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00:00Votre rendez-vous, derrière l'image, nous prenons aujourd'hui la direction de l'Est de l'Ukraine dans un numéro retour de terrain avec vous Catherine Lorestrain, bonjour, grand reporter pour France 24.
00:13Vous venez tout juste de rentrer de la première ligne de front, vous nous ramenez évidemment des images, on va découvrir dans un instant un extrait de votre dernier reportage.
00:22Mais avant ça, c'est la tradition, un cliché, une photo qui fait sens pour vous raconter nous.
00:26Alors j'ai pris cette photo, cette image dans le sol qui était pris par l'armée ukrainienne mais qui est en fait dans le territoire russe, dans le Kursk.
00:36Et voilà un soldat ukrainien, on le voit avec son casque, qui montre avec un iPad ou un tablette des images de la destruction en Ukraine, de la guerre en Ukraine à un vieil habitant,
00:50un vieil homme russe qui regarde ça avec stupéfaction parce que les soldats ukrainiens, ils sont là, il y a quelques habitants russes qui restent dans la zone.
01:01Et ils essaient de montrer la réalité de la guerre depuis l'invasion à grande échelle qui a commencé en février 2022.
01:09Et les habitants découvrent ça parce que pour eux, ils n'ont pas du tout vu ces images. Ils n'ont pas du tout entendu parler de cette réalité.
01:17Et donc à chaque fois, quand ils vont voir les habitants, ils amènent de la nourriture, de l'eau, ils leur parlent.
01:24Mais ils essaient d'expliquer aussi, de faire un peu de pédagogie, d'essayer que la population comprenne.
01:31Et ils nous ont expliqué que c'est extrêmement important. Et cette scène m'a énormément frappée parce que de voir la découverte des images de Bulgare...
01:39Comment il a réagi ce monsieur ? Est-ce que déjà c'est un discours qui est audible ? Est-ce qu'on le reçoit bien en face ?
01:45Oui, il était stupéfié. Au début, il ne comprenait pas. Donc le soldat a dû répéter plusieurs fois les phrases.
01:51Et puis après, il a dit non, mais c'était les Ukrainiens qui ont fait ça. Et le soldat disait non, non, non, pas du tout.
01:57Ce n'est pas vrai ça. Il ne croyait pas. Et après, il a demandé de voir davantage d'images.
02:04Donc lui, il était assez susceptible à regarder ces images. Il y en a d'autres qui ne le sont pas, qui ne voulaient pas parler aux soldats, qui ne voulaient pas nous parler.
02:13Il y en a beaucoup qui sont extrêmement fatigués, dans un état de choc et de fatigue, qui ne pensaient jamais que la guerre allait arriver à leur porte, à eux, dans le territoire russe.
02:23Vous parlez de cette fatigue parce que bientôt, on marquera les trois ans de ce conflit quand même. Le temps passe assez vite.
02:28Et en même temps, il est long sur le terrain, on peut l'imaginer. Vous avez pu accéder à cette région koursk, une région russe qui est en partie occupée par l'Ukraine.
02:37Vos conditions de tournage, ça a été quoi exactement ?
02:39On est entrés avec l'armée ukrainienne. C'était la seule façon pour nous d'y entrer. Côté russe, c'est tout simplement impossible pour nous.
02:46On est entrés avec l'autorisation de l'armée ukrainienne dans un de leurs blindés, donc « unembedded ». La zone est extrêmement dangereuse.
02:55Il y avait plusieurs frappes. On les entendait depuis la route. La guerre est toujours en cours. La Russie tente une contre-offensive contre l'Ukraine dans ces zones.
03:04On entend beaucoup d'artillerie. On pouvait filmer presque tout ce qu'on voulait. Les seules choses qu'on ne pouvait pas montrer, c'était les bâtiments où les soldats ukrainiens logeaient ou avaient leur base.
03:16Pourquoi pas qu'on puisse les repérer ?
03:18Ils avaient très peur d'être repérés parce que la Russie, comme l'Ukraine aujourd'hui, utilise beaucoup de drones, analyse toutes les images.
03:24Donc ça, ils ne voulaient pas qu'on filme ni les véhicules militaires. Mais on pouvait parler à ces habitants russes.
03:31On pouvait parler aux soldats sur place, certains parmi eux en tout cas. Et on pouvait filmer ces échanges qui sont vraiment parfois peu flatteuses pour l'armée ukrainienne aussi,
03:41parce qu'il y a beaucoup de pro-Putin dans ces villages.
03:45Ce n'est pas la première fois que vous vous rendez en Ukraine, mais c'est la première fois que vous assistiez à de telles scènes, si je vous suis bien aujourd'hui.
03:50Oui, c'est tout à fait exceptionnel pour nous de voir ces scènes. Et je pense qu'il y a un petit extrait de ce reportage.
03:56Voilà, vous nous avez ramené des images et des témoignages. On va regarder tout de suite un extrait de votre reportage.
04:01Sur la route, ces panneaux de signalisation en russe et au loin des panaches de fumée, signe de combat toujours en cours.
04:11L'armée nous amène dans deux villages de Kursk. Pour des raisons de sécurité, nous ne sommes pas autorisés à les nommer.
04:22Nous croisons une poignée d'habitants venus récolter des colis alimentaires, malgré l'hostilité à l'égard des troupes ukrainiennes.
04:30Olexy est commandant dans l'armée ukrainienne. Il est en charge de surveiller la population russe.
04:58Il tente de les convaincre de la réalité de la guerre menée par les russes en Ukraine.
05:03La Russie a montré un point de résidence libéré. Il n'y a pas eu un seul quartier.
05:09Il y a eu des combats dans d'autres villes de l'Ukraine, où les russes ont été. C'est la même chose dans la région de Kiev.
05:22C'est pas vrai.
05:30On voit ces habitants russes dans une réalité parallèle. Comment ont-ils réagi à votre présence ?
05:37Certains ne voulaient pas nous parler. D'autres étaient étonnamment ouverts.
05:41Mais quand on leur parlait, c'était un univers parallèle.
05:45Il y en avait qui pensaient que la guerre avait commencé le 6 août. C'est la date où l'Ukraine a entré dans le territoire russe.
05:51Et non pas en février 2022. Ils apprenaient tout. Ils ne comprenaient pas la situation.
05:57Il y en avait qui étaient très surpris de voir la guerre arriver comme ça.
06:01Et puis, hors-camara, il y en a qui ne voulaient pas nous filmer si c'était vrai que le président Zelensky était vraiment un nazi.
06:09Ils répètent les paroles, les lignes de communication du Kremlin.
06:15C'est bien ancré dans la tête, on voit ça.
06:17Et hors-camara aussi, il y avait les soldats ukrainiens qui disaient qu'ils se méfiaient beaucoup de ces populations.
06:23Même s'ils essaient de les aider d'avoir de quoi vivre.
06:26Parce qu'il est soupçonné parfois d'informer sur leur position.
06:29Donc la situation est extrêmement délicate.
06:32Comment est-ce que les Ukrainiens vivent la situation actuelle ?
06:36Je le disais tout à l'heure, on commémorera bientôt, ce sera dans quelques mois, les 3 ans de ce conflit.
06:41C'est extrêmement difficile. J'ai parcouru un peu l'Ukraine de Kiev à Kharkiv.
06:47Et dans l'Est aussi. J'ai posé cette question à plusieurs personnes.
06:50Et à Kharkiv, on couvrait, on filmait un enterrement d'un militaire qui est décédé dans l'offensive dans le Corse.
06:57Qui est extrêmement meurtrier, même si on n'a pas du tout les chiffres.
07:00Et donc là, évidemment, beaucoup de gens émus.
07:02Mais aussi des gens, j'ai posé la question.
07:04Est-ce que le prix que l'Ukraine paye en termes de nombre de morts, civiles et militaires,
07:10qui est extrêmement élevé, même si on n'a pas encore les chiffres exacts qui ne sont pas publiés par l'Ukraine.
07:14Est-ce que ça ne commence pas à être trop long ? Est-ce que ce n'est pas trop difficile ?
07:18Et elle a donné la même réponse qu'à peu près tout le monde me donnait.
07:21C'était extrêmement difficile. Qu'elle voulait la paix.
07:24Mais qu'elle n'était pas prête à relâcher du territoire.
07:28Donc ils sont dans un paradoxe d'une tristesse absolue.
07:32Et aussi de ne pas vouloir lâcher, de ne pas donner Gagny-Kors à Vladimir Poutine.
07:37On peut écouter une dame qui assistait à ces funérailles.
07:44Le coût est en effet très élevé.
07:49Mais je ne sais pas quelle pourrait être l'alternative.
07:52Je ne sais pas. Nous n'avons pas de réponse.
07:55Il est navrant que nous perdons autant de personnes.
07:58Mais il n'y a pas de solution.
08:00J'ai vraiment envie d'espérer que tout cela se termine bientôt.
08:07J'ai été frappée par sa phrase que j'ai entendue plusieurs fois.
08:10J'ai envie d'espérer.
08:12Il y a des gens qui disent qu'ils creuvent. Ils essayent d'espérer.
08:15Il n'y arrive pas encore.
08:17Ils savent que ça ne se passe pas très bien.
08:19Mais ils ne veulent pas du tout tomber dans la déprime.
08:22C'est difficile pour eux.
08:24Merci beaucoup Catherine pour ce retour de terrain.

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