Jeudi 7 novembre 2024, SMART IMPACT reçoit Sophie Vannier (Présidente, La Ruche) , Pierre Delaigue (Directeur des projets de mobilité autonome, connectée et électrique, Vinci Autoroutes) , Pierre Hornych (Directeur de laboratoire, Université Gustave-Eiffel) et Espérance Fenzy (Fondateur, EtNisi)
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00:00Générique
00:08Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de la transformation environnementale et sociétale de notre économie.
00:15Et voici notre sommaire du jour. Mon invité, c'est Sophie Vannier, la présidente de la Ruche, le réseau qui soutient l'entrepreneuriat responsable et inclusif.
00:23On verra notamment ce qu'elle attend de la ministre chargée de l'économie sociale et solidaire.
00:28Pour le débat de ce Smart Impact, on va découvrir les tests effectués par Vinci Autoroutes et par l'université Gustave Eiffel
00:35pour mettre au point un système de recharge des poids lourds électriques par induction ou par rail conductif.
00:42Et puis dans notre rubrique Startup, je vous présenterai Etnici, agence de design qui réalise des objets à partir de matériaux recyclés.
00:50Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact.
00:53Générique
00:59L'invité de Smart Impact, c'est Sophie Vannier. Bonjour.
01:02Bonjour.
01:03Bienvenue. Vous êtes la présidente de la Ruche. On va parler du poids de l'économie sociale et solidaire dans l'activité française,
01:10des moyens de la booster et donc de ce que vous attendez du gouvernement en la matière.
01:15D'abord, quelques mots pour présenter la Ruche. Vous êtes déjà venue dans cette émission, mais on va présenter quand même ce réseau national.
01:21Combien d'antennes ? Quelle mission ?
01:23Alors, en effet, la Ruche, c'est un réseau national. On a 17 implantations.
01:26On accompagne des entrepreneurs qui entreprennent dans l'économie sociale et solidaire, notre sujet du jour.
01:31On les accompagne du stade de l'idée jusqu'à la croissance, le changement d'échelle, même la levée de fonds.
01:38Et on accompagne aussi des entrepreneurs à se remobiliser, à se rapprocher du monde du travail
01:43quand ils en sont éloignés à travers de la formation et de l'accompagnement à l'entrepreneuriat.
01:48Comment vous choisissez les créatrices et créateurs d'entreprises que vous accompagnez ?
01:53Alors, dans le secteur de l'économie sociale et solidaire, on va justement regarder est-ce qu'ils ont une utilité sociale,
01:57environnementale, et du coup, est-ce que c'est au cœur de leur projet de répondre à un défi de société ?
02:02Et donc, on regarde aussi la personne. Est-ce qu'elle est en capacité de mener son projet ?
02:07Est-ce que c'est le bon moment ? Est-ce qu'il y a un marché ?
02:09Et donc, quand il y a un réseau triptyque qui est réuni, on se dit que ça vaut le coup d'accompagner la personne
02:13pour l'aider à être en réseau, à rencontrer les bonnes personnes
02:17et donc, du coup, à dérisquer l'aventure entrepreneuriale et c'est bien là notre rôle d'incubateur.
02:22La Ruche est elle-même une entreprise de l'économie sociale et solidaire, c'est ça ?
02:26Tout à fait, La Ruche, on est une entreprise ESUS pour toutes les activités d'incubation de coworking
02:32et on a aussi une association qui porte des programmes pour des publics très éloignés de l'emploi,
02:37par exemple, deux incubateurs pour entrepreneurs réfugiés qui sont portés par notre association.
02:42Alors justement, ce chiffre de 2 millions de personnes éloignées de l'emploi
02:45et quand on dit ça, il y a évidemment des réalités, des histoires qui sont très différentes les unes des autres.
02:53Est-ce que ça veut dire que vous proposez des programmes qui sont adaptés un peu à chaque catégorie d'une certaine façon ?
03:00Est-ce qu'il y a cette idée ?
03:01C'est tout à fait l'idée.
03:02L'idée, c'est de dire pour chaque public, il faut un parcours, une proposition spécifique.
03:10On n'a pas les mêmes enjeux quand on est une femme qui souhaite entreprendre,
03:13quand on est une personne éloignée de l'emploi dans un milieu rural ou quand on est une personne réfugiée.
03:19On a des contraintes et on a aussi des compétences différentes.
03:23Et donc nous, on a tout un enjeu de spécifier, d'individualiser les parcours.
03:27Et donc en effet, les 2 millions de personnes partout par nous et tous nos collègues de l'ESS
03:33ne sont pas adressés de la même façon.
03:35Fin septembre, Marie-Agnès Poussier-Winzbach a été nommée ministre déléguée chargée de l'économie sociale et solidaire.
03:41Vous vous êtes dit enfin ?
03:42Alors ce qu'on s'est dit déjà, oui en effet c'est une bonne nouvelle.
03:46Elle a un rapporteur aussi à l'ESS pour le budget qui est Paul Midi
03:50qui a vraiment fait un travail de consultation des acteurs de l'ESS.
03:53Nous, on a pu le rencontrer.
03:54Et donc en effet, c'est un signal positif.
03:57Ensuite, ce qu'il faut vraiment comprendre quand on parle de l'économie sociale et solidaire,
04:00c'est qu'il y a un petit regard à changer.
04:02Donc l'économie sociale et solidaire, on sait qu'il y a plusieurs familles.
04:04Qui ont tous des communs.
04:06Lucrativité limitée ou non lucrative.
04:09Utilité sociale.
04:10Gouvernance démocratique.
04:11Mais ce qu'on défend, c'est une vision d'une économie politique sur laquelle on souhaite inverser la tendance.
04:18Donc c'est vrai qu'aujourd'hui, on dit l'économie sociale et solidaire, ça a du poids.
04:2114% du PIB.
04:222 millions d'emplois.
04:24200 000 entreprises.
04:26Mais nous, notre volonté, c'est bien d'inverser cette tendance.
04:28Et de dire l'économie sociale et solidaire, elle peut répondre aux enjeux qu'on connaît aujourd'hui.
04:33Cohésion sociale.
04:34Fractures.
04:35Urgence climatique.
04:36Et donc c'est vraiment ce poids sur lequel on veut donner plus de poids du corps.
04:40Et sur lequel on attend la ministre, évidemment.
04:42Alors vous disiez 2,8 millions.
04:44Nous, on avait 2,6 millions.
04:45Mais nos chiffres doivent un peu dater.
04:47Et ça représente 10% du nombre d'emplois total en France.
04:49Et 14% des emplois du secteur privé.
04:52Est-ce que c'est un modèle qui progresse ?
04:55Ou est-ce que c'est un modèle qui a besoin justement,
04:57et on en revient à ce qu'une entreprise et un réseau comme le vôtre
05:02attend du gouvernement,
05:03est-ce que c'est un modèle qui a besoin d'être mieux accompagné et boosté ?
05:08C'est tout à fait.
05:09Déjà c'est un modèle qui progresse.
05:11Déjà il a été défini par une loi il y a 10 ans qui a ouvert à des entreprises sociales.
05:16La vision de l'ESS change.
05:19Donc ça progresse.
05:21Il y a des nouveaux entrants.
05:22Il y a le grand public, l'économie classique qui s'intéresse aussi à ces questions de
05:26quelle est ma raison d'être ?
05:27Comment moi aussi je m'engage dans tous mes enjeux de société ?
05:30Donc ça progresse.
05:32Ça veut dire que les chiffres qu'on a vus, 14% des emplois privés,
05:37ils sont en progression ?
05:39Ou c'est plutôt stagnant ?
05:41C'est plutôt on stagne.
05:43Disons qu'on reste dans un mouchoir de poche.
05:45On progresse.
05:46Mais depuis quelques années, on reste autour de ces chiffres.
05:49Qu'est-ce qui pourrait justement accélérer le développement de l'ESS ?
05:52Alors déjà moi je pense qu'il nous faut une vision.
05:54C'est là où la ministre peut nous aider.
05:56Aujourd'hui on a eu une vision de la French Tech.
05:59On a eu une vision de la Startup Nation.
06:01On a une vision sur comment la France veut se positionner sur les nouvelles technologies.
06:05En fait, on aimerait bien ne pas être vu comme un contre-pouvoir
06:08mais comme un outil du pouvoir.
06:09Et c'est quoi la vision qui est portée par notre gouvernement sur cette économie-là ?
06:14Donc déjà, si on avait une vision, les sujets de moyens, de budget,
06:18je pense seraient beaucoup plus faciles à aborder.
06:20Et depuis, on va remonter au premier mandat d'Emmanuel Macron,
06:24depuis qu'Emmanuel Macron est président de la République,
06:26vous n'avez pas le sentiment d'avoir une vision sur cette question ?
06:30Honnêtement, sur l'économie sociale et solidaire,
06:34je ne vois pas aujourd'hui qui porte cette vision-là
06:37à part les organisations qui nous représentent,
06:39donc l'Union des employeurs de l'ESS, ESS France.
06:42Mais au sein du gouvernement, ça nécessite vraiment d'avoir un portage plus fort,
06:46des prises de parole et beaucoup de courage et de créativité
06:49pour aller chercher aussi des budgets
06:52puisque les moyens sont évidemment un sujet prégnant,
06:56surtout en ce moment.
06:57Qu'est-ce qui pourrait, rentrons dans le détail,
06:59accélérer la croissance de l'économie sociale et solidaire ?
07:02Est-ce qu'il faut, par exemple, un régime fiscal dédié,
07:06un régime fiscal spécial ?
07:08Alors ça, moi, j'en suis sûre.
07:09Déjà, un régime fiscal spécial,
07:11on pourrait aborder l'impôt sur la société de façon différente
07:15en fonction de où sont reversés les bénéfices,
07:18à l'actionnariat, au projet.
07:20Vraiment, il y a un panel d'outils très intéressant
07:22et je vous invite à regarder les travaux du mouvement Impact France.
07:25Ce qui pourrait nous aider aussi,
07:26c'est changer de regard sur ce que l'on dit,
07:30le budget, c'est un coût.
07:31En fait, l'ESS, c'est un investissement.
07:33Et donc, moi, ce que je proposerais,
07:35c'est qu'on propose vraiment aux entreprises de l'ESS
07:37et à toutes les entreprises
07:39d'avoir des indicateurs différents que les indicateurs financiers,
07:44mais les indicateurs extra-financiers
07:46qui permettent de dire, nous, entreprises de l'ESS,
07:48la ruche, on accompagne des personnes éloignées de l'emploi
07:51pendant trois mois.
07:52Au bout de trois mois,
07:53généralement, elles sont en sortie dynamique
07:55pour 85% d'entre eux.
07:57En fait, c'est une économie pour la société.
07:59Quand elle retrouve un emploi,
08:00elle repart vers une formation.
08:01Et donc, ça coûte moins cher à la collectivité
08:04de payer un accompagnement vers cette sortie dynamique
08:07que des allocations chômage.
08:09Et donc, aujourd'hui, je pense que ce qui nous aiderait vraiment,
08:11c'est de changer de regard sur ce qui est un coût
08:15et ce qui est un investissement.
08:17Aujourd'hui, l'ESS, c'est un investissement
08:19puisqu'on rapporte en externalité positive.
08:22Et donc, quand on parle du budget et des coûts budgétaires,
08:24en fait, quand on coupe les budgets de l'USS,
08:26il y a beaucoup, beaucoup d'effets de bord
08:28sur les personnes les plus fragiles,
08:29mais aussi sur toutes les externalités positives
08:31qu'on enclenche au quotidien.
08:33Quand je vous entends parler de bilan extra-financier,
08:35évidemment, je pense aux nouvelles réglementations européennes,
08:38la CRD qui impose un bilan extra-financier.
08:41Alors, pour l'instant, aux très grandes entreprises,
08:44puis année après année,
08:46ça va redescendre jusqu'au PME côté.
08:48Et donc, d'une certaine façon, par capilarité,
08:50toutes les entreprises seront conservées.
08:53Ça va forcément dans le bon sens.
08:56C'est cette logique-là qu'il faudrait renforcer en France ?
08:59C'est ce que vous espérez ?
09:01C'est ce qu'on espère.
09:03Plus de transparence.
09:05Et vraiment cet effort de regarder
09:09l'impact qu'une société a sur son écosystème.
09:13Plus d'encouragement aussi pour les bons élèves.
09:16Donc, vous parliez d'un encouragement fiscal,
09:19ben, c'en est un.
09:21Est-ce qu'il faut changer le statut ?
09:23Le statut ESUS dont vous parliez,
09:25entreprise solidaire d'utilité sociale,
09:27est-ce qu'il faut le dépoussiérer, d'une certaine façon ?
09:29Le statut ESUS, ce n'est pas un statut très ancien,
09:31puisqu'il a 10 ans.
09:33Il a été créé avec la loi.
09:35Donc, c'est un bon statut.
09:37Mais le statut ESUS, il faut comprendre
09:39que ce ne sont que des contraintes
09:41pour l'entreprise qui se l'applique.
09:43Lucrativité limitée, encadrement des salaires,
09:45constitution d'une gouvernance participative,
09:48mais qu'on a assez peu d'avantages.
09:50Et donc, là aussi, pour dépoussiérer,
09:52on a accès à plus de financements.
09:54Dans les commandes publiques,
09:56on pourrait avoir une part dédiée
09:58aux entreprises ESUS,
10:00ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
10:02Et donc, c'est aussi faciliter
10:04la vie business de l'ESUS
10:06que de lui ouvrir des marchés.
10:08Et donc, voilà, nous, on aimerait bien,
10:10en effet, avoir plus d'avantages
10:12et pas simplement les contraintes,
10:14même si on le fait de bon cœur.
10:16On l'a bien compris.
10:18On passe tout de suite à notre débat.
10:20On va parler de l'innovation
10:22au service de l'électrification
10:24du transport routier.
10:32Recharger les poids lourds électriques
10:34sur autoroute par induction
10:36ou par rail conductif,
10:38c'est l'innovation que l'on va découvrir
10:40tout de suite dans le débat de ce Smart Impact
10:42avec Pierre Delègue. Bonjour.
10:44Vous êtes directeur des projets de mobilité
10:46électrique chez Vinci Autoroute.
10:48Pierre Ornige, bonjour.
10:50Bienvenue à vous aussi, directeur de laboratoire
10:52à l'université. Gustave Eiffel,
10:54on va peut-être commencer par le constat,
10:56le défi à relever, Pierre Delègue.
10:58Le secteur des transports,
11:00c'est à peu près un tiers des émissions
11:02de gaz à effet de serre.
11:04L'essentiel vient de la route.
11:06Ça veut dire quoi ?
11:08C'est-à-dire qu'encore aujourd'hui,
11:10l'immense majorité des marchandises
11:12est transportée par la route.
11:15L'important du secteur des transports,
11:17c'est la route et ça s'explique assez simplement
11:19parce qu'à peu près 85% des personnes
11:21et des biens en France sont transportés par la route.
11:23C'est assez logique.
11:25Si on regarde le secteur du transport routier
11:27de marchandises, rien qu'à lui seul,
11:29il est responsable de 7% des émissions nationales.
11:31C'est ce problème auquel on s'attaque par notre projet.
11:33C'est une émission importante
11:35et donc un levier important
11:37d'économie potentielle,
11:39on l'a bien compris. Vous allez donc
11:41expérimenter une nouvelle technologie
11:43sur le tronçon de l'autoroute A10.
11:45On va commencer par décrire le système.
11:47Il y a deux technologies
11:49que vous testez, si j'ai bien compris.
11:51L'induction et les rails conductifs.
11:53C'est deux choses un peu différentes.
11:55Il y a des développements sur deux technologies.
11:57La technologie par induction.
11:59Ce sont des bobines qui sont installées
12:01dans la chaussée.
12:03Une bobine émettrice dans la chaussée
12:05et une bobine réseptrice dans le poids lourd.
12:07Le chargement se fait sans contact par induction
12:09comme dans les appareils qu'on recharge par induction.
12:11La deuxième technologie
12:13c'est une technologie par rails conductifs
12:15qui sont placés en surface de la chaussée.
12:17Le courant arrive dans les rails
12:19et il y a des collecteurs qui sont sous le camion
12:21et qui vont collecter
12:23le courant sur le rail.
12:25Donc là, il y a contact.
12:27Il y a une technologie sans contact
12:29enfouie sous la surface de la chaussée
12:31et l'autre technologie
12:33qui est en surface
12:35avec des avantages et des inconvénients
12:37différents.
12:39On peut évaluer les deux
12:41et dans le monde
12:43les gens travaillent sur ces deux technologies.
12:45Et donc sur l'autoroutanisme
12:47les travaux ont commencé d'ailleurs ?
12:49Les travaux démarrent la semaine prochaine.
12:51On démarre les travaux la semaine prochaine
12:53et les premiers roulages avec des véhicules
12:55au printemps 2025.
12:57Avec les deux technologies, il y aura les deux tests en parallèle ?
12:59On va commencer par l'induction.
13:01On a encore des essais préalables à faire pour la technologie par conduction
13:03mais l'induction, c'est ce timing-là
13:05au printemps 2025 pour les roulages.
13:07Et donc on peut recharger des poids lourds.
13:09C'est ça quand même le défi assez génial
13:11dans lequel vous vous lancez.
13:13Vous l'avez testé sur le site
13:15de votre université ?
13:17La partie recharge
13:19c'est la société qui développe
13:21Electrion qui se charge
13:23de tester la partie recharge des véhicules
13:25et nous on a testé l'intégration
13:27dans la chaussée.
13:29Vous imaginez que si on
13:31place ces systèmes sur l'autoroute
13:33sous la couche de roulement, ça peut modifier
13:35le comportement et la durabilité
13:37de la chaussée et donc il fallait
13:39absolument avant de déployer
13:41un démonstrateur sur autoroute
13:43vérifier son comportement
13:45à échelle réelle
13:47et c'est ce qu'on a fait chez nous à Nantes
13:49par des essais sur ce qu'on appelle
13:51un simulateur de trafic.
13:53C'est quoi ? C'est un grand cercle
13:55d'autoroutes
13:57sur lequel vous avez fait rouler des camions ?
13:59Je veux bien essayer de comprendre
14:01et d'écrire ce que vous avez testé.
14:03C'est un grand équipement qu'on appelle
14:05le manège de fatigue.
14:07C'est une machine qui a une motorisation
14:09au centre et 4 bras
14:11qu'on peut équiper de roues de poids lourd
14:13et ces 4 bras vont circuler
14:15sur la chaussée et appliquer
14:17un trafic de charge
14:19de poids lourd parce que ce qui endommage
14:21les chaussées ce sont uniquement les charges
14:23de poids lourd qui va simuler
14:25le trafic de l'autoroute
14:27et donc on va pouvoir suivre le comportement
14:29de ces systèmes installés
14:31sur la chaussée sous un trafic
14:33accéléré et en 2 mois
14:35d'essai on a pu reproduire
14:37le trafic qui va
14:39franchir ces bobines
14:41sur l'autoroute A10
14:43pour vérifier qu'il n'y a pas de risque
14:45de dégradation.
14:47C'était évidemment une étape indispensable
14:49avant de vous lancer.
14:51Ca représente quel investissement et pourquoi
14:53vous faites cet investissement ?
14:55Je commence par le pourquoi.
14:57Tout l'enjeu de cette technologie c'est de réduire
14:59le prix embarqué dans les véhicules.
15:01Pour les impératifs de décarbonation
15:03évidemment qu'il faut faire du véhicule électrique
15:05et tous les constructeurs sont partis sur
15:07des véhicules électriques à batterie.
15:09Il n'y a pas de remise en cause de ça.
15:11L'inconvénient de ces véhicules c'est
15:13les grosses batteries des poids lourds qui
15:15concentrent un certain nombre des inconvénients.
15:17Une grosse batterie c'est lourd donc le véhicule
15:19consomme plus, ça fait que le véhicule est plus cher.
15:21Un poids lourd électrique aujourd'hui c'est 3 fois le prix
15:23d'un poids lourd diesel, des autonomies
15:25plus limitées, des temps d'immobilisation
15:27Donc si on reste
15:29à ce premier constat
15:31on n'y va pas.
15:33On n'a pas le choix.
15:35Si ça coûte 3 fois plus cher
15:37de créer le camion
15:39que c'est beaucoup plus long à recharger etc.
15:41L'Europe impose
15:43des contraintes aux constructeurs
15:45de poids lourds et de véhicules légers
15:47donc il faut partir sur
15:49les véhicules électriques à batterie.
15:51Il n'y a pas le choix dans les toutes prochaines années.
15:53Par contre il faut aussi explorer
15:55dans notre projet des solutions
15:57qui font encore mieux.
15:59La route électrique c'est la possibilité de réduire
16:01la quantité de batterie embarquée
16:03donc de réduire proportionnellement tous ses inconvénients.
16:05C'est une technologie complémentaire
16:07dans le temps, ce n'est pas pour tout de suite
16:09donc tout de suite il faut faire du véhicule électrique à batterie
16:11mais dans un deuxième temps on pourrait encore
16:13améliorer ce bilan-là, le bilan environnemental
16:15et puis opérationnel pour les transporteurs
16:17avec des systèmes qui se rechargent en roulant.
16:19Je ne lutte pas à votre question sur le coût.
16:21Le coût
16:23on est de l'ordre de quelques millions d'euros
16:25du kilomètre pour deux sens de circulation
16:27ça pour vous donner
16:29un ordre de comparaison
16:31c'est à peu près un quart du coût
16:33de l'infrastructure autoroutière
16:35c'est à peu près cet ordre de grandeur.
16:37Ce qui est intéressant de noter aussi
16:39pour le coût, c'est que le coût complet
16:41c'est-à-dire infrastructure plus véhicules
16:43est plus avantageux
16:45dans le cadre de la route électrique que dans le cadre
16:47de véhicules de poids lourd avec des grosses batteries
16:49qui se rechargent sur des bandes statiques.
16:51L'infrastructure est plus chère que des bandes statiques
16:53par contre côté véhicules, vu qu'on réduit
16:55de beaucoup la quantité de batteries embarquées
16:57finalement on réduit de beaucoup le coût du véhicule.
16:59Quand vous dites on réduit de beaucoup
17:01c'est dans quelle proportion ?
17:03Facteur 2 à 3.
17:05Donc c'est effectivement un facteur important.
17:07Je posais la question de l'avenir des poids lourds électriques
17:09Pierre Horniche, est-ce que sans un tel système
17:11l'un ou l'autre d'ailleurs
17:13est-ce qu'on peut douter de l'avenir des poids lourds électriques ?
17:17Là je ne sais pas parce que les batteries
17:19évoluent aussi très rapidement
17:21par contre ce qui est sûr
17:23c'est qu'il y a un bénéfice
17:25en termes de poids et de puissance
17:27de batterie de l'ordre de 3 à 4
17:29quand on fait un poids lourd
17:31qui se recharge par la chaussée.
17:33Donc l'idée c'est que sur l'autoroute
17:35il puisse se recharger et qu'ensuite
17:37il conserve une autonomie de l'ordre de
17:39200-250 km
17:41pour pouvoir aller à son point de livraison
17:43depuis l'autoroute.
17:45Donc on gagne
17:473 à 4 sur la taille
17:49des batteries
17:51et je pense qu'au niveau
17:53global il y a une économie de matériaux
17:55qui est considérable
17:57donc il n'y a pas que le coût
17:59mais il y a la consommation de matériaux
18:01rares pour les batteries qui est aussi un facteur
18:03important et l'impact
18:05environnemental aussi d'aller
18:07chercher ces ressources
18:09en matériaux.
18:11Donc je pense que c'est quand même une solution
18:13alors il faut
18:15pouvoir la valider, la déployer
18:17mais c'est une solution qui a du sens.
18:19Et alors ça veut dire quoi ?
18:21Imaginons le système
18:23sans cette innovation sur laquelle
18:25vous travaillez. Pour recharger
18:27les batteries de poids lourd
18:29ça suppose quoi ? Ca suppose des
18:31points de recharge
18:33beaucoup plus importants, des temps
18:35de recharge également très important c'est ça ?
18:37Oui le modèle qui va être déployé
18:39très prochainement dans les prochaines années.
18:41On a déjà aujourd'hui des infrastructures
18:43de recharge sur les aires de service
18:45de l'autoroute et d'ailleurs bientôt sur les aires
18:47de repos également pour les véhicules légers
18:49on va faire pareil pour les poids lourds très prochainement
18:51donc ce sont les puissances plus élevées
18:53et pour les transporteurs ce sont
18:55de la recharge rapide lors de la
18:57pause méridienne, le conducteur s'arrête
18:59pour faire une pause tous les 4h30
19:01et puis c'est de la recharge plus lente
19:03lors de la nuit, lorsqu'il se
19:05repose la nuit. Donc c'est ça le modèle
19:07qui va être déployé sur les toutes prochaines années
19:09qui pourrait être complété par
19:11de la route électrique pour
19:13compléter et puis améliorer encore
19:15le taux d'électrification du
19:17parc de Pôle Haut-Roland.
19:19Est-ce que vous travaillez aussi sur d'autres
19:21par exemple l'hydrogène ? On a
19:23souvent reçu des représentants
19:25du secteur hydrogène qui disent que
19:27l'avenir du transport
19:29routier lourd c'est l'hydrogène et pas
19:31l'électrique. Oui, il y aura
19:33je pense à terme. Ca va cohabiter ?
19:35Ca va cohabiter, il y aura, on va
19:37passer d'une solution d'énergie unique
19:39qu'est le diesel pour les pôles lourds
19:41à un mix d'énergie possible
19:43dont l'hydrogène. L'hydrogène ne représentera
19:45pas à mon avis la majeure
19:47partie du mix, ça représentera
19:49une petite fraction. L'hydrogène
19:51se heurte à la disponibilité de
19:53l'hydrogène décarboné. Il faut évidemment que l'hydrogène
19:55soit décarboné et donc
19:57il y a de la concurrence sur l'hydrogène vert avec
19:59d'autres industries, des industries lourdes comme les
20:01aciéries, les cimenteries, les engrais etc.
20:03Et puis sur le coût.
20:05Une pile à combustible c'est un élément cher.
20:07Donc il y a
20:09certains obstacles à l'hydrogène mais
20:11il y aura dans le mix roulant en 2030
20:13une cote part de pôle lourd à l'hydrogène.
20:15Quel défi vous avez dû
20:17relever pour finalement
20:19prouver
20:21l'efficacité de cette
20:23technologie ?
20:25Alors en fait
20:27la question qui se posait c'était
20:29la bonne intégration de ces éléments
20:31dans la chaussée. Donc il y a deux choses. Il y a
20:33de choisir des matériaux.
20:35Les bobines d'induction
20:37ce sont des bobinages de câbles de cuivre.
20:39Donc il faut un matériau qui protège
20:41ces bobines et qui soit compatible
20:43avec la construction d'une chaussée.
20:45C'est-à-dire qui va résister au compactage
20:47à l'installation dans la chaussée.
20:49Et après il faut assurer le
20:51collage des bobines avec les couches
20:53de chaussée. En gros si on n'a pas
20:55de collage, les couches minces
20:57qui se retrouvent au-dessus, qui font à peu près
20:5910 cm vont se dégrader beaucoup plus
21:01rapidement. Donc il faut assurer
21:03le collage entre les bobines et
21:05la chaussée. Donc il y a des études en laboratoire
21:07qui ont été faites pour choisir des matériaux.
21:09Et on avait trois
21:11solutions de matériaux de bobines
21:13et trois solutions de collage.
21:15Et ensuite on a comparé ces
21:17solutions dans nos essais sur le manège
21:19de fatigue. Et il s'avère qu'il y a
21:21deux solutions qui se sont
21:23mieux comportées que les autres.
21:25Et c'était celle dont on pensait déjà
21:27après les essais de laboratoire qu'elles étaient
21:29les meilleures.
21:31Donc c'était plutôt
21:33encourageant parce qu'on était
21:35allés dans la bonne direction.
21:37Et on a comparé
21:39le comportement de ces sections
21:41avec des bobines, avec le comportement
21:43d'une section de chaussée
21:45normale, sans bobines.
21:47Et on a pu voir que le comportement
21:49restait très proche.
21:51Après,
21:53ce sont des essais à court terme.
21:55Après ce qui fera foi, c'est des
21:57essais beaucoup plus longs
21:59sur l'autoroute.
22:01C'est l'usage réel sur l'autoroute.
22:03Mais aujourd'hui,
22:05de ce qu'on a pu tester,
22:07on est confiant que ça
22:09pourra être déployé, ça pourra
22:11bien se comporter sous trafic.
22:13Avec cette innovation, Pierre Delay, vous avez été
22:15lauréat d'un appel à projet de BPI France
22:17financement de l'État dans le cadre
22:19de France 2030. L'idée, c'est
22:21de convaincre les pouvoirs publics d'investir
22:23massivement à vos côtés.
22:25Est-ce que c'est seulement à une entreprise privée
22:27de se lancer dans un projet comme celui-là ?
22:29Non. Nous, on répond à
22:31une feuille de route qui a été définie
22:33par le ministère des Transports en 2021.
22:35Il y a eu des études en 2021 sur
22:37les meilleures solutions technologiques pour décarboner
22:39les poids lourds. Et ces études ont revu
22:41l'hydrogène, le biodiesel,
22:43le biogaz et la route électrique.
22:45Les conclusions de ces rapports du ministère des
22:47Transports sont que
22:49la route électrique est théoriquement
22:51la solution la plus efficace.
22:53Suite à ça, l'État, via
22:55BPI, via les investissements
22:57de France 2030, a lancé
22:59un appel à projet auquel on a répondu,
23:01pour lequel on a été sélectionné.
23:03Nous, on répond à cette
23:05feuille de route de l'État.
23:07Je rappelle son ambition. C'est une feuille de route très
23:09ambitieuse. Le ministère des Transports
23:11propose un déploiement de 9000
23:13kilomètres de route
23:15électrique équipée sur le réseau autoroutier
23:17en France à horizon 2035.
23:19Nos projets vont
23:21pouvoir démontrer la faisabilité
23:23technique, économique, avant
23:25un potentiel déploiement à l'échelle
23:27à horizon 2035. Merci beaucoup.
23:29Merci à tous les deux et à bientôt sur
23:31BeSmart for Change. On passe à notre
23:33rubrique Start-up tout de suite.
23:41Smart Ideas.
23:43Je vous présente mon invité tout de suite, Espérance Fenzi.
23:45Bonjour. Bonjour. Bienvenue. Vous êtes
23:47le fondateur d'Etnici, entreprise
23:49liloise créée en
23:512017 avec quelle idée ?
23:53Racontez-moi. Avec l'idée de
23:55raconter des histoires au travers de nos quotidiens.
23:57Donc, au travers du
23:59mobilier et des objets que l'on peut avoir
24:01autour de soi.
24:03Ça passe par de la matière,
24:05de la matière qui raconte
24:07ces histoires. Et donc, le meilleur
24:09moyen de raconter des histoires, c'est de prendre
24:11des matières chargées d'histoire.
24:13Et donc, en l'occurrence, des matières
24:15usagées, autrement dit des déchets.
24:17Donc, à partir de déchets, vous créez
24:19des objets. C'est ça, en quelque sorte.
24:21Quel type d'objet ? Alors, ça va du
24:23manche de couteau
24:25au pot à bougie ou
24:27au plan de table, plan de travail.
24:29Il y a sept ans, quand même,
24:312017, c'était novateur
24:33pour ne pas dire pionnier d'entreprendre
24:35cette démarche ? On était clairement
24:37les seuls, ce qui a
24:39beaucoup inspiré la démarche aussi parce que
24:41si on se replace en 2016, quand je quitte
24:43mon poste... Vous étiez dans quel...
24:45Vous travailliez dans quel domaine ? Je viens du
24:47BTP, qui génère
24:49beaucoup de déchets.
24:51Et donc, l'offre
24:53en 2016-2017,
24:55l'offre recyclée, c'était du plastique,
24:57du plastique gris, du plastique noir,
24:59globalement assez terne
25:01pour ne pas dire moche.
25:03Et personne n'a envie d'avoir
25:05un quotidien, d'avoir un environnement
25:07qui ne soit pas esthétique.
25:09Et donc, c'était déjà une
25:11première différence, se dire on va faire du mobilier
25:13recyclé, chargé d'histoire
25:15et joli, et
25:17esthétique. A partir donc des
25:19déchets du BTP, essentiellement ?
25:21Alors, on a une partie de notre activité
25:23autour du BTP, Béton de déconstruction.
25:25Ce qui est super, c'est que c'est
25:27finalement une activité qui se tarie, puisque
25:29le BTP s'est mis en marche et
25:31recycle lui-même ces
25:33matériaux-là, donc c'est quelque chose qui
25:35finalement
25:37s'allège. On conserve
25:39alors la coquille de moule,
25:41la coquille d'huître, la porcelaine,
25:43la brique, des choses qui ont
25:45vraiment du sens
25:47pour nos clients.
25:49Est-ce que les filières existaient
25:51ou est-ce que vous avez dû les inventer
25:53d'une certaine façon ?
25:55On doit tout inventer.
25:57On a dû inventer
25:59nos marchés, on a
26:01une production innovante
26:03mais aussi un sourcing
26:05qui est nouveau.
26:07Une des difficultés de
26:09notre business, c'est que pour mettre une palette
26:11chez un client, il faut qu'il en retire
26:13une, parce que la vie tourne sans nous
26:15et qu'on apporte
26:17une nouvelle offre, quelque chose de vraiment nouveau.
26:19Quand vous dites, ce qui est une bonne nouvelle,
26:21que le BTP
26:23s'est mis à voir
26:25ses déchets comme une ressource, parce que c'est
26:27vraiment ça la logique, c'est le changement
26:29d'état d'esprit,
26:31ça veut dire que le béton,
26:33vous en avez de moins en moins, que vous
26:35pouvez utiliser par exemple ? C'est presque
26:37comme si on se l'interdit.
26:39Si une filière classique
26:41s'y intéresse,
26:43on lève le pied, on a la chance
26:45et la force d'avoir de la R&D
26:47en interne et donc
26:49de pouvoir développer des nouvelles matières,
26:51c'est d'ailleurs ce que je fais
26:53au sein d'NICI,
26:55et donc on va aller chercher des matériaux
26:57qui sont un peu plus loin
26:59dans la chaîne de revalorisation,
27:01ou des gisements qui sont un peu
27:03plus compliqués à revaloriser.
27:05Est-ce que vous avez de nouveaux gisements
27:07ou de gisements sur lesquels vous espérez travailler ?
27:09On a des exemples
27:11tous les mois,
27:13par exemple je peux prendre l'exemple
27:15de la bouteille de vin et de bière,
27:17qui a un problème parce que c'est mélangé,
27:19si vous êtes vigneron vous voulez
27:21une bouteille avec une couleur bien spécifique,
27:23si on vous donne des bouteilles
27:25de différentes couleurs,
27:27ça ne marche pas.
27:29On a changé nos gisements pour aller chercher
27:31des gisements avec plus d'étiquettes,
27:33plus compliqués à revaloriser
27:35dans la chaîne classique,
27:37et donc
27:39on apporte plus de valeur à ces gisements-là.
27:41Comment vous voyez
27:43la suite, l'avenir d'NICI ?
27:45Votre horizon à 5 ans c'est quoi ?
27:47Notre horizon à 5 ans c'est
27:49continuer à se développer,
27:51on est à court terme,
27:53on veut aller vers le B2C,
27:55aujourd'hui on est exclusivement B2B,
27:57et toujours
27:59en racontant
28:01de plus en plus d'histoires.
28:03Vous êtes B2B, ça veut dire que
28:05les objets que vous créez, à qui vous les revendez ?
28:07On est très sollicité
28:09par les décorateurs,
28:11on fait de l'aménagement intérieur
28:13puisqu'on raconte des histoires,
28:15et donc on est sollicité par les architectes,
28:17les décorateurs, mais aussi les promoteurs et les constructeurs.
28:19Merci beaucoup Espérance Fenzy,
28:21et bon vent à NICI,
28:23j'ai vu que vous prononciez de cette façon.
28:25Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact,
28:27merci à toutes et à tous de votre fidélité
28:29et votre désolation, salut !