SMART IMPACT - Octobre rose : le rôle des entreprises face au cancer du sein

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Permettre aux entreprises de s’engager auprès de leurs collaborateurs touchés de près ou de loin par le cancer du sein, c’est ce que font Prédilife et Ouilive. Stéphane Ragusa et Olivier Houyvet, respectivement présidents de chacune de ces sociétés, nous expliquent leur rôle dans la prévention de la maladie en entreprise.

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Transcription
00:00Générique
00:06Comme chaque année, le mois d'octobre permet d'alerter, d'informer sur le cancer du sein et plus généralement sur la prévention des cancers féminins.
00:13Et on en parle avec deux hommes, figurez-vous. Stéphane Ragusa, bonjour. Bienvenue. Vous êtes le président de Predilife.
00:21Olivier Ouivet, bonjour. Et bienvenue, cofondateur, président de WeLive. Et donc, on est trois hommes pour parler du cancer du sein.
00:28Et c'est très bien d'une certaine façon. Je vous poserai une question là-dessus un peu plus tard. Mais je voudrais qu'on présente vos entreprises respectives.
00:35Predilife, c'est quoi ?
00:37– Alors nous, nous proposons des tests prédictifs permettant de connaître les principaux risques de maladie, notamment de cancer du sein, pour anticiper.
00:44En gros, ça consiste à évaluer le risque de cancer du sein de chaque femme pour ensuite lui proposer de faire des mammographies, des échographies,
00:50voir des IRM plus ou moins tôt, à partir de 40 ans ou 50 ans, c'est à peu de risque, et plus ou moins fréquemment.
00:56L'idée étant d'anticiper comme ça les cancers pour les trouver au stade précoce, au stade 1.
01:02– Plus on prend un cancer tôt, au-delà du cancer du sein, d'une manière générale, mieux c'est évidemment. C'est une évidence, mais il faut la rappeler.
01:08– C'est une évidence. Et pour le prendre tôt, il faut le diagnostiquer tôt, il faut faire des examens tôt.
01:12Et donc, il faut savoir qui est à risque. Et voilà ce qu'on fait.
01:15– Parfait. WeLive, Olivier Ouivet.
01:17– On va être bien complémentaires aujourd'hui. Moi, je pars d'un petit…
01:20– C'est peut-être pour ça qu'on vous a invités tous les deux.
01:22– J'imagine. Ce n'est pas un hasard, mais…
01:23– On est partis d'un petit constat, je ne sais pas si vous en êtes conscients, je pense, vu la chaîne.
01:28C'est que la pyramide de Maslow a pas mal changé en entreprise depuis 10 ans environ.
01:32Les attentes des collaboratrices, collaborateurs ont énormément évolué.
01:35Eux le savent très bien, les décideurs peut-être un peu moins.
01:38Et donc, de ce constat-là, nous, on a décidé de développer une solution,
01:42très différente de ce que vous faites, mais je pense que ça va nous permettre de débattre.
01:44B2B, c'est une plateforme pour les ressources humaines qui permet en fait de former,
01:49d'engager les équipes autour de sujets plutôt sérieux, sensibles, comme le cancer du sein par exemple,
01:55par un moyen qui est très ludique, la gamification, par le jeu.
01:58Et donc, on utilise le jeu pour parler de cancer du sein, pour parler de formation,
02:01pour parler d'onboarding, d'engagement. Et ça fait 4 ans qu'on fait ça,
02:05on a un peu plus de 300 partenaires en France et à l'international.
02:08Et notre objectif, c'est de dire que les collaborateurs ont des nouvelles attentes,
02:11il y a des nouveaux moyens de communication et on a développé l'outil pour que les décideurs s'en rendent compte et agissent.
02:16Et donc, si je comprends bien, vous pouvez sensibiliser et les sensibiliser
02:20à aller éventuellement faire un dépistage dans la foulée, ça pourrait fonctionner comme ça ?
02:25On pourrait même faire un petit partenariat, on en parlera après, mais il y a pas mal de scénarios à mon avis.
02:28Qui sait, c'est à ça aussi que peut servir cette émission.
02:31Octobre Rose, Stéphane Régusa, mois de sensibilisation.
02:35Cette campagne, elle existe depuis plusieurs années. Pourquoi elle est primordiale ?
02:40Est-ce que vous, vous en ressentez l'effet d'une certaine façon, vous voyez ce que je veux dire ?
02:43C'est-à-dire qu'il y a un pic de renseignements, éventuellement d'utilisation de vos outils ?
02:50Oui, il y a un intérêt, effectivement, il y a un pic d'intérêt pour nous au plan économique.
02:54Mais pourquoi cette campagne est primordiale ?
02:55Parce qu'il y a des enjeux de santé publique qui sont particuliers au cancer du sein.
02:59Il y a quelques cancers qui concernent beaucoup de monde, cancer du sein, la prostate, colon.
03:03Mais la particularité du sein, c'est qu'on touche des femmes jeunes.
03:07C'est-à-dire que l'âge médian du cancer du sein, c'est autour de 60 ans.
03:10Il y a beaucoup de femmes qui font du cancer du sein avant 50 ans, 10 000 chaque année en France.
03:14Il n'y a pas l'équivalent en matière de cancer de la prostate.
03:17On ne connaît pas d'hommes, moi je ne connais pas d'hommes qui ont fait du cancer de la prostate à 40, 50 ans.
03:20Je connais des femmes.
03:22Donc il y a un vrai enjeu de santé publique, éventuellement de productivité au travail aussi,
03:27qui est spécifique au cancer du sein et qu'en général on ne connaît pas.
03:30Parce qu'effectivement, on est des hommes et on a l'impression que le cancer du sein, c'est comme le cancer de la prostate.
03:35Non, pas du tout. En termes d'années de vie perdues, c'est très différent.
03:38Parce qu'effectivement, vous avez beaucoup de décès jeunes et c'est ça qui change tout.
03:43Est-ce que c'est important qu'on soit trois hommes de la trivialité sur un plateau pour parler du cancer du sein, votre avis ?
03:49Par exemple, ce que vous venez de dire là, vous le savez, vous êtes un expert.
03:52Moi, je le sais parce que ça fait plusieurs années qu'on propose un challenge sur Octobrose.
03:55Je suis convaincu qu'il y a beaucoup d'hommes en entreprise qui le savent pas.
03:58Et pour nous, l'objectif, c'est que ces gens le sachent.
04:01Donc en fait, vous, vous êtes dans la prévention des malades.
04:03Nous, on est dans l'anticipation et la vulgarisation des thématiques en entreprise.
04:07C'est capital qu'il y ait des hommes parce que, je vais vous donner un exemple très concret,
04:09on travaille beaucoup avec des structures masculines, des clients, à nous, qui ont beaucoup d'hommes en interne.
04:14Et les challenges Octobrose sont très appréciés parce qu'ils découvrent, ils apprennent.
04:18Et en fait, ça touche leur femme, ça touche leur fils, ça touche leur mère.
04:20Et je pense que les femmes sont beaucoup, beaucoup plus acculturées sur le sujet que les hommes.
04:25Donc qu'on soit là, c'est pas mal. Moi, je viens d'apprendre certaines choses.
04:27Donc merci. Et je suis convaincu qu'il y a des milliers d'hommes derrière leur télé qui apprennent aussi aujourd'hui.
04:31— Espérons-le. Stéphane Régulier, ça a été une critique qui a longtemps été faite au secteur de la santé,
04:39le fait que les maladies des femmes étaient moins adressées que celles des hommes,
04:45c'est-à-dire que les médicaments étaient plutôt testés sur des hommes, etc., etc.
04:48Je sais que ça a changé. Mais est-ce que c'était une réalité ? Et est-ce qu'il faut évidemment la combattre ?
04:53— Très franchement, aujourd'hui, c'est l'inverse. Il y a eu un retour de bâton, effectivement,
04:58et la prise en compte de toutes les minorités, les femmes étant considérées comme des minorités, quelque part.
05:03C'est pas le cas. Mais enfin, aujourd'hui, vraiment, vous avez un retour de balancier qui fait que je dirais, moi,
05:09à contrario, c'est la majorité des hommes qui, aujourd'hui, est un petit peu ostracisée dans un paysage
05:16qui est extrêmement politiquement correct. Donc les maladies des femmes, en tout cas le cancer du sein aujourd'hui,
05:20sont très connues. Vous parlez d'Octobre Rose. On a vu, effectivement, Michel Barnier, etc., avec le ruban rose.
05:26Vous voyez pas l'équivalent en mettant le cancer de la prostate, etc.
05:28— Ah ! Movember est en train de monter de plus en plus, même si ça reste minoritaire. Nous, on le constate.
05:35On a de plus en plus de personnes dans nos écosystèmes qui nous disent faire uniquement une action pour Octobre Rose,
05:41ça nous limite. Et de plus en plus de demandes vont autour d'une thématique autour d'Octember, c'est-à-dire mixer les deux
05:47pour justement déverticaliser le sujet et parler des deux en même temps à une population mixte. Et ça, nous, on le constate de plus en plus.
05:55C'est minime par rapport à Octobre Rose. Mais on espère que ça va tendre à évoluer, parce qu'effectivement, le cancer de la prostate,
06:00c'est aussi un sujet. Et on en parle beaucoup moins, j'ai l'impression.
06:03— Qu'est-ce que vous faites concrètement dans votre entreprise, là, pendant le mois d'octobre ?
06:07— Alors en fait, le principe, c'est d'utiliser une plateforme. Donc on a une application mobile, une entreprise,
06:11pour les collaborateurs, les collaboratrices, qui propose des compétitions pendant une semaine à un mois
06:16avec des contenus pédagogiques sur des thématiques. Donc là, restons focalisés sur Octobre Rose.
06:20On a des partenariats avec des associations comme Ruban Rose ou Cancer At Work, qui nous fournissent des contenus.
06:26Et derrière, les collaboratrices, les collaborateurs vont être challengés avec des quiz, des défis à faire ensemble au bureau,
06:31des marches, du tracking d'activités physiques. Et l'idée, c'est de créer une compétition saine et ludique,
06:36les faire monter en compétence sur le sujet, et à la fin, financer un projet pour les assos que j'ai pu citer ou d'autres projets caractéristiques.
06:42Donc le but, c'est de faire quelque chose de cohésif, de collectif, qui touche aussi bien les hommes que les femmes,
06:46aussi bien les personnes touchées que les personnes qui ne sont pas touchées et qui ont envie d'en apprendre plus pour le sujet.
06:50Et donc, on fait ça pour Octobre Rose, on le fait pour Movember, et on le fait pour des centaines d'autres sujets sérieux,
06:55de manière ludique, pour faire monter en compétence tout le monde en interne.
06:58Alors, chez Predilife, on pourrait dire que c'est Octobre Rose toute l'année, avec les dispositifs que vous proposez aux femmes,
07:03notamment, je crois que ça s'appelle Mamorisk, c'est ça ?
07:05C'est ça.
07:06Est-ce que vous pouvez, vous avez commencé à en parler tout à l'heure, mais détailler un peu ce que, en fait, les étapes à suivre,
07:12puisque c'est un bilan prédictif du cancer du sein ?
07:15Oui, alors pour prédire le cancer du sein, on intègre trois types de paramètres, qui sont quelques questions,
07:19âge, antécédents familiaux, personnel, une analyse de l'image, notamment la densité de la mère,
07:24plus le sein est dense, blanc à la mammographie, plus il est à risque, en fait, puisque les cellules tumorales vont s'accrocher plus facilement,
07:29et un test génétique salivaire, donc on envoie un kit de prélèvement à la maison.
07:34Après, une consultation avec un médecin, en visio, on respecte évidemment la loi, donc il y a un consentement, c'est agréé en GPD, etc.
07:42Et à partir de ça, on mesure l'héritabilité du cancer du sein.
07:47Avec ces trois paramètres, on donne une probabilité de risque de cancer du sein de chaque femme,
07:52qui permet ensuite d'avoir un protocole de prévention personnalisé, qui lui aussi est fourni par un médecin.
07:57Vous conseillez, vous disiez, c'est un cancer qui touche parfois des femmes jeunes,
08:02donc ça veut dire, vous conseillez de le faire à partir de quel âge ?
08:05À partir de 40 ans. Le dépistage aujourd'hui national en France commence à 50 ans.
08:10Aux Etats-Unis, il faut savoir que c'est 40 ans, donc il y a vraiment débat en matière de santé publique.
08:14Donc il faut sûrement commencer à 40 ans pour ceux qui sont à risque, 50 ans pour ceux qui ne le sont pas,
08:18encore faut-il connaître le risque.
08:20Et est-ce qu'il est couvert à tout âge, le dépistage, en France ?
08:23Oui, tout à fait. Les mammographies sont remboursées à tout âge.
08:26Alors, il y a la question du tabou dont je voudrais bien qu'on parle dans ce débat.
08:316 salariés malades sur 10 pensent que le cancer est un sujet tabou en entreprise.
08:35Je commence avec vous, Olivier Ouivet.
08:38Lutter contre ces tabous de la maladie, on pourrait élargir à la maladie d'ailleurs, mais parlons du cancer,
08:44c'est un défi pour toutes les entreprises ? Vous le ressentez comme ça ?
08:47Alors, toutes, je ne sais pas, mais l'objectif c'est en tout cas de les aider à...
08:52Nous, on ne peut pas les aider à lutter contre la maladie directement,
08:54par contre, on peut aider à lutter contre l'insouciance, le manque de connaissance des collaborateurs
08:59et la gêne en entreprise, parce qu'il y a beaucoup de sujets de mal-être, de malaise entre les gens malades et les gens pas malades.
09:05Le jeu, ça peut permettre de lever ces malaises ou ces tabous ?
09:08Aujourd'hui, quand je parlais de pyramide de Maslow, c'est pour faire réagir,
09:12mais aujourd'hui, les gens en entreprise attendent d'autres choses.
09:14Pour être fidèle, il faut être heureux, il faut être bien, et pour ça, il y a d'autres méthodes.
09:18Et le jeu, nous, on considère que c'est un moyen d'obtenir du ROI, du retour sur investissement,
09:22c'est-à-dire que je veux que mes équipes chez un gros concessionnaire automobile très masculin
09:27soient conscientes de ce qu'on vient de se dire là.
09:29Aujourd'hui, avoir une plateforme avec des contenus pédagogiques, un classement, une compétition, des défis à faire ensemble,
09:35ça les motive et les messages sont mieux retenus.
09:38C'est pour ça qu'on fait des choses courtes.
09:40Est-ce que toutes les entreprises le souhaitent ?
09:42Ce serait difficile à dire.
09:44Ce qui est sûr, c'est qu'il y a une grosse tendance à la hausse,
09:46et pas uniquement dans les secteurs d'activité qu'on imaginerait.
09:48Évidemment, on est loin du 100%, mais nous, on considère que le jeu va amener cette augmentation d'acquisition.
09:55Je suis quand même surpris que le tabou reste aussi fort,
09:59alors qu'il y a quand même beaucoup de personnalités qui ont parlé,
10:02là on est sur le cancer du sein, mais d'une manière générale de leur cancer,
10:07et parfois de leur cancer du sein.
10:09Est-ce que vous, vous pensez que c'est encore un tabou ?
10:11Est-ce que vous voyez quand même cette relation à cette maladie particulière qu'est le cancer évoluer ?
10:17Moi, non, je dirais que c'est encore un tabou.
10:19C'est encore un tabou.
10:20Il y a relativement peu de personnalités, je trouve, qui ont des cancers, qui ont des maladies graves.
10:24Qui en parlent, parce qu'elles font des biens de santé.
10:27Moi, le constat que je fais, c'est que vous ne voyez jamais un ministre, un PDG de grosse société,
10:33déclarer comme ça, bon ben voilà, j'ai fait un cancer ou un infarctus et j'arrête de travailler.
10:37C'est rarissime.
10:38Moi, je pense à des personnalités médiatiques.
10:41Je pense à quelqu'un comme Jean-Pierre Pernaut qui en a parlé,
10:44et qui en a parlé en disant, je vais en parler justement pour qu'il y ait des dépistages,
10:48pour que les gens fassent attention et pour que ce ne soit plus un tabou.
10:52Mais c'est quand même relativement rare, parce que ces gens sont très bien suivis.
10:55Quand vous faites des examens de santé réguliers, comme ça se passe dans les centres hauts de gamme,
11:00dans la région parisienne, vous n'êtes pas malade.
11:02Et donc finalement, il y a très peu de gens qui sont comme ça, foudroyés, en pleine action.
11:06Je pense que c'est aussi une des raisons.
11:08Il y a une certaine inégalité sociale.
11:11Effectivement, les personnes favorisées sont plus suivies et sont moins malades.
11:15Est-ce qu'il faut un référent en entreprise sur ces questions-là,
11:20pour casser un peu les tabous ? Qu'est-ce que vous en pensez ?
11:23Non, je ne crois pas. Je crois que les chefs d'entreprise manquent d'abord de solutions.
11:28Ils se demandent s'ils sont légitimes à faire ça.
11:31Ils considèrent que c'est de l'ordre de l'intimité et que l'entreprise n'a pas à s'en occuper.
11:35Exactement. Nous, on a découvert, avec surprise,
11:37que 80% des salariés sont demandeurs de bilans de santé en entreprise.
11:40On a découvert ça.
11:42Et en termes de choix d'entreprise, de fidélisation, c'est au même niveau,
11:45voire un peu au-dessus, que les tickets restaurants.
11:47Très surprenant.
11:49Les décideurs ne sont pas au courant de ça.
11:51Donc, la pénurie de médecins, le besoin de santé des salariés,
11:55aujourd'hui, est omniprésent. Les arrêts de travail explosent, etc.
11:58La prise de conscience est assez récente.
12:00Donc, je pense que ça va se déployer.
12:02Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
12:04Et à bientôt sur BeSmart4Change.
12:06Allez sur le site d'Octobre Rose pour vous renseigner et lever ces tabous,
12:11notamment sur le cancer du sein.
12:13On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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