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La célèbre militante franco-vietnamienne Tran To Nga a reçu avec émotion la citoyenneté d'honneur de Villejuif pour son combat acharné en faveur des droits des victimes de l'agent orange, épandu massivement durant la guerre du Vietnam.

Ce jeudi 26 septembre, le théâtre Romain-Rolland de Villejuif est plein à craquer durant le spectacle « Nos corps empoisonnés » qui retrace l'histoire de Tran To Nga.
Ce récit théâtral nous plonge durant 1h20 dans l’histoire de cette jeune résistante pendant la guerre du Vietnam où elle est exposée comme tant d’autres aux épandages américains de l’agent orange.
Interprétée par l'actrice Angélica Kiyomi Tisseyre-Sékiné avec une mise en scène de Marine Bachelot Nguyen, ce récit théâtral entrelace texte, performance, vidéo, images d'archives et vous raconte la vie mouvementée de Tran To Nga.
Depuis 2014, en France, elle mène un procès historique contre ces firmes agro-chimiques états-uniennes, pour dénoncer les ravages de ce poison dans les organismes et la terre.
« Se battre toute seule contre des géants, il faut de la patience, du courage, de l'espoir mais aussi de la détermination », nous adresse Tran To Nga avec un grand sourire, à la clôture de la cérémonie.
Pour Pierre Garzon, le maire de villejuif (PCF), cette citoyenneté d'honneur est aussi un moyen pour la ville de saluer son combat pour la reconnaissance de l'écocide vietnamien. « les guerres sont chimiquement de plus en plus destructrices marquant les êtres vivants mais aussi la faune et la flore de manière irréversible », souligne l'élu.
« Aujourd’hui, grâce à des personnes comme Tran To Nga, la tragédie n’est pas oubliée. Nous, Vietnamiennes et Vietnamiens, et avec toute notre population, toutes nos organisations, nous soutenons la cause défendue par Tran To Nga. Votre combat est admirable et vous avez tout notre soutien », a également déclaré Dinh Toan Thang, l'ambassadeur du Vietnam en France à la fin de la cérémonie.

Le 22 août dernier, la célèbre militante a perdu en appel son procès face aux géants de la pétrochimie en raison de « l'immunité de juridiction ». Mais le combat est loin d'être terminé selon Maître Repolt. « Ces entreprises américaines avaient connaissance de la dangerosité de cet agent orange et un pouvoir de décision dans la composition de ce produit. L'immunité de juridiction sera débattue devant la cour de cassation d'ici 18 à 24 mois. », confirme à notre micro l'avocat de Tran To Nga.

Nos corps empoisonnés, les dates de la tournée :
4 octobre, Atmosphère, Ville de Marcoussis
15 octobre, Scène nationale de Meylan
17-18 octobre, Le Périscope, Nîmes 
5-6 novembre, Idecaf, Saigon
9 novembre, Da Nang
15 novembre, lycée Français, Hanoï
19-20-21 novembre, Théâtre de Cornouaille, Quimper
13 février, Théâtre des Bergeries, Noisy-le-Sec
27 février, La Faïencerie, Creil
4 mars, Le Vivat, Armentières
6-7 mars, Le Grand Bleu, Lille (avec le Théâtre du Nord)
1er avril, Théâtre du Pays de Morlaix
3 avril, Le Carroi, la Flèche

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Transcription
00:00Se battre toute seule contre les géants, il faut de la patience, il faut du courage,
00:05il faut aussi de l'espoir, mais là j'ai ajouté quand même une autre devise, c'est
00:10détermination.
00:11C'est une énergie de plus qu'on m'a donnée, parce que me reconnaître comme citoyenne
00:28d'honneur, reconnaître la justice, la cause juste que j'ai portée en moi, je me sens
00:35encore plus courageuse, plus forte avec la confiance de la ville de Villejusque.
00:41Il faut toujours être bien déterminée, parce qu'il y a plein d'embûches, même
00:46plein de dangers, plein de risques dans ce combat, soyez-en sûr, moi je suis déterminée.
00:51Pour éradiquer le communisme, leur hantisme, pour anéantir notre lutte de libération,
00:59les Etats-Unis sont prêts à détruire le vivant, à détruire les vivants.
01:06Faire reconnaître le terme même des coïncides, mais ce que ça revêt derrière sur l'évolution
01:13des guerres, et qui de guerre en guerre, on l'observe, sont chimiquement, industriellement,
01:17mécaniquement de plus en plus destructrices, et surtout irréversibles, marquant profondément
01:25évidemment les êtres humains, mais les êtres vivants en général, que ce soit la faune
01:29ou la flore, c'est une des caractéristiques de nos guerres d'aujourd'hui.
01:34Les arbres sont nos ennemis, à résumer un officier, les arbres sont nos ennemis, il
01:42faut donc les détruire.
01:43C'est le président Kennedy lui-même en 1961 qui valide cette opération.
01:50Donc ce terme, oui, il doit être reconnu, c'est un des combats, c'est pas seulement
01:55au regard de ceux qui sont morts, mais ceux qui aujourd'hui encore, la planète souffre
02:01encore des stigmates de cette guerre.
02:04Vos sociétés fournissent un véritable arc-en-ciel chimique, agent bleu, agent rose, agent vert,
02:10agent pourpre, un arc-en-ciel mortifère, stocké dans des bidons métalliques, une
02:15bande de couleur peinte dessus pour identifier le produit.
02:19A partir de 1965 est utilisé le plus redoutable, l'agent orange.
02:24La cour d'appel est venue confirmer le jugement de première instance en disant que les sociétés
02:30américaines, quand bien même sont-elles privées, commerciales, peuvent se prévaloir
02:35de l'immunité de juridiction parce qu'elles ont répondu à une commande d'Etat.
02:38Alors nous, évidemment, on s'est opposé à cette argumentation en disant qu'elles
02:42n'étaient pas pied et point liées à l'Etat américain, qu'elles avaient une marge de
02:47manœuvre, une capacité de décision, qu'elles avaient connaissance de la dangerosité de
02:51l'agent orange et qu'elles avaient un pouvoir de décision dans la formulation, la composition
02:58du produit.
02:59Et on estime qu'il y a là le siège d'une responsabilité et qu'elles doivent être
03:04déclarées responsables de la dangerosité du produit et de ses conséquences.
03:09Ne dites pas que vous avez été contraint par l'armée à les fournir, que vos entreprises
03:14ont été réquisitionnées par l'Etat en temps de guerre, c'est faux.
03:17Vous répondiez à un appel d'offre dans les règles concurrentielles du marché capitaliste.
03:26C'est une question de principe, une question moderne, contemporaine, l'immunité de juridiction
03:31dont on va débattre devant la cour de cassation d'ici 18 à 24 mois.
03:35La victoire peut être judiciaire mais elle est surtout déjà populaire, historique et
03:40on voit le soutien grossir d'année en année autour de ce procès et ce procès a permis
03:46de générer cette conscience, de favoriser cette conscience, le débat dans l'opinion
03:50publique sur les ravages de l'agent orange.
03:52C'est une première victoire qui nous motive, qui nous encourage à poursuivre le combat
03:58sur le terrain juridique.
03:59Dès la fin de la guerre du Vietnam, des vétérans américains ont entamé des procédures contre
04:04vos firmes.
04:05Ils avaient développé des maladies et pathologies gravissimes.
04:09Un protocole a été signé en 1981.
04:13Vos firmes ont provisionné 180 millions de dollars d'indemnisation aux vétérans plaignants
04:20en réparation des dommages commis sur leur santé.
04:23Ceci contre l'engagement qu'aucun d'entre eux n'entendrait plus d'action en justice
04:29contre vous.
04:30Cela s'appelle « acheter le silence ». Cela s'appelle aussi « plaider coupable », car
04:41si vous étiez innocents, pourquoi les indemniser ?

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