De Saint-Gervais-les-Bains à Chamonix, cette route haute-savoyarde nous fait découvrir le pays d'adoption de l'écrivain Jean-Christophe Rufin. Il nous donne rendez- vous au pied du mont Blanc, dans le village de Saint Nicolas de Véroce où il s'installe une partie de l'année pour écrire. Le trajet en Combi aux côtés de Nathalie Schhraen- Guirma est notamment ponctué par un arrêt au Lac Vert de Passy Plaine-Joux, pour une « marche afghane », une technique héritée des caravaniers, ainsi que par la découverte, près des Houches, d'un troupeau de vaches Hérens, connues pour leur caractère à la fois combatif et attachant. Le voyage s'achève devant la Mer de Glace après avoir emprunté le mythique train à crémaillère du Montenvers Année de Production :
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00:00Sous-titrage ST' 501
00:31Bonjour à tous et bienvenue dans les Alpes !
00:34Pour ce nouvel épisode de nos routes mythiques,
00:36j'ai décidé de prendre la direction de la montagne.
00:39Nous voilà dans les paysages de la Haute-Savoie.
00:41Ici, nous sommes au pied d'un mythe, le Mont Blanc,
00:44qui nous domine du haut de ses 4800 et quelques mètres.
00:47En sillonnant les vallées savoyardes,
00:49nous allons l'étudier sous tous les angles
00:51et profiter ainsi de ce patrimoine montagnard
00:53et de ses panoramas grandioses.
00:56Nous partirons de Saint-Nicolas-de-Véros,
00:58à quelques encabures de Saint-Gervais-les-Bains.
01:00Direction ensuite le Plateau d'Assis,
01:02un paradis pour les randonneurs.
01:04Du côté du village des Zouches,
01:06grâce à un éleveur passionné,
01:08nous ferons connaissance avec la vache Errins,
01:10véritable symbole de la vie locale.
01:12Enfin, à Chamonix, nous prendrons le célèbre train
01:14du Mont Anvers, qui nous emmènera directement
01:16au cœur d'un site féerique.
01:19La montagne, c'est le domaine de mon invité.
01:22La montagne, c'est le domaine de mon invité.
01:25Il est diplomate et médecin.
01:27Il a parcouru le monde pendant plus de 20 ans
01:29pour Médecins sans frontières et Actions contre la faim.
01:31Sa vie est un vrai roman, il est aussi écrivain.
01:34Son œuvre lui vaut d'être académicien français.
01:37Je suis ravie de faire cette route du Mont Blanc
01:39avec un immortel, Jean-Christophe Ruffin.
01:43Bonjour Jean-Christophe.
01:45Bonjour Nathalie.
01:46Vous allez bien ?
01:47Bien et vous ?
01:48Merci de faire cette route avec nous.
01:50Je vous en prie, c'est un plaisir.
01:51On est ravis, on va découvrir cette région
01:53avec un bel ambassadeur.
01:55J'espère.
01:56Ici, c'est un peu votre hameau d'adoption
01:58à Saint-Nicolas-de-Véros.
02:00Oui, parce que moi je ne suis pas du tout
02:01un homme de la montagne.
02:02Je suis né dans un pays plat,
02:04le Berry pour ne pas le nommer.
02:06Mais j'aime la montagne,
02:07alors quand on aime la montagne,
02:08il vaut mieux être ici.
02:10C'est un cadre idéal ici pour écrire
02:11face à la montagne justement ?
02:13Oui, il y a des gens qui sont écrasés
02:15par la montagne, moi au contraire,
02:16ça me fait voyager.
02:18Et puis c'est un cadre intemporel,
02:21c'est-à-dire qu'il n'y a pas de...
02:23En fermant les yeux,
02:25vous les rouvrez, vous ne savez pas
02:27si vous êtes au XVIIIe siècle,
02:29au Moyen-Âge, en 2050.
02:31Vous pouvez être n'importe quand,
02:33c'est hors du temps.
02:35Et vous avez à Saint-Nicolas-de-Véros
02:36une jolie église baroque.
02:38Les églises baroques de la vallée,
02:40toute la vallée, c'est la vallée des églises.
02:43Il y a d'ailleurs le sentier du baroque.
02:45Et elles sont magnifiques, oui.
02:49Je vous montre un petit peu le trajet ?
02:50Allons-y.
02:51Parce qu'on a de la route.
02:52Donc, on va quitter Saint-Nicolas-de-Véros,
02:55qui est dans la commune de Saint-Gervais-les-Bains.
02:57Ensuite, nous irons vers le plateau d'Assis,
02:59à Passy.
03:00En face, là-bas.
03:01Voilà, découvrir une église
03:02que vous connaissez par cœur.
03:04Ensuite, on va aller au village Lesouches.
03:07Là, on va rencontrer un homme
03:08passionné par son métier,
03:09il va vous raconter un peu tout ça.
03:10Je vous garde un peu de surprise quand même.
03:12Et on finira du côté de Chamonix,
03:13on va prendre le train du Mont-Envers
03:16pour admirer la mer de glace.
03:18Parfait !
03:19On y va ?
03:20On va rejoindre le van ?
03:21Allons-y.
03:25Il est temps de partir à l'assaut
03:26de ces belles montagnes.
03:28Direction Passy,
03:29et le plateau d'Assis
03:30à la découverte d'une église étonnante
03:32décorée par de grands artistes.
03:36Donc, voilà le van
03:37qui va nous accompagner
03:38tout au long de cette route.
03:43Alors là, on va par là ?
03:44Oui, on va descendre.
03:47Alors là, devant nous,
03:48vous voyez, c'est les Aravis,
03:49ce qu'on appelle le massif des Aravis.
03:51C'est un massif calcaire,
03:52c'est près Alpes,
03:53avec le point culminant
03:54qui est cette montagne
03:55qu'on appelle la Pointe Percée.
03:57Parce qu'il y a un trou dedans.
03:58Oui, je vois.
03:59Si on s'arrête et qu'on regarde
04:00avec la jumelle,
04:01on voit un coin de ciel
04:02dans la montagne.
04:03C'est un trou.
04:04La Pointe Percée, voilà.
04:07Et les Aravis,
04:08si vous voulez,
04:09s'ouvrent tout au-dessus
04:10de cette montagne-là.
04:11C'est un trou.
04:12C'est un trou.
04:13C'est un trou.
04:14C'est un trou.
04:15Si vous voulez,
04:16ils s'ouvrent de l'autre côté
04:17vers la Clusaz,
04:18le Grand Bornand, etc.
04:20Voilà.
04:21Et ça, c'est les aiguilles de Varennes.
04:23Et derrière, vous avez Flènes,
04:24le désert de Platée,
04:25la Pointe de Platée,
04:26l'Éphyse,
04:27c'est ce qu'on appelle.
04:28Voilà.
04:29Et ça aussi, c'est du calcaire.
04:30C'est près Alpes, déjà, ça.
04:32Alors que le massif lui-même
04:34est en granit.
04:36Vous êtes un alpiniste,
04:37à Aguirre ?
04:38Moi, en fait,
04:39j'ai choisi cette région
04:40pour l'alpinisme
04:41parce que j'aime l'alpinisme.
04:42J'ai toujours aimé ça.
04:43Et comme je suis originaire du Béry,
04:45l'alpinisme, là-bas,
04:46c'était compliqué,
04:47si vous voulez voir.
04:48Les Plaines du Béry,
04:49effectivement,
04:50c'est un peu plus compliqué.
04:51Un peu plus dur.
04:52Et donc vous,
04:53vous avez connu les Alpes
04:54à 18 ans, c'est ça ?
04:55Quasiment à la majorité.
04:56Oui, oui,
04:57par ma petite amie
04:58de l'époque
04:59qui était...
05:00Ses parents
05:01avaient un appartement
05:02et elle m'a emmené.
05:05Et ça a été...
05:06Bon,
05:07j'y avais un tout petit peu vécu
05:09à l'âge de 10 ans.
05:12Mais disons que la découverte,
05:14en tout cas,
05:15de l'alpinisme,
05:16ça a d'abord été la randonnée,
05:17puis ensuite l'alpinisme,
05:18très vite.
05:19J'ai fait les stages
05:20au Club Alpin français
05:21et j'avais 18 ans.
05:24Je suis tombé
05:25sous le charme assez vite.
05:26Je ne sais pas pourquoi,
05:27mais j'ai tout de suite aimé
05:28la verticalité,
05:32je suis assez claustrophobe
05:33pour ne pas me mettre
05:34dans un gouffre
05:36ou dans une caverne
05:37ou tout ça.
05:38J'ai horreur de ça.
05:39Par contre,
05:41le vide me plaît.
05:42J'aime bien être en altitude,
05:43en hauteur.
05:44J'aime ça.
05:50Là, c'est Saint-Gervais.
05:51Saint-Gervais proprement dit.
05:53C'est le village de Saint-Gervais.
05:55On va prendre à gauche.
05:56Prenez le pont.
05:57Tu prends le pont ?
05:58Oui, c'est mieux.
06:00Parce qu'on a une assez jolie vue
06:01de ce pont.
06:06C'est le maire actuel
06:07qui a fait ça,
06:08qui a réalisé un vieux rêve
06:10qui était d'avoir un deuxième pont.
06:12Parce que là, il y avait
06:13le pont du Diable là-bas.
06:14C'était le seul pont.
06:15Et là, ils en ont fait celui-là.
06:20Vous, Jean-Christophe,
06:21vous avez un parcours assez étonnant
06:22parce que vous vous destinez
06:23à la médecine dans un premier temps.
06:24Oui, j'ai fait beaucoup de médecine.
06:27J'ai passé même l'Internat de Paris,
06:31j'ai été chef de clinique,
06:32j'ai été médecin des hôpitaux.
06:34J'ai fait toute une première vie
06:35comme médecin.
06:36Votre spécialité,
06:37c'était la neurologie.
06:38La neurologie, oui.
06:39Donc c'est assez pointu
06:40en plus que le domaine.
06:41C'est pointu,
06:42mais c'est aussi...
06:44Moi, je l'avais toujours conçu
06:45comme une branche
06:46de la médecine en général.
06:47C'est-à-dire que...
06:49Discipline très médicale.
06:51Et ça m'a beaucoup intéressé.
06:52J'ai beaucoup aimé ça.
06:53Mais ça n'a pas comblé,
06:56si vous voulez,
06:57mes attentes en matière d'engagement.
07:00Et puis, j'ai toujours pensé à tort
07:03que la médecine
07:04était une discipline littéraire.
07:06En tout cas, qu'elle devait conduire
07:07à une forme de création
07:09et de témoignage.
07:10Et j'ai retrouvé ça autrement,
07:14en écrivant moi-même.
07:16Mais ça m'a pris du temps.
07:18J'ai publié mon premier roman
07:20quand j'avais 45 ans.
07:21Vous avez commencé très tard.
07:23J'ai commencé tard.
07:24J'ai eu le concours à 50 ans.
07:28J'ai eu vraiment deux vies
07:29dans ce domaine-là.
07:30Enfin, j'en ai eu plusieurs,
07:31même si on veut.
07:32Mais pour moi,
07:33l'ancrage dans la vie,
07:34c'est la médecine.
07:35Parce que c'est ce que j'ai appris.
07:37C'est la manière de voir le monde.
07:39Après, l'écriture.
07:40Et puis après,
07:41d'autres petites expériences.
07:43Des petites expériences ?
07:45Vous avez été un des pionniers.
07:47Non, mais déjà dans la médecine.
07:49Vous avez été un des pionniers
07:50de désengagement humanitaire,
07:51avec notamment
07:52Médecin Sans Frontières
07:53et les French Doctors.
07:54C'est ça.
07:55Parce qu'en fait,
07:56si vous voulez,
07:57la médecine technique
07:58dans les grands hôpitaux de Paris,
08:02ce à quoi j'étais préparé
08:03par les concours,
08:04ce n'était pas vraiment
08:05ce qui me plaisait dans la vie.
08:08J'avais envie d'une pratique
08:10beaucoup plus ouverte sur le monde.
08:12Et j'ai eu la chance d'arriver
08:15à l'époque où ces organisations
08:18étaient alors tout au début.
08:20C'était vraiment embryonnaire.
08:22On en a créé
08:23même plusieurs à cette époque-là.
08:25Et donc,
08:26j'ai rejoint ce mouvement
08:28dans une période passionnante.
08:30Et ça a été des années
08:32extrêmement riches,
08:35si vous voulez,
08:36d'expériences ouvertes
08:38sur le monde entier.
08:44Ça monte pour rejoindre
08:45le Plateau d'Assis.
08:46Ça monte beaucoup, oui.
08:48C'est là que se trouve
08:49notre église.
08:50Comment s'appelle encore
08:51cette église ?
08:52Notre-Dame de Toutes-Grâces.
08:53Oui, parce qu'ils ont fait…
08:54Notre-Dame de Toutes-Grâces.
08:55C'est un peu comme Rio de Janeiro,
08:56c'était…
08:57ou pendant Salvador de Bahia,
08:59c'était l'abbé de tous les saints,
09:00vous savez.
09:01Parce qu'il y avait d'autres…
09:03Quand les navigateurs donnaient un nom,
09:05il y avait Saint-Vincent,
09:06Saint-Jean, Saint-Paul,
09:07puis là,
09:08une grande baie,
09:09ils ont dit, on va dire,
09:10c'est l'abbé de tous les saints.
09:11Et là, c'est pareil,
09:12ils ont dit,
09:13c'est la Notre-Dame
09:14de Toutes-les-Grâces.
09:22Cette église,
09:23elle est très différente
09:24de ce qu'on a l'habitude
09:25de voir.
09:26Eh bien, on va aller rencontrer
09:27Véronique,
09:28qui est guide du patrimoine.
09:29Et puis après,
09:30on va raconter l'histoire
09:31de cette église
09:32que vous connaissez bien.
09:47Bonjour Véronique.
09:48Bonjour Nathalie.
09:49Vous allez bien ?
09:50Bonjour Jean-Christophe.
09:51Bonjour.
09:52On est contents d'être là.
09:53Eh bien, je suis ravie
09:54de vous accueillir.
09:55Déjà, en arrivant,
09:56cette façade,
09:57elle est atypique.
09:58La façade de Fernand Léger,
10:00qui a accepté
10:01de faire cette mosaïque,
10:03alors qu'il était bien loin
10:05des critères religieux,
10:07puisqu'il était plutôt attiré
10:09vers le communisme,
10:11le marxisme.
10:12Il aimait beaucoup
10:13représenter les ouvriers,
10:15le monde de l'usine.
10:18Mais la conviction
10:20d'un homme d'église
10:22très important,
10:23dont je vais vous parler souvent,
10:24Marie-Alain Couturier,
10:25la conviction de cet homme
10:27a permis à des artistes
10:29venir la décorer.
10:31Vous connaissez
10:32à quelle date ?
10:33La construction,
10:34elle a commencé
10:35pendant la guerre.
10:36Donc, on est vraiment
10:37pendant la Seconde Guerre mondiale.
10:39Mais le projet,
10:40c'était avant.
10:411933,
10:42ça a commencé
10:43à être pensé en 1933
10:44et la construction,
10:45vraiment,
10:46elle a démarré en 1938.
10:47Et la bénédiction en 1941
10:48et la consécration en 1950.
10:51Sauf que les dernières décorations,
10:53notamment celle de Chagall,
10:55se fit en 1956.
11:00Il n'y aurait pas eu
11:01cette construction
11:02si elle n'était pas liée
11:03au sanatorium,
11:04à sa première station climatique
11:07de cure,
11:08qui a été située
11:09en haute montagne.
11:10Tout autour de nous.
11:11Tout autour de nous.
11:12Ici, c'était des alpages.
11:13Il y avait des animaux,
11:14il y avait quelques fermes,
11:15mais absolument pas d'habitats
11:17tels que vous pouvez retrouver
11:18aujourd'hui.
11:19Il faut vous imaginer
11:20qu'entre 24 et...
11:22Enfin, 20 ans,
11:23pendant 20 ans,
11:24il y a eu la construction
11:25de 2000 lits
11:26et de plus de...
11:28Du coup, 2000 lits,
11:29mais il fallait accueillir
11:30aussi les soignants.
11:31C'est pour les lyothérapies,
11:32c'est ce qu'on appelait.
11:33Voilà.
11:34La cure au soleil
11:35dans un univers sain
11:36avec une hygiène irréprochable.
11:38Et ça permettait aux malades
11:40de guérir.
11:41Aux tubercules.
11:42Aux tuberculeux de guérir.
11:43C'est vrai qu'on n'est pas
11:44précisé que c'était...
11:45C'était pour le fléau
11:46de la tuberculose
11:47qui s'est glissé.
11:48Donc, ça veut dire que,
11:49d'abord, il y a eu
11:50les sanatoriums
11:51qui ont été construits.
11:52Parce qu'il y avait
11:53les sanatoriums.
11:54Des besoins de culte.
11:55Des besoins de culte
11:56pour les malades.
11:57Des malades,
11:58mais de leur famille
11:59et des soignants.
12:00Et si on allait voir
12:01à l'intérieur, Véronique ?
12:02On va se mettre au frais.
12:03Il fait tellement chaud.
12:22...
12:42En fait, on ne sait pas
12:43par où commencer, Véronique.
12:44Il y a des oeuvres de partout,
12:45de styles complètement différents.
12:46Exactement.
12:47De styles complètement différents
12:48et de nombreux artistes
12:49qui étaient illustres
12:50de l'art vivant.
12:51Mais d'époque.
12:52C'est la même époque, quand même.
12:53C'est la même époque.
12:54La première oeuvre,
12:55c'est une oeuvre de Rouault
12:56et on se situe dans les années
12:58entre 1945 et 1956
13:02pour la dernière oeuvre
13:03qui a été installée ici.
13:04Les pères se sont questionnés
13:06sur comment décorer
13:07ce cœur de l'église.
13:10Ils avaient pensé
13:11à de la peinture.
13:12Et puis, c'est devenu
13:14comme une évidence
13:15qu'il fallait solliciter
13:16l'Ursa pour sa tapisserie.
13:19Comment était-ce
13:20sélectionné
13:21tous ces artistes, Véronique ?
13:23C'est le carnet d'adresse
13:25du père Couturier.
13:26Et puis, sa force de conviction.
13:29Parce que Jean l'Ursa
13:31était marxiste,
13:33bien loin des préoccupations
13:36religieuses.
13:37Et pour autant,
13:38il a accepté de faire
13:41cette apocalypse
13:42selon Saint Jean
13:43pour cette église.
13:44Dans cette tapisserie,
13:45il y a beaucoup de symboles.
13:46Énormément.
13:47La lune et le soleil.
13:49Cette femme, alors.
13:50Quand on regarde
13:51cette tapisserie,
13:52vous percevez qu'il y a
13:53quand même, on va dire,
13:55moi je dis triptyque,
13:56c'est peut-être pas tout à fait réel,
13:58mais un triptyque
13:59avec cette partie rouge
14:00que vous voyez à gauche,
14:01l'arbre de la Création.
14:03Dans le centre, en bas,
14:05il y a un cercle.
14:06Et dans ce cercle,
14:08vous percevez l'homme,
14:11une tête d'animal,
14:14le végétal et le minéral.
14:16J'attire votre attention
14:17sur le buste de l'homme.
14:20Vous voyez d'ici, les bronches.
14:23On est dans l'église des malades.
14:25C'est un hommage,
14:26on va dire, à ces malades
14:27qui ont cette terrible infection
14:30des bronches.
14:31La tuberculose.
14:32La tuberculose.
14:33Pourquoi c'était important
14:34pour le père Couturier
14:37de rassembler des artistes
14:39d'univers complètement différents ?
14:41Parce qu'il était très engagé
14:42dans le renouveau de l'art sacré.
14:44Son objectif, c'était
14:46de faire rentrer les artistes
14:49pour la décoration des églises.
14:51L'art sacré, c'est ça.
14:52C'est la commande de l'église
14:54vers des artistes
14:55du temps de leur vivant.
14:57Et il était très engagé.
14:59Pas lui tout seul, d'ailleurs.
15:01Il y avait d'autres mouvements
15:02d'artistes et de prêtres
15:03qui concouraient
15:04au développement de cette idée.
15:07Mais c'était un homme très engagé.
15:09Jean-Christophe,
15:10il a tout de suite repéré
15:11la mosaïque de Matisse,
15:12juste là.
15:13On va s'approcher.
15:14Quand on vient ici,
15:15on se rend compte
15:16que les fidèles
15:17sont aimantés
15:18par cette petite chapelle.
15:21Aujourd'hui, on a la chance
15:23d'avoir l'église
15:24pour nous tous seuls.
15:25Mais quand il y a du monde,
15:26tout le monde vient là prier.
15:28Prier, d'ailleurs,
15:29les bougies, le prie-Dieu.
15:31C'est un endroit très fervent.
15:33C'est une technique
15:34qu'on appelle la céramique.
15:35Ce sont des carreaux de terre
15:37sur lesquels on peint,
15:41ce jaune.
15:42Et sur le jaune,
15:43c'est de l'encre,
15:44de l'encre noire.
15:45Le Saint-Dominique,
15:46on le repère très facilement
15:47parce qu'on voit
15:48l'ordre des Dominicains
15:49avec ce col rond.
15:51Et puis,
15:52comme c'est des prêcheurs,
15:53il tient la Bible.
15:54Et le tabernacle ?
15:55Le tabernacle,
15:56c'est Georges Braque
15:57qui l'a réalisé.
15:59Voilà,
16:00les hosties consacrées
16:01à l'intérieur.
16:02Vous voyez ce poisson ?
16:04Quand il y a un poisson,
16:06mais quand vous retirez
16:07la queue du poisson,
16:09vous voyez le pain.
16:11Ah oui !
16:12Je comprends mieux
16:13pourquoi on dit
16:14de cette église
16:15que c'est également
16:16un muséa moderne.
16:17Tout à fait.
16:34Nous sommes dans le baptistère,
16:36devant,
16:37et toutes les œuvres
16:38sont l'œuvre de Chagall.
16:40Je suis sûre
16:41que vous avez retrouvé
16:42les bleus de Chagall.
16:44Chagall qui était
16:45de confession juive
16:47et qui avait été approché
16:49par le père couturier
16:51à New York,
16:53comme Fernand Léger
16:54et comme Lipchitz d'ailleurs.
16:56Voilà,
16:57et il a accepté
16:58de réaliser cette céramique.
17:01Donc c'est la même technique
17:02que le matisse.
17:03Donc c'est des carreaux
17:05de terre peints.
17:08Ce sont des carreaux
17:09de terre peints.
17:10La faïence.
17:11Oui, la faïence.
17:13Et devinez
17:15ce que nous compte
17:16cette céramique.
17:17Alors,
17:18on voit plein d'hommes en bas.
17:19Oui.
17:20Est-ce que vous reconnaissez
17:22ce personnage
17:23qui a des faisceaux de lumière ?
17:25Ça va vous aider peut-être,
17:26si je vous dis que c'est Moïse.
17:28Ah, c'est Moïse !
17:29Voilà, c'est Moïse.
17:31C'est Moïse.
17:32Qui quoi ?
17:33Qui ouvre le chemin ?
17:34Qui ouvre le chemin.
17:35Et justement,
17:36c'est très bien, Nathalie,
17:37regardez bien
17:38Au-dessus de ces personnages
17:40qui sont en jaune,
17:41dans le fond,
17:42un petit peu juste au-dessus,
17:43vous percevez des visages
17:44d'hommes,
17:45d'enfants,
17:46de femmes
17:47qui traversent.
17:48Ils traversent quoi ?
17:49La mer Rouge.
17:50Le Premier Testament,
17:51voilà.
17:52Donc en fait,
17:53Chagall,
17:54qui était de confession juive,
17:56s'est vu proposer
17:57une thématique
17:58qu'on pouvait retrouver
17:59dans sa religion.
18:01Donc le baptême,
18:02tout est autour du baptême.
18:03Et là,
18:04la traversée de la mer Rouge.
18:05Finalement,
18:06le père Couturier
18:07était très,
18:08on va dire,
18:09ouvert d'esprit
18:10parce qu'il leur laissait
18:11une totale liberté
18:12dans leur création.
18:13Ouvert d'esprit,
18:14mais en même temps,
18:15il essayait vraiment
18:16de leur communiquer
18:17une thématique
18:18qui pouvait correspondre
18:19à leurs horizons
18:20politiques ou religieux.
18:21Et il y a une mention
18:22tout à fait particulière,
18:23et je ne vous lâcherai pas
18:24sans vous la lire,
18:25c'est au nom
18:26de la liberté
18:27de toutes les religions,
18:28qui est juste en bas.
18:29Alors,
18:30vous ne pouvez peut-être
18:31pas le percevoir,
18:32mais c'est écrit,
18:33il l'a écrit
18:34au nom de la liberté
18:35de toutes les religions.
18:36Je vous assurez
18:37que lorsqu'on vient
18:38avec des enfants,
18:39on reste un certain temps
18:40sur cette phrase,
18:41parce qu'au niveau
18:42philosophique,
18:43c'est tout à fait intéressant
18:44et tout à fait contemporain
18:45d'aborder ce sujet
18:46de la liberté
18:47des religions.
18:48Ce qui est encore plus
18:49important à mes yeux,
18:50c'est cette ambiance
18:51de spiritualité
18:52que ça produit,
18:53c'est-à-dire
18:54que l'ensemble
18:55de ces hommes,
18:56même si vous ne les connaissez pas
18:57aussi bien que vous
18:58dans le détail,
18:59ça produit
19:00une ambiance unique.
19:01Je ne connais pas
19:02d'église,
19:03ni dans la région,
19:04ni ailleurs,
19:05qui ait cette intensité
19:06spirituelle.
19:07Et ça donne vraiment
19:08envie de revenir
19:09et de prendre le temps
19:10avec vous, Véronique,
19:11d'y passer toute la journée.
19:12La journée, peut-être pas,
19:13mais en tout cas,
19:14j'aurai plaisir
19:15à vous accompagner
19:16de nouveau, Nathalie
19:17et Jean-Christophe.
19:18Merci, Véronique.
19:19Merci beaucoup, Véronique,
19:20on va vous laisser.
19:21Très bien.
19:22On vous accompagne
19:23puisque vous êtes
19:24dans l'église.
19:25Oui.
19:36Merci à Jean-Christophe
19:37de nous avoir fait découvrir
19:38cette église
19:39vraiment unique.
19:40Une nouvelle surprise
19:41nous attend au Lac Vert,
19:42à quelques kilomètres d'ici.
19:48Nous avons rendez-vous
19:49avec Élisabeth,
19:50qui va nous initier
19:51à une activité méconnue.
19:58C'est l'église
19:59du Lac Vert.
20:00C'est l'église
20:01du Lac Vert.
20:02C'est l'église
20:03du Lac Vert.
20:05C'est l'étranger
20:06du Lac Vert.
20:26On va passer devant
20:27les très grands sanatoriums
20:29à la grande époque
20:31de la tuberculose.
20:33Des usines de soins, en fait. On en voit une là-haut.
20:40Ce qu'on voit là-bas, c'est ce qu'on appelle la pointe d'Anterne.
20:45C'est le massif des FIZ.
20:48F-I-Z ?
20:49Oui, voilà.
20:50Avec l'oreille de platée devant nous.
20:55Donc le bâtiment jaune, là ?
20:56Ça, c'est un grand sanatorium.
20:58Avec ses balcons immenses, tournés vers le soleil.
21:03Maintenant, ce sont des bâtiments qui sont réservés soit à la rééducation pour les blessés de la route,
21:10pour les traumatisés, soit pour les maladies chroniques graves, des cancers,
21:20des maladies vraiment très sérieuses et qui nécessitent une prise en charge longue.
21:27Là, on est dans les bois.
21:31Et on monte vers le lac Vert.
21:33Avant le lac Vert, il y a une petite station qu'on appelle Pleine Joue,
21:37qui est à la fois une petite station de ski, une station de départ de parapente,
21:41parce qu'une des grosses activités ici, c'est le parapente, évidemment, contre les reliefs.
21:46Et la base de départ du parapente, c'est Pleine Joue.
21:50Ça tombe bien, c'est là où on va.
21:52Très bien.
21:55On est dans cette station de ski familiale.
21:58Oui.
22:00En parlant de spiritualité, vous avez fait plusieurs fois les chemins de Compostelle.
22:03Vous avez même écrit un ouvrage, Immortelle Randonnée.
22:06Immortelle Randonnée, oui, qui était la suite du chemin que j'ai fait depuis Rondail jusqu'à Compostelle.
22:17En fait, je voulais faire une grande marche.
22:21J'avais pensé faire la traversée des Alpes.
22:23Et puis finalement, les Alpes, comme j'y suis tout le temps…
22:26Antoine Debecq, d'ailleurs, a écrit un très beau livre qui s'appelle La Traversée des Alpes.
22:30Après, j'avais pensé faire la traversée des Pyrénées.
22:32Et c'est en préparant le voyage sur les Pyrénées que je me suis retrouvé finalement sur le chemin de Compostelle.
22:38Rien à voir.
22:39Rien à voir.
22:40Je ne voulais pas écrire un livre, d'ailleurs.
22:42Je l'ai fait à la demande d'un petit éditeur de Chamonix,
22:46qui avait besoin d'un coup de main et qui m'a demandé un texte.
22:49Et donc, j'ai fait ce livre et ça a été un immense succès en France et à l'international.
22:55Finalement, vous inspirez, ce qui paraît a priori logique, de vos expériences de terrain pour vos livres.
23:01Parce que l'humanitaire, vous en avez tiré un livre également.
23:04Oui, c'est-à-dire que chaque fois que j'ai beaucoup…
23:05Quel humanitaire ?
23:06Oui, alors ça, ce n'était pas un roman.
23:08Mais oui, je me sers de ma vie parce que…
23:11Qu'est-ce que vous voulez ?
23:12Je ne m'en sers pas de ma vie pour la raconter telle quelle.
23:15Je m'en sers de mon expérience pour la mettre dans les différentes fictions.
23:22Le premier gros succès, ça a été « L'Abyssin » ?
23:24Oui, c'est ça.
23:25Du jury Goncourt, du premier livre, c'est ça ?
23:27Oui, j'avais la bourse Goncourt des premiers romans, en fait.
23:30Ce qui, disons, ce n'est pas très important, mais ça permet d'être connu par le jury Goncourt, tout ça.
23:37Et surtout pour moi, qui ne venais pas du tout de ce milieu.
23:39C'est votre premier roman, en plus.
23:41Oui, ça a été une reconnaissance, puis ça m'a permis de continuer, tout simplement.
23:47Après, j'ai eu le prix Interallié pour un livre qui s'appelait « Causes perdues » qui se passe en Érythrée.
23:53Et puis après, j'ai eu le Goncourt pour…
23:55Avec Rouge Brésil.
23:56Avec Rouge Brésil.
23:57En 2001, déjà, vous vous rendez compte ?
24:02Donc là, on est arrivé à la Plagne-Joux.
24:04À la Plagne-Joux, oui.
24:06Une station de ski familiale, que vous connaissez peut-être.
24:08Voilà, une petite station de ski très sympathique.
24:11Alors, je vous ai réservé une petite surprise.
24:13Alors, pas les activités pour les enfants, bien évidemment.
24:15Oui.
24:17On va aller rencontrer une femme qui s'appelle Elisabeth, qui est guide de montagne.
24:21Alors, vous, vous n'avez absolument pas besoin de guide.
24:23La montagne, ça…
24:24Toujours besoin d'un guide, mais enfin…
24:25Oui, mais peut-être pas pour des parcours aussi simples.
24:29Non, non.
24:30Elle a une spécialité bien particulière.
24:32Qu'est-ce qu'elle fait ?
24:33Elle fait de la marche afghane.
24:35Ah, oui.
24:36Est-ce que vous connaissez la marche afghane ?
24:37Pas du tout.
24:38Ça tombe bien.
24:39Je connais l'évrier afghan, mais je ne connais pas la marche afghane.
24:41Je connais l'Afghanistan, j'y étais, j'ai vécu là-bas.
24:43Ça consiste en quoi, la marche afghane ?
24:45Elle va tout nous dire.
24:46D'accord.
25:02Bonjour, Elisabeth.
25:03Bonjour.
25:04Vous allez bien ?
25:05Voilà.
25:06Nathalie.
25:07Christophe.
25:08Bonjour.
25:09Je suis Elisabeth.
25:10On est ravis.
25:11Je suis compagnatrice en montagne.
25:12Alors, je ne vais pas vous demander d'aller marcher avec un turban.
25:14Bon.
25:15Voilà.
25:16Alors, on parle de marche afghane parce qu'en fait, tout simplement, on dit que les caravaniers
25:20afghans étaient capables de marcher 500 kilomètres en 12 jours sans se fatiguer.
25:27Il y a une synchronisation de la respiration sur les pas.
25:30Je vais procéder par séquence.
25:32Je vais déjà vous faire prendre votre pouls au repos.
25:35Et puis, après chaque séquence, vous allez voir si vous êtes prêts du rouge, si vous
25:40êtes prêts de vous mettre dans le rouge ou pas.
25:43Première étape, on prend son pouls, c'est ça ?
25:45Voilà.
25:46On va commencer à prendre son pouls.
25:47Est-ce que vous avez…
25:48On a notre smartphone.
25:50Voilà.
25:51Voilà.
25:52Avec le chronomètre qui va bien.
25:54Alors, est-ce que vous voulez que je vous donne le top ?
25:57Allons-y.
25:58Attention.
25:59Top.
26:03Top.
26:0423.
26:0517.
26:06Ça veut dire quoi ? Pourquoi est-ce qu'il en a moins que moi ?
26:09Je suis un cœur plus grand.
26:11C'est mieux, en fait.
26:13Moi, je suis plus…
26:14Déjà, il fait de la montagne, souvent, donc il est entraîné.
26:17Et puis vous, vous êtes aussi enceinte.
26:19Donc, il y a peut-être un petit peu de fatigue aussi.
26:22Et puis, vous avez peut-être aussi dormi une fois par semaine.
26:26Donc, il y a peut-être un petit peu de fatigue aussi.
26:29Et puis, vous avez peut-être aussi dormi indifféremment.
26:32Vous êtes différents, tous les deux.
26:34D'accord.
26:35Alors, aussi, respirez par le nez.
26:37Pourquoi respirer par le nez ?
26:38Parce que déjà, vous avez un filtre.
26:40Et déjà aussi, ça vous permet de rester toujours dans l'endurance.
26:43Parce que si vous commencez à souffler par la bouche,
26:45en général, je vois bien les gens en montagne qui commencent à souffler par la bouche,
26:48c'est qu'ils sont déjà un petit peu dans le rouge, déjà dans l'effort.
26:51Alors, ce n'est pas ce que je vous demande, c'est d'être dans le non-effort.
26:54Puis après, vous avez aussi adapté votre pas à la pente,
26:57c'est-à-dire réduire vos pas dès que vous montez,
27:00réduire aussi la respiration.
27:02Il y a trois facteurs.
27:03Il y a l'allure, il y a la longueur de vos pas.
27:07Et puis, il y a aussi comment vous synchronisez la respiration sur vos pas.
27:11Et aussi, j'essaye de lire le chemin.
27:13Parce qu'un chemin en montagne, vous le savez, évidemment, je ne vais rien vous apprendre.
27:16Mais un chemin en montagne, c'est caillouteux, il y a des obstacles.
27:19Donc, si je veux que le cœur ne monte pas et faire toujours les mêmes pas
27:23et pouvoir synchroniser ma respiration sur mes pas,
27:26je vais contourner tous les obstacles pour pas que le cœur ne monte.
27:30Vous verrez que même à un moment donné, si vous pouvez prendre de la vitesse,
27:36votre poule ne montera pas beaucoup.
27:38Le tout, c'est que l'expiration ne soit jamais inférieure à l'inspiration.
27:42Et bien, c'est parti !
27:54Stop. Allez.
27:56Bonne chance.
27:57Stop. Stop.
28:24Stop.
28:2633.
28:28De toute façon, vous allez sentir quand vous êtes là,
28:31que vous essoufflez et que vous n'êtes pas confort, tout simplement.
28:34Il y a peut-être quelque chose à changer pour ce qu'elle est, tout simplement.
28:37D'accord.
28:39Vous allez à l'aise ? Peut-être que vous pouvez y aller un petit peu plus ?
28:42À l'aise, l'aise.
28:44Non, attention, vous savez, on n'est jamais trop prudent quand même.
28:47Mais je croyais que vous aviez un cœur de 20 ans, de 30 ans, des artères parfaites.
28:51Oui, mais on ne sait jamais.
28:53Je me réserve pour la suite.
29:22On essaye ?
29:24Allez.
29:25Stop.
29:27Stop.
29:2828.
29:29Il y avait une petite montée quand même.
29:31Alors, je ne me rappelais plus de celle-là, je l'avais oubliée, la petite montée.
29:34Mais à un moment donné, il faut un petit peu tout raccourcir, les pas, l'inspiration.
29:40Mais je pense que vous arrivez à connaître un petit peu ce qu'il s'agit de l'expiration.
29:45J'ai même profité de la vue.
29:46C'est trop beau de voir le lac comme ça, vu d'en haut.
29:49Oui.
29:50Il est magnifique avec cette eau turquoise.
29:52Oui.
29:53Pas besoin d'aller à Tahiti finalement, Jean-Christophe ?
29:55Non, non, non.
29:56Essayer de venir ici ?
29:57Non, c'est pour ça que je reste là.
29:58C'est pour ça que j'en suis allé trois quarts de l'année ?
30:00Alors, il a une couleur verte, comme son nom l'indique, le lac vert,
30:02parce qu'il y a des plantes spécifiques qui poussent au fond.
30:04Et c'est pour ça qu'ils ont fait classer le site,
30:06parce qu'il y a des plantes qui sont protégées à l'intérieur.
30:09Là-bas, on a le Mont Joli, que vous devez connaître.
30:12Voilà, au-dessus de Saint-Nicolas.
30:14En face, on a une montagne qui est arrondie,
30:16mais qui est complètement recouverte d'arbres,
30:18ses têtes noires,
30:19qui est intéressante pour les myrtilles, mais pas pour le point de vue.
30:21Et puis derrière, on a le prarion.
30:23Prarion, ça veut dire petit prés, parce qu'il y a des prés en dessous.
30:25Il y a des moutons.
30:26Il y a un peu plus de moutons.
30:27Il y a un peu plus de moutons.
30:28Il y a un peu plus de moutons.
30:29Il y a un peu plus de moutons.
30:30Il y a un peu plus de moutons.
30:31Il y a un peu plus de moutons.
30:32Et puis, les pyramides n'ont pas eu si grand le temps de leur création.
30:36On voit, par exemple, la larcherie.
30:38C'est un truc qui se moquait à dire tout le temps.
30:40C'est une gexposition retroque,
30:41derrière des profités vaccins à l'époque ultraprové Weiss.
30:43Attention, le téographique.
30:44C'est un cor cardigué,
30:45des informations qui sont importantes,
30:47commeheirocks,
30:48c'est un peu trois trucs
30:49qu'on peut avoir pour gaver l'impression
30:50que nous traversons le mountain.
30:51C'est inscrit,
30:52toute l'blague.
30:53C'est de la witell des tempêtures.
30:54C'est un peze,
30:55du tramway du Mont-Blanc qui traverse le rocher là et qui va vers le glacier de Vionnacet là qui fait partie d'un des
31:01des 101 glaciers du massif du Mont-Blanc.
31:03En tout cas, c'était intéressant d'apprendre cette marche afghane parce que je pense que peut-être que ça vous servirait également Jean-Christophe.
31:11Ben écoutez, c'est très utile de
31:13réfléchir à des choses qu'on fait intuitivement et là je me suis rendu compte que
31:18sur l'équilibre entre expiration et inspiration, je ne faisais pas bien.
31:22Après, ce n'est pas quelque chose qu'on va faire naturellement donc...
31:25Non, mais c'est intéressant de se poser la question, de s'observer et
31:30voilà, et peut-être de s'améliorer un peu.
31:33Parce qu'il s'agit d'une suroxygénation naturelle comme je vous ai dit donc là on ne le fait pas
31:38naturellement ces choses là. On respire par le nez quoi qu'il en soit quand on dort mais voilà,
31:44expirer plus et expirer en double par rapport à ce qu'on inspire, ce n'est pas quelque chose de naturel en soi au départ.
31:50Mais ça permet de recharger les batteries et de ne pas vous fatiguer.
31:55Merci beaucoup, je vous fais la bise. Merci beaucoup Elisabeth.
31:59Et puis vous avez bien de la chance...
32:01Moi aussi, il n'y a pas de raison.
32:03Embrassons-nous. On vous laisse devant ce panorama exceptionnel que vous connaissez par cœur. Au revoir Elisabeth.
32:20Revigorée par cette marche afghane, nous reprenons la route vers les Zouches dans la vallée de Chamonix.
32:25Les sonailles vont bientôt résonner à nos oreilles car notre prochaine rencontre nous emmène au cœur d'un élevage de vaches de montagne.
32:47Alors ça vous a fait du bien cette marche afghane ?
32:50Oui, c'est intéressant.
32:55Heureusement qu'elle a dit que c'était afghan parce que je n'aurais pas trouvé ça tout seul.
33:01Non, mais c'est plus une technique d'introspection autour de la marche quoi.
33:08C'est-à-dire prendre conscience, c'est de la méditation en marchant quoi en fait.
33:13C'est ça, puisqu'il n'y a pas d'efforts à fournir, on se concentre sur soi-même.
33:17C'est ça, la méditation ce n'est pas trop mon truc, je suis plutôt du genre à m'agiter.
33:25C'est vrai ?
33:26Oui, mais justement ça fait du bien, c'est bien.
33:28Mais ça ne vous arrive jamais de vous reposer, de vous dire, je ne sais pas, de faire une sorte de bilan ?
33:34Moi je n'appelle pas ça de la méditation.
33:37La réflexion.
33:38Oui, c'est ça.
33:40Quand j'écris des livres, c'est ça aussi, c'est une phase un peu calme.
33:46Quand vous êtes devenu académicien Jean-Christophe, vous étiez où ?
33:49Vous étiez à quel moment de votre vie ?
33:50Au Sénégal.
33:51Au Sénégal ?
33:52Oui, j'étais au Sénégal, j'ai été élu, j'étais là-bas.
33:55Et d'ailleurs c'était très touchant parce que les Sénégalais savent très bien ce qu'est l'académie
34:02pour une raison simple, c'est que le président Léopold Sédar Senghor en était membre.
34:08Donc pour eux, ils ont un vrai attachement à cette institution.
34:13Et c'était très émouvant parce que j'avais l'impression qu'ils prenaient part à l'honneur qui m'était fait.
34:21Donc j'ai été fêté, je dirais, partout, là-bas, cette époque-là.
34:28J'ai été élu en 2008.
34:32Je vous emmène aux Zouches pour rencontrer un homme amoureux de son terroir.
34:38Un homme qui défend les races rustiques.
34:41Et qui a un cheptel de vaches éreintes.
34:44Je ne sais pas si vous connaissez ces petites vaches éreintes.
34:47Je ne les connais pas personnellement, mais je vois très bien ce que c'est.
35:11Bonjour Jérôme, Jean-Christophe.
35:13Jérôme, enchanté.
35:14Bonjour.
35:16Bonjour.
35:17Bonjour.
35:18Vous allez bien ?
35:19Oui, très bien.
35:20Donc là, c'est votre exploitation, ici, Jérôme ?
35:22Oui, je la ferme ici avec les tracteurs.
35:25Et là, en ce moment, on remplit la grande vache.
35:28Donc là, c'est la vache.
35:29C'est la vache.
35:30C'est la vache.
35:31C'est la vache.
35:32C'est la vache.
35:33C'est la vache.
35:34C'est la vache.
35:35C'est la vache.
35:36C'est la vache.
35:37C'est la vache.
35:38C'est la vache.
35:39C'est la vache.
35:40Donc là, on remplit la grange pour cet hiver, pour passer l'hiver tranquille.
35:45Ça fait combien d'années que vous êtes éleveur de vaches ?
35:47Et rinces, hein ?
35:48Oui, rinces.
35:49C'est une race très particulière.
35:50Oui, c'est une race qui est typique de la montagne, ici.
35:55Dans la Vallée Chamonix, il y en a toujours eu.
35:57Puis après, il y en a énormément dans le Valais suisse et puis dans le Val d'Aoste.
36:03Moi, ça fait une quinzaine d'années que je suis installé, on va dire, à mon nom,
36:09après l'école.
36:10Et aujourd'hui, j'ai 95% de mon troupeau en errinces.
36:15Et donc, c'est les vaches de combat, c'est les vaches que vous avez confrontées ?
36:20Voilà, c'est celle que Roger Frison-Roche parlait au col de Balme, les mélanges au
36:25plan d'Ereine, entre quatre alpages, qui étaient deux Suisses et deux Français.
36:30Et donc, les premiers matchs internationaux, entre guillemets, début du siècle, c'était là-haut.
36:34Moi, l'été, justement, elle passe l'été là-haut, juste à côté, sur l'alpage de Charamillon.
36:40Vous faites encore des confrontations ?
36:42Non, non, non.
36:43Alors, ça serait très compliqué, au niveau sanitaire, c'est très compliqué aujourd'hui.
36:48Donc, on fait un match international chaque année qui tourne sur les trois pays, sur
36:53la France, Suisse et l'Italie, et qui est organisé à tour de rôle.
36:56Donc, cette année, c'est en Suisse.
36:58L'année prochaine, c'est en France, à Chamonix.
37:00Donc, c'est des combats de vaches ?
37:01Combats de vaches.
37:02Entre les différentes nations ?
37:03Oui, alors, c'est vrai qu'en parlant comme ça, ça fait un peu combat de pitbull ou
37:07ça peut faire peur, le combat de coque, mais ça n'a rien à voir.
37:10C'est comme une lutte.
37:11Puis, toutes les bêtes, de toute façon, et les vaches, il y a une hiérarchie qui doit
37:14se mettre en place au printemps.
37:16Pendant trois jours, ça va être un peu la guerre, entre guillemets.
37:20Elles vont lutter tête à tête.
37:21Il n'y a pas de sang.
37:22Au pire, elles abîment un bout de corne.
37:26On fait un peu la police, histoire de ne pas carner une troisième qui arrive à mêler
37:31son petit grain de sel.
37:32Mais pendant trois jours, tous les matins, quand je les sors, on sait que c'est comme ça.
37:36Et puis après, on organise, nous, comme on a quasiment plus d'alpages collectifs,
37:40on organise les batailles de rennes ou combats de rennes.
37:43Donc là, c'est complètement artificiel.
37:45Et puis, chaque éleveur amène ses quelques vaches, si il en a envie.
37:50Par contre, dans les trucs artificiels, il y a quand même une partie des vaches qui ne
37:54veulent pas lutter.
37:55On les amène, si elles ne veulent pas lutter, elles repartent.
37:58Il n'y a pas de force.
38:00On ne peut pas les forcer, de toute façon.
38:02Et traditionnellement, il y a de très, très beaux colliers.
38:05Elles ont toutes une sonnette.
38:07On va voir.
38:08Elles sont habillées.
38:09Ah oui, oui.
38:10Ce sont des sonnettes magnifiques.
38:13J'en ai un petit peu partout dans les houches.
38:15Donc, je les ai séparées suivant l'âge, suivant si elles sont encore en production ou pas.
38:20Et donc, on peut aller les voir.
38:25Il y en a combien, là ?
38:36Là, il y en a 27.
38:41Avec un peu tous les âges, là.
38:43Là, c'est les jeunes.
38:44Celle-ci, elle est beaucoup plus grande.
38:47Elle a déjà fait son premier veau, celle-ci.
38:50Elle va avoir quatre ans cet automne.
38:53Alors, elle n'a pas sa sonnette parce qu'elle était blessée derrière les oreilles.
38:59Donc, j'ai dû l'enlever.
39:00J'en ai deux comme ça, là.
39:02Sinon, elles ont toutes des sonnettes.
39:04Oui.
39:05Celle-là, c'est donc...
39:07Là, ici, il y en a 27.
39:10Ce n'est pas toutes les miennes.
39:11On a mélangé avec un autre éleveur, là, qui est d'Argentier.
39:15Jérôme, je ne vous entends pas.
39:18Là, c'est un peu un sourdissant, oui.
39:21Donc, elles sont en totale liberté, là ?
39:23Oui.
39:24Bon, il y a quand même des fils pour ne pas qu'elles aillent dans le village
39:27parce que sinon, elles se promèneraient n'importe où.
39:28Et là, dans une quinzaine de jours, on va les mettre au fond de la vallée,
39:31donc sur l'alpage de Charamillon.
39:35Et là, elles vont passer après tout l'été, à peu près trois mois.
39:39C'est l'alpage de Frison-Roche décrite en premier de cordée où il y a les...
39:43C'est ça, quoi.
39:44Les premières batailles de reines entre la Suisse et la France,
39:49c'était là-haut.
39:51Elles sont assez trapues, pas très hautes.
39:53Oui, voilà.
39:54Bon, après, ça, c'est des jeunes.
39:55Les plus âgées sont juste derrière.
39:57Mais celle-ci, elle a deux ans.
40:01Et après, c'est des bêtes qui restent quand même assez basses, trapues.
40:04Et elles vont participer à la...
40:07Enfin, pas toutes, mais une partie à la bataille de reines
40:10qui sera organisée sur l'eau de la vallée,
40:12juste au pied de notre alpage, en fait.
40:14Et quand elles font les batailles, elles se mettent front contre front
40:17avec les cornes.
40:18C'est vrai ?
40:19Ouais, ouais, ouais.
40:20Mais en tout cas, elles ont le chose, quand même,
40:22parce qu'elles avancent comme ça.
40:23Oui, en fait, il faut pas...
40:25On leur touche pas le front.
40:26Pour elles, le front, c'est...
40:28C'est le combat.
40:29C'est... Voilà.
40:30C'est pour le dire, ça, Jérôme ?
40:31Non, mais là, il y a pas de problème.
40:32Depuis quand elles lui caressent le front ?
40:34Disons que sur un veau, faut pas le faire,
40:35parce que sinon, on va leur apprendre un petit peu des âneries.
40:38Mais sur une vache, c'est pas très grave.
40:41Mais voilà, c'est pas...
40:43Par contre, elles aiment les caresses, quoi.
40:46Et alors, on vous souhaite de gagner tous les concours.
40:49Avec vos...
40:51Débattre les Suisses et les Italiens.
40:53Ah ouais, mais là, ça va être dur, OK.
40:56Merci beaucoup, Jérôme.
40:57Bah...
40:59Au plaisir.
41:00À la prochaine.
41:01À la prochaine.
41:02Merci, Jérôme.
41:03Avec plaisir.
41:04Quand je passerai à vélo...
41:05Ah bah, vous pouvez vous arrêter.
41:06Ça serait bon, j'ai pas de problème.
41:07Avec plaisir, ouais.
41:19Nous laissons nos vaches et reins se préparer à leur transhumance annuelle
41:23et repartons vers Chamonix-Mont-Blanc.
41:25En gare du Mont-Envers, nous prendrons le petit train rouge à Crémaillères
41:29qui s'élance vers la mer de glace.
41:31Alors ça, c'est les glaciers de Tacona et des Bossons qui...
41:35Moi, quand j'ai commencé l'alpinisme,
41:37vous voyez, le glacier des Bossons,
41:39il arrivait jusqu'en bas et on faisait les cols de glace,
41:42ce qu'on appelle, c'est-à-dire, pour enseigner les techniques,
41:45on faisait là, là-bas, là-bas.
41:47On faisait là, la buvette au-dessus,
41:49c'est-à-dire que le glacier arrivait tout en bas, quoi.
41:52Donc ça m'inquiète beaucoup parce que je commence,
41:55vous voyez, je me dis que je suis vraiment devenu très vieux
41:57parce que j'ai vu reculer les glaciers.
41:59Soit vous êtes devenu très vieux, soit les glaciers reculent très vite.
42:02Alors vous êtes gentil.
42:03On va s'en tenir à cette explication-là.
42:05Vous les connaissez tous, les sommets du massif ?
42:08Oui, on les connaît parce que...
42:10C'est une des particularités de l'alpinisme,
42:13parce que l'alpinisme, finalement,
42:15a personnalisé la montagne au sens où
42:21les ascensionnistes laissent leur nom.
42:24Vous voyez, on dit, c'est la voie telle.
42:27Par exemple, le pilier Bonatti, qui malheureusement a disparu
42:30puisqu'il est parti au moment de l'éboulement d'une rue.
42:32Le pilier Bonatti, c'est à la fois un relief particulier,
42:37c'était un relief,
42:39et puis c'est le souvenir de Walter Bonatti
42:44qui, en solo, l'a gravé pour la première fois.
42:49En fait, chaque sommet a une histoire.
42:50Oui, oui.
42:51Et vous avez certains endroits, par exemple le Cervin,
42:55le Cervin en Suisse, là,
42:57qui ont pratiquement chaque petit tronçon, si vous voulez, un nom.
43:02Vous avez le Vallon des glaçons, le Linceul,
43:05parce que c'est l'histoire qui s'est inscrite comme ça
43:08dans la pierre, en quelque sorte.
43:11On arrive à Chamonix-Mont-Blanc pour prendre le train du Montant Vert.
43:14Et aller voir cette mer de glace.
43:16Vous savez qu'autrefois, pour monter au Montant Vert,
43:19au 19e siècle, c'était des mulets.
43:22Il y en a toujours, pour les gens qui font le tour du Mont-Blanc,
43:24certains prennent des mulets pour transporter leurs bagages et tout.
43:28On voit des mules qui passent.
43:31Les muletiers, ils partaient de là.
43:33C'est pas très haut, le Montant Vert.
43:38Et vous connaissez un peu l'histoire de ce train ?
43:41Ce petit train du Montant Vert ?
43:44Oui, c'est un train qui a été construit au début du 20e siècle.
43:49Je crois que c'est 1903, juste comme ça.
43:52De toute façon, on va rencontrer un cheminot
43:54qui va pouvoir nous raconter l'histoire du train.
44:08Mont-Blanc-sur-l'Etat
44:32Bonjour sur l'Etat !
44:33Bonjour !
44:34Vous allez bien ?
44:35Oui, bien !
44:36Bonjour !
44:38Alors Philippe, je racontais à Jean-Christophe
44:40que ça fait près de 40 ans que vous travaillez sur cette fabrique.
44:43Oui, enfin pas 40 ans, il me reste encore 3 ans.
44:45Quasiment !
44:46Oui, allez, on ne va pas chipoter.
44:4837 ans de société.
44:50Je suis mécano depuis 37 ans.
44:52Je démonte les trains, je remonte les trains.
44:55Mais tout au départ, j'ai commencé à la conduite.
44:58Et par les années, je suis arrivé.
45:01Ma spécialité, c'est au Marfraseur.
45:03Donc je refais les pièces de train.
45:05Et l'hiver, je suis aussi au déneigement.
45:07Avec le diesel et la fraiseuse.
45:09Où est-ce qu'ils sont fabriqués ces trains-là ?
45:11Ces trains, ils ont été fabriqués en Suisse.
45:13C'est vraiment les numéro 1 mondial du train à crémaillère.
45:16Ils sont très très forts.
45:18Et pour les pièces, c'est vous qui les réusinez ?
45:20Alors oui, il y a beaucoup de pièces qu'on réusine nous-mêmes
45:23et on se traite par personne.
45:24Et ces trains du Mont-Envers, ils peuvent contenir jusqu'à combien de personnes ?
45:27Donc un train peut aller jusqu'à 200 personnes.
45:30Mais pour l'accueil, on ne met que 160 clients dans le train.
45:33Comme ça, tout le monde est assis.
45:35Et c'est quoi le trajet ?
45:36Là, on est parti de Chamonix ?
45:38Oui, on est parti de Chamonix à 1042 mètres.
45:42Nous allons arriver à 1913 mètres.
45:46Le premier des trains, il est à quelle heure en ce moment ?
45:488h30.
45:49Pour l'alpinisme, le premier train, c'est clé.
45:52Parce qu'on a besoin de toute l'amplitude de la journée.
45:55Les courses, il faut aller et venir.
45:57Alors on se renseigne toujours.
45:58La première question qu'on pose, quelle heure est le premier et quelle heure est le dernier ?
46:01Il y a 15 ans en arrière, le premier train était à 7h.
46:04Donc la clientèle n'est pas la même entre le matin très tôt et le reste de la journée ?
46:10Non, les deux premiers du matin, c'est vraiment des alpinistes, des randonneurs.
46:15Faire du glacier, aller au refuge du couvert, revenir dans la journée.
46:20Où vient cette passion pour ce métier-là, pour ce train du Mont-Envers ?
46:25J'ai grandi depuis l'âge de 4 ans.
46:28J'habitais au-dessus des ateliers.
46:31Mon père a pris la direction en 68 et j'ai grandi dans les trains.
46:36J'ai passé un cercle tourneur-fraiseur et je me suis retrouvé dans la société.
46:43Et du coup, vous avez fait toute votre carrière ?
46:45Carrément toute ma carrière ici.
46:47Ici, sur ce cycle-là ?
46:48Toute ma carrière.
46:50Donc vous êtes la deuxième génération à vous être intéressée au train du Mont-Envers ?
46:55Oui, tout à fait.
46:56Donc on est bientôt à notre terminus là, Philippe ?
46:59Dans 2-3 minutes, nous arrivons au terminus du Mont-Envers, à 1913 mètres.
47:04Je pense que c'est là qu'on va se quitter.
47:07Et moi qui vais reprendre le train pour regagner mes ateliers.
47:10Et nous, on va y découvrir cette mer de glace.
47:12Et vous allez découvrir ce glacier, ce Télécabine,
47:15et en face de vous, les Drulles, les Jorasses, toutes ces montagnes mythiques.
47:18Merci beaucoup Philippe pour notre bonne arrivée.
47:21Avec plaisir.
47:22Nous aussi, pour ce voyage.
47:23Et bonne continuation.
47:24Merci beaucoup.
47:25Merci.
47:29La mer de glace
47:55C'est beau.
47:56Ouais.
47:57Donc c'est ça la mer de glace.
47:58C'est la mer de glace qui serpente, là-bas, le glacier de l'Echo.
48:02Voilà, l'aiguille de l'Echo, les grandes orages au fond, l'aiguille du Moine,
48:07le Dru, c'est-à-dire le massif de l'aiguille verte, les Grandes Charmeuses,
48:12et l'aiguille de la République où j'étais monté l'an dernier avec Sylvain Tesson
48:17et Cathy Simon, qui est l'arrière-petite-fille du premier ascensionniste.
48:22Donc ça veut dire qu'en hiver, tout ça est recouvert de neige jusqu'à quel niveau ?
48:26Pas de glace, de neige, parce que malheureusement, la glace, il y en a de moins en moins.
48:30Vous voyez, il y a ces arcs qui sont caractéristiques de la glace vive,
48:35donc là, il n'y a plus de neige du tout, mais il n'y a plus non plus beaucoup de glace,
48:39et c'est un glacier qui devient pierreux, qui sent pierre,
48:42parce que les moraines qui sont sur les côtés, cette espèce de sable et de pierre,
48:47ont tendance à gagner le lit du glacier.
48:52Il y a toujours de la glace dessous.
48:54La preuve, c'est qu'il y a la grotte qui est creusée chaque année par les guides,
48:59et qui est une attraction locale.
49:01Il y a de la glace, mais en surface, c'est de plus en plus pierreux.
49:04Là, ça fait un peu chemin de cailloux, effectivement, dessus.
49:06Mais il y a de la glace quand même, il faut se méfier.
49:09Il n'y a plus beaucoup de crevasses, mais il peut y avoir ce qu'on appelle des moulins,
49:14parce que l'eau ruisselle à la surface du glacier,
49:17elle s'enfonce dans des espèces de grottes qu'on appelle des moulins,
49:22et c'est très dangereux.
49:23Si vous tombez là-dedans, ce n'est pas bon.
49:26La prochaine fois que vous viendrez ici gravir un de ces sommets,
49:30vous penserez à moi avec la marche afghane, la respiration par le nez,
49:33en évitant les obstacles.
49:35Alors là, je compterai mes expirations.
49:38J'espère les compter longtemps, parce qu'on finit par ne plus penser qu'à ça.
49:42Non, mais c'était très utile.
49:44Là, on a de quoi faire pour la marche afghane,
49:47parce que c'est un terrain de jeu magnifique.
49:52Kesh, j'étais ravie de faire cette route avec vous.
49:54Vraiment honorée.
49:55Merci beaucoup. Le plaisir a été pour moi.
49:57J'espère que ça a donné le goût à ceux qui nous ont regardés
50:01de venir partager ces beaux paysages,
50:04parce que c'est une région très belle, très détachante,
50:07et qu'il y a plein de ressources.
50:09Et on en a montré qu'un tout petit peu, il y a beaucoup d'autres choses à découvrir.
50:12Et je sais que c'est dans ce cadre-là que vous écrivez.
50:14Alors, vous avez déjà une petite idée du prochain roman ?
50:16Ben oui, en plus, il porte sur la montagne, figurez-vous.
50:19Il se terminera là, dans ce refuge de la Charpoix.
50:22Donc, ça fait 20 ans que j'ai envie d'écrire un livre sur la montagne.
50:26Et là, je crois que c'est le moment.
50:29Merci beaucoup, Jean-Christophe. Je vais reprendre mon van.
50:31Eh bien, bonne route.
50:32Et je vous laisse ici dans votre élément.
50:34Eh bien, plein de bonnes choses.
50:36Merci. Au revoir.
50:37À l'après.
50:43Je n'ai pas retenu le nom de tous ces monts, tous ces dômes,
50:46toutes ces aiguilles que nous avons vues depuis le début de cette route,
50:49mais je comprends l'amour de Jean-Christophe pour son paradis alpin.
50:53J'espère que vous aussi, vous avez apprécié cette escapade au pied du Mont Blanc
50:56et la découverte de ce patrimoine au Savoyard.
50:59Comme cette église incroyable, qui possède des œuvres à la fois de Chagall et de Matisse,
51:03sans oublier les Savoyards passionnés, à l'image de Jérôme, avec ses églises.
51:08Malheureusement, il est temps de nous quitter. Je vous dis à très vite sur une nouvelle route.
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