de la fiscalité ? C'est ce que vous sous-entendez, Joël Bruneau ?
01:42Il y a quelques pistes, comme par exemple imposer davantage les rachats d'actions, mais on sera de toute façon à la marge.
01:50Le vrai sujet, il est celui du volume de dépenses publiques et ça suppose de toute façon qu'un certain nombre d'économies soient menées à court terme,
01:57mais aussi s'inscrire durablement dans une trajectoire de changement de logiciel, en quelque sorte.
02:04Ce que je veux dire, c'est que si on essaie de faire comme avant, avec cette pression budgétaire qui va durer parce qu'on a une charge,
02:12les intérêts de la dette sont de plus en plus importants. L'année prochaine, on va dépenser autant pour payer les intérêts de la dette qu'on va donner à nos enfants,
02:21enfin donner, qu'on lègue à nos enfants, qu'on dépensera pour leur éducation, 64 milliards environ.
02:28Donc il va falloir changer de mode de pratique.
02:31Donc baisse des dépenses publiques, augmentation de la fiscalité, retour de l'ISF, ça peut être une solution ?
02:37On peut effectivement remettre en place, comme le proposait certains, un certain nombre de dispositifs qui ne feront que nous appauvrir collectivement davantage,
02:44en faisant fuir tous ceux qui ont encore un peu d'argent pour investir dans ce pays. Effectivement, on peut faire des choses comme ça.
02:50Mais faisons des choses plus intelligentes, et ce qui serait plus intelligent, c'est qu'enfin, l'État admette qu'il ne peut pas s'occuper de tout,
02:56qu'on doit faire davantage confiance à la base, en quelque sorte, les collectivités locales notamment,
03:02et parce que quand on gère en local, d'abord on est moins dans le clivage, dans la posture, dans l'opposition permanente,
03:10selon des étiquettes ou je ne sais trop quoi, on est plus dans un esprit en quelque sorte de rassemblement,
03:15et on a besoin d'apaisement et de rassemblement dans ce pays.
03:17Et puis la deuxième raison, c'est que quand vous gérez en local, vous ne pouvez pas emprunter,
03:21pour par exemple, comme le fait l'État, payer les salaires de ses fonctionnaires à partir du mois de juillet.
03:25On est obligé d'avoir des budgets en équilibre, on ne peut emprunter que pour investir pour l'avenir.
03:29Or, l'un des grands drames de notre pays, c'est que sur presque 500 milliards de budget de l'État,
03:34si on enlève les investissements militaires, à peu près 20 milliards, il ne reste même pas 20 milliards d'investissement pour les dépenses civiles.
03:41Ici Matin, 8h avant notre invité ce matin, Joël Bruneau, député Eliade du Calvados.
03:46Une heure avant le discours de politique générale, les syndicats débuteront leur manifestation.
03:50Demain, parmi leurs revendications, il y a l'abrogation de la réforme des retraites.
03:54Le groupe Lyot en demande la suspension. C'est aussi votre ligne ?
03:58Cette réforme, on sait dans quelles conditions elle a été adoptée, elle n'est pas parfaite comme aucune réforme.
04:03Je pense qu'il y a des choses qui peuvent être améliorées, notamment sur...
04:06Avec une grande conférence sociale, c'est ce que réclame votre groupe ?
04:08Oui, effectivement. Quand je parlais d'apaisement, ça passe aussi par ça.
04:12Est-ce qu'on n'a pas dépassé le stade des discussions aujourd'hui ?
04:15Justement, en tout cas, j'espère que non.
04:18Je pense qu'il y a des choses qui peuvent être améliorables, par exemple sur le sujet de la pénibilité,
04:23sur le sujet des carrières des femmes, par exemple, qui ont eu des enfants.
04:27Et ce qu'il veut dire, c'est suspension ?
04:29Oui, alors quand je dis suspension, pour autant, ne nous le trompons pas.
04:31L'idée selon laquelle on pourrait diminuer l'âge de départ en retraite est une idée vaine.
04:35Donc pas de retour à l'âge légal de départ à 62 ans ?
04:39On peut raconter ce qu'on veut, mais imaginons dans un système de répartition,
04:42quand dans quelques années, vous aurez un actif ennemi pour un retraité.
04:46Ça veut dire qu'un ennemi, on va devoir en payer un autre.
04:49Vous imaginez qu'un système dans lequel on partirait à la retraite,
04:52comme le préconisent certains, à 62 ans ou à 60 ans, pour d'autres, est un système viable ?
04:57Donc pas de retour à 62, mais 64 ans pour le groupe Lyott, en tout cas pour vous.
05:02En tout cas, il faut.
05:04Une motion de censure sera très certainement déposée par la gauche à l'issue du discours de Michel Barnier.
05:09Vous seriez prêt à la voter si le Premier ministre ne vous a pas convaincu ?
05:12Non, je ne voterai pas la motion de censure.
05:14En fait, d'ailleurs, la motion de censure est déjà quasiment déposée avant même qu'il ait parlé.
05:17Donc on voit bien que là aussi, vous savez, l'Assemblée nationale est un lieu que je découvre
05:20et qui est un lieu dans lequel on est beaucoup dans la posture,
05:23dans la déclaration d'intention, pour ne pas dire la déclamation.
05:27Ce qui, d'ailleurs, enlève pour moi beaucoup de crédibilité à l'action des parlementaires, enfin des députés.
05:33Bon, mais c'est ainsi.
05:35Mais en tous les cas, en ce qui me concerne, je ne voterai pas, évidemment, une motion de censure.
05:41Merci beaucoup, Joël Bruno, en Saint-Mère-de-Camp.
05:43Et donc, député Lyott, du Calvados, vous serez demain à l'Assemblée nationale.
05:46Bonne journée.
05:47Merci.
05:48Retrouvez bien sûr en podcast sur france2.fr.

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