Sur le Front : Plages de France, D'où Vient Tout ce Sable ?

  • il y a 2 semaines
Dans cet épisode de "Sur le Front," partez à la découverte de l'origine du sable qui compose les plages françaises. En suivant des enquêtes menées sur le littoral, la vidéo explore les processus naturels, les enjeux écologiques, et les impacts de l'activité humaine qui influencent la formation et la préservation de nos plages. Un voyage captivant qui lève le voile sur ce matériau si présent et pourtant méconnu, essentiel à nos écosystèmes côtiers.
Transcription
00:00Est-ce que vous vous êtes déjà demandé d'où vient le sable sur lequel vous posez votre serviette l'été ?
00:06Vous pensez que c'est la nature qui amène ces grains de sable ici ?
00:09Eh bien pas seulement. Regardez ce qui se passe au large de cette plage du Pays Basque.
00:14Ce bateau se trouve à 300 mètres des côtes.
00:17Et personne ne soupçonne ce qu'il est en train de faire, juste devant les surfeurs.
00:23Il largue du sable par milliers de tonnes.
00:33Depuis 2015, près de 3 millions de mètres cubes ont été déposés sur les plages d'Anglette.
00:38C'est un volume énorme.
00:403 millions de mètres cubes, c'est encore plus de volume que la pyramide de Khéops.
00:46Le sable est vidé ici.
00:48Les vagues feront le reste du travail et la porteront directement sur la côte.
00:52Sans ça, la plage ne ressemblerait plus à cette carte postale.
00:57D'où vient tout ce sable ?
00:59D'un peu plus loin, il est dragué à la sortie du port de commerce.
01:03Le sable s'accumule ici.
01:05Il est bloqué par les tigres.
01:07Le port est obligé d'aspirer le fond de l'eau pour permettre aux cargos de passer.
01:11Le sable qu'on a sur les plages, c'est exactement le même que celui qu'on a à l'embouchure.
01:15Il n'est pas pollué pour autant.
01:17Donc finalement, c'est vraiment la plage qu'on a dans le navire.
01:20Il y a trop de sable à l'entrée du port et il n'y en a pas assez sur la plage.
01:25Le bateau règle donc deux problèmes d'un coup.
01:29Des allers-retours comme celui-ci, il y en a toutes les années.
01:38Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce qu'il se passait sur les plages avant l'arrivée des touristes,
01:43à la sortie de l'hiver, quand il n'y a personne pour prendre des photos ?
01:49Ce n'est pas tout à fait la carte postale niçoise en fait.
01:51Et nous sommes ici sur la R.C.
01:55On plante des poteaux en bois et en béton au fond de la mer,
01:59où on immerge des rangées de gros boudins en plastique.
02:02C'est du court terme et ça coûte un poignon fou.
02:05Comment vieillissent nos bords de plage bétonnés ?
02:11D'ici 10 ans, on n'aura plus de plage centrale parce qu'il n'y aura plus de sable.
02:14Savez-vous d'où vient le sable ?
02:16Comment s'est-il formé ?
02:18Vous avez déjà vu ces grains légèrement plus gros ?
02:20Ça, ça n'a rien de naturel.
02:23Ça fout les boules un peu quoi.
02:25On croit toujours que la plage est un monde minéral, sans vie.
02:28Vous allez découvrir que c'est une zone de reproduction, de repos,
02:32un formidable habitat naturel.
02:35Regarde-moi comme c'est beau.
02:36Magnifique !
02:38Et un monde en mouvement, qui s'adapte aux attaques de l'océan
02:42et sert d'airbag pour protéger nos terres.
02:46On va guérir une dune qui était malade.
02:48Ça marche.
02:49Ça me fait plaisir.
02:59Bienvenue à Biscarros, dans les Landes, au mois d'avril.
03:04Il n'y a pas beaucoup de surfers, encore moins de touristes,
03:07mais déjà beaucoup d'activités.
03:11Pourquoi déplace-t-on autant de sable ?
03:15Que se passe-t-il sur nos plages ?
03:17Pour répondre à ces questions, nous allons retrouver un combattant.
03:21Il nous a promis de nous montrer l'envers du décor.
03:29Salut Eric !
03:30Bonjour Hugo !
03:32Pourquoi tu m'as donné rendez-vous ici ?
03:34Je te donne rendez-vous ici parce que c'est vraiment le symbole
03:37de la lutte contre la nature,
03:39c'est-à-dire de l'homme qui veut absolument avoir la vue sur mer
03:42et qui s'acharne face à l'océan qui grignote la côte Atlantique.
03:50Depuis que je suis enfant, je suis intéressé par les sciences,
03:53les sciences de la nature,
03:55et je me suis orienté vers la géologie marine.
03:57J'ai obtenu un poste à l'université de La Rochelle.
04:02Le littoral, c'est mon terrain d'études et aussi mon terrain de jeu.
04:06Ce que je recherche, c'est une espèce d'harmonie avec la nature,
04:08avec les vagues, avec le vent.
04:14Les écosystèmes côtiers, c'est une histoire de partage,
04:16c'est-à-dire partage des espaces, partage avec les êtres vivants.
04:20À trop vouloir s'accaparer des choses, on oublie effectivement le bon sens,
04:24c'est-à-dire le fonctionnement harmonieux de la nature.
04:27Le paradis, il n'est pas loin sur une autre planète,
04:29sur Mars ou je ne sais où, il est sur la planète Terre,
04:32et c'est vraiment notre responsabilité que de préserver ça.
04:36Je m'appelle Éric Chaumillon,
04:38et je me bats pour les solutions fondées sur la nature,
04:41pour la préservation des littoraux.
04:50Qu'est-ce qui va se passer pour ces bâtiments ?
04:52Pour le moment, on essaie de les protéger,
04:54alors ce qu'on fait, c'est qu'on fait du rechargement de plage,
04:57c'est-à-dire qu'on prend du sable du sud et on le remonte vers le nord.
05:01On déplace du sable ?
05:02C'est ça !
05:03Ok.
05:05On est dans une période, avec le réchauffement climatique,
05:08où tout le monde est en train de se dire qu'il faut arrêter les émissions de gaz à effet de serre,
05:11il faut être sobre, etc.
05:13Donc là, on voit bien qu'utiliser des camions pour transporter du sable,
05:17pour lutter contre la nature, c'est un coût énergétique important.
05:22Cinq camions Ben,
05:24des dizaines de milliers de mètres cubes de sable déplacés tous les ans.
05:28La commune va se servir à plus d'un kilomètre au sud,
05:31sur une plage sauvage, naturelle,
05:33et vient déposer le sable au cœur de Biscarosse-Plage,
05:38là où il en manque.
05:42On se bat contre un phénomène qui est naturel.
05:45L'hiver, le sable s'en va, l'été il revient,
05:47mais il revient dans des quantités qui sont moindres.
05:50Donc ce qu'on fait pour gagner du temps,
05:52on fait une opération de rechargement en sable,
05:55pour protéger les biens de première ligne.
05:57C'est le grand hôtel de la plage et les deux villages jumelles.
06:00Ça fait partie de la carte postale de Biscarosse.
06:03Le ré-ensablement coûte 300 000 euros tous les ans à la commune.
06:08Le balai des camions s'est prolongé cette année pendant 14 jours.
06:15C'est un peu bruyant,
06:17mais c'est quand même ce qu'il y a de plus accompagnateur de la dynamique naturelle.
06:23Nous on l'aide, on aide la nature en quelque sorte.
06:26On ne fait que déplacer du sable
06:28depuis des zones de plage naturelles,
06:30au droit de dunes naturelles,
06:32sans enjeux, sur des zones où il y a des enjeux comme ici.
06:36C'est une zone de tension.
06:38Sans opérations de rechargement qui, je le rappelle, ont lieu depuis 2001,
06:41ça fait plus de 20 ans,
06:43il est vraisemblable que le grand hôtel de la plage et les maisons ne seraient plus là.
06:48Pourquoi manque-t-on de sable par endroit,
06:50alors que d'autres plages se portent très bien ?
06:53Pour nous expliquer, Eric Chaumillon nous emmène plus au sud,
06:56sur une plage naturelle,
06:58là où les tractopelles creusent.
07:02Ces dunes constituent ce qu'on appelle une barrière face à l'océan,
07:06aux vagues, aux tempêtes,
07:08et à l'élévation du niveau des mers.
07:10Donc c'est extrêmement efficace, ça fait une dizaine de mètres de haut.
07:13Et également, pour que cette protection soit efficace,
07:16il faut que le système puisse bouger.
07:18Mais d'une bouge !
07:20Oui, c'est presque comme un être vivant.
07:22Pourquoi les plages naturelles résistent-elles mieux ?
07:26En été, les petites vagues apportent du sable sur la plage.
07:30On dit qu'elles se ré-engraissent.
07:32Et en hiver, lorsque la météo est plus agitée,
07:35la plage est grignotée par les intempéries.
07:38Une partie du sable est emportée.
07:40Le plus fascinant se produit lors des grosses tempêtes,
07:43quand les éléments sont déchaînés.
07:45Du sable est transporté par les vagues,
07:48jusqu'à l'arrière de la dune.
07:50La dune recule d'elle-même,
07:52elle s'adapte naturellement.
07:54C'est un pare-choc naturel face aux tempêtes.
07:57Mais évidemment, tout cela ne fonctionne
07:59que s'il y a de l'espace derrière la plage.
08:03Il faut que la dune puisse avancer, reculer,
08:06gagner du sable, en perdre.
08:08Qu'elle fasse sa vie.
08:10Il faut qu'elle puisse vivre.
08:12On dit que la dune roule sur elle-même.
08:14Pour qu'elle puisse rouler sur elle-même,
08:16il ne faut pas de construction.
08:18Il faut un espace derrière la dune.
08:21Et vous avez compris,
08:23quand on construit sur la dune,
08:25le système ne fonctionne plus.
08:27Construire sur une dune, oui,
08:29c'est une aberration.
08:31Vous pensez que nous sommes allés chercher
08:33un cas particulier ?
08:35Pas du tout.
08:36On ré-engresse beaucoup de plages touristiques.
08:39Même en Méditerranée.
08:41Et même les plages de Galets.
08:45Vous reconnaissez la promenade des Anglais ?
08:48Au mois d'avril,
08:49elle ressemble plus à un chantier d'autoroute.
08:52D'où viennent tous ces Galets ?
08:54Nous allons retracer leur itinéraire,
08:56grâce à un Niçois, amoureux de la nature.
09:02C'est vrai que la vue est splendide.
09:04La montagne de Nice.
09:06C'est ça ?
09:07La colline de la plage de Nice.
09:09L'avenir, c'est peut-être le ski, ici.
09:13Là, on voit une petite pelle
09:15qui est en train de répartir les Galets.
09:17Ce sont des engins qui aplanissent
09:19sur les 4,5 km de la plage de Nice.
09:22C'est apporté par des flots de camions.
09:26Pourquoi ils sont obligés de faire ça ?
09:28Le littoral a été complètement artificialisé.
09:30La plage de la promenade se trouve contre un mur.
09:33Avec les coups de mer, ça diminue vite et ça peut disparaître.
09:36On ramène tous les ans des Galets,
09:38et tous les ans, ils partent à la mer.
09:40Exactement.
09:41C'est les shadocks.
09:43A l'époque où la plage était sauvage,
09:45les Galets restaient.
09:47Maintenant que la côte a été bétonnée,
09:49les Galets repartent au large.
09:52Nous allons donc demander à la métropole
09:54d'où viennent ces cailloux.
09:56Est-ce qu'ils ont été prélevés sur une autre plage ?
10:01Cette année, on a rechargé en totalité 5000 m3.
10:05C'est à peu près le volume qu'on recharge
10:08depuis ces 3-4 dernières années.
10:10Mais on n'est pas à l'abri d'une grosse opération
10:14si on a un plumier hivernal exceptionnel
10:17qui vient impacter nos plages.
10:20Il nous explique qu'une partie des Galets
10:22vient de la rivière d'à côté,
10:24le paillon.
10:26Les autorisations environnementales sont très strictes.
10:29Je pense à la pêche électrique
10:31pour venir prélever la faune locale
10:34et la déplacer pendant l'opération
10:36afin qu'elle ne périsse pas lors des travaux.
10:39Voilà le paillon.
10:40La plupart du temps, l'eau s'écoule sur plusieurs bras.
10:43Il faut assécher un côté
10:45avant de prélever les Galets.
10:47Les équipes de la mairie utilisent la pêche électrique
10:50pour anesthésier les poissons,
10:52les attraper facilement dans un filet
10:54et les déplacer dans un autre bras.
10:57Ils peuvent ensuite détourner le fleuve côtier
11:00et débarquer avec les tractopelles.
11:03Ça, c'est la source d'une partie des Galets
11:06déversée sur la plage de Nice.
11:09En fonction des quantités dont on a besoin,
11:11on peut être amené à combler le manque
11:14par l'achat de sédiments aux carrières.
11:18Il y aurait des carrières de Galets.
11:21Allons les voir.
11:25C'est un joli voyage dans le magnifique arrière-pays niçois.
11:30Et nous arrivons au bord d'une rivière.
11:36Sur ce site industriel.
11:39C'est un des endroits d'où viennent les Galets
11:42qui permettent de ré-engraisser les plages de Nice.
11:44C'est pas tout à fait la carte postale niçoise.
11:47Avec les palmiers, la plage, etc.
11:49Mais nous sommes ici, sur l'arrière-seine.
11:51C'est souvent la nature qui traque.
11:53Comme on veut maintenir des plages
11:55pour des raisons touristiques et économiques,
11:57on en arrive à venir ici,
11:59à près de 90 km de la ville de Nice,
12:01pour recharger les plages.
12:03Quand on voit les transports, le CO2,
12:05toute la facture écologique globale,
12:07on peut vraiment être dubitatif.
12:09En 2022, 4000 m3 de galets ont été extraits ici
12:14pour rejoindre la plage devant la promenade des Anglais.
12:17Le problème, c'est qu'on lègue à nos enfants
12:19les questions écologiques profondes
12:21qui sont quel avenir pour nos plages, pour nos littoraux.
12:23Est-ce que tout ça n'est pas un sparadrap sur une jambe de bois
12:26pour des gains à court terme,
12:28le tourisme, les hôtels, la restauration ?
12:30On a bien compris.
12:32Quand les plages sont restées naturelles,
12:34les galets ou les grains de sable sont toujours là.
12:37Et quand il y a une route ou une ville au bord de la plage,
12:40une partie du sable disparaît.
12:42Le problème lors des grandes tempêtes,
12:44c'est que les vagues viennent taper contre les constructions
12:47et repartent avec du sable,
12:49parfois très loin, dans les reliefs sous-marins.
12:52Normalement, le sable se trouve sur la plage
12:54et sous l'eau jusqu'à environ 100 m de profondeur.
12:58Au-delà, c'est souvent de la vase.
13:00Le sable accumulé ici
13:02est rapporté naturellement par les vagues pendant l'été.
13:05Mais celui qui s'est perdu au large,
13:07dans des zones trop profondes,
13:09ne reviendra jamais sur la plage.
13:15Vous avez déjà remarqué ces barrières de rochers ?
13:18Vous pensiez que c'était pour protéger les baigneurs des bateaux ?
13:22Non.
13:23On appelle ça des brise-lames.
13:25C'est pour garder le sable le plus longtemps possible
13:28en limitant la portée des vagues.
13:31Et ici, à Agde,
13:33la commune s'est lancée dans un autre projet
13:36moins visible et plus surprenant.
13:39Si vous venez en vacances ici
13:41et que vous allez nager un peu loin,
13:43vous allez découvrir ces surprenants poteaux.
13:51Regardez ce que cela donne vue du ciel.
13:57C'est un atténuateur de houle qui s'inspire de la mangrove.
14:00La mangrove, c'est une forêt tropicale
14:02qui a des racines dans l'eau
14:04et qui a cette propriété de lutter contre la houle,
14:07de lutter contre le courant.
14:09Nous, on a essayé de comprendre comment ça fonctionnait
14:11pour installer un ouvrage qui s'en inspire.
14:13L'idée, c'est de dissiper une partie de l'énergie des vagues.
14:16En fait, quand la vague arrive sur l'atténuateur de houle,
14:19elle doit serpenter entre les différents obstacles.
14:22Par frottement, elle perd un peu de sa hauteur
14:24et donc elle perd un peu de son énergie.
14:26Les vagues sont donc moins fortes.
14:29Les tempêtes atténuées et le sable disparaissent moins facilement.
14:34Mais ce n'est pas une mangrove naturelle.
14:36C'est du bois et du béton.
14:41Une dit que c'est un ouvrage qui ne laisse rien passer.
14:43Nous, ce qu'on propose, c'est un système qui est poreux.
14:46L'idée, c'est de laisser circuler l'eau.
14:49Donc, on veut une plage qui continue à respirer
14:51et qui soit stable au fil du temps.
14:55Après les poteaux au fond de l'eau,
14:57le rechargement de sable par camion, par bateau.
15:02Voici maintenant une nouvelle innovation démesurée.
15:06À sept.
15:09C'est vraiment proche quand même de la plage.
15:11Nous retrouvons Yann,
15:13qui se bat pour protéger le littoral de Méditerranée.
15:16Qu'est-ce qu'elle est en train de faire, cette barge ?
15:18Alors actuel, ils font de la réparation de boudin.
15:21La réparation de boudin.
15:23C'est-à-dire ?
15:24Il sert à réduire la houle, en fait.
15:26Pour que les vagues ne tapent pas trop fort directement sur la plage.
15:28C'est ça.
15:30Les boudins, c'est un projet qui a coûté plus de 6 millions d'euros.
15:35Nous sommes invités à bord.
15:37L'entreprise à la manœuvre a accepté de nous montrer cette technologie.
15:48Voilà les fameux boudins.
15:50En géotextile.
15:52C'est-à-dire en plastique.
15:55A l'intérieur, ils sont remplis de sable.
16:02Et regardez ce que l'on voit quand on survole la plage.
16:08C'est une digue sous-marine, donc ça protège le littoral.
16:11Chaque coup de mer, ça retient le sable,
16:13donc ça fait avancer tout doucement la plage.
16:15Ça l'élargit.
16:16Grâce à ces boudins de plastique,
16:18le sable s'est accumulé.
16:20La plage est plus large qu'avant.
16:22Il y a 12 mètres de plus pour poser sa serviette.
16:26C'est des opérations de maintenance.
16:28Là, on remplace les tubes qui sont abîmés.
16:30On les enlève et on les remplace par de nouveaux tubes.
16:35A chaque saison, il y a des géotubes qui sont touchés
16:38par des bateaux, la navigation.
16:40Ça peut être aussi des troncs de bois
16:42qui sont cheminés avec le mauvais temps.
16:44Mais dès qu'on vient les toucher, dès qu'on vient les heurter,
16:47ils se percent et le sable qui est à l'intérieur s'en va.
16:50Ils pompent donc du sable sur place, au fond de la mer,
16:53par milliers de tonnes pour remplir les nouveaux boudins.
16:59Et ils créent ce récif artificiel.
17:03Quand on vient nager l'été ici, la barge a disparu.
17:07On est persuadés d'évoluer dans un milieu naturel.
17:11Pourquoi ils ont installé le boudin ici en particulier ?
17:14Il faut savoir que la route, elle passait juste ici.
17:17Là, on voit la dune, la route était là.
17:19D'accord. Donc la route a déjà été décalée.
17:21On a reculé la route.
17:23Ça, c'est quoi, cette ligne de train ?
17:25C'est la ligne qui fait de Perpignan jusqu'à Montpellier.
17:28Elle est régulièrement inondée.
17:30Et on a beau faire des trucs comme ça, c'est du court terme.
17:33Et ça coûte un pognon fou.
17:35Est-ce qu'on pourrait trouver une autre solution pour sauver nos plages
17:38sans mettre du plastique ou du béton au fond de l'eau ?
17:42C'est le défi que s'est lancé l'IFREMER,
17:45l'Institut français de recherche sur la mer.
17:48Nous voilà un peu loin de Sète,
17:50à l'autre extrémité de la France, au Mont-Saint-Michel.
17:57Ce qui intéresse les chercheurs,
17:59c'est un phénomène que connaissent bien les pêcheurs à pied.
18:05On est en train de réaliser une cartographie du récif.
18:09Il y a de véritables barrières qui sont construites.
18:13Ce récif fait 96 hectares, selon ma dernière estimation.
18:17Là, on est sur ce qui est finalement
18:19la plus grande construction animale en Europe.
18:23Oui, ces petits monticules qu'on découvre à marée basse
18:26ne payent pas de mine, mais ils protègent nos littoraux.
18:32Ce n'est pas une construction géologique.
18:34C'est un petit animal qui en est à l'origine.
18:40Donc là, j'ai extrait deux vers.
18:43Ce sont les hermèles.
18:44Ce sont ces vers marins qui construisent
18:47les récifs qui sont autour de nous.
18:50Il y a en moyenne 30 000 vers par mètre carré.
18:54On sait qu'il y a une surface de récif
18:56qui est de l'ordre de 100 hectares.
18:58Donc faisons l'exercice.
19:02Il y a 28,8 milliards de vers ici.
19:0728 milliards, rien que dans la baie du Mont-Saint-Michel.
19:14Donc là, j'ai une femelle.
19:19On voit vraiment bien les filaments tentaculaires,
19:21cette espèce de chevelure qu'il a
19:23et qui lui permettent de capter les grains de sable
19:25qui sont en suspension dans l'eau.
19:31Il construit inlassablement, grain par grain, ces tubes.
19:35Dès qu'il capture un grain de sable,
19:37il sécrète une colle biologique, un ciment biologique.
19:40Et puis après, il va aller la poser
19:42le long de la paroi de son tube
19:44pour que son tube soit le plus résistant possible
19:46à l'action des vagues.
19:48Comme il construit de façon continue,
19:50en théorie, il n'a pas de limite.
19:52C'est-à-dire que le récif, qu'il a fait 30-40 centimètres,
19:55peut monter jusqu'à 2 mètres de haut.
19:58On pourrait comparer ça à une digue dynamique, auto-entretenue.
20:02C'est plusieurs centaines de kilomètres de côte en France
20:05qui sont protégés par les hermèles.
20:08Le combat de ce chercheur, c'est de protéger ces hermèles
20:12pour maintenir nos plages et garder notre sable.
20:18D'ailleurs, nous avons décidé
20:20de le regarder d'un peu plus près, ce sable.
20:25On va prendre des tamis.
20:27Sur cette zone-là, il faudra bien faire attention
20:29de tout prélever.
20:31Ça va nous permettre de faire un peu
20:33la concentration et l'intensité de la pollution.
20:35C'est OK ?
20:37Merci.
20:39Cette combattante nous a assuré qu'ici,
20:42nous allons découvrir de surprenants grains de sable
20:45qui n'ont rien de naturel.
20:47Il y a plein de petits granulés, là, non ?
20:49Oui, il y en a partout.
20:51Franchement, ça fout les boules un peu.
20:56Je suis née au bord de l'Atlantique
20:58et j'ai toujours été fascinée par l'océan.
21:01L'océan, c'est vraiment le réceptacle
21:03de toute la pollution humaine.
21:05Que ce soit les déchets plastiques,
21:07mais il y a aussi toutes les pollutions chimiques,
21:09les pollutions pharmaceutiques.
21:11Tout ça, ça va finir un jour dans l'océan
21:13et donc sur les plages.
21:15La plage, c'est pas juste un lieu
21:17où on vient poser la serviette.
21:19C'est avant tout un écosystème rare
21:21qui nous rend beaucoup de service.
21:23Aujourd'hui, c'est vraiment important
21:25que tout le monde se mobilise
21:27pour protéger ces écosystèmes fragiles.
21:29Je m'appelle Christina
21:31et avec l'association Surfrider,
21:33on va explorer des plages.
21:37Nous ne sommes pas venus jusqu'ici
21:39pour voir une bouteille de soda
21:41abandonnée après un pique-nique,
21:43mais pour un phénomène bien plus insidieux.
21:49En fait, toutes ces petites billes,
21:51c'est ce qu'on appelle les granulés
21:53de plastique industriel.
21:55Mais il y en a un paquet, c'est hallucinant.
21:57Une fois qu'on le sait,
21:59quand on regarde autour, on voit que ça.
22:01Ça file entre les doigts, c'est tout petit.
22:03Ça se colle au sable.
22:05Quand on voit ça un peu de loin,
22:07on pourrait penser que c'est un grain de sable
22:09ou un petit caillou.
22:11Mais c'est tout à fait ça.
22:13Ça se confond vraiment avec le sable.
22:15Ça peut aussi se confondre avec des œufs,
22:17par exemple de batracien ou quoi.
22:19Les oiseaux et les poissons ingèrent ces granulés-là.
22:23Certains leur ont même donné
22:25un joli petit nom,
22:27les larmes de sirène.
22:29Pour du plastique.
22:31Là, c'est un petit échantillon.
22:33Tu dirais qu'il y a combien de granulés
22:35plastiques industriels là-dedans ?
22:37Je dirais une cinquantaine.
22:39Il y en a 327.
22:41On ne se rend pas compte du nombre.
22:43Et dans le gros pot, alors ?
22:45Là, il y en a 4700.
22:47Ça, c'est ce qu'on a prélevé sur 10 mètres.
22:49Ça, c'est pire que les gros déchets plastiques.
22:51Tout à fait, c'est pire.
22:53Là, on est vraiment sur quelque chose
22:55qui est petit, insidieux, c'est une pollution insidieuse.
22:57C'est un cauchemar environnemental.
22:59On peut en observer au bord de l'Atlantique
23:01ou de la Méditerranée.
23:03D'où viennent ces micro-billes ?
23:05Pour commencer l'enquête,
23:07nous allons rejoindre
23:09un chercheur de l'université de Nantes.
23:11Sa spécialité, c'est l'eau.
23:13Et sa hantise,
23:15c'est l'invasion des larmes de sirène.
23:17Salut, Priscilla.
23:19Alors, Johnny, je t'ai ramené
23:21un petit échantillon de sable.
23:23Ça vient d'où ?
23:25On va regarder ce qu'il y a dedans.
23:31Tu as fait une belle collecte.
23:33Dans ce type
23:35d'échantillons de sable,
23:37on va retrouver tout un tas
23:39de choses, comme des particules
23:41minérales, du quartz, des débris
23:43végétaux et des coquilles.
23:45Ça, c'est des coquilles de coquillage.
23:47On va retrouver certains
23:49sables très grossiers.
23:51Malheureusement, on va retrouver
23:53ce type de plastique.
23:55Il n'a aucune raison d'être là,
23:57donc on va essayer d'analyser ça.
23:59Le sable,
24:01c'est donc à la fois des débris de coquillage
24:03et de roche. Voici celui
24:05de la teste de bûche, en Gironde.
24:07Principalement du quartz,
24:09avec en noir de la magnétite
24:11ou d'autres minéraux lourds.
24:13Plus au sud, à Saint-Jean-de-Luz,
24:15le mélange a un autre aspect.
24:17Et au nord, à Sous-Lac-sur-Mer,
24:19il est encore différent.
24:21Les débris ne viennent pas de la mer,
24:23mais de l'intérieur des terres,
24:25parfois à plusieurs centaines de kilomètres de là.
24:27Les roches se cassent
24:29sous l'effet de l'érosion,
24:31ces morceaux finissent dans les rivières,
24:33les blocs se fracturent encore et encore
24:35tout au long de leur parcours
24:37et forment à la fin un grain de sable
24:39de moins de 2 mm.
24:41Tout cela prend beaucoup de temps.
24:43Le sable sur lequel nous marchons aujourd'hui
24:45a mis des milliers d'années pour arriver ici,
24:47environ 4000 ans.
24:51Les granulés de plastique
24:53débarquent dans ce milieu naturel.
24:55Tu vois, l'analyse est terminée.
24:57Avec cette signature spectrale,
24:59on est sûr que c'est du polyéthylène.
25:01Et du coup, le polyéthylène, ça sert à quoi ?
25:03C'est un des plastiques les plus abondants.
25:05Il va être utilisé dans tous les objets du quotidien,
25:07dans les emballages,
25:09dans certains ustensiles de ta cuisine,
25:11certains revêtements PVC, etc.
25:13Et on le retrouve quasiment partout.
25:17En fait, ces petites billes,
25:19c'est la base de la fabrication du plastique.
25:21C'est à partir de ça
25:23que l'industrie crée tous nos objets du quotidien.
25:25Il y a deux impacts distincts.
25:27Il y a l'impact du plastique à proprement parler,
25:29et puis l'impact des additifs,
25:31qui sont généralement considérés
25:33comme plus toxiques
25:35que les matières plastiques.
25:37Quand ces granulés vont se retrouver
25:39dans les estomacs de poissons,
25:41tous les additifs vont être libérés dans l'estomac
25:43et vont être diffusés à travers l'organisme.
25:45C'est éventuellement des perturbateurs endocrinaires
25:47sur la reproduction, le métabolisme, etc.
25:49Donc il y a vraiment une perturbation
25:51sur la faune.
25:53Et du coup, à partir de ces analyses,
25:55est-ce qu'on pourrait retrouver
25:57le pollueur ?
25:59Alors malheureusement, non.
26:01Parce qu'en fait, même si on a eu
26:03la signature de nos plastiques,
26:05on sait exactement de quoi ils sont faits,
26:07ce plastique ressemble étrangement
26:09à un autre plastique.
26:11Donc c'est impossible de savoir d'où il vient
26:13ou comment il a été fabriqué, etc.
26:15J'avoue que c'est très frustrant,
26:17parce que du coup, on aimerait bien trouver
26:19l'origine de la pollution.
26:21C'est assez frustrant, mais malheureusement,
26:23c'est pas possible.
26:25Et du coup, c'est fabriqué où ?
26:27Alors, c'est fabriqué un petit peu partout dans le monde,
26:29principalement en Chine, mais aussi en France.
26:31Ça, on le sait moins, mais il y a quelques sites
26:33en France qui produisent ce genre de plastique.
26:39Allons les voir.
26:41Nous voulons savoir comment ces granulés
26:43sont fabriqués et comment ils sont transportés.
26:45En fait, on est juste aux abords
26:47de la zone industrielle de Port-Jérôme,
26:49donc là où on produit, stocke, manutentionne
26:51tous ces granulés de plastique industriel.
26:53Nous sommes dans un site pétrochimique
26:55où les granulés sont fabriqués
26:57à partir de pétrole.
26:59L'usine n'a jamais répondu
27:01à nos demandes de tournage.
27:07C'est quoi, ces sacs blancs, là ?
27:09Justement, ça, c'est des sacs où on va retrouver
27:11les granulés de plastique industriel.
27:13C'est là-dedans ?
27:15Combien de tonnes de granulés ils produisent sur ce site ?
27:17400 000 tonnes par an.
27:19C'est énorme.
27:21Là, en fait, c'est entreposé directement sur un parking.
27:23Là, on voit qu'il y a un transpalette
27:25qui déplace des sacs.
27:27C'est pendant ce type d'opération
27:29qu'un sac peut se percer et se déverser ?
27:31Exactement. Tu vois que c'est des sacs assez fragiles.
27:33Un petit coup d'eau, un petit coup de vent,
27:35ça va rejoindre les fossés.
27:37Ça, c'est le fossé
27:39qui sort directement de l'usine.
27:41Il y en a des centaines, voire des milliers.
27:43Des fossés comme ça
27:45qui sortent de l'usine, il y en a beaucoup ?
27:47Il y en a plein, oui.
27:49Des militants sont déjà passés avant nous
27:51pour dénoncer cette pollution.
27:53L'entreprise a été obligée de réagir.
27:57Ils ont installé cette grille.
27:59La petite grille qu'on voit ?
28:01Donc ça, c'est le dispositif qu'ils ont mis
28:03pour empêcher que les granulés partent dans les fossés ?
28:05Effectivement, ce n'est pas un investissement énorme.
28:09Christina nous propose
28:11de nous rapprocher des silos
28:13où sont entreposées les billes de plastique,
28:15prêtes à quitter l'usine.
28:21Là, on voit qu'il y en a par terre.
28:23Là, au pied du silo, effectivement,
28:25on en voit.
28:27C'est quand ils chargent les camions
28:29qu'il y en a qui tombent ?
28:31Oui, un peu comme quand tu as un truc de vrac.
28:33Ça flotte à la surface de l'eau
28:35et ça voyage sur de très longues distances.
28:37L'entreprise est installée au bord de la Seine,
28:39tout près de l'embouchure
28:41et donc près de la mer.
28:51Là, il y en a des millions.
28:55Regarde sur la branche de l'arbre.
28:57Ça s'est déposé.
28:59Il y en a partout.
29:03Il y a un industriel du plastique
29:05qui nous a dit
29:07que c'est comme faire un gâteau.
29:09Tu perds toujours un peu de farine.
29:11Là, c'est la même chose avec les granuliques.
29:13Ça te laisse imaginer
29:15à quel point le problème est pris en considération.
29:17Super.
29:19Si je suis surpris en train de jeter
29:21des déchets dans la nature,
29:23je vais être verbalisé.
29:25Eux, est-ce qu'ils sont verbalisés
29:27pour toute cette pollution ?
29:29Il y a eu une plainte qui a été déposée
29:31et qui a été classée sans suite.
29:33Pour eux, comparé à tout ce qu'ils manipulent,
29:35produisent, etc.,
29:37ces peanuts, on parle d'une perte
29:39d'environ 0,005 %.
29:410,005 % par rapport à tout ce qu'ils produisent.
29:43Donc, eux, ils vont dire
29:45qu'ils ont 0 % de perte.
29:47Mais quand tu te places du point de vue d'un oiseau,
29:49c'est des quantités astronomiques.
29:51Pour la nature, c'est beaucoup trop.
29:53Nous marchons le long de la Seine
29:55et découvrons à nouveau,
29:57un peu plus loin, le même décor.
29:59Là, on est à quelle distance de la mer, à peu près ?
30:01À 30 km environ.
30:03Oui, donc ça va finir directement dedans
30:05et sur les plages.
30:07Quand on voit ça, on a envie de ramasser.
30:09C'est possible de tout dépolluer ?
30:11Tout dépolluer, c'est assez compliqué.
30:13Il y a des citoyens qui viennent nettoyer,
30:15mais concrètement, ce n'est pas à eux de venir nettoyer
30:17et de payer pour cette pollution,
30:19c'est à ceux qui sont en train de polluer,
30:21c'est-à-dire les industriels.
30:23Ça a déjà été fait ? Il y a déjà des industriels
30:25qui ont nettoyé ce type de pollution ?
30:27Lors de Rotterdam, la justice a obligé
30:29les industriels à aspirer ou nettoyer leur pollution.
30:37Chaque année en Europe,
30:39jusqu'à 160 000 tonnes de granulés
30:41sont dispersées dans la nature,
30:43selon une estimation de la Commission européenne.
30:45160 000 tonnes.
30:47C'est le poids
30:49de 16 fois la Tour Eiffel.
30:51En janvier dernier,
30:53il y a eu un échouage massif.
30:55En Bretagne, comme ici,
30:57mais aussi en Vendée ou en Normandie.
30:59Les granulés
31:01sont probablement tombés d'un cargo.
31:03Plusieurs maires de communes côtières
31:05ont porté plainte.
31:07Le ministère de la Transition écologique,
31:09lui aussi, a porté plainte contre X.
31:11Une enquête officielle est en cours
31:13pour savoir qui a laissé s'échapper
31:15de telles quantités de plastique.
31:17Partout,
31:19des bénévoles organisent des opérations
31:21de nettoyage.
31:23Ces plastiques poussent les mairies
31:25à récurer les plages.
31:27Pour que les stations balnéaires
31:29soient à la hauteur de leur réputation,
31:31les tracteurs débarquent régulièrement
31:33pour retirer tout ce qui traîne.
31:35Le plastique, mais aussi le bois,
31:37les coquillages, les algues.
31:39Tout est passé au peigne fin.
31:41Nous retrouvons ici
31:43notre chercheur surfeur,
31:45Eric Chaumillon.
31:49Il y a pas mal d'algues brunes,
31:51des algues vertes aussi.
31:53Quelques cailloux.
31:55C'est essentiellement des coquilles,
31:57des coques, beaucoup d'huîtres.
32:03Le but de ces opérations, c'est de présenter
32:05une plage lisse pour les touristes.
32:07Ça ressemble un peu au bac à sable
32:09des enfants.
32:11C'est vrai que là, l'écosystème,
32:13quelque part, n'est plus du tout
32:15naturel puisqu'on a extirpé
32:17cette matière organique.
32:21La machine retire ce qu'on appelle
32:23la laisse de mer, ce que la mer a laissé.
32:25Les algues, des coquillages,
32:27du bois, des restes d'animaux.
32:29Ce n'est pas un déchet.
32:31En se décomposant,
32:33la laisse de mer forme du compost
32:35qui vient nourrir les végétaux
32:37et leurs racines retiennent
32:39ensuite le sable.
32:41La laisse de mer sert aussi
32:43de garde-manger aux animaux.
32:45On voit nos plages
32:47comme un monde minéral, sans vie.
32:49Il y a pourtant ici
32:51une faune et une flore locale.
32:53Et même,
32:55au pied des blocos,
32:57de petits animaux dont vous n'avez
32:59jamais entendu parler.
33:01Ils sont extrêmement rares.
33:03Ils ont déjà
33:05disparu de certaines plages,
33:07comme à Porquerolle.
33:09Mais ici, dans le sud des Landes,
33:11il en reste quelques spécimens.
33:13Salut Mathieu, qu'est-ce que vous êtes en train de faire là ?
33:15Je cherche du lézard osselet.
33:17Ça ressemble à quoi ?
33:19C'est un gros lézard.
33:21Ça peut faire jusqu'à 60 cm.
33:23C'est le plus grand lézard d'Europe.
33:25Aujourd'hui, le gros danger,
33:27c'est qu'il y a un projet de route
33:29qui doit passer sur la dune.
33:31Cette route va avoir un impact
33:33sur les lézards ?
33:35Oui, parce qu'elles passent chez eux.
33:37C'est un peu comme si on passait dans ta cuisine.
33:39Le lézard va se nourrir ici,
33:41mais ils ont décidé de passer là où il est.
33:43Ça va jouer sur la survie potentielle
33:45de la région.
33:47On va quand même essayer d'en trouver un.
33:49Ils étaient très présents à une époque.
33:51Aujourd'hui, en moyenne,
33:53on n'en trouve plus qu'un ou deux par hectare.
33:55Les petits lézards
33:57ont tendance à se cacher sous des petits trucs comme ça.
33:59Un petit bout de bois ?
34:01Là, il n'y a rien, à part un escargot.
34:03Parfois, les gros adultes
34:05se mettent à l'entrée des terriers de rongeurs.
34:07Ils squattent dedans.
34:09Essayons.
34:11Chou blanc, des escargots.
34:13Là, il y a une crotte de lézard.
34:15Ils sont dans le coin.
34:17C'est toujours un peu long.
34:19Il faut insister.
34:21Je vais regarder l'espoir.
34:23Oh !
34:25Regarde-moi comme c'est beau.
34:27Magnifique !
34:29Tu vois les couleurs que ça a.
34:31Il est sublime.
34:33C'est un jeune, un petit lézard osselet,
34:35mais qui va devenir grand, peut-être.
34:37Pourquoi osselet ?
34:39Pourquoi lézard osselet ?
34:41Parce que le mâle adulte a des ocelles bleues.
34:43C'est comme des pastilles bleues sur les flancs.
34:45C'est très beau.
34:47Avec l'âge, ils changent de couleur progressivement.
34:49Ça devient plus jaune.
34:51Les ocelles bleues vont devenir plus bleues.
34:55Là, on est dans l'habitat un peu idéal pour lui.
34:57Oui, typique.
34:59C'est primordial pour eux.
35:01Un lézard osselet sans abri ne survit pas.
35:03Un petit lézard comme ça qui se balade sur le sable,
35:05le moindre rapace qui survole la dune
35:07le voit facilement et l'attrape facilement.
35:09Il n'a pas besoin de s'enfuir.
35:11Sauf s'il y a des abris, il peut se réfugier.
35:13D'où l'importance d'avoir des plages naturelles.
35:15C'est super important.
35:17Cette espèce, est-ce qu'elle est menacée en France ?
35:19Oui, elle est même classée vulnérable
35:21à l'échelle nationale.
35:23C'est vraiment une espèce qui est très rare chez nous.
35:25Protéger le lézard ici, c'est protéger
35:27l'ensemble de ce milieu.
35:31La mairie a prévu de développer une route
35:33à l'arrière de la dune
35:35pour faciliter l'accès à ces plages reculées
35:37et peu fréquentées.
35:39Mathieu fait tout ce qu'il peut
35:41pour que le projet ne voit jamais le jour.
35:47Un autre animal natif de nos plages
35:49a bien du mal à survivre.
35:51Pour l'observer,
35:53nous allons retrouver Yann, naturaliste
35:55à côté de Seth.
35:59Il y a notre petit gravelot là-bas,
36:01le gravelot qu'on a interrompu.
36:03Je ne le vois pas.
36:05Il est posé juste devant un point blanc
36:07qui s'est immobilisé.
36:11Je ne vois rien bouger.
36:15C'est minuscule.
36:1740 grammes.
36:21Prends la longue vue,
36:23sinon ça va être compliqué pour toi.
36:25Ah oui, c'est magnifique.
36:27On dirait vraiment
36:29une toute petite boule avec des pattes.
36:31C'est ça.
36:35Il y a deux qui sont en train de picorer.
36:37Ils cherchent leur nourriture, j'imagine.
36:39Voilà, c'est la cantine.
36:41Petit matin, petit déj.
36:43Il y en a combien, des gravelots ?
36:45En France, ils sont 1500 couples.
36:471500, pas plus.
36:49Donc c'est une espèce qui est fragile.
36:51C'est une espèce qui est menacée d'extinction.
36:53Donc combien ici ?
36:55100.
36:5710% de la population environ sur ce territoire.
36:59C'est pour ça qu'on tient absolument
37:01à les protéger.
37:03C'est un oiseau qui niche entre le mois d'avril
37:05et le mois de septembre.
37:07C'est-à-dire exactement la période
37:09où il doit partager son habitat
37:11avec les touristes.
37:15C'est un petit oiseau qui fait ses oeufs
37:17sur le sable.
37:19Sur la plage.
37:21Donc il faut faire attention où on marche.
37:23Avec les bénévoles de son association,
37:25il vient déposer des cages
37:27pour protéger les oeufs.
37:29Regarde, là, il y a la femelle
37:31en train de couver.
37:33Elle est posée sur son nid.
37:39Ils sont là, les oeufs.
37:41Ah oui, ça se confond
37:43complètement avec le sable
37:45et les cailloux. Heureusement qu'il y a la cage,
37:47parce que franchement, moi, je ne les aurais pas vus.
37:49Imagine, quand il y a des milliers de personnes sur la plage
37:51en plein été, il y a des omelettes d'oeufs de graveleau.
37:53Une partie de la plage
37:55a été protégée pour leur laisser
37:57un peu de répit et leur permettre
37:59de pondre loin de la foule.
38:01Pourquoi on a ce filet vert, là ?
38:03Alors, ce filet,
38:05ça permet de délimiter
38:07une zone de quiétude.
38:15C'est quand même fou de devoir mettre des centaines
38:17de mètres de filet, d'en arriver là
38:19pour sauver une espèce.
38:21Bien sûr, une plage, c'est vivant.
38:23Ce n'est pas qu'un lieu de tourisme.
38:25C'est très simple. Il suffit juste d'ouvrir les yeux
38:27et de faire attention.
38:30Il y a une prise de conscience.
38:32Plusieurs communes ont déjà
38:34abandonné le nettoyage systématique
38:36et opté pour une solution
38:38plus respectueuse de la nature.
38:45Le premier déchet qu'on voit en arrivant,
38:47c'est, à mon sens, le pire des déchets.
38:49Le mégot.
38:51C'est le mégot.
38:53C'est très mince, le mégot.
38:55Aussi délicate qu'un doigt, sauf que je ne me baisse pas.
38:57Je n'ai pas mal au dos.
38:59On est au 2 août.
39:01On peut être à 500 mégots.
39:03Tous les matins, c'est un travail chirurgical.
39:07Il vient retirer un à un
39:09les déchets polluants.
39:11Et uniquement ceux-là.
39:15Une peau d'orange, on va la laisser.
39:17Un poisson mort, on va le laisser.
39:19Par contre, plastique, caoutchouc,
39:21canette, tout ce qui n'est pas naturel.
39:27Algues brunes, algues vertes.
39:29Ça ne peut pas être considéré comme un déchet.
39:31L'ensemble de la nature,
39:33sur une plage, c'est le sable
39:35et les débris organiques.
39:37Du crustacé, du crabe,
39:39la patelle, un mollusque.
39:43Les algues vont permettre de faire revenir
39:45la biodiversité, les plantes
39:47et de retenir le sable.
39:49Nous en avons bien besoin
39:51pour résister aux tempêtes
39:53de plus en plus intenses.
39:55Pour savoir exactement
39:57à quel point nos plages souffrent,
39:59nous allons suivre des ingénieurs
40:01à bord de cet avion.
40:03Leur mission, cartographier nos côtes
40:05grâce à ces appareils lasers.
40:07Je l'ai là, oui.
40:09Leur marge d'erreur
40:11est de 10 centimètres.
40:13Trois fois plus précis
40:15qu'une photo satellite.
40:17On est prêt à partir.
40:19Ils n'ont pas choisi cette journée au hasard.
40:21C'est un jour de grandes marées.
40:23Ils volent à l'heure de la marée basse
40:25pour calculer toute la largeur
40:27de la plage.
40:31L'endroit qui nous intéresse particulièrement,
40:33c'est un coin de l'île d'Oléron.
40:35La pointe sud.
40:37Magnifique.
40:39Regardez-la bien.
40:41Nous allons y retourner,
40:43à pied,
40:45avec Eric Chaumillon.
40:47Souvent,
40:49les taux d'érosion qu'on enregistre,
40:51c'est un mètre par an
40:53ou quelques mètres par an.
40:55Au cours de l'hiver 2013-2014,
40:57pendant trois mois, il y a eu des tempêtes
40:59sans discontinuer, des vagues extrêmement fortes.
41:01Et là, la plage a perdu 50 mètres.
41:0350 mètres, c'est vraiment énorme.
41:05On est sur des records
41:07quasiment à l'échelle nationale,
41:09voire européenne.
41:1150 mètres de moins,
41:13juste en un hiver.
41:15Et si on remonte sur plusieurs années,
41:17c'est encore plus impressionnant.
41:19Vous voyez la base de la dune aujourd'hui ?
41:21En 2006, elle était ici.
41:23En 2000, là.
41:25Et en 1996, là-bas.
41:27500 mètres ont été engloutis.
41:31Ça fait des surfaces assez colossales
41:33de côtes qui sont perdues chaque année ici.
41:35Retournons voir l'équipe
41:37qui cartographie le trait de côte.
41:39L'équipe au sol, cette fois-ci.
41:41Du BRGM,
41:43le Bureau de recherche géologique et minière.
41:47Ces géologues reviennent,
41:49année après année,
41:51systématiquement sur les mêmes points,
41:53les mêmes dunes,
41:55qui n'arrêtent pas de reculer.
41:57En fait, ce qu'on voit ici,
41:59c'est la cime des arbres.
42:01Là, par exemple, ceux-là, ils ont été ensevelis
42:03et ils sont en train de mourir.
42:05C'est fou.
42:07Ici, c'est une zone sauvage.
42:09La plage s'est naturellement adaptée
42:11aux nouvelles conditions climatiques.
42:15Cette dune, elle bouge naturellement
42:17et donc on est en train de mesurer
42:19le profil de la dune et de la plage.
42:21Donc l'objectif, c'est de savoir
42:23comment le littoral recule.
42:25Exactement. C'est de pouvoir quantifier
42:27vraiment le recul du trait de côte.
42:29C'est quoi, le trait de côte ?
42:31Le trait de côte, ça va être vraiment le pied de la dune,
42:33la rupture de pente entre la dune et la plage.
42:35D'accord.
42:37La plage plate est le tout début de la dune.
42:41Donc là, on est sur le trait de côte.
42:43Là, on est sur le trait de côte.
42:45C'est un phénomène naturel, l'érosion côtière.
42:47C'est l'océan qui vient grignoter
42:49un petit peu les plages et la dune.
42:51Ici, par exemple, ça bouge à quelle vitesse ?
42:53À la canoe,
42:55on est de l'ordre de 1,4, 1,5 m par an
42:57de recul en moyenne.
42:59D'accord. Donc en moyenne,
43:01l'année prochaine, je serai là, quoi.
43:03Oui.
43:05C'est quoi, le problème avec cette érosion ?
43:07Dans les zones naturelles, il n'y en a pas vraiment.
43:09S'il n'y avait que des plages comme ici,
43:11en fait, la dune reculerait naturellement.
43:13Là où ça peut poser des questions,
43:15c'est dans les zones où il y a des enjeux,
43:17en particulier les zones urbaines.
43:19C'est pour ça que nous, on apporte la connaissance
43:21pour permettre aux gestionnaires de savoir de combien ça recule
43:23et de prendre des décisions éclairées.
43:25Et s'il y a bien quelqu'un
43:27qui attend ces résultats avec impatience,
43:29c'est le maire de la commune d'à côté,
43:31la canoe.
43:33Vous voyez qu'il ne prend pas la situation à la légère.
43:35On dirait
43:37une ville fortifiée.
43:45Ça va, on est avec le maire, on a le droit ?
43:47Oui, pareil.
43:49N'étonne pas que vous n'ayez même pas ce droit.
43:51Il y a 3 ans,
43:53on a fermé la baignade.
43:55Mais parce qu'il y avait quoi, là, du coup ?
43:57Ben, l'eau. D'accord.
43:59D'accord, on avait les pieds dans l'eau.
44:01En plein été, l'eau est arrivée jusqu'à la digue.
44:03Les touristes ont dû
44:05remballer leurs serviettes.
44:07Là où on se trouve, d'ici 10 ans,
44:09on n'aura plus de plage centrale.
44:11Parce qu'il n'y aura plus de sable.
44:13Ce sable-là, aujourd'hui, il est assez mystérieux pour nous.
44:15Donc là, par exemple, ce poste de secours,
44:17qu'est-ce qu'il va devenir ?
44:19Alors celui-là, il va disparaître. On appelle ça les sites sans regrets.
44:21Les sites sans regrets ? Oui, sans regrets.
44:23Tout comme ce parking, juste à côté.
44:25Il vit ses dernières semaines.
44:27Ça va nous permettre de réfléchir.
44:29De gagner un peu de temps.
44:31Voilà, de gagner du temps et de regarder
44:33comment on peut envisager une relocalisation.
44:35D'accord. Relocalisation.
44:37Vous imaginez ?
44:39Déplacer toute une ville, ou du moins,
44:41tout un quartier.
44:43Ils l'envisagent sérieusement.
44:45Là, toute cette zone, ça fait partie
44:47des endroits qui pourraient être relocalisés.
44:49Et elle fait à peu près
44:51200 mètres de large sur 1 km de long.
44:53D'accord. Alors c'est 1200 logements
44:55et à peu près 150 commerces.
44:57Aujourd'hui, c'est aux alentours de 500 millions d'euros.
44:59500 millions d'euros ?
45:01Oui, 500 millions d'euros.
45:03Juste pour la canot ? Juste pour la canot.
45:05Là, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui comme travaux ?
45:07On rehausse l'ouvrage.
45:09Quand l'eau monte et qu'il y a des tempêtes,
45:11ça passe par-dessus et ça creuse derrière.
45:13L'ouvrage peut s'affaisser sur lui-même.
45:15Là, l'idée, c'est de construire une sorte de muraille
45:17qui protège la ville.
45:19Depuis les années 80, on protège.
45:21Et si on ne l'avait pas protégée,
45:23on aurait l'eau au pied des immeubles.
45:26Combien de temps ces digues vont-elles tenir ?
45:31Dans les zones où les dunes naturelles ont disparu,
45:33où les marécages n'existent plus,
45:35nous bétonnons
45:37de plus en plus.
45:39La France se barricade.
45:41Et Eric se désole
45:43d'assister à ce spectacle.
45:45On sait que la mer va monter
45:47de façon inexorable avec le changement climatique,
45:49avec le réchauffement de la planète.
45:51Donc ces digues, il va falloir encore les renforcer,
45:53peut-être les rehausser.
45:55Ça coûte très, très cher.
45:57Il faut les entretenir.
45:59Le niveau de l'océan monte.
46:01En l'an 2000, il montait de 2 mm par an.
46:03Aujourd'hui, c'est 2 fois plus.
46:054 mm par an.
46:07À cause, entre autres,
46:09de la fonte des glaces.
46:11Aujourd'hui, dans un contexte d'élévation du niveau des mers,
46:13il y a des secteurs
46:15où on va se battre
46:17pour garder des enjeux forts,
46:19typiquement des ports, les zones industrielles,
46:21les zones historiques avec un patrimoine important.
46:23Mais il est difficilement envisageable
46:25d'imaginer le littoral de France
46:27ceinturé par des digues.
46:29Ça serait absurde.
46:31Donc il faudra faire des choix
46:33et puis peut-être utiliser d'autres stratégies
46:35de défense naturelle en quelque sorte.
46:37Eric prône une autre solution.
46:39Au lieu de rehausser les digues,
46:41reculons-les.
46:43Il nous assure que ça marche.
46:45Et il va même nous le prouver par un exemple
46:47dans une zone agricole
46:49au nord de la Rochelle.
46:51Si on était venu ici il y a 3 ans,
46:53nous aurions vu une digue au pied de l'estuaire
46:55et un champ de blé.
46:57La digue a disparu.
46:59Elle a été reconstruite
47:01beaucoup plus loin dans les terres.
47:03Quand l'océan est déchaîné,
47:05tout cet espace se recouvre d'eau de mer.
47:07C'est une zone tampon naturelle.
47:09Là-bas, avant,
47:11il y avait une digue
47:13qui empêchait la mer de pénétrer.
47:15Depuis que la digue a été détruite,
47:17l'eau s'est frayée un chemin.
47:19C'est par ici qu'elle entre,
47:21les jours de grandes marées.
47:23Elle avait été très mal menée
47:25lors de la tempête de 1999.
47:27Et donc plutôt que de lutter
47:29contre cette érosion,
47:31on a laissé la nature reprendre ses droits.
47:33Ça ne peut évidemment se faire
47:35que dans des zones qui ne sont pas habitées.
47:37Des marais qui peuvent servir d'airbag
47:39entre le déchaînement de l'océan
47:41et la terre ferme.
47:43La mer va envahir ces territoires
47:45et va ramener des sédiments.
47:47Donc le sol va s'élever.
47:49Là, on va avoir une défense de côte
47:51qui est complètement naturelle
47:53et qui coûte rien.
47:55On a gagné 10 hectares d'espaces naturels
47:57qui sont recolonisés
47:59par les plantes,
48:01par les différents animaux,
48:03par les oiseaux, etc.
48:05Construire trop près de la mer,
48:07c'est vraiment une erreur.
48:09Il faut complètement changer
48:11notre rapport à ça.
48:15Quelques décisions récentes
48:17peuvent nous redonner de l'espoir.
48:19Vous avez probablement entendu parler
48:21de cet immeuble,
48:23le Signal, à Soulac-sur-Mer.
48:25Dans les années 70,
48:27il était à 200 m de l'océan.
48:29Victime de l'érosion, il vient d'être rasé.
48:31La destruction de ce bâtiment
48:33est devenue emblématique.
48:35Mais ce que vous ne savez peut-être pas,
48:37c'est ce qu'on a mis à la place.
48:41Depuis que le Signal a disparu,
48:43les engins sont de retour.
48:49Et regardez à quoi ils s'emploient.
48:55L'immeuble était juste là.
48:57Ils ont remis du sable,
48:59ils ont reconstitué la dune.
49:01C'est impressionnant.
49:03Une dune comme autrefois.
49:05Plus de ciment.
49:07Retour 60 ans en arrière.
49:09Cette dune, c'est le meilleur pare-choc
49:11contre les attaques de la mer.
49:13Il est porteur d'espoir, cet endroit.
49:15Ça montre qu'on peut réparer
49:17les erreurs du passé.
49:19On peut dire qu'il y a un espoir.
49:21Il y a une prise de conscience.
49:23Ce qui se passe ici,
49:25c'est ce qui va se passer
49:27dans 10, 20, 30, 50, 100 ans
49:29ailleurs sur le littoral.
49:31La seule option,
49:33c'est de ne plus lutter contre la nature,
49:35mais de travailler avec la nature.
49:37Il faut arrêter de construire
49:39sur les dunes, etc.
49:41Changeons notre manière de voir les plages.
49:43Oui, tout à fait.
49:45Quelques sites touristiques
49:47sont rendus à la nature.
49:49Des parkings ferment.
49:51La végétation revient.
49:53Et à Cap-Breton,
49:55une armée s'est levée
49:57pour soutenir les dunes naturelles.
49:59On commence en haut
50:01et on redescend.
50:03Les premiers, on les plante
50:05Vous voyez ce qu'ils installent ?
50:07Ce sont des sapins de Noël,
50:09récupérés au mois de janvier.
50:11Ils ne les replantent pas, bien sûr.
50:13Ils les déposent pour stabiliser le sable.
50:15La première année,
50:17on était 15 ou 16.
50:19Alors ça change.
50:21Là, les gens se mobilisent
50:23pour les sapins et pour les poser.
50:25C'est super.
50:27Allez les gars !
50:31Ce que tu fais là,
50:33ce dune va protéger tout ce qui est derrière.
50:35Donc là, tu es en train de guérir
50:37une dune qui était malade.
50:39Ça marche ? Ça marche.
50:41Impeccable.
50:43La dune était abîmée par le piétinement des touristes.
50:45La végétation, bien précaire.
50:47Les sapins de Noël
50:49vont redonner à la dune sa force.
50:51Les végétaux fragiles vont pouvoir
50:53s'enraciner et maintenir
50:55ce milieu unique.
50:57La dune sauvage
50:59va retrouver son rôle naturel
51:01face aux assauts de l'océan.
51:31Sous-titrage Société Radio-Canada

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