Invoquant la situation des marchés internationaux, le géant français des produits laitiers à fait savoir qu’il allait baisser de 9% sur les six prochaines années sa collecte de lait destiné à l’export. Devant le Sénat, Annie Genevard, la nouvelle ministre de l’Agriculture, a dénoncé "un préjudice à la vie rurale de façon générale".
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NewsTranscription
00:00Merci, M. le Président.
00:01Madame la sénatrice Varias.
00:05Alors, plusieurs points importants dans votre question.
00:08D'abord, sur les aléas, je rejoins votre constat.
00:12Il est terrible.
00:13Quand je vois les volumes d'eau qui tombent en ce moment,
00:15je pense à tous ceux qui s'apprêtent à récolter le maïs,
00:19par exemple, et qui vont être dans la plus grande difficulté.
00:22Donc la baisse de rendement des céréales
00:25est une évidence et elle est très grave.
00:28Vous avez évoqué Lactalis.
00:30La nouvelle de la perte de collecte
00:34de 450 millions de litres de lait,
00:37soit 8% de l'ensemble du lait collecté par cette entreprise,
00:42est effectivement une terrible nouvelle
00:45pour plus de 700 exploitants, 700 éleveurs,
00:49et va surtout porter un préjudice non seulement à l'éveleur lui-même,
00:52à son exploitation, à sa famille, mais à la vie rurale de façon générale.
00:56Je recevrai son dirigeant dans les jours qui viennent.
01:01Alors, vous avez évoqué la viticulture.
01:04Les viticulteurs, la filière a fait un gros travail d'analyse.
01:09Bon, il y a les aléas climatiques,
01:11il y a les changements de consommation,
01:13il y a le vieillissement d'une partie des viticulteurs.
01:17Il y a un programme d'arrachage qu'a proposé la filière
01:22et qui vient d'être validé au niveau européen
01:25pour 120 millions d'euros.
01:26C'était une demande de la filière, je peux vous le rappeler.
01:30Pour répondre à la question de l'autonomie alimentaire
01:33qui était posée tout à l'heure,
01:34vous évoquez les productions locales.
01:36Ce n'est pas une élue de la terre à compter
01:39qui va vous dire le contraire.
01:40Les productions locales, elles sont extrêmement importantes.
01:42Elles ne seront pour autant pas forcément
01:45la solution totale à l'autonomie alimentaire
01:48que vous appelez de vos voeux à juste titre.
01:50Sur le prix minimum, vous le savez, nous ne serons pas d'accord.
01:54Nous considérons que le prix plancher peut être un prix plafond.
01:59Si c'est ça que vous entendez par prix minimum,
02:01je crois que là, il y a une différence d'approche stratégique.
02:04En tout cas, il faut un prix qui soit juste.
02:08Et en ce qui concerne le budget,
02:10je voulais vous dire que nous vous en dirons davantage ultérieurement
02:14puisque la présentation du budget sera faite jeudi.
02:17Je vous remercie.
02:18Merci, madame la ministre.
02:19La parole est maintenant à monsieur Daniel Saint-Demont
02:22pour le groupe écologie, solidarité et territoire.
02:26Merci, monsieur le président, madame la ministre.
02:28Le géant Lactalis a décidé le 25 septembre
02:30de réduire ses volumes de collègues
02:32de 450 millions de livres d'ici 2030.
02:35C'est un plan social sans précédent dans la filière laitière.
02:38Avec près de 300 exploitations concernées,
02:40il a provoqué un choc terrible parmi les producteurs.
02:44Et cela se fait dans une totale opacité.
02:46Alors que le chiffre d'affaires de Lactalis
02:48a battu un nouveau record en 2023,
02:50frôlant les 30 milliards d'euros.
02:52Quid des marges et des valorisations que Lactalis réalise
02:55sur ses différents segments du marché laitier ?
02:57Quid de la poursuite des importations de lait
02:59par Lactalis en France ?
03:01Quel message déplorable envoyer
03:03alors que les agriculteurs se battent tous les jours
03:06pour redénamiser le secteur
03:07et que la filière appelle au renouvellement des générations ?
03:11Qui voudra reprendre une ferme laitière dans ce contexte ?
03:15Par ailleurs, en Bretagne, Lactalis abandonne les élevères bio.
03:18Ils ne pourront se faire collecter à nouveau
03:20que s'ils passent en conventionnel.
03:22Un chantage difficile à avaler pour ces éleveurs
03:24qui se sont engagés dans des pratiques vertueuses,
03:26ont adapté leurs préélus, leurs haies
03:28pour au final se faire jeter.
03:31Où est l'humain dans cette affaire ?
03:33Ce scandale démontre un peu plus s'il le fallait
03:36l'urgence à remettre en place
03:37une régulation publique des marchés.
03:40Pour garantir des prix rémunérateurs
03:43et une répartition des volumes dans les bassins laitiers,
03:45il faut porter une régulation publique des volumes
03:48et mettre fin à cette dérégulation
03:51à la main des industriels uniquement dictée
03:53par la soif de profit.
03:55Car oui, cette stratégie de Lactalis vise à mettre au pas
03:57les éleveurs laitiers français.
03:58Le monde, merveilleux, du marché mondialisé,
04:02de sa compétitivité, cher à certains ici présents.
04:05Une recherche effrénée du moins-disant social
04:07et environnemental et du mieux-disant fiscal.
04:11Madame la ministre, allez-vous apporter une réponse politique
04:14à la stratégie mortifère de ces industriels
04:16qui mettent à mal notre souveraineté agricole
04:18et nos paysans ?
04:19Allez-vous engager des réformes structurelles
04:22pour établir enfin des règles justes et équitables
04:24dans les relations commerciales ?
04:26Merci, cher collègue. Madame la ministre,
04:28vous avez 2 minutes.
04:30Merci, M. le Président. M. le sénateur Salmon,
04:33vous revenez sur la question de Lactalis.
04:36Le 27 septembre, je vous le rappelle,
04:38coup de tonnerre dans la soirée,
04:40un communiqué de presse de l'entreprise
04:42annonce le retrait de 450 millions de litres de lait,
04:45soit 8% de la collecte totale effectuée par Lactalis,
04:50avec 2 justificatifs.
04:54Le 1er justificatif, cette décision est motivée
04:58par une exposition accrue de l'entreprise
05:01à la volatilité des marchés extérieurs.
05:042e justification, baisse de la collecte,
05:09mais amélioration de la rémunération des producteurs.
05:12Au fond, c'est rémunération des producteurs,
05:17les prix au détriment du volume.
05:20Voilà la position de l'entreprise.
05:23Alors, concrètement, ça veut dire
05:26soit on interrompt le contrat,
05:29soit on ne le renouvelle pas au terme du contrat,
05:33soit on considère que le départ à la retraite
05:35mettra fin, finalement, à l'activité,
05:38ce qui est sans doute la pire des raisons,
05:39parce que ça veut dire que c'est une perte sèche
05:41de production laitière,
05:43alors même que le marché est porteur.
05:45On a besoin de lait en France.
05:48Donc, moi, ce qui me préoccupe particulièrement,
05:50c'est la dimension humaine de cette affaire.
05:53La dimension humaine, pour les éleveurs,
05:56c'est un coup de tonnerre,
05:58c'est une déflagration dans leur vie professionnelle,
06:00personnelle, familiale.
06:02Voilà, donc, dès le soir même,
06:05j'ai appelé le président de la FNPL,
06:07la Fédération nationale des producteurs de lait.
06:09Nous nous sommes vus dès le lendemain.
06:11J'avais besoin d'avoir leur ressenti.
06:14Leur principale préoccupation, c'est d'accompagner les éleveurs.
06:18Un député me disait aujourd'hui,
06:22moi, je vais me débrouiller pour trouver
06:25des débouchés à mes éleveurs lâchés par l'actalis.
06:29Je crois que c'est l'état d'esprit de la FNPL, véritablement,
06:32d'apporter son soutien très individualisé.
06:35Nous serons, nous, aux côtés de la FNPL pour cela.