Niki, Victoire Doutreleau, Anni Allix : Charlotte Le Bon revient sur les rôles de sa vie

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Elle, c'est Charlotte Le Bon, mais vous la connaissez aussi sous les noms de Niki, Victoire Doutreleau ou encore Anni Allix.
L'actrice revient sur cinq moments mémorables de sa carrière : de The Walk à Yves Saint Laurent, en passant par le film qu'elle a réalisé, Falcon Lake !

Niki, actuellement en salle
Transcription
00:00J'étais très très très stressée.
00:01Je n'ai pas du tout abordé Yves Saint-Laurent de la même façon que Nicky.
00:04J'arrivais quand même sur le plateau avec un gros sentiment d'imposteur.
00:09Je voulais que ce soit grand.
00:11Ça va être grand, t'as vu Nicky.
00:13Le film, en fait, c'est les dix années de sa construction.
00:16C'est les dix années de la quête vers elle, en fait.
00:19Le film se termine au moment où elle fait les tirs,
00:21qui est la performance qui a fait en sorte qu'elle est devenue
00:23internationalement reconnue.
00:24Il y avait ce truc aussi de double nationalité,
00:27c'est-à-dire que je vis qu'au Canada, donc l'Amérique, et aussi en France.
00:31Je pense que le fait aussi que je sois artiste,
00:32c'est quelque chose qui l'a probablement excité.
00:34Et puis le fait qu'on a été toutes les deux mannequins,
00:37qu'on n'aimait pas du tout, qu'on a été tous les deux actrices,
00:40et puis qu'ensuite, on a ressenti ce besoin de vouloir s'affranchir autrement
00:43et d'essayer de trouver notre propre voie à travers notre création,
00:46c'est aussi quelque chose que je comprends.
00:48C'est ce que j'ai fait avec mon premier film,
00:50donc je pense que tout ça en fait en sorte que c'était plutôt logique pour elle.
00:53Ce qui a commencé à m'ennuyer, je pense, avec le cinéma en tant qu'actrice,
00:56c'est que je trouvais qu'on me proposait des rôles toujours de jeune femme raisonnable,
00:58en fait, et ça a fini par m'ennuyer.
01:00Et je suis déjà raisonnable dans la vie,
01:02donc je n'ai pas vraiment envie de l'être à l'écran, quoi.
01:03J'aimerais bien faire un truc un peu différent.
01:05Et il n'y a absolument rien de raisonnable chez Niki,
01:07c'est vraiment, elle éclate tout.
01:08Vous êtes en train d'écrire une page de l'art.
01:11Alors Niki, qu'est-ce que tu fais dans la vie ?
01:13Mais la façon de se préparer, c'est...
01:16Évidemment, je devais me nourrir d'elle et de son travail,
01:18donc j'ai lu tous les documentaires,
01:20j'ai lu toutes les autobiographies qu'elle a écrites.
01:22J'ai énormément regardé son travail aussi pour essayer de comprendre comment elle l'avait fait.
01:25Je l'écoutais, elle, beaucoup.
01:26J'écoutais sa voix dans ma voiture en boucle
01:28pour essayer de comprendre sa musicalité aussi,
01:30parce qu'elle avait un petit accent américain,
01:31donc il y avait des choses comme ça.
01:32Céline tenait aussi à ce que j'altère un tout petit peu ma voix,
01:34donc c'était important aussi que je travaille ça.
01:36Je ne sais pas, c'est quelque chose qui vient,
01:38c'est une image, une émotion.
01:41Mais après, il est vraiment nécessaire qu'à partir du moment où on commence à tourner,
01:46qu'on oublie, en fait, tout ce qu'on a vu, tout ce qu'on a lu.
01:50Et tout ce qui importe, c'est la vérité du moment,
01:52parce que je pense que ça reste aussi un film d'acteur.
01:54Ce n'est pas un film qui est porté sur la technique, nécessairement.
01:56On avait une toute petite équipe.
01:58Et ce qui importait, c'était vraiment la vérité du moment, la sincérité.
02:01Et ça, c'était quelque chose qui nous était donné par les états de Céline,
02:04ses désirs, ou d'une partenaire de jeu, en fait.
02:08Bonjour, Victoire.
02:10Bonjour.
02:10Victoire d'Outre-Lau, elle a vraiment existé, donc il y avait ce truc-là.
02:13Après, il y avait moins de matériel,
02:15je pouvais moins accéder à ce qui se passait dans la tête de cette femme.
02:18Et puis, de toute façon, le film n'était pas sur Victoire.
02:20Mais il y a eu ce même truc de vouloir me renseigner le plus possible.
02:23J'ai pris aussi des cours de maintien, de posture,
02:26parce que les femmes se tenaient d'une autre façon à cette époque.
02:29Chose que je n'ai pas du tout eu à faire avec Niki,
02:30parce que justement, elle refusait tous ses codes.
02:32Et au même moment, au moment du tournage,
02:34j'ai dû oublier tout ce que j'avais appris sur Victoire
02:36et juste faire confiance à Jalil Esper, qui était le réalisateur.
02:39Eh bien oui, j'abois.
02:40Non, je ne t'aime pas. Je trouve que tu en fais trop.
02:42Tu minaudes avec Yves, tu joues à la directrice.
02:44Tu m'as nommé directrice.
02:45Oui, mais tu n'es pas au niveau.
02:46Je pense qu'on travaille toujours un peu avec ce qu'on a déjà.
02:49Donc, j'étais très stressée.
02:50J'étais très, très, très stressée.
02:52Je n'ai pas du tout abordé Yves Saint Laurent de la même façon que Niki.
02:55Il y avait quelque chose où je ne me sentais pas encore
02:57complètement légitime non plus dans ma position en tant qu'actrice.
03:00Donc, j'arrivais quand même sur le plateau avec un gros sentiment d'imposteur.
03:03Et bizarrement, avec Niki, ce n'est pas vraiment arrivé.
03:05J'étais terrifiée de faire une performance de merde.
03:07Ça, c'est sûr. On l'a tous.
03:08Mais je me sentais vraiment très, très aimée.
03:10Et je savais que Céline n'avait aucun doute sur le choix qu'elle avait fait.
03:14Donc, je me suis vraiment laissée porter par ça.
03:16J'ai été nommée au César.
03:18Suite à ça, je pense que j'ai commencé une carrière aux États-Unis.
03:22J'ai eu quelques rôles aux États-Unis.
03:24On Karen ?
03:26You're the most selfish, arrogant.
03:28Yes, I'm arrogant. I have to be.
03:30Déjà, on tournait à Montréal.
03:31Donc, ça, c'était vraiment super.
03:32Je tournais chez moi.
03:33C'était un espèce de Montréal qu'on a déguisé en New York.
03:34Grosse surprise, mais grosse surprise.
03:37Peut-être la décontraction de Robert Zemeckis.
03:40Il a l'air d'un grand adolescent.
03:41Il est super chill.
03:43Il n'a jamais l'air stressé.
03:45Puis, l'utilisation des fonds verts aussi.
03:47C'était la première fois que je voyais ça.
03:48Et ça ne m'a pas du tout donné envie d'en faire d'autres.
03:51Je sortais d'un film qui s'appelle Les recettes du bonheur.
03:55Un film avec Hélène Mirenne.
03:56Donc, j'avais déjà eu ma première expérience de film américain à grande échelle.
04:01Donc, je pense que j'étais peut-être moins pressionnée par la grandeur du plateau
04:04parce que je l'avais déjà vécu juste avant.
04:06Mais c'est quand même toujours intimidant de travailler avec Robert Zemeckis.
04:08Et puis, Joseph Gordon-Levitt, il était super sympa.
04:13Mais c'est vrai que c'était vraiment comme un cyborg.
04:14J'avais l'impression de travailler avec un robot.
04:16Au revoir.
04:17A bientôt.
04:18A bientôt.
04:21Je t'aime.
04:22Oui, j'avais un petit crush sur lui quand j'étais adolescente.
04:24Très vite, dès qu'on rencontre la personne, tout ça s'estompe.
04:29Et puis, on est juste dans le travail.
04:30Et puis, c'est plutôt bien de travailler avec quelqu'un qui fait du méthode acting
04:33quand la relation entre les personnages est plutôt saine.
04:35Parce qu'en fait, on joue ensemble et qu'on était juste dans la recherche de la sincérité.
04:39Et que c'était beau, quoi.
04:40Si ça avait été une relation hyper toxique, peut-être que je l'aurais plus mal vécue.
04:44Mais là, ce n'était pas le cas.
04:45C'est la rentrée !
04:46Je suis trop contente.
04:47Je me suis couché tard pour mettre au point un plan de bataille.
04:49C'est parti !
04:50Il y a un truc qui est assez agréable, c'est qu'on part de quelque chose qui est existant.
04:53J'ai déjà le travail de Amy Poehler, la voix d'Amy Poehler.
04:55Et en fait, je dois quand même un petit peu coller à ce qu'elle fait.
04:58Mais je peux aussi proposer des choses.
05:00Je pourrais écouter ses histoires tout le jour.
05:03J'adorerais écouter ses histoires toute la journée.
05:06C'est vrai que les espaces de doublage, c'est vraiment des espaces où on peut essayer
05:10plein plein de trucs et c'est assez libérateur.
05:13Des fois, je m'en balle et c'est nul et des fois, j'en fais trop.
05:16Mais du coup, on entend tout le temps ce qu'on fait après, donc on essaie de doser.
05:20Mais c'est vrai que le joie peut être un brin insupportable.
05:22Donc, il fallait que j'arrive à doser ce truc-là.
05:25C'est vrai qu'il y a quelqu'un qui s'est noyé ici.
05:28Hein ? Où ça ?
05:29Ils auraient retrouvé le corps d'un jeune dans la partie sauvage du lac.
05:32Moi, ce qui me concerne, c'est que je devais faire un film sur un sujet que je connais parfaitement.
05:36Mon adolescence, je l'ai traversé, j'ai pu l'analyser, j'en ai parlé en thérapie.
05:40C'est un sujet que je pensais pouvoir bien posséder.
05:43Mais pour un premier film, je pense que c'est bien de partir sur quelque chose
05:45dans lequel on se sent confortable.
05:47Je pense que c'est ça ma pire peur.
05:48C'est de me sentir seule toute ma vie.
05:50La BD m'a aidée au début, tout au tout début, pour l'écriture de la première version du scénario.
05:55Parce que je pense qu'encore une fois, j'avais besoin de familiarité,
05:58j'avais besoin de partir d'un truc qui était déjà préexistant,
06:01un squelette qui était déjà, je le savais, solide.
06:03Mais très vite, j'ai dû me détacher de l'histoire pour en faire la mienne.
06:06Mais c'est vrai que de partir avec quelque chose de concret, ça m'a aidée.
06:09Parce que là, j'essaie d'écrire mon deuxième.
06:10Ce ne sera pas une adaptation et je galère ma mère.
06:13Ça va être long, je crois.

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