Vincent Lemire, historien et professeur à l’université Gustave Eiffel, était l’invité du Face-à-Face sur BFMTV et RMC ce jeudi 3 octobre. Il a réagi à la la direction prise par Benjamin Netanyahu vis-à-vis des instances internationales.
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00:00Hier, on a appris que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, était désormais personnel en gratta en Israël.
00:07Les Nations Unies, calivier de farce par le Premier ministre israélien.
00:11Qui peut empêcher aujourd'hui, puisqu'on voit que ça ne se joue plus au niveau des instances multilatérales internationales,
00:17qui peut empêcher, Vincent Lemire, le pire d'advenir ?
00:20Est-ce que, par exemple, vous rappeliez que les Américains mettaient une ligne rouge,
00:24traçaient une ligne rouge autour des installations nucléaires iraniennes ?
00:27Est-ce que quand Joe Biden dit à Benyamin Netanyahou que le nucléaire iranien, c'est non, est-ce qu'il est écouté ?
00:33C'est le seul qui peut arrêter les choses.
00:37Il n'y a personne d'autre ? La France ? L'Europe ?
00:39L'image que je prends, si vous avez un ami, même très proche, qui est ivre, vous l'empêchez de conduire, d'accord ?
00:48Et s'il insiste trop lourdement, vous lui confisquez les clés de sa voiture.
00:54Biden fait le contraire, il donne les clés à Netanyahou, il continue de livrer les armes,
00:58il monte dans la voiture, parce qu'il dit on va s'associer à la riposte contre l'Iran,
01:02et en plus, il passe le volant à Netanyahou.
01:04La seule question qu'on doit se poser ce matin, c'est est-ce qu'il va l'encourager à accélérer ou pas ?
01:08C'est ça. Mais si vous revenez sur la question de l'ONU, ça raconte beaucoup de choses.
01:13C'est une déclaration sans précédent, de mon point de vue, c'est-à-dire un État comme Israël,
01:16qui dit le secrétaire général de l'ONU est persona non grata sur le sol israélien.
01:20Ça raconte beaucoup de choses de l'histoire très ambivalente.
01:22Qu'est-ce que ça dit ? On sent le mien.
01:24D'une certaine manière, pour moi, c'est tuer le père.
01:26Israël est né d'un vote de l'Assemblée générale de l'ONU en 1947.
01:30Tous les Israéliens le savent, de gauche, de droite, laïcs, religieux, ils le savent.
01:34Peut-être que ça leur fait mal de s'en souvenir, mais c'est comme ça.
01:38Et donc, c'est des relations très, très ambivalentes, Israël et l'ONU.
01:42C'est l'ONU qui a créé Israël, mais un an après, en 1948,
01:47on sait que des terroristes israéliens ont assassiné Falk Bernadotte,
01:52le médiateur de l'ONU.
01:53Donc, Israël a une histoire très, très ambivalente,
01:57très, très équivoque avec l'ONU et c'est un nouvel épisode.
01:59Et donc, quelles conséquences ça peut avoir ?
02:01Ça veut dire que dans les faits, l'ONU n'existe plus aujourd'hui ?
02:05Les conséquences, c'est que Netanyahou fait partie des dirigeants du monde
02:09qui considèrent que l'ordre mondial mis en place après la Deuxième Guerre mondiale est terminé.
02:15On est sortis du règne du droit et on entre dans le règne de la force,
02:18la loi de la jungle.
02:19Il y a lui, il y a Poutine, il y a Trump, il y avait Bolsonaro.
02:22La question, c'est les gens qui nous entendent,
02:25je pense qu'ils n'en peuvent plus d'entendre le mot droit international
02:28parce que c'est complètement usé, c'est complètement lessivé.
02:31Le droit international, ce n'est pas seulement une invocation éthique ou morale,
02:34c'est aussi un outil pragmatique de règlement des conflits.
02:36Quand vous avez deux personnes en France qui veulent s'entretuer,
02:38vous avez un juge qui s'interpose.
02:40Entre les États, c'est pareil.
02:42Quand deux États veulent se faire la guerre et s'entretuer,
02:44il faut un juge, il faut du droit pour s'interposer.
02:47Il faut que les gens qui nous écoutent se mettent ça dans la tête.
02:49Le droit international, ce n'est pas seulement une discussion philosophique,
02:54c'est aussi un outil pragmatique de règlement des conflits.