Lutte contre la mendicité: Georges-Louis bouchez est notre invité politique de la semaine

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00:00Nous sommes le mardi 1er octobre et Georges-Louis Boucher, le président du MR, est l'invité de notre studio Poétique Sud Info.
00:06Bonjour Georges-Louis Boucher.
00:08Bonjour.
00:08Alors, vous avez déjà souvent répété que vous avez un petit peu marre de la mendicité, des gens qui mendient agressivement ou pas agressivement,
00:17enfin surtout agressivement, des vagabonds qui étaient affalés en rue, avez-vous dit.
00:23Quelle est votre solution pour éviter que ça se passe ?
00:26Il y a plusieurs solutions, il y a des solutions qui peuvent être prises au niveau communal, j'en ai proposé du côté de Mons comme un règlement général de police qui interdit la mendicité,
00:34qui interdit certains comportements comme la consommation d'alcool, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui à Mons, mais je pense qu'on doit aussi aller plus loin.
00:42Et donc notre volonté au mouvement réformateur, c'est de réinstaurer la loi qui interdit le vagabondage, c'est une loi qui a été supprimée en 1993,
00:54et c'est en fait une loi qui supprime des outils pour les communes.
00:57Alors bien évidemment il faut la faire évoluer, l'époque à laquelle elle avait été adoptée était une époque révolue au XIXe siècle,
01:05et donc le but c'est de l'adapter aux standards moraux, humains, aux standards de la dignité humaine de notre société,
01:13mais néanmoins de donner un outil à toutes les autorités pour qu'il n'y ait plus de cette tergiversation, ces débats pour savoir ce qui est autorisé, dans quel cadre,
01:22et donc l'idée serait de dire que le vagabondage est interdit, il donnerait lieu à une possible arrestation administrative,
01:30puisqu'on ne peut pas avoir de condamnation pénale au nom de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, de la Convention Européenne des Droits de l'Homme,
01:37pour de l'amendicité ou du vagabondage, donc ça serait une arrestation administrative en vue d'une mise en lien avec les services sociaux et le CPS,
01:46pour pouvoir réinsérer ces gens dans la société, mais aujourd'hui il n'est pas question de considérer que c'est de la dignité humaine que de maintenir des gens qui mendient en rue,
01:57des personnes qui se rassemblent parfois à plusieurs sur les marches de grands magasins, sous l'effet d'influence de drogue, d'alcool, des bagarres,
02:05moi il n'y a pas un jour dans le centre-ville de Mons où je ne vois pas des gens qui hurlent, qui se bagarrent dans des états assez lamentables,
02:13et donc je pense qu'il faut à la fois les prendre en charge et faire en sorte que tous les autres citoyens ne soient plus importunés par de tels comportements
02:22qui suscitent un sentiment d'insécurité, qui suscitent également par ailleurs des entraves quotidiennes à de la circulation ou à simplement passer un bon moment à une terrasse d'un café par exemple.
02:33Oui parce que vous parlez de Mons, c'est votre expérience, mais c'est le cas dans toutes les grandes villes, autour des gares par exemple, qu'on soit à Bruxelles, à Liège, à Anvers ou ailleurs, on a ça aussi.
02:43Après mon propos a toujours été de dire, moi je suis candidat pour être bourgmestre à Mons et donc je m'occupe de Mons.
02:48Je veux dire, si à chaque fois les bourgmestres se disent, oui mais ailleurs c'est aussi comme ça, alors ils ont tout géré.
02:52Par contre, ici je le fais comme président du UMR, pour effectivement donner un outil dans toutes les villes du pays, également en Flandre, de pouvoir réinstaurer une législation qui interdit le vagabondage,
03:03ça veut dire dans le même temps la mendicité, ça veut dire des rassemblements, des attroupements de personnes, encore une fois sur les marches de magasins, sur les marches du théâtre ou des éléments de ce type-là.
03:16Je pense que ça n'est souhaitable pour personne de laisser perdurer de telles situations les abords de gares.
03:21Aujourd'hui quand vous arrivez à la gare du Midi, mais c'est le cas dans plein de gares, à Bruxelles et en Wallonie, mais aussi certaines en Flandre, c'est devenu totalement invivable.
03:30Et le phénomène s'accroît, c'est-à-dire qu'on a un phénomène qui ne vient pas d'une paupérisation, mais il y a des gens qui décident de vivre en tant que marginaux,
03:38il y a aussi le phénomène des sans-papiers qui accentue ce genre de situation, et donc une vraie politique sociale c'est de pouvoir les prendre en charge,
03:47pour les personnes dans les conditions de pouvoir les former, de pouvoir les remettre à l'emploi, mais pas de se dire que les droits de l'homme c'est en fait de leur permettre de mendier.
03:55Donc si je vous comprends bien, c'est une règle qui doit être mise dans le code pénal, c'est ça ? Mais sans sanctions ?
04:04Alors non, ce n'est pas une règle sans sanctions, ça je suis très clair par rapport à cela. Donc il y avait une règle avant dans le code pénal et une loi spécifique.
04:11L'idée étant ici d'avoir une loi...
04:13Et on parlait même plus tème pour criminaliser la pauvreté, c'est pour ça qu'on avait retiré.
04:15Exactement, et donc c'est en 1923, on a eu un grand élan de solidarité, on a considéré que finalement maintenir des gens en rue, ça c'était le grand élan de solidarité.
04:23Donc non, je l'ai bien dit, il y a des arrestations administratives qui sont prévues, des peines d'amende qui peuvent également être prévues, donc il y a des sanctions qui sont prévues.
04:31Mais le point de départ, qu'on s'entende bien, en fait mon raisonnement est le suivant.
04:35C'est qu'aujourd'hui, on a une série de gens qui sont totalement déstructurés sur le plan social.
04:40Et donc la seule solution de pouvoir les aider et de les réinsérer, c'est de les remettre dans un cadre.
04:47Et ce cadre, il est très simple. Soit vous ne faites pas preuve de bonne volonté, et alors c'est la voie de la sanction.
04:53Soit vous faites preuve de bonne volonté et on vous met des outils à disposition pour vous réinsérer, lutter contre les addictions, vous former, vous remettre au travail.
05:03Et donc c'est véritablement ce cadre qui est à recréer, parce qu'uniquement s'appuyer sur la bonne volonté de personnes qui sont sous l'influence de différentes substances,
05:13de personnes qui sont déstructurées, de personnes qui ne sont plus rentrées dans un cadre sociétal depuis de nombreuses années parfois, c'est totalement illusoire.
05:23Et donc on travaille avec à la fois la carotte et le bâton.
05:26Donc oui, effectivement, on recrée une incrimination, on recrée un processus de sanctions par rapport aux vagabonds
05:35qui peut déboucher sur des sanctions pénales à terme compte tenu d'un trouble à l'ordre public.
05:41Puisque vous pouvez dans un premier temps alors arrêter au niveau administratif, proposer des solutions,
05:47si les personnes persistent à ne pas prendre ces solutions et qu'ils troublent l'ordre public,
05:51alors des sanctions plus lourdes peuvent intervenir en matière d'amende ou en matière de peine privative de liberté.
05:57Mais je suppose que ça vaut pour tous les mendiants, parce que trouble de l'ordre public, il y a une différence entre la personne qui agressivement va vous demander une pièce
06:05et la personne qui se trouve à un endroit X avec son golbet devant elle qui est tout à fait passif.
06:09Oui, mais donc cette personne fera l'objet d'un accompagnement pour pouvoir être réinsérée.
06:14Et manifestement, on peut espérer qu'elle ne posera pas de problème.
06:17Alors dedans, il y a des personnes et c'est tout l'intérêt de la restation administrative.
06:22Il y a des personnes que l'on pourra prendre en charge, par exemple, quand elles sont en situation irrégulière, pour pouvoir les renvoyer dans leur pays.
06:29Il y a des personnes qui souffrent d'addiction qu'on va pouvoir traiter d'un point de vue médical.
06:33Il y a des personnes qu'on va pouvoir, via aussi des associations, commencer à reloger progressivement et puis aller vers la formation et l'emploi.
06:42Mais c'est véritablement, ça c'est une législation vraiment sociale.
06:46Mais aujourd'hui, maintenir des gens à chaque coin de rue, sans solution, sans perspective, dans le dénuement le plus total, je ne me dis pas que ça c'est l'apanage d'un pays qui est civilisé.
06:57Vous l'avez dit, ce sont des personnes qui souvent souffrent d'une multiplication de problèmes, de problèmes psychologiques, d'assuetudes, des choses de ce genre-là.
07:06On a par exemple une ASBL comme Housing First, qui sort ces gens de la rue, mais c'est un travail très long, qui prend parfois plusieurs années.
07:14Ils en sortent quelques dizaines par année, peut-être, ou tous les 2-3 ans.
07:18Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut plus de travail social comme celui-là, qu'il faut beaucoup plus de moyens pour ce genre d'association.
07:25C'est surtout que si vous ne travaillez pas avec un volet de sanctions sur le côté, ce travail-là sera toujours extrêmement limité.
07:32Et ce n'est pas une question de moyens, parce que vous parlez d'Housing First, mais il y a aussi un travail qui est fait dans les CPS, on a plein d'associations.
07:38Il y a des ASBL à Mons par exemple, on a la Maison Saint-Paul, on a des structures qui sont au niveau de la région également, qui viennent en aide.
07:48Aujourd'hui, on a certainement, au niveau des politiques sociales, un trop grand émiettement des structures.
07:55Il faudrait peut-être à un moment repenser des stratégies globales, parce qu'aujourd'hui, on a tellement d'associations d'ASBL et de structures,
08:02qu'en général, elles essaient de faire des plateformes pour se coordonner entre elles.
08:05À un moment donné, c'est peut-être bien d'en regrouper certaines et d'avoir des effets de levier qui soient plus importants.
08:11Mais au-delà de cela, qui est aussi nécessaire, cette réorganisation du paysage associatif et du paysage social, la question de la sanction est incontournable.
08:22Parce que, encore une fois, je le disais, un des éléments qui crée une difficulté, comme pour les consommateurs de drogue, je l'ai proposé également,
08:30et nous discuterons de cela au niveau du gouvernement fédéral de criminaliser la consommation de drogue,
08:35parce qu'il y a une série de gens qui, s'il n'y a pas le risque de la sanction, n'auront jamais le signal d'alarme qui leur permet alors de se remettre dans la bonne direction.
08:44Et ça, c'est fondamental de pouvoir y accéder. Encore une fois, ça va permettre à nouveau de pouvoir avoir un cadre pour que ces personnes puissent se reprendre en main.
08:56C'est un modèle existant aux Pays-Bas. Aux Pays-Bas, on a tout un processus administratif qui, justement, vise à sanctionner les personnes qui ne font pas des efforts
09:12pour pouvoir justement les accompagner plus efficacement dans un retour à une vie qui est plus structurée.
09:18Donc, je n'invente pas quelque chose. C'est quelque chose qui existe déjà dans d'autres pays européens qui sont des pays démocratiques.
09:24— Vous parlez d'une sanction, d'une amende éventuellement. On va vous dire que si ces gens m'ont dit pour peut-être avoir 10 euros sa journée,
09:30ils n'ont certainement pas 100, 200, 300 euros à payer comme amende.
09:33— Eh bien l'amende peut être commuée dans le cadre d'un travail d'intérêt général qui aura une double fonction.
09:39C'est qu'il permettra d'exercer la sanction, mais en plus de remettre quelqu'un sur le droit chemin, de remettre quelqu'un sur les rails, en fait, tout simplement.
09:47Mais encore une fois, ça rend des outils pour permettre alors aux autorités de pouvoir avoir au-delà de leur règlement de police.
09:57Parce que je constate qu'une série de bourgmesses, comme c'est le cas à Mons, comme c'est le cas à Charleroi, comme c'est le cas à La Louvière,
10:02sont beaucoup trop coulants, sont beaucoup trop laxistes sur le sujet. Liège, Charleroi, La Louvière, Mons, je l'ai dit, on a les mêmes phénomènes.
10:12On le voit à Namur. Le bourgmestre de Namur, lui, a osé prendre attitude. Eh bien plutôt que ça reste des cas particuliers, je me dis,
10:19voilà, pour résoudre le problème de certains de ces bourgmesses qui n'ont pas le courage d'agir, eh bien ayons une législation sur le plan national.
10:26— Nicolas Martin s'en défend. Il dit que, justement, il veut une politique beaucoup plus dure, beaucoup plus répressive.
10:30— Oui, mais Nicolas Martin, il veut plein de choses aujourd'hui, mais il ne l'a pas fait les 6 dernières années.
10:35C'est vraiment dommage, parce que maintenant, il veut même changer des choses qu'il a faites lui-même.
10:39Par exemple, sur le ramassage des poubelles, il a fait en sorte que ça soit plus toutes les semaines.
10:43Maintenant, il veut le remettre toutes les semaines. Et il nous explique que la sécurité, tout est formidable et qu'il va faire plus.
10:47Mais si tout est formidable, pourquoi il veut faire plus ? C'est un petit peu compliqué.
10:51On sent plutôt quelqu'un en panique et qui veut absolument garder son mandat.
10:54— Vous parliez de Namur, justement, qui, effectivement, a pris un arrêt décommunal.
10:58Je retombe hier sur une décision, un arrêt du Conseil d'État, à l'époque, concernant ce règlement namurois, qui disait...
11:05Je vais le lire pour pas trahir le texte. Donc il disait...
11:09« Le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine implique le pouvoir disposer de moyens d'existence,
11:14ce à quoi l'amendicité peut concourir à défaut de meilleures solutions concrètes et effectives. »
11:18Donc si je traduis un peu ce qu'il disait le Conseil d'État, c'est que finalement, l'amendicité peut être un droit, quelque part.
11:23— Parce que le Conseil d'État s'appuie sur le droit, mais le Conseil d'État n'a pas à faire le droit.
11:27C'est le législateur qui fait le droit. Et donc justement, en adoptant la législation que je propose
11:31pour lutter contre le vagabondage et l'amendicité, le Conseil d'État, alors, pourra estimer que le législateur a décidé
11:39que ce n'était pas une manière digne de pouvoir assurer ses moyens d'existence, surtout dans un pays
11:44où on a autant de moyens pour les politiques sociales. Je rappelle quand même que la Belgique dépense près de 100 milliards d'euros,
11:51100 milliards d'euros chaque année en politiques sociales de toutes sortes. Donc ça inclut les soins de santé, les pensions, le RIS, le chômage.
11:58On parle de 100 milliards d'euros avec 100 milliards d'euros si on n'arrive pas à prendre tout le monde en charge.
12:03Alors je sais pas ce qu'il faut faire. Donc non, le législateur peut estimer qu'il a mis suffisamment d'outils de prise en charge
12:10des personnes précarisées sur le côté pour considérer que l'amendicité ne fait pas partie de la dignité humaine et ne concourt pas,
12:19en tout cas, à la dignité des personnes qui sont obligées ou contraintes, dans certains cas, de s'y adonner.
12:25Parce qu'il y a aussi un autre élément dans cette législation. Ça va lutter contre toute une série de mafias.
12:30Aujourd'hui, il y a des personnes qui font de l'amendicité parce qu'elles sont dans des trafics d'êtres humains.
12:36On le sait avec des populations qui viennent d'Europe de l'Est parfois, pas uniquement.
12:42Parfois, ça donne même lieu à des personnes qui sont mutilées par ces trafiquants pour pouvoir exercer de l'amendicité
12:51et alors jouer un petit peu sur la sensibilité du public.
12:55Donc, ça permettra aussi de faire disparaître une activité criminelle qui se fait sous couvert de générosité.
13:02Bien évidemment, et je tiens à le préciser tout de suite, on parle bien de l'amendicité au sens strict.
13:07Parce que j'ai parfois eu des questions qui me disaient, mais qu'en est-il pour des activités de rue, du démarchage, de la vente, etc.
13:15On n'est pas du tout dans le même contexte.
13:18Ici, on parle véritablement de gens avec aucune prestation en contrepartie.
13:23Et encore une fois, j'insiste vraiment sur le caractère du vagabondage.
13:26J'entends déjà les associations, vous criminalisez la pauvreté, ça n'est pas vrai.
13:30Mais objectivement, on ne peut plus accepter dans nos centres-villes des bandes de personnes.
13:34Je reviens de Verviers, c'est le cas. Je vis à Mons, c'est le cas.
13:37Je le vois à Charleroi, je le vois à Liège, à La Louvière.
13:40Des bandes de personnes bruyantes, sous influence, qui entraient finalement la bonne circulation au quotidien.
13:49Ça ne contribue pas au sentiment de sécurité.
13:53Et ça ne donne pas non plus une image agréable des centres-villes.
13:58C'est aussi une des raisons pour lesquelles les gens ne veulent plus aller en ville ou dans les centres-villes.
14:02Donc il faut y remédier.
14:04Et dans ce texte que vous prévoyez, est-ce qu'il y a une définition des critères pour le vagabondage ?
14:10Je me souviens que dans le texte qui a été abrogé, on disait qu'on est vagabond si on n'a pas autant d'argent.
14:16Je peux répondre que c'est peut-être 100 francs belges ou 200 francs belges dans sa poche.
14:19Il y a des critères déjà par rapport à la pièce d'identité, à des éléments qui permettent de subvenir.
14:28Ça ne veut pas dire du cash, ça peut être une carte de banque, ça peut être son téléphone.
14:31Il y a plein de choses aujourd'hui qui permettent de le faire.
14:35Il faut bien évidemment adapter les critères à l'époque moderne.
14:38Il y a des consultations qui aujourd'hui sont faites pour essayer de trouver des éléments qui sont objectifs
14:44et ne portent pas atteinte à la liberté individuelle.
14:47Parce que bien évidemment que la liberté de flâner, la liberté de se déplacer en rue sans raison doit être maintenue.
14:54On ne va pas rentrer dans un état policier.
14:57On travaille sur une série de critères qui permettent d'établir, parmi ceux-là, l'identité.
15:05La nécessité de pouvoir prouver son identité et la question de pouvoir subvenir à des besoins à un moment ou à un autre
15:15font partie de critères qui sont objectivables en la matière.
15:21Pour le reste, comme dans toute législation, il y a aussi l'appréciation du policier qui doit pouvoir intervenir.
15:29C'est d'ailleurs un des éléments dont on discutera vraisemblablement lorsque le texte sera déposé.
15:37On peut aussi discuter de la récurrence de certains comportements.
15:40Parce que souvent dans les centres-villes, vous retrouvez une série de personnes assez identiques.
15:46Est-ce que la première arrestation doit tout de suite donner lieu à la mise en œuvre du mécanisme ?
15:50Ou c'est une deuxième arrestation ?
15:52Ce sont des choses aussi qui peuvent faire l'objet de débats.
15:55Mais je compte bien avoir un soutien assez large sur ce texte.
15:59Parce que j'ai pu constater, on a fait des recherches en rédigeant ce texte,
16:03que dans beaucoup de villes, dans plusieurs formations politiques, dans toutes les formations politiques démocratiques,
16:10il y a eu plusieurs déclarations indiquant que ça a été une erreur de supprimer cette loi sur le vagabondage.
16:15Maintenant, nous offrons une solution. J'espère qu'elle sera largement soutenue.
16:18C'est quelque chose dont vous avez déjà parlé à la table des négociations ?
16:22On va seulement avoir l'occasion de pouvoir en discuter.
16:25Mais en tous les cas, c'est quelque chose qui pourrait également faire l'objet d'un travail au niveau du Parlement.
16:30En attendant, on va avancer via le Parlement et on verra dans quelle mesure les choses peuvent concourir avec la négociation gouvernementale.
16:37Donc c'est un texte qui va être déposé par vous ?
16:39Exactement.
16:40A la chambre, dans les jours, les semaines qui viennent ?
16:43Dans les tous prochains jours.
16:45Vous parlez des policiers, effectivement, d'appréciation des policiers.
16:48Est-ce que vous ne craignez pas qu'un moment donné, les policiers vous disent
16:51« Vous savez, nous on a déjà du boulot par-dessus la tête, lutter contre les trafiquants de drogue et plein d'autres choses.
16:56Et donc nous, on ne va pas faire la chasse aux SDF. »
16:58Mais au contraire, c'est un boulot qui va, en fait c'est un texte qui va leur faciliter la vie.
17:02C'est qu'aujourd'hui, ils ont beaucoup de travail généré par de telles situations,
17:09comme par exemple dans certains cas du trafic de drogue, dans d'autres cas des dégradations publiques,
17:14des questions d'ivresse sur la voie publique, des bagarres.
17:17Et donc ici, ils vont avoir un texte qui, au contraire, va être beaucoup plus facile
17:20parce que ça va leur permettre de pouvoir cibler les personnes qui, en général, sont des bons clients
17:28sans devoir multiplier le nombre de faits.
17:32Donc c'est quelque chose qui, à terme, va plutôt les décharger, les décharger d'un travail récurrent.
17:38Vous savez, quand vous êtes appelé chaque soir parce qu'une fois c'est une bagarre,
17:42une autre fois c'est de la dégradation publique, une autre fois c'est de l'ivresse.
17:46Et donc à la fin, vous vous rendez quand même compte, il suffit de demander aux policiers
17:51que vous avez des groupes de personnes bien déterminées qui ne sont pas les seuls responsables des actes
17:56mais qui génèrent un certain volume.
17:58Et que donc, le fait de pouvoir écarter ce volume permet de se concentrer sur d'autres types de criminalités.
18:03Et vous l'avez dit, c'est des personnes qui, éventuellement, certains d'entre elles en tout cas,
18:07peuvent s'y retrouver une fois, deux fois, cinq fois, dix fois.
18:10Et peut-être, à un moment donné, avoir le bol toujours d'être intercepté.
18:12Oui, mais le but, c'est ce que j'ai dit.
18:14J'ai dit au départ, il y a l'arrestation administrative qui permet déjà d'avoir une première étape.
18:18Durant cette arrestation administrative, il y a une prise en charge administrative
18:21pour rediriger vers le CPS, vers des organes de placement.
18:25Donc là, il y a déjà toute une série de personnes dont on peut espérer qu'elle va entrer dans un processus
18:30qui est un processus de réinsertion sociale.
18:32Et pour le surplus, la récidive peut donner lieu, à un moment donné, à des sanctions.
18:36Et donc, au fur et à mesure de ces sanctions, il est évident que ça décourage, vous savez.
18:41Je suis désolé de devoir le dire parce que ce n'est pas politiquement correct, mais c'est la vérité.
18:45Si vous voulez effacer ce genre de comportement dans une série de quartiers aujourd'hui,
18:50il n'y a que la pression policière qui peut intervenir.
18:54Si vous ne faites pas de pression policière, vous en avez 2 ou 3 le lundi,
18:58ils sont 10 le vendredi, et 6 mois plus tard, ils sont 20.
19:02C'est comme ça que ça se passe.
19:04Et donc, si par contre, vous avez des contrôles policiers fréquents,
19:06vous avez les arrestations administratives, que vous avez ce qu'on appelle, en fait,
19:10c'est véritablement un harcèlement administratif.
19:14C'est vraiment une rigueur, c'est un petit peu comme au football.
19:18C'est avoir un pressing haut, comme on dit au foot.
19:22Mais si vous avez une pression permanente, fatalement,
19:26qu'à un moment donné, vous vous découragez dans ce genre d'attitude.
19:30Et alors, dans ce cas-là, vous faites disparaître les phénomènes dans les rues.
19:34Mais qu'est-ce que moi, je dois dire aux citoyens qui subissent ça au quotidien ?
19:37Leur dire, on n'en peut rien, on ne peut rien faire. Allez, ça ne va pas.
19:40En plus, on voit que dans les villes où on est plus strict, par exemple comme Namur,
19:44on arrive à quelque peu chasser le phénomène. Et alors, ils se retrouvent dans d'autres villes.
19:48Alors moi, si je suis bourgmestre de Mons, je ferai mon boulot et j'assumerai mes responsabilités pour Mons.
19:52Mais pour le reste, je pense que c'est bien de donner un outil à ceux qui n'ont pas toujours le courage de le faire.
19:57– Et ça veut dire que dans des cas extrêmes, on pourrait aller jusqu'à des peines de prison, par exemple ?
20:00– Dans des cas extrêmes, il faut pouvoir sanctionner parce que…
20:03– C'est pas sans agressivité, sans coup.
20:06– Je l'ai dit, le simple… Oui, mais en général, le cas de la personne qui vagabonde tout seul,
20:14qui ne pose jamais le moindre problème, je peux vous dire que cette personne-là, vous ne l'avez pas vue.
20:18Ce n'est pas possible, en fait. Il y a des gens, je pense qu'on en connaît tous,
20:24il y a des gens qui parfois ont leurs habitudes devant un grand magasin, ils sont tout seuls.
20:29Bon, OK, mais en général, on ne parle pas de ces personnes.
20:33Donc c'est pour ça que je vous ai dit qu'il y a une appréciation policière aussi.
20:36C'est un outil qui permet, selon l'appréciation policière, d'agir de la façon la plus efficace.
20:41Encore une fois, quand j'étais gamin, il y avait un homme avec un orgue de barbarie
20:45qui était devant le bricot du côté de Glein, il n'a jamais dérangé personne,
20:49il disait bonjour à tout le monde, tout le monde lui disait bonjour.
20:51– Mais il fournissait une prestation.
20:52– En plus, oui, il fournissait une prestation, donc ça c'est vrai, il ne serait même pas concerné.
20:56Bon, voilà, des personnes de ce type-là ne posent aucune difficulté.
21:01On parle bien ici de rassemblement, 4, 5, parfois les chiens en plus,
21:05les canettes de bière, sa gueule, on voit qu'on est blessé de la veille
21:09parce qu'on a été se taper dessus.
21:11Parfois on urine sur les marches du magasin, au niveau des marches du théâtre,
21:17devant les gens qui viennent avec des enfants sur les terrasses,
21:20là aussi c'est la foire, ça se bagarre, c'est des trucs à la figure,
21:24c'est de ça dont on parle.
21:26Encore une fois, pas de caricatures,
21:28tout dans la législation est une question d'appréciation aussi.
21:33Et donc, bien sûr que de tels groupes comme ceux-là,
21:37en général, ça reste rarement paisible.
21:40Je vous le dis, si vous avez une personne paisible seule,
21:45alors cette personne-là en général,
21:47ce n'est pas pour elle que les gens vont se mobiliser.
21:50– Merci Jean-Joyeux Boucher, bonne journée.
21:52– Merci à vous, une très bonne journée.

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