Une profileuse analyse les tueurs en série dans les films

  • il y a 16 heures
Dans ce nouvel épisode de Science vs Fiction, on a eu le plaisir d'accueillir la cheffe d’escadron Audrey Renard, “profileuse” - “analyste comportementale” en français- au sein du Département des Sciences du Comportement de la gendarmerie nationale.

Esprits Criminels, Seven, American Psycho ou encore Mindhunter et Monster… À quel point ces films et séries cultes sont-ils réalistes ? Comment dresser le profil d’un criminel ? Qu’est ce qu’un tueur en série ? Sont-ils plus intelligents que les autres ? Est ce qu’on naît tueur ?

Notre experte répond à toutes ces questions et bien d’autres, nous révélant au passage les coulisses de son métier.
Transcription
00:00Je ne vois aucune composante sexuelle évidente dans ces crimes,
00:02ce qui pourtant est habituel dans les meurtres en série.
00:04Moi je suis d'accord avec le jeune là.
00:06Chez un tueur en série, oui, il y a une dimension sexuelle quoi,
00:08donc le tuer par un balle, c'est naze en fait.
00:11Vous pourriez envisager de rester ici quelques temps ?
00:13Vos compétences nous seraient sûrement très utiles jusqu'à ce qu'on y voit un peu plus clair.
00:16Ah j'aimerais bien que des enquêteurs me disent ça aussi.
00:18Pourquoi ils disent quoi ?
00:19Tiens, tu m'agaces avec tes questions !
00:21Pour être molle.
00:22Je suis la chef d'escadron Audrey Renard.
00:24Notre unité est sollicitée par les enquêteurs
00:26parce qu'ils ont affaire à des dossiers complexes
00:27et de savoir un peu qui a pu commettre le crime
00:30et comment résoudre le crime.
00:35J'ai toutes les caractéristiques d'un être humain.
00:38La chair, le sang, la peau, les cheveux.
00:41Mais je ne ressens jamais d'émotion perceptible,
00:45si ce n'est l'avidité et le dégoût.
00:48Hé, Albert Stram.
00:49Oui, Alan ?
00:50Pourquoi il y a des pages de magazine un peu partout par terre ?
00:54T'as un chien ?
00:55Hé, Paul !
00:57Aaaaaaah !
01:01Je ne trouve pas ça terrible parce que...
01:04En fait, le début est pas mal sur cette espèce de dandy un peu là
01:09qui dit avoir une vie normale et qui ne ressente rien.
01:12Sauf qu'on voit quand il passe à l'acte, il y a de la colère en fait.
01:14Pauvre espèce d'imbécile invertébré !
01:17C'est mélanger deux profils d'individus.
01:19Ce qui fait que du coup, ce n'est pas très réaliste
01:21parce qu'on ne peut pas être à la fois psychopathe et pervers.
01:23Psychopathe, ça veut dire que c'est des gens qui se foutent des autres.
01:27C'est-à-dire qu'eux, ils sont là, leur objectif est là.
01:30Si vous êtes sur leur route, ils vont vous rouler dessus.
01:33Ça ne leur fera ni chaud ni froid.
01:35Ils s'en fichent.
01:36Ils sont très intolérants à la frustration.
01:38Ils ne supportent pas l'autorité ni la contrainte.
01:41Ils n'ont aucune empathie.
01:42Donc c'est vraiment un trouble de la personnalité narcissique.
01:46Tous les psychopathes ne deviennent pas criminels.
01:48Par contre, chez les criminels, il y a une bonne partie d'entre eux qui sont psychopathes.
01:52Le pervers, ça va plus loin.
01:54Ce qui les intéresse, c'est de vous faire du mal.
01:56Donc vous, vous l'intéressez.
01:58Là où ça dérape un peu, je trouve, dans la scène,
02:00on sent que le truc pourrait être vraiment poussé dans la perversion
02:03en faisant monter un peu la peur chez la victime,
02:06en l'attachant, en le ligotant, en venant lui couper les parties génitales.
02:11Mais des choses qui ne vont pas le tuer.
02:12Ça, le pervers, il va faire ça.
02:14Là, en fait, on a l'impression d'un pervers et d'un coup, paf, qu'il explose.
02:18Il y a quelque chose qui...
02:19Bon, la scène n'est pas terrible, en fait.
02:21Bon, allez, 40%.
02:24Je pense qu'on est tous capables de tuer quelqu'un.
02:26Je pense qu'il y a des situations, des émotions
02:29qui peuvent tous nous mettre à un moment donné.
02:32Ouais, là, j'ai tapé dans la porte, mais c'est peut-être
02:35plus dans ta tête que j'aurais voulu taper.
02:37En fait, la limite est tellement fine que,
02:40ouais, je crois qu'on en est tous capables.
02:42Après, on ne le fait pas tous, heureusement.
02:44Quand une personne est dingue,
02:47comme toi,
02:49est-ce qu'elle sait qu'elle est dingue ?
02:50C'est plus rassurant pour vous de me classer parmi les fous ?
02:53Ouais, je suis rassuré, il n'y a pas de doute.
02:54C'est quelque chose que vous aurez peut-être du mal à admettre,
02:58mais j'ai été choisi.
03:00Je n'ai pas choisi.
03:01Si, ça peut te faire plaisir.
03:02Attends une minute, là.
03:03T'as tué que des gens innocents jusqu'à maintenant.
03:07Innocent ?
03:08C'est supposé être drôle ?
03:11Un obèse, répugnant ?
03:12Ces gens-là, ils vont être classés dans la catégorie des psychotiques.
03:15On ne va pas avoir des sueurs en série psychotiques.
03:17Ça, ça n'existe pas.
03:18Les psychotiques sont des individus qui souffrent
03:20d'une pathologie psychiatrique.
03:22En fait, ils sont dans un état où ils ne sont plus en connexion avec la réalité.
03:26Ils vont commettre des choses qui sont totalement invraisemblables.
03:30C'est ces gens-là qui, effectivement, croient incarner une supériorité divine.
03:34Ces gens-là, quand ils passent à l'acte, c'est extrêmement désorganisé.
03:38C'est extrêmement impulsif, très violent, mais une violence qui n'est pas maîtrisée.
03:43Dans la majeure partie du temps,
03:46les psychotiques s'attaquent à des gens de leur entourage proche.
03:49Donc, en fait, on va quand même rapidement les identifier.
03:51Donc, ils n'auront pas le temps de réitérer.
03:54Alors que là, on a quand même un individu qui est quand même très organisé.
03:57Il choisit très précisément ses victimes.
04:00Sa manière d'opérer est très minutieusement établie.
04:04Et en fait, du coup, ça ne marche pas avec l'impulsivité
04:08et le côté explosif du psychotique.
04:11Donc, en fait, il y a quelque chose qui ne matche pas dans la réalité.
04:13Donc, c'est un très bon film.
04:14En fiction, c'est parfait.
04:16Vraiment, il n'y a rien à dire.
04:17Mais dans la vraie vie, ça n'existe pas.
04:19Je mets quasiment zéro.
04:20Maintenant, pour la beauté du film, je mets 100.
04:24Enfin, voilà.
04:37Je ne crois pas à la supériorité intellectuelle des tueurs en série.
04:40Ça n'a pas été prouvé du tout.
04:42Mais en fait, c'est quand même des gens qui passent beaucoup,
04:44beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps à préparer et à organiser leur passage à l'acte.
04:48Donc, du coup, on pourrait penser que c'est intelligent.
04:50Non, ils y passent beaucoup de temps.
04:52Quelqu'un comme Michel Fourniret,
04:53il passait son temps à grenouiller avec sa voiture.
04:57Il avait repéré une jeune fille à tel endroit.
05:00Il revenait, il revenait pour voir comment accéder, comment l'aborder.
05:04Et du coup, tout ça était très bien organisé.
05:06C'est juste qu'à un moment, il fait bien son job, quoi.
05:09On peut penser qu'ils sont intelligents parce qu'on n'arrive pas à les appréhender.
05:12Il y a juste parfois, ils arrivent à passer au travers des mailles du filet.
05:16Effectivement, oui, on a deux forces de police en France.
05:19On a la gendarmerie nationale et la police nationale.
05:21On couvre des territoires différents.
05:23Et effectivement, dans ce maillage territorial, parfois,
05:26les criminels, eux, ils passent au travers des mailles du filet
05:28parce que de temps en temps, la communication ne se passe pas
05:32comme elle devrait se passer entre les dix référentes forces.
05:35Bon, le voilà, son cœur.
05:39Génial, hein ?
05:41Papa, est-ce que maman et toi, vous allez divorcer ?
05:45Ah oui.
05:52La police évacue des boîtes et des boîtes remplies de morceaux humains.
05:56Il semblerait que cette boucherie ait été perpétrée par un tueur en Syrie, non ?
06:01Jeffrey Lionel Dahmer.
06:03C'est pas mal fait, hein ?
06:04Parce que c'est plutôt subtil dans le sens où, en fait,
06:07on perçoit le climat dans lequel cet enfant est baigné
06:11sans que ça montre de la violence physique à l'étape pure.
06:15Enfin, non, non, là, c'est très psychologique.
06:17Je trouve que c'est pas mal fait.
06:18Ouais, je me trouverais bien balayée 80 %, on va dire.
06:27Pendant longtemps, il y a eu ce qu'on appelle la théorie du criminel né.
06:31Aujourd'hui, cette théorie, elle a été totalement balayée.
06:34Soyons clairs là-dessus, il n'y a pas un gène du criminel.
06:38Ça, ça n'existe pas.
06:39Par contre, évidemment que le contexte familial aura beaucoup d'importance.
06:46Jeffrey Dahmer, employé dans une chocolaterie,
06:49était réputé pour sa discrétion et sa courtoisie.
06:51Dans son deux pièces, les enquêteurs ont retrouvé une dizaine de cadavres mutilés.
06:55Là, on parle d'un tueur en Syrie américain, mais prenons nos exemples français,
06:59que ce soit Émile Louis, Francis Saul, Pierre Chanal, Patrice Allègre,
07:05Guy Georges, Michel Fourniret, Jacques Rançon.
07:08Enfin, si vous les regardez tous, ils ont quand même tous un point commun,
07:11c'est d'avoir eu une enfance extrêmement malheureuse,
07:14avec beaucoup, beaucoup de violence entre les parents qu'ils ont dû gérer,
07:18beaucoup d'abus sexuels, du père sur la mère, du père sur eux, de la mère sur eux.
07:23En fait, ils n'ont vécu que de la violence et un contexte qui n'est pas rassurant
07:26et dans lequel ils ont dû se développer seuls.
07:29Je t'avais dit de venir !
07:32Un contexte de victimisation associé à de la solitude,
07:36c'est un cocktail explosif pour devenir un tueur en Syrie, en fait.
07:39Pourquoi ? Parce qu'en fait, cet enfant qui sera seul face à ces violences
07:43ne saura répondre que par de la violence. C'est ce qu'il a appris.
07:46La réalité est tellement violente pour ces enfants
07:49qu'ils sont obligés de se reconstruire leur propre réalité dans leur tête
07:52avec des fantaisies souvent violentes, sexuelles pour la plupart du temps,
07:56où ils reprennent l'ascendant sur les autres alors qu'ils l'avaient perdu.
08:00Au début, ce n'est que des fantaisies, des fantasmes,
08:02jusqu'à ce qu'il y ait un premier passage à l'acte
08:05qui, généralement, n'est pas satisfaisant.
08:07Parce qu'en fait, entre ce qu'on a imaginé et ce qui se passe dans la réalité,
08:10il y a un grand écart.
08:11Peut-être qu'ils n'ont pas rencontré la victime qu'ils avaient idéalisé.
08:16Peut-être que la façon dont la victime s'est comportée, ça ne leur a pas plu.
08:19Plein de choses qui se passent dans la réalité,
08:21qui sont des choses qui sont des choses qui sont des choses qui sont des choses
08:25Plein de choses qu'ils n'ont pas su maîtriser, qu'ils n'ont pas su anticiper.
08:28Et donc là, on va commencer à rentrer dans une spirale infernale.
08:31Ils vont recommencer, et recommencer, et recommencer inlassablement.
08:35J'étais terrifié seulement à l'idée de pouvoir échouer dans la relation homme-femme.
08:39M'asseoir et parler à une femme m'était impossible.
08:42Pourtant, je voulais communiquer.
08:45L'ironie du sort a voulu que je commence par ramasser des gens,
08:48ramasser des filles, et puis chaque fois, j'allais un peu plus loin.
08:51Vous trouviez des femmes et vous ne les tuiez pas.
08:53Et ensuite, le flingue s'est invité dans la voiture
08:56et je la sentais qui me consumait les entrailles, cette passion fabuleuse.
09:00Cette passion fabuleuse ?
09:02Le terme est bien choisi, non ?
09:04C'est une bonne série, Mindhunter, franchement.
09:06Avec, effectivement, un bon casting.
09:08Je pense que le gars qu'ils ont trouvé ressemble peut-être à Ed Kemper.
09:11On sait qu'il est très, très grand, très costaud, très impressionnant.
09:14Donc, moi, je mettrais bien 90%.
09:17Je pense que c'est une nécessité que d'aller visiter,
09:22échanger et communiquer avec ce type d'individus
09:25pour comprendre ce qui s'est passé, sans jamais, quand même, perdre de vue
09:30qu'ils sont extrêmement manipulateurs, extrêmement narcissiques,
09:33extrêmement joueurs.
09:36Donc, dans ce qu'ils racontent, c'est à boire et à manger.
09:39Vous voyez, dans le binôme d'enquêteurs, vous avez un qui est plus jeune.
09:42On voit un peu dans ses yeux qu'il a...
09:44OK, qu'est-ce qu'il me raconte ?
09:46Et je pense que ça doit vraiment le faire marrer, en fait.
09:51C'est vrai qu'il y a eu un épisode comme ça, Kemper, Dahmer, Bundy...
09:56Aujourd'hui, moi, ça fait longtemps que je n'ai pas entendu parler
09:59d'un tueur en série tel que cela.
10:01Il en existe, des individus comme ça, en France.
10:03Mais peut-être moins. Leur territoire est quand même très élargi.
10:06Il faudrait comparer ce qui est comparable.
10:08C'est-à-dire que les États-Unis, en gros, en superficie,
10:10ça représente un peu plus de 50% de la population.
10:12C'est-à-dire que, en fait, il y a un peu plus de 50% d'individus
10:14qui sont en France, qui sont en France.
10:16C'est-à-dire qu'il y a un peu plus de 50% d'individus
10:18qui sont en France, qui sont en France.
10:19C'est-à-dire que les États-Unis, en gros, en superficie,
10:21ça représente l'Europe, en fait.
10:22Donc, il faudrait voir à l'échelle européenne.
10:24Et peut-être qu'à l'échelle européenne,
10:25puisque les Allemands, ils sont quand même bien dotés aussi.
10:27Oh, des pizzas !
10:29Petit cachotier !
10:30En fait, il y a toujours un décalage entre la personne
10:33qu'on imagine avoir été capable de commettre des atrocités
10:36et la personne qu'on a vraiment en face de nous.
10:39C'est un peu lambda, quoi.
10:40Un peu déçu, quand même.
10:41Il faut en irait, oui.
10:42Alors, ses mains, elles sont quand même très, très impressionnantes.
10:44Très, très, très. Je pense qu'elles font le triple des miennes.
10:47Moi, je l'ai rencontré, il était très âgé, donc c'est un peu...
10:50Bon.
10:52C'est là qu'on a retrouvé Anne Cushing, 22 ans.
10:55Les ongles manucurés comme les autres.
10:57Il veut qu'elle se défende.
10:59Mais pas assez pour lui faire du mal.
11:01Il lui a laissé la ceinture autour du cou.
11:04Il doit avoir une vingtaine d'années.
11:06Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
11:07Son arrogance.
11:10L'argument qui est de dire l'arrogance fait qu'il a 20 ans,
11:13bon, moi, je vais aller déterminer effectivement une tranche d'âge,
11:16mais pas sur ce type d'argument.
11:18C'est un élément qui est très compliqué à évaluer
11:20parce qu'on distingue l'âge mental de l'âge réel.
11:24Et autant vous dire que parfois, chez les hommes,
11:26l'écart peut être un peu... grand, on va dire.
11:30Je plaisante.
11:30Les enquêteurs, ils nous suivent tellement qu'ils vont dire
11:33« Ah, mais non, il a 29 ans, t'avais dit qu'il avait plus de 30 ans ».
11:35Bah oui, non, mais... Donc, on est obligés de dire
11:37« Alors, 20-30 ans, plus ou moins 5 ans ».
11:40L'idée, c'est quand même de donner des éléments
11:42qui vont pouvoir aider les enquêteurs dans leur enquête
11:44et pour trouver l'individu quand même.
11:45Et on est là pour ça.
11:57On travaille sur des scènes de crime qui sont un peu compliquées,
11:59avec des victimes qui ne sont pas censées être victimes, en fait, au départ,
12:02où il n'y a pas de mobile apparent.
12:04Et donc, on va essayer, nous, à la lecture des pièces du dossier,
12:07on va se déplacer sur les scènes de crime,
12:08on va assister aux autopsies,
12:09ce qui va nous permettre, derrière, d'aller peut-être éclairer
12:12sur la motivation de l'individu.
12:14Il est venu au contact pour la tuer, la violer,
12:17parler avec elle, ça a dégénéré, ou que sais-je, en fait.
12:20C'était quoi le but initial ?
12:22On va faire un travail assez poussé, quand même,
12:24sur ce qu'on appelle la victimologie.
12:26Donc, qui est la victime ?
12:27Plus on aura d'informations sur elle,
12:29plus on aura d'informations sur l'auteur.
12:32On va aller regarder si la victime est une victime à risque.
12:35Est-ce que c'est quelqu'un qui est totalement inaccessible
12:37et donc pour laquelle il va falloir user une certaine ruse ?
12:41Plus le travail de séduction sera important à faire,
12:44plus on se posera la question, évidemment,
12:46sur les compétences de séduction de l'auteur.
12:49Mais on s'attache très peu au physique des victimes.
12:53Notre inconnu est de race blanche, il a entre 20 et 30 ans,
12:56on ne le remarque pas de prime abord.
12:58Rien ne permet de le distinguer dans la foule.
13:00La nature violente de ses crimes suggère
13:02qu'il ait pu commettre de précédents délits.
13:04Nous l'avons classé parmi les tueurs organisés.
13:06Prudent, un psychopathe, à l'inverse d'un psychotique.
13:10Il suit les actualités, il a une excellente hygiène, il est intelligent.
13:12J'aimerais bien que ce soit comme ça dans la réalité.
13:14J'aimerais bien qu'il y ait autant de gens qui nous écoutent avec autant de sérieux.
13:18Ils parlent de classifications qui datent un peu
13:21désorganisées versus organisées.
13:24Oui, ça c'est les premières classifications
13:26qui ont été élaborées par le FBI
13:28au tout début de la mise en place de la discipline.
13:30Aujourd'hui, on a évolué.
13:31C'est moins des grandes cases comme ça.
13:33On s'est rendu compte qu'en fait,
13:34quelqu'un pouvait être à la fois organisé et désorganisé.
13:36Il a sûrement un véhicule en excellent état.
13:38Certains noteraient une Jeep récente avec des vitres teintées.
13:41Les meurtres ont tous été précédés d'un viol.
13:43Si je dois mettre une note, je dirais 70%.
13:46C'est pas mal fait.
13:47Après, j'aimerais bien être aussi précise dans mes réponses.
13:50Et je ne le suis pas autant.
13:51L'idée, c'est déterminer des éléments d'identification,
13:54des éléments de personnalité de l'individu.
13:57On ne donne pas de nom, on ne donne pas d'identité avérée.
14:00Mais en tous les cas, on va essayer de dresser
14:02un profil psychologique de l'auteur.
14:04Par contre, je ne peux pas définir sa voiture.
14:06Ça, je ne sais pas encore le faire.
14:08Un jour, peut-être, ils peuvent m'apprendre.
14:10Je suis preneuse.
14:38Pourquoi vous êtes venue ?
14:39Je n'en sais rien du tout.
14:41Il faut croire que je l'aime.
14:45C'est un cliché, quand même.
14:46Non, mais je n'ai pas envie de lui mettre une bonne note
14:48parce que déjà, ça m'agace, cette façon de voir les femmes.
14:50Donc non, non, je mettrais 20% là.
14:53Ça a existé pour Ted Bundy.
14:54Donc oui, il y a une forme de réalisme que je ne peux pas nier.
14:58Mais bon, ça m'agace.
15:01En fait, je crois que la fascination pour les tueurs
15:03et pour les tueurs en série, elle n'est pas que féminine.
15:05Il y a une fascination pour le morbide en général.
15:09Mais pourquoi ?
15:10Parce qu'en fait, on est quand même globalement fasciné
15:13par des gens qui bravent tous les interdits.
15:15Donc ça, en soi, c'est fascinant, forcément.
15:17Et puis, je pense qu'il y a aussi une façon de se faire peur.
15:20La mort, c'est à la fois quelque chose qui nous attire
15:23et qui nous répulse aussi d'aller s'y confronter.
15:27C'est aussi la mette sous cloche, quoi.
15:29C'est une espèce de contrôle un peu de la mort.
15:31Je ne suis pas effrayée de lui.
15:32Il n'a pas l'air du genre à tuer quelqu'un.
15:34Ce sont des hommes, en fait, les tueurs en série qu'on montre.
15:36Donc oui, on a peut-être plus de chance
15:39que ce soit des femmes qui soient attirées par ces hommes-là.
15:41Peut-être que s'il n'y avait que des tueuses en série,
15:43tous les hommes seraient attirés par elles.
15:44Enfin, je veux dire, il y a un moment, peut-être, on ne sait pas.
15:56Tous les mêmes.
15:58Vous autres, les hommes, vous me dégoûtez.
16:00Et alors, pourquoi tu fais le trottoir ?
16:02Je ne fais pas le trottoir.
16:03Je ne baisse pas avec les hommes.
16:06Autrefois, si.
16:07Contre mon gré, la plupart du temps.
16:10Tiens, quand j'avais huit ans, il y a ce vieux qui me violait.
16:13Un très bon ami de mon père.
16:16J'adore ce film, donc ça va être difficile pour moi de le noter
16:18parce que je m'en fiche qu'il colle ou pas à la réalité.
16:20Probablement pas trop, mais peu importe.
16:23Ce film est incroyable.
16:24Moi, je le mets 100 % parce que cinématographiquement,
16:27voilà, là, on n'est pas dans le gnangnan.
16:29Vraiment, on n'y est pas.
16:30Les femmes, elles passent un peu sous les radars de la criminalité.
16:33On ne parle jamais de viols d'enfants commis par les femmes.
16:36Ça existe, en fait.
16:37C'est pareil chez les infirmières qui tuent leurs patients.
16:40Au bout de combien de temps on se rend compte que finalement,
16:42c'était cette infirmière qui donnait des doses létales de médicaments ?
16:47Parce que je pense que la société
16:48met moins en évidence la criminalité des femmes.
16:52Donc, elle passe plus facilement sous les radars.
16:54Par contre, une femme qui est très clairement accusée, jugée,
16:58va être jugée beaucoup plus sévèrement qu'un homme.
17:00Je vais vous mettre quelqu'un qui a été violée.
17:02Oui, c'est mon père.
17:05Parce que je pense que la société n'est pas en mesure
17:08d'accepter la criminalité d'une femme.
17:10Une femme, c'est doux, c'est prévenant, c'est une mère.
17:12Ce n'est pas une criminelle, quoi.
17:14Les hommes, ils sont tous violents.
17:15Ils sont tous sous l'impulsion de leurs hormones,
17:18leur testostérone, de je ne sais quoi.
17:20Donc, bon, voilà, c'est normal.
17:22Une femme…
17:23Vous croyez qu'une femme a pu faire ça ?
17:25Et vous ?
17:26Je dirais que c'est hautement impossible.
17:27Alors, c'est très rare qu'on dise que c'est une femme.
17:29Mais parce que les statistiques sont là, je veux dire.
17:31Il y a un moment, j'ai le souvenir d'un cas.
17:33Une femme retrouvée décédée chez elle,
17:36qui a été vraiment très fortement frappée.
17:39Bon, bref.
17:40Mais il y a une espèce de mise en scène.
17:41Donc, la victime est dénudée
17:43et elle a une carotte pelée au niveau du vagin.
17:48Et là, il se trouve que la carotte, en fait,
17:50est posée à la verticale.
17:52Cet aspect-là nous a fait penser
17:54que ça puisse être une femme et pas un homme,
17:56parce qu'un homme, il l'aurait enfoncée dans le vagin.
17:58Mais en l'occurrence, c'était une femme, effectivement,
17:59qui avait tué la victime.
18:00Après, on a aussi des femmes qui passent à l'acte,
18:02parce que très clairement,
18:03elles sont victimes de leur mari, en fait.
18:05Et là, elles veulent vraiment que les choses s'arrêtent.
18:07Les hommes tuent leur femme
18:09pour qu'elle leur appartienne à tout jamais, en fait.
18:12Alors que les femmes,
18:13elles tuent leur mari
18:14pour qu'il n'existe plus du tout.
18:16Donc, il y a vraiment deux façons de voir les choses.
18:28Les femmes en garde à eux,
18:29c'est beaucoup plus compliqué à faire avouer, vraiment.
18:31Les femmes avouent beaucoup moins que les hommes,
18:33mais beaucoup moins.
18:34Elles sont hyper résistantes.
18:35En plus, oui, bien souvent,
18:37elles peuvent aussi faire preuve
18:39d'une forme de séduction vis-à-vis des enquêteurs
18:41dont elles jouent.
18:42Et je pense que les enquêteurs,
18:43parfois, sont des préjugés
18:45sur la facilité à faire avouer une femme.
18:48On va tirer sur la corde sensible,
18:49on va parler un peu des gamins, des trucs, des machins,
18:51et ça va passer, puis elle va pleurer.
18:53Alors, pas du tout.
18:55Même arme ?
18:57Pour la fille, ça ressemble à une exécution.
18:59Une seule balle dans la tête.
19:00L'homme a reçu trois balles dans le torse.
19:02Donc, deux modes opérateurs différents.
19:04On a eu récemment deux cas identiques,
19:06il y a quelques mois.
19:08C'était le même type d'arme, un calibre 22.
19:11Une balle dans la tête.
19:11Je ne vois aucune composante sexuelle évidente dans ces crimes.
19:14Ce qui pourtant est habituel dans les meurtres en série.
19:16Vous pensez qu'on a affaire à un tueur en série ?
19:18Il s'agit sûrement d'une série de meurtres,
19:19mais il est trop tôt pour dire que c'est un tueur en série.
19:22Vous pourriez envisager de rester ici quelques temps ?
19:25Vos compétences nous seraient sûrement très utiles
19:27jusqu'à ce qu'on y voit un peu plus clair.
19:28J'aimerais bien que les enquêteurs me disent ça aussi.
19:30Vous pouvez rester un petit peu plus longtemps ?
19:32Vos compétences nous seraient très utiles.
19:34Pourquoi ils disent pas ça ?
19:37Pas toujours.
19:37Ils me diront, tu m'agaces avec tes questions.
19:39Pour être polie.
19:40Mais non, en plus, moi je suis d'accord avec le jeune.
19:42Chez un tueur en série, oui, il y a une dimension sexuelle.
19:45Donc, le tuer par un balle, c'est naze en fait.
19:47Ah non, je vais mettre un 50% !
19:49Comme ça, il y a des trucs bien, et des trucs moins bien.
19:52La première chose qu'on va, nous, essayer de mettre en évidence
19:55sur une scène de crime et dans un homicide,
19:56est-ce qu'il y a un caractère sexuel ou pas ?
19:58Parce que la motivation, évidemment, c'est pas la même.
20:00Vous préférez des exemples plutôt gores ou pas trop gores ?
20:04On mettra pas d'illustres.
20:05Non, ça peut aller de, je recouvre le visage de la victime
20:09parce que la vue de son visage m'indispose
20:11à l'enfoncement d'objets profondément dans le vagin
20:15et de se dire, à quoi ça sert en fait ?
20:17La victime est morte.
20:18On va évidemment se poser la question sur ses compétences sexuelles,
20:21sur le fait qu'il y a peut-être des troubles de la sexualité.
20:24On va pouvoir se dire, il y a quand même peut-être d'autres faits
20:27qui puissent lui incomber,
20:28de type agression sexuelle, du type viol.
20:31Donc, c'est des choses qu'on va aller dire aux enquêteurs en disant,
20:33attention, là, on a quand même un individu
20:34qui, visiblement, gère mal sa frustration sexuelle.
20:37Il s'agit sûrement d'une série de meurtres,
20:38mais il est trop tôt pour dire que c'est un tueur en série.
20:40C'est quoi un tueur en série ?
20:41Un tueur en série, normalement, la définition veut
20:44qu'il y ait au moins trois passages à l'acte à son actif,
20:47dans un espace-temps différent.
20:49Ça, c'est la théorie.
20:50Dans la pratique, vous pouvez avoir des gens
20:53qui ont un potentiel sériel.
20:55Ce qui est le cas de quelqu'un comme Nordal-Lelandais.
20:57Aujourd'hui, on sait qu'il est impliqué dans deux faits.
21:00Mais la manière dont il est passé à l'acte
21:02nous laisse penser qu'il est possible
21:04qu'il puisse avoir commis d'autres faits.
21:07Donc, à ce moment-là, on va aller regarder
21:09un peu le parcours de ces gens-là.
21:10En 2022, il y a eu la création d'une unité en gendarmerie
21:15qui permet de reprendre les anciens dossiers, les cold case.
21:18Et dans cette unité, il y a effectivement des gens
21:20qui travaillent sur ce qu'on appelle le parcours criminel.
21:22Ça veut dire qu'on peut, aujourd'hui, travailler sur un individu.
21:25Avant, on ne pouvait travailler que sur des faits.
21:26Cher rédacteur en chef, je suis l'assassin
21:29des deux adolescents de Noël dernier,
21:30Ola Kerman et de la fille du 4 juillet
21:32près du terrain de golf de Valero.
21:34Et il s'est donné un nom.
21:39En fait, nous, on ne voit jamais ça.
21:40Franchement, jouer comme ça, de cette manière...
21:42Non, mais j'ai beau réfléchir.
21:44Qu'il y ait des individus qui regardent
21:47comment les enquêteurs travaillent,
21:49qui essayent de participer à l'enquête...
21:52Oui, on en a. Ça, oui.
21:54Des gens qui écrivent des lettres,
21:56qui font des espèces de jeux de piste, de machin.
21:58Bon, moi, j'ai envie de dire...
22:02Allez, 10, parce que, oui, ce tueur-là a existé,
22:05ou existe encore, mais moi, c'est quelque chose
22:08qui ne me parle pas du tout, quoi.
22:15Je pense que c'est quelqu'un qui vit très bien dans la société
22:20et très bien inséré.
22:21Un bon père de famille,
22:22quelqu'un sur qui glisse tout soupçon, en fait.
22:26Vraiment.
22:27J'aime tuer des gens parce que c'est tellement marrant.
22:30On a très régulièrement des lettres anonymes.
22:33Ça, beaucoup, beaucoup.
22:34Qui dénoncent des gens.
22:35Parce que jamais dans les lettres anonymes,
22:37il me dit, c'est moi qui ai tué des gens.
22:39C'est pas moi qui ai tué des gens.
22:41C'est pas moi qui ai tué des gens.
22:42C'est pas moi qui ai tué des gens.
22:44C'est moi qui ai tué.
22:45C'est souvent, c'est le voisin, c'est machin, c'est truc.
22:48Ou alors, des gens qui proposent leur aide de façon anonyme.
22:51Donc, en fait, t'es là, pourquoi tu me proposes ton aide
22:53alors que tu me dis pas qui tu es ?
22:55Donc, on est obligés de les prendre au sérieux.
22:57Parce que quand vous êtes dans une enquête criminelle,
22:59en fait, vous êtes obligés de tout prendre.
23:00Parce qu'une famille de victimes, elle ne comprendrait pas
23:02pourquoi on ne l'a pas fait,
23:04que peut-être ça aurait pu nous apporter des choses.
23:06Donc, oui, non, j'aimerais bien avoir des trucs à résoudre comme ça,
23:08mais je n'en ai pas.
23:10Tu as posté ceci quelques heures après notre rencontre.
23:13Je me suis inquiété.
23:14Tu n'as pas parlé du libraire trop mignon.
23:16Et puis, j'ai compris.
23:17Ta vie en ligne n'est pas ta vraie vie.
23:19Mais à bien y réfléchir, le fait que tu ne m'aies pas partagé
23:21avec tes followers confirme qu'il y a vraiment un truc entre nous.
23:24Ensuite, notre cher ami Internet m'a donné ton adresse.
23:31Et voilà ton appart avec ses grandes fenêtres sans rideau.
23:35J'hallucine, t'as jamais vu un film d'horreur ou quoi ?
23:38Ou les infos ?
23:44Non, mais c'est mignon, je veux dire, c'est...
23:47Mais...
23:54C'est creux, il n'y a rien, ce n'est pas subtil, c'est tout cliché.
23:59Je ne connaissais pas cette série, mais au secours, vraiment, zéro.
24:03Franchement, zéro, nul.
24:04Non, alors, trêve de plaisanterie,
24:06je pense qu'il faut quand même faire extrêmement attention aux réseaux sociaux.
24:09Effectivement, parce que je pense qu'aujourd'hui,
24:10on peut avoir beaucoup d'informations.
24:12La criminalité est en train de changer.
24:13On a aujourd'hui moins de crimes de sang qu'à une époque.
24:17Même moi, en 16 ans, je le vois.
24:19Et on a une criminalité qui devient plus cyber,
24:21avec des gens qui assouvissent leurs fantasmes sur Internet
24:26et donc qui passent moins à l'acte dans la réalité.
24:35Ça s'appelle l'erotomanie, qui est une branche de la paranoïa.
24:39C'est quand on projette sur quelqu'un
24:41la passion amoureuse, c'est-à-dire qu'en gros,
24:43je pense que vous êtes amoureuse de moi,
24:47mais j'en suis persuadée.
24:49Vous me lancez des signes.
24:50Tout ce que vous ferez, ce sera un signe que vous m'envoyez
24:52et que je vais interpréter à ma manière,
24:54c'est-à-dire qu'ils viennent alimenter mon obsession.
24:57Et ça, ça peut être très grave.
24:59Ça peut conduire à l'homicide.
25:02Le métier que je fais est un métier difficile,
25:04dont il faut savoir se protéger,
25:05parce qu'on a à être témoin de beaucoup de violences,
25:08de comportements humains qui sont quasiment inhumains parfois.
25:11Il y a plusieurs choses qui permettent de se protéger.
25:13D'abord, de jamais travailler seul.
25:15Ça, c'est une règle absolue.
25:17Il faut pouvoir avoir des collègues avec qui partager ça
25:19et pas des amis, un mari, une femme ou des enfants avec qui les partager.
25:23Non.
25:23Vous voyez, cet uniforme qu'on porte,
25:25il nous protège aussi d'une certaine manière.
25:26Avec cet uniforme, je suis la chef d'escadron Renard,
25:29mais dans la vraie vie, je suis Audrey Renard et je fais autre chose.
25:31Et heureusement, c'est trop violent ce sur quoi on travaille.
25:34Par contre, c'est passionnant.
25:36Il y a un petit côté addictif aussi, il ne faut pas se cacher,
25:38c'est-à-dire qu'on est toujours dans l'expectative d'un cas plus complexe encore.
25:43Donc non, c'est un beau métier.
25:45En plus, on est très peu à le faire en France.
25:47Donc il y a un petit côté niche qui est assez grisant.

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