• last month
Azad Zakarian est né en Arménie, le 11 mai 1915, l'année du premier génocide du XXe siècle. Son père Hagop, sa mè | dG1fOGxQTlFVVHJCRHc
Transcript
00:00Depuis ce quai, je n'ai rien oublié.
00:21Je venais d'avoir 7 ans et je n'avais plus besoin de la mémoire des autres pour me souvenir.
00:28Zakarian Agop, Zakarian Araxi, Anna et Gayane Bouloutian.
00:34Zakarian Azad, fils d'Agop et Araxi Zakarian.
00:38Je me souviens de la rue Paradis, avec son nom qui nous promettait l'éternité.
00:44Je me souviens de notre première chambre en France.
00:48Pardon madame, nous sommes étrangers.
00:50Quelle est la plus grande école de Marseille ?
00:52C'est pour mon fils.
00:53Azad !
01:00Je me souviens de ce baiser qui piquait et sentait la sueur d'une longue nuit d'usine
01:05au tarif double pour un petit bout de collège scintillaire.
01:17Ce matin-là, il neigeait sur Marseille.
01:20Je me souviens de ma première grande maladie.
01:23Le médecin avait diagnostiqué une pleurésie de la plus méchante espèce.
01:27Respirez plus fort.
01:30Tous ?
01:35Madame, si je pouvais écouter qu'une seule poitrine à la fois, ça m'aiderait beaucoup.
01:41Il nous arrive un grand malheur, Azad.
01:46Notre Anna nous a quittés.
01:51De toutes mes forces, j'avais espéré que personne ne vienne m'entourer de ses bras,
01:55que surtout personne n'essaie de m'embrasser pour me consoler.
02:01Je me souviens de ma Eric, tante Anna et Kayane,
02:05mes pluriels de mère, au cœur usé d'avoir tant aimé.
02:09Et toi, mon père, mon vieux soldat des années difficiles.
02:14Je me souviens de ce bal de mes vingt ans
02:17et de notre bonheur d'être ensemble
02:19quand chacun de vos cheveux blancs annonçait déjà un cimetière de printemps.

Recommended