Glen Powell devient n’importe qui dans Hit Man.

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Transcript

00:00Dans Hitman, un prof de philo joué par Glenn Powell arrondit ses fins de mois en travaillant

00:06pour la police de la Nouvelle-Orléans.

00:07Il se fait passer pour un tueur à gage et débusque ainsi des criminels en puissance.

00:12Et le plus dingue dans cette histoire, c'est que c'est une histoire vraie, Frédéric.

00:15Oui, c'est un fait divers qui s'est passé au début des années 2000 et qui avait été

00:18relaté dans un reportage d'un journal texan, d'un magazine texan, qui est la région de

00:24Richard Linklater, qui est vraiment le cinéaste, on va dire, texan du cinéma indépendant

00:28depuis maintenant 40 ans.

00:30Et ce qui est intéressant, c'est que ce scénario traînait là un petit peu.

00:34Puis Glenn Powell est arrivé dans l'histoire et ils se sont un petit peu remis à l'écrire.

00:38Et ce qui m'intéresse, c'est que vous prenez cette histoire qui est en fait arrivée au

00:41début des années 2000 et vous la mettez à notre époque aujourd'hui.

00:45Et qu'est-ce que ça donne ? Ça donne en fait le grand thème de tout le cinéma de

00:48Richard Linklater, c'est-à-dire des gens qui s'inventent des personnages, qui s'inventent

00:52une vie de fiction, qui s'inventent qui j'ai envie d'être.

00:54C'était « Boywood », c'était « Everybody Wants Some », c'était la trilogie des

00:58biformes dont tu parlais tout à l'heure.

01:00Il a toujours raconté cette histoire.

01:02Mais qu'est-ce que c'est, à ce moment-là, de se raconter le personnage qu'on est devenu

01:05à une époque où on est noyauté, on va dire, par des mauvais films et des mauvaises

01:10séries ? Et bien c'est exactement l'histoire de « Hitman ».

01:13Et vous allez voir, donc là il vient de se faire passer pour un tueur à gage auprès

01:19d'un type qui s'est passé lui-même pour un commanditaire et soudain le réel se manifeste

01:23alors qu'ils se prennent tous les deux pour des personnages de mauvaises séries télé.

01:28Regardez, lui-même ne comprend pas ce qui se passe très bien, vous avez ce plan zénital

01:33qui montre bien qu'il est arrêté, mais qu'est-ce qui vient de se passer ? J'étais

01:36en train de jouer la comédie et soudain je me fais arrêter et tous les deux ont la

01:41berlue, ils se regardent, ils ne comprennent pas très bien comme les choses se sont enchaînées

01:46à cette vitesse-là.

01:47Et là vous allez voir les coulisses de ce théâtre, vous allez voir que les policiers

01:52eux-mêmes se prennent pour des personnages, pour des acteurs et il n'en revient pas de

02:02ce qui vient de se produire.

02:23Et avec cette comédie véloce, swingante, très amusante, Richard Linklater parle à

02:28mon avis de ce qui se passe aujourd'hui dans la tête et je dirais aussi dans le caleçon

02:32de l'américain moyen.

02:33C'est pas trop loin, mais il y a un côté aussi, on l'a vu dans l'extrait, très

02:39enfantin, très burlesque, c'était peut-être son film le plus burlesque.

02:42Oui, il y avait Rock Academy, il ne faut pas oublier, avec Jack Black, c'était quand

02:47même assez drôle.

02:49Mais ce qui est bien, c'est que le film surfe sur différents moments parce qu'il

02:53y a du burlesque et puis il y a quand même aussi un aspect comédie romantique dans la

02:56deuxième partie qui est quand même bien pimenté parce que ce n'est pas niaiseux.

03:00Mais justement, par exemple, je suis toujours resté d'une extrême indifférence face

03:04à la grammaire de ce cinéma Linklater, mais là ce qui me séduit, c'est que pour la

03:08première fois, n'exagérons pas, mais trop rarement les comédies romantiques représentent

03:11des gens qui se désirent et qui, parce qu'ils se désirent, ne sont pas forcément moraux.

03:15Là, c'est une comédie romantique qui est amorale et désirante.

03:19Qui rêve de se lécher la pomme et qui y arrive.

03:21Et ça, ça fait énormément de bien.

03:23Moi, je trouve qu'au contraire, la deuxième partie, toute la comédie romantique,

03:26je la trouve très, très ennuyante.

03:28C'est pas vrai.

03:30Parce que j'aimais beaucoup le début, qui était vraiment une espèce de variation d'un

03:34essai comme ça sur ce personnage qui n'existe qu'au cinéma, le tueur à gages.

03:38Et comme tu disais, finalement, il essaye d'interpréter un tueur à gages selon la

03:43crédibilité qu'il pourrait avoir auprès de l'Américain moyen.

03:46Et qui est basé effectivement sur l'imagerie.

03:49Oui, toute une palette de sociétés de l'Amérique, parce qu'il a à la fois des

03:52clients très riches et beaucoup moins aisés, etc.

03:55Ça, je trouve ça absolument passionnant, même quand il montre comme ça des

03:58extraits de films en noir et blanc.

04:00Il y a une séquence formidable de montage d'extraits de tueurs à gages au cinéma.

04:05Pour dire en fait que le tueur à gages, c'est quelqu'un qui n'existe pas.

04:08Oui, incroyable.

04:08Donc, en fait, il rêve de devenir quelqu'un, quelqu'un qui n'existe pas.

04:11Et pourquoi abandonner ça ?

04:13Mais parce que c'est modulé autrement.

04:15Parce qu'il fait même une bombe à la tina.

04:16Qu'est-ce que c'est que d'avoir un tueur à gages dans son livre ?

04:18Et qui est une vraie bombe à la tina.

04:19Pour être sous la sainte, un dernier mot.

04:21Non, mais moi, c'est ça qui m'énerve dans ce type de cinéma.

04:23C'est toujours le même, une forme de validisme et de corpulence, tu vois, dans

04:27le choix des castings.

04:29Moi, ce personnage de femme fatale, en fait, je suis fatiguée de voir ça au cinéma.

04:33Ce n'est pas une femme fatale.

04:34Oui, bien sûr qu'elle est beaucoup plus...

04:36Oui, mais dans la représentation du gendarme.

04:38Oui, c'est une comédienne.

04:39Dans une séquence clé qu'on ne révélera pas, mais qui est extraordinaire, on voit

04:45comment elle est obligée, à son tour, de prendre un rôle, de jouer la comédie.

04:49Elle est brillante, cette séquence.

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