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En juin 2024, le Laboratoire pour l’Internet des Objets Appliqué à l’Environnement (IoTAE) a été inauguré à Aubière dans le Puy-de-Dôme. Emmanuel Ranc, directeur des nouvelles technologies et de l’IoT chez Linxens et Emmanuel Bergeret, chercheur et professeur à l’Université de Clermont-Auvergne nous expliquent en quoi ce nouveau pôle de recherche permettra le développement d’objets connectés durables.

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Transcription
00:00Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:13Le débat de ce Smart Impact consacré à l'IoT, l'internet des objets.
00:18Je vous présente mes invités, Emmanuel Ranck, bonjour.
00:20Bonjour.
00:21Bienvenue, vous êtes le directeur des nouvelles technologies et de l'IoT chez Linksense.
00:25Emmanuel Bergeret, bonjour.
00:26Bonjour.
00:27Vous êtes professeur à l'université Clermont-Verne et chercheur en électronique et microélectronique.
00:32On va parler ensemble de ce laboratoire qui a été inauguré à la fin du mois de juin dernier,
00:37laboratoire pour l'internet des objets appliqué à l'environnement.
00:41Peut-être pour commencer, un mot de présentation de votre entreprise.
00:45Linksense, c'est quoi votre métier ?
00:47Alors tout à fait.
00:48Linksense, historiquement, c'est la microélectronique.
00:52Donc, un des leaders mondiaux dans tout ce qui est capteur RFID et tout ce qui est microconnecteur de carte bancaire.
01:00Donc, ce qu'on dit régulièrement, c'est que 80% de la population mondiale dispose d'une carte bancaire
01:07et donc d'un produit Linksense dans sa poche.
01:10Vous êtes au cœur de l'IoT, de l'internet des objets ou c'est une petite partie de votre business ?
01:15Alors, ce n'est pas le métier historique de Linksense, bien sûr, mais c'est vraiment une volonté de diversification
01:20et d'utiliser le savoir-faire historique de production pour développer des nouveaux capteurs.
01:26Effectivement. Et donc, on va se poser ces enjeux, finalement, de sobriété énergétique de l'IoT.
01:33Peut-être pour commencer un constat, Emmanuel Bergeret, ça pèse quoi en termes de consommation d'énergie ?
01:41À l'échelle planétaire, on estime à peu près qu'internet et tout ce qui est connecté,
01:48ça représente la consommation du sixième pays, si c'était un pays, la consommation d'un pays.
01:55D'accord, on serait en rang numéro 6.
01:59J'ai trouvé ce chiffre de plus de 40 milliards d'objets d'IoT prévus fin 2025, donc c'est là.
02:07Et en plus, c'est encore en train d'exploser.
02:09C'est-à-dire que là, avec la miniaturisation et la diminution de la consommation,
02:12on arrive à des chiffres qui vont être astronomiques.
02:14Je n'ai pas exactement les chiffres du nombre de...
02:16Mais la croissance est exponentielle, c'est ça qui est important.
02:19Et du coup, d'où l'importance de vraiment faire attention à la consommation de ces objets par la suite.
02:24Évidemment. On parle de quels objets, d'ailleurs ?
02:26Parce que c'est très, très vaste, mais on parle de quels objets ?
02:29Alors, dans ce qui nous intéresse ici, nous, on s'est focalisés sur nos travaux et ce qu'on a entrepris ensemble
02:36sur tous les objets connectés qui vont servir à monitorer l'environnement,
02:39puisque l'environnement, c'est une préoccupation assez importante pour beaucoup d'entre nous.
02:44Et on ne voudrait vraiment pas qu'on décide de mesurer, d'instrumenter.
02:48Ça coûte encore plus cher et ça dégrade encore plus la situation.
02:51Donc effectivement, nous, on se focalise un petit peu sur les travaux qu'on a entrepris ensemble avec Emmanuel,
02:57sur tout ce qui est IoT et appliqué à l'environnement.
03:00D'accord. Effectivement, soyons cohérents.
03:02Si on veut des objets connectés intelligents pour améliorer l'environnement, qu'ils soient les plus sobres possibles.
03:07Et puis ensuite, on peut imaginer que ça servira à l'ensemble des objets connectés.
03:11Vous venez donc de créer, c'était au mois de juin dernier, cette IoT AE Lab.
03:18Donc, je vais le dire en français, Laboratoire pour l'Internet des Objets Appliqués à l'Environnement.
03:22Déjà, on peut expliquer, Emmanuel Ranck, le principe.
03:25Donc, vous en êtes l'incarnation. C'est une collaboration publique-privée, c'est ça ?
03:29Exactement, oui. Donc, c'est vraiment quelque chose de très innovant et de très intéressant pour à la fois l'entreprise,
03:36en tant que développeur d'innovation, mais également l'organisme de recherche,
03:42pour mettre en commun des savoir-faire, mettre en commun des technologies.
03:46Donc, nous, on est fabricant de sensors.
03:50Et ensuite, ça nous permet d'aller sur le terrain, de tester des innovations
03:54et de pouvoir les déployer dans des contextes, on dirait, mondiaux et parfois hostiles.
04:00Typiquement, on peut mesurer les taux de soufre sur les volcans.
04:04Il y a différentes façons d'aborder la mesure, tout en conservant cette notion de consommation énergétique et d'autonomie.
04:12C'est vraiment ces cadres-là qui sont intéressants.
04:16Et l'aspect modulaire aussi de l'électronique.
04:20On a un engagement aussi de réutilisation des objets et de ce qu'on appelle nous, voilà, sustainability.
04:30Et c'est vraiment très important pour nous de pouvoir réutiliser l'électronique,
04:36la rebrander dans d'autres contextes et être capable de…
04:41Qui finance ? Là aussi, c'est un financement public-privé ?
04:44J'ai vu qu'il y avait l'Agence Nationale de la Recherche qui était dans la boucle.
04:48Tout à fait. Donc, il y a un financement en license, un financement de l'ANR.
04:52Et ce qui nous permet, sur quatre années d'exercice, d'avoir nos propres personnels
04:58et de créer une équipe pour développer une stratégie très intéressante dans notre domaine.
05:04Et M. Bergeret, comment vous… Peut-être pourquoi quatre ans ?
05:07Ou alors c'est d'abord quatre ans et puis ensuite on verra ? C'est quoi l'idée ?
05:10Alors c'est d'abord quatre ans et puis après on verra.
05:13Mais on est déjà en train de préparer la feuille de route pour la suite.
05:16Voilà sur ces choses-là. Et puis effectivement, comme vous l'avez dit,
05:20on voudrait démontrer des choses dans ce contexte spécifique d'objets autonomes en milieu compliqué.
05:25Et puis après, aller plus loin dans l'I.U.T. et puis explorer d'autres voies.
05:29Pourquoi l'association publique-privée est importante ?
05:32Alors parce qu'entre une idée et puis une réalisation et une fabrication,
05:36là on a besoin pour l'I.U.T. d'aller jusqu'à la fabrication.
05:38Il y a tout un tas de corps de métier, je dirais, de possibilités.
05:42Et voilà. En plus, il y a pas mal de mouvements en ce moment.
05:46On entend beaucoup parler de l'intelligence artificielle, des communications satellites.
05:49Il y a beaucoup de choses comme ça. Le travail du chercheur, c'est un petit peu
05:52de regarder un petit peu toutes ces idées, de réfléchir à tout ça.
05:55Et puis un petit peu se dire, tiens, on peut concevoir quelque chose.
05:58Après, travailler avec une entreprise privée qui a le moyen de dire,
06:01attention, là, ce que tu es en train de penser, il va falloir faire comme ça et tout ça.
06:04D'avoir les ingénieurs dernières, les chaînes de production.
06:06Et puis un groupe comme l'INSEN, c'est aussi la possibilité d'avoir
06:09des capteurs un petit peu spécifiques, des choses qui viennent d'ailleurs.
06:13Et du coup, il y a besoin des deux pour réussir à aller jusqu'à l'objet concrètement depuis le début.
06:17Oui. Votre objectif, c'est vraiment de créer des nouveaux objets,
06:20de ne pas seulement être dans la recherche, je ne sais plus quel est le terme,
06:25élémentaire ou la recherche pure. C'est d'arriver à la création d'objets.
06:28Je vais poser la question de skiffage. À la fin, il y aura quoi ?
06:30Il y aura un brevet, un brevet commun ?
06:32Oui, ça peut passer par effectivement des notions de brevets.
06:35On a des objectifs clairs aussi de cas d'usage, ce qui est très important.
06:39C'est par exemple la forêt et la détection d'incendies en autonomie complète.
06:44Donc c'est un exemple. L'analyse de l'eau, l'enjeu de l'eau,
06:47on le connaît tous aujourd'hui dans sa qualité, dans sa préservation.
06:51Donc il faut être capable demain d'apporter de l'instrumentation de mesure pérenne
06:56et qui ne consomme pas de l'énergie. C'est vraiment tous ces aspects qui sont importants.
07:01Je reste dans la dimension business, donc je reste plutôt avec vous.
07:04C'est une demande de vos clients ?
07:06Oui, bien sûr.
07:07D'avoir des objets connectés, moins énergivores, notamment dans ces environnements-là ?
07:11Bien sûr, parce que les applications qu'on va retrouver sur le terrain
07:15sont très accessibles sur l'application industrielle.
07:18Donc l'IoT est beaucoup industrielle aujourd'hui, très orientée logistique,
07:22très orientée tracking, mais également mesure en milieu industriel.
07:26Et c'est vrai que tous ces savoir-faire qu'on va gagner aujourd'hui sur ce laboratoire
07:32vont nous permettre demain de proposer des innovations.
07:35Emmanuel Bergeret, j'aurais pu commencer par là.
07:37Qu'est-ce qui rend un objet connecté, un objet intelligent énergivore ?
07:44Parce que nous on voit le capteur, on se dit c'est tout petit, ça ne doit rien consommer.
07:48Qu'est-ce qu'il y a derrière ? C'est ça ce qu'il faut expliquer peut-être.
07:50Sur tout ce qui mesure l'environnement, ou même les objets du Codicien qui font des mesures,
07:55on a tendance à remonter beaucoup d'informations.
07:57Qui dit beaucoup d'informations dit beaucoup de communications.
07:59Il faut savoir que la chaîne de communication,
08:01à la maison on pense beaucoup au Wi-Fi ou au téléphone portable ailleurs,
08:05c'est la communication sans fil qui coûte de l'énergie.
08:08Et plus il y a de données, plus elle coûte de l'énergie.
08:11C'est des serveurs qui tournent derrière ou ce n'est pas forcément ça ?
08:14Sans parler même du traitement, parce que l'énergie du traitement sur serveur
08:20n'est pas imputable directement sur la batterie de l'objet connecté.
08:23Mais effectivement il faut la prendre en compte aussi.
08:25D'où aussi une des idées qu'on pousse, c'est de se dire
08:28l'intelligence qui est déployée à l'heure actuelle sur les serveurs,
08:31on va essayer de la déployer au niveau du nœud.
08:33On va vraiment l'intégrer cette intelligence-là
08:35pour traiter les données au plus près du nœud
08:37et minimiser la transmission de données.
08:39Donc moins de coûts énergétiques sur la transmission sans fil.
08:42Et après moins de données à analyser au niveau des serveurs.
08:45Et donc besoin d'infrastructures beaucoup moins importantes pour traiter les données.
08:49Le nœud c'est quoi ? C'est l'objet lui-même ?
08:51Le nœud c'est l'objet lui-même.
08:52C'est l'objet lui-même.
08:53Donc le rendre plus autonome, c'est ce que je comprends ?
08:54Alors le rendre moins énergivore et plus intelligent.
08:57Et puis alors effectivement plus autonome.
08:59Un des aspects aussi qu'on va aborder, c'est la récupération d'énergie.
09:02C'est-à-dire qu'on pense à pas mal de systèmes.
09:05Là on parlait des volcans.
09:06Il y a la chaleur résiduelle dans le volcan.
09:08Récupérons l'énergie là.
09:09Et transformons-la en énergie électrique.
09:11Et en alimentons notre système connecté avec ça.
09:13Et vous vous donnez, ça démarre sur 4 ans.
09:16Vous espérez déjà proposer au marché des objets dans 4 ans.
09:22Avant, après c'est très long.
09:23Pour comprendre dans quelle longueur de démarche vous vous engagez ?
09:28Alors on est un peu dans une démarche agile.
09:30C'est-à-dire qu'on a une feuille de route bien sûr avec des objectifs.
09:33Mais qui sont très liés à des étapes de livraison intermédiaires.
09:38Donc des modules, des cartes électroniques de mesure.
09:42On parlera aussi d'intelligence artificielle sûrement.
09:46Mais c'est des sujets de ce type-là.
09:48Et régulièrement on va apporter des solutions de mesure à nos clients du laboratoire.
09:54Qui sont-ils ?
09:55L'Inraé est le bon exemple.
09:57L'Inraé a des besoins de mesure sur le terrain, sur des bassins versants.
10:02Pour étudier tous les aspects liés à l'eau et aux bassins versants.
10:06Ils sont partenaires du laboratoire d'ailleurs.
10:08Donc il y a différents clients institutionnels.
10:11Mais aussi on peut imaginer des clients privés.
10:14Qui peuvent avoir leurs propres besoins de mesure dans des contextes par exemple agricoles.
10:19Il se trouve que sur notre territoire, nous avons une entité qui s'appelle l'IMAGREIN.
10:24Qui est un gros acteur français et international.
10:27Et qui peut être un acteur qui va utiliser nos moyens.
10:31Ce laboratoire est basé en Auvergne-Rhône-Alpes.
10:35Ça veut dire que ça a un impact sur les entreprises qui vous accompagnent.
10:40L'écosystème, l'emploi local.
10:42Il y a aussi cette dimension-là qui rentre en jeu ?
10:44Alors le gros point fort de l'aspect local.
10:47C'est que sur Clermont-Ferrand existait une fédération de recherche en environnement.
10:51Qui recouvrait beaucoup de laboratoires.
10:53Avec beaucoup de compétences.
10:54On a parlé d'une raie mais il y en a différents autres.
10:57Et qui permet de s'appuyer sur une expertise.
10:59A la fois sur l'analyse des données.
11:01Mais aussi sur les besoins de terrain de collecte des données.
11:04Et ça c'est un des grands points forts.
11:05Avec un terrain d'expérimentation qui s'appelle l'Auvergne très immense.
11:09Vous avez un super terrain de jeu si j'ose dire.
11:12Est-ce qu'il y a des initiatives similaires ou concurrentes d'ailleurs.
11:16Qui existent je ne sais pas ailleurs en Europe à votre connaissance ?
11:19Alors en Europe oui je pense.
11:21Forcément il y a beaucoup d'initiatives je sais.
11:24Aujourd'hui en Allemagne sur tout ce qui concerne l'environnement.
11:27Mais c'est vrai que nous en tout cas au niveau français et au niveau de la NR.
11:32Nous sommes les premiers à proposer un projet autour de l'Aïti.
11:37Ça n'avait jamais été fait.
11:40En France on a mis, on va terminer là-dessus.
11:43Est-ce qu'on a mis la charrue avant les bœufs ?
11:45Vous voyez ce que je veux dire.
11:46On s'est rendu, alors c'est des progrès.
11:49Mais dépendant d'un certain nombre d'objets sans se poser les questions que vous vous posez aujourd'hui.
11:53Oui c'est vrai que c'est l'impression un petit peu que ça donne.
11:56C'est-à-dire qu'on a voulu connecter, remonter des données.
11:59Et on n'avait même je dirais pas les moyens d'analyser la quantité de données qui arrivaient.
12:03Alors là on a investi maintenant dans les serveurs les choses comme ça.
12:05Mais finalement on est allé très vite alors c'est bien.
12:07Mais maintenant on est dans la phase de réflexion et d'amélioration de ces choses-là.
12:11Il faut travailler sur la réflexion sur ces aspects-là.
12:14Et c'est à ça que sert ce laboratoire pour l'internet des objets appliqués à l'environnement basé à Clermont-Ferrand.
12:21Merci beaucoup. Merci à tous les deux d'être venus nous le présenter.
12:24On passe à notre rubrique consacrée aux startups éco-responsables.

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