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00:00mais je vais députer par un propos qui pourrait être perçu comme politique.
00:05Dans cette enquête, des centaines de témoins mettent au jour
00:10un vaste système de maltraitance qui se fait au détriment de l'argent public,
00:15des salariés de crèches et surtout de nos enfants.
00:20Avec, je le rapporte, des séquelles qui peuvent perdurer pendant plusieurs années,
00:25voire sur une vie entière, des problèmes de sociabilisation,
00:30des rapports aux autres et notamment à l'adulte compliqués, des syndromes post-traumatiques,
00:35des retards de développement, notamment au niveau du langage et de la propreté.
00:40Nous ne rappellerons jamais assez à quel point les mille premiers jours de nos enfants
00:45sont déterminants pour leur vie future.
00:49Au-delà des irrégularités dont je dresse une liste non exhaustive
00:54et dont on sera amené à reparler au cours de cette audition,
00:59politiques de suroccupation, non-respect des ratios d'encadrement,
01:04pratiques commerciales trompeuses, clauses contractuelles abusives,
01:09montage immobilier, non-paiement des fournisseurs, dynamique du low cost,
01:14au cours de mes investigations, j'ai été amené à rencontrer des familles dans toute la France
01:19dont les enfants avaient été affectés par des dysfonctionnements graves
01:24et ou des faits de maltraitance.
01:27Le drame de Lyon, qui a entraîné la mort d'un nourrisson de 11 mois en juin 2022,
01:33est le cas le plus tragique.
01:36Mais je pense aux neuf enfants de la crèche de Villeneuve-Dasque
01:39concernés par des faits de maltraitance et de privation de nourriture.
01:43Je pense au petit Elias à Metz que ses parents ont retrouvé l'œil ensanglanté.
01:48Je pense à Ismaël à Paris que sa mère a découvert avec des traces de coups et de griffures.
01:54À Bordeaux, à Aix-en-Provence, à Marseille, à Dijon, à Dreux et dans tant d'autres villes,
02:02des parents et des professionnels de la petite enfance m'ont rapporté des défaillances graves.
02:08La régularité de ces incidents doit nous alerter.
02:13Au-delà des dérives d'un groupe, People and Baby,
02:19la dynamique du low cost impulsée par trois grands acteurs,
02:23People and Baby, Les Petits Chaperons Rouges et La Maison Bleue,
02:28a entraîné une dégradation continue des conditions de travail et de la qualité d'accueil,
02:34avec la complicité de nombreuses villes, collectivités territoriales et ministères.
02:42Partout, on a fait le choix du moins cher et donc du moins disant.
02:49Le mode de financement, pensé par l'administration,
02:54la fameuse PSU, Prestation de Service Unique,
02:58a participé de cette dégradation en se focalisant uniquement sur des critères financiers et d'occupation,
03:07négligeant ainsi les questions de qualité.
03:11Depuis la publication de mon enquête,
03:14des adjoints à la petite enfance de six grandes villes,
03:18Paris, Lyon, Marseille, Dijon, Lille et Bordeaux,
03:26ont organisé une conférence de presse pour dénoncer cette dynamique du low cost
03:31et demander la remise à plat du mode de financement.
03:35Des syndicats comme la CGT ont lancé un appel à la grève,
03:40des organisations du secteur comme le syndicat national des pros de la petite enfance se sont mobilisés,
03:47des parlementaires, PS, écologistes et issus de la France Insoumise
03:52se sont positionnés sur le sujet en auditionnant et ou en montant
03:57des groupes de travail consacrés aux problématiques des crèches.
04:01Mais du côté de l'exécutif et plus globalement de la majorité présidentielle, rien.
04:08Aucun signe, pas un mot.
04:11La ministre en place, Agnès Canailler, nommée depuis une dizaine de jours,
04:17n'a pas eu une expression publique sur le sujet.
04:20Aucune enquête IGAS ou IGF n'a été lancée.
04:25La direction de People and Baby n'a pas été convoquée, ni aucun autre acteur du secteur.
04:31Les autorités de contrôle, les PMI et les CAF n'ont pas été questionnées.
04:38Pourquoi de plus en plus de professionnels et de familles s'étonnent de ce silence assourdissant ?
04:48Ce sujet ne peut pas faire l'objet de querelles politiciennes ou d'intérêts partisans.
04:53Que l'on soit de droite, de gauche ou du centre, il nous concerne tous.
04:59Il en va de la sécurité et du bien-être de nos enfants.