"The Apprentice" d'Ali Abbasi : le biopic cruel et cinglant sur Donald Trump

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En salles le 9 octobre 2024
Transcription
00:00Dans un peu plus de trois semaines, les Américains vont élire leur nouveau président, ça va
00:03se jouer entre Kamala Harris et Donald Trump.
00:07Et si les Américains vont voir entre temps The Apprentice, le nouveau film de Ali Abassi,
00:12je peux vous garantir qu'ils ne voteront pas Trump.
00:30Je me méfie toujours des biopics, là, c'est une idée intéressante, c'est de prendre
00:43le personnage authentique dans une période très limitée de sa vie, avec un angle très
00:48précis et il n'en dévie pas, donc c'est la première qualité des The Apprentice.
00:51Le film se déroule de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80 et donc
00:56on va suivre les années de formation de Donald Trump, surtout sa relation avec son
01:01mentor, un personnage qui a réellement existé, un avocat qui s'appelait Roy Cohn, sinistre
01:07personnage lui aussi puisqu'il avait fait ses débuts dans l'équipe du sénateur Joe
01:12McCarty dans les années 50.
01:13Joe McCarty, le sénateur du Wisconsin qui a chassé les communistes là où il y en
01:18avait et surtout là où il n'y en avait pas, que ce soit dans les institutions américaines
01:22et plus encore à Hollywood.
01:24Roy Cohn était un avocat qui a beaucoup travaillé avec McCarty.
01:28Il va devenir un maître en crapulerie qui va enseigner de manière assez radicale à
01:34son élève Donald Trump.
01:35C'est assez classiquement l'histoire de l'élève qui dépasse le maître, c'est-à-dire
01:40du petit scarabée qui va devenir le plus grand salopard des Etats-Unis et qui va trahir
01:47absolument tout le monde sur sa route.
01:49Je me suis demandé en quoi c'était un excellent biopic et la réponse à laquelle
01:54je suis arrivée c'est que c'est un excellent biopic parce que c'est un excellent film.
01:58Et que ce serait un excellent film si ce n'était pas un biopic, est-ce que je me
02:00fais bien comprendre ? C'est-à-dire que certes c'est Trump, certes c'est Roy Cohn,
02:04certes c'est le vrai New York des années 70-80 et le vrai itinéraire du futur et
02:10on espère plus jamais président des Etats-Unis, mais le film marcherait sans que ce soit des
02:17personnes réelles.
02:18C'est ça qui en fait, il me semble, un excellent drame américain, très cruel, très ironique,
02:25très bien porté par la mise en scène d'Abbassi et par des acteurs exceptionnels.
02:31Il y a un art de la scène, il y a un art de la concision, un art du dialogue qui fait
02:35mouche avec des répétitions, les choses que dit le maître, un jour c'est l'élève
02:40qui les dira.
02:41Et vraiment pour moi la plus grande surprise du film c'est d'avoir été émue par le
02:45personnage de Roy Cohn qui n'est pas loin d'être non plus un des plus grands salopards
02:49de l'histoire américaine, mais qui porte une tragédie, c'est-à-dire son homosexualité
02:53qu'il n'a jamais, jamais, jamais reconnu ou assumé.
02:57Il est mort du sida en disant « j'ai un cancer du foie ». C'était lui aussi à
03:02la fois un bourreau et une victime de l'ère McCarthy.
03:05Marie l'a dit, il y a vraiment les grandes qualités d'écriture du film.
03:08On ne voit pas le temps passer du tout pendant ces précisions de l'écriture, qualité
03:14des dialogues souvent très spirituels, très forte mise en scène aussi parce que le film
03:19est fait à la manière des films tournés à la même époque, donc on a parfois l'impression
03:22d'être vraiment dans un document d'époque tellement c'est bien fait.
03:25Et puis effectivement la qualité d'interprétation, alors ils sont deux, il y a Sébastien Tan
03:29dans le rôle de Trump qui est bien parce qu'il n'en fait pas une caricature non plus.
03:32Alors le personnage est vraiment répugnant au possible, mais on peut comprendre à quel
03:36point il a pu séduire à certains moments et ça Sébastien Tan l'incarne avec beaucoup
03:39de justesse.
03:40Et puis évidemment il y a Jeremy Strong, formidable acteur qu'on a découvert en France
03:45dans la série Succession.
03:46Là donc il joue le rôle de Roy Cohn, alors vraiment, Marie l'a dit, une crapule absolue,
03:51mais qui va s'humaniser et c'est là qu'on mesure vraiment le pouvoir d'incarnation
03:56de Jeremy Strong et la qualité de son interprétation parce que franchement arriver à rendre émouvant
04:01un salopard pareil, ce n'est pas donné à tout le monde.
04:10C'est l'histoire d'un plouc qui dit tout ce que je touche se transforme en or et
04:40qui se rêve déjà voyageant dans Air Force One où des femmes lui prodigueraient des
04:46douceurs.
04:47Et en fait c'est l'histoire d'un type qui a trahi tous ses frères, le vrai, le faux,
04:51et qui est dépeint en agresseur sexuel aussi.
04:53Et c'est pas mal de raconter à la fois la drôlerie de la séduction de sa première
04:59femme, Ivana, comment il lui envoie des fleurs, il la suit jusqu'à Aspen, etc.
05:04Et puis de raconter ce que va devenir leur relation, la violence en fait qui règne dans
05:10cet univers absolument sordide qui serait divisé entre les winners et les losers et
05:14qui serait régi par trois règles, attaquer, toujours nier, ne jamais s'avouer vaincu,
05:19on a vu ce que ça donnait.
05:20The Apprentice, c'est très bien.
05:22The Apprentice, Trump est horrible et le film est très bien.
05:26Don't you forget, I made you.
05:30We have a brand new campaign slogan, let's make America great again.
05:37Oh, I like the again part.

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