Deux casques bleus de la Finul ont été blessés par l'armée israélienne au sud du Liban alors que la force-tampon de l’ONU est cantonnée dans ses casernes. A quoi servent ces soldats ? Pourquoi une telle impression d’impuissance ? Explications avec Guillaume Lasconjarias, porfesseur associé à Sorbonne-Université.
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00:00Ces casques bleus de la Finul, la force intérimaire des Nations Unies et le Liban,
00:05sont déployés entre les deux pays.
00:07Depuis le 30 septembre et l'offensive terrestre de Tsaïl,
00:11ils ne peuvent plus patrouiller et restent cantonnés dans leurs casernes.
00:14Alors, à quoi sert la Finul ?
00:16C'est une sorte d'impuissance de la puissance.
00:19Où est-elle positionnée ?
00:20Une bande de terre de 120 km suit la frontière non officielle entre Israël et le Liban.
00:26C'est la ligne bleue tracée par l'ONU en juin 2000 après le retrait israélien du Liban.
00:31C'est la mission de maintien de la paix de l'ONU qui est chargée de la surveiller.
00:35Elle intervient sur l'ensemble de cette zone.
00:38Depuis quand existe-t-elle ?
00:40La Finul a été établie en 1978.
00:43A l'époque, elle avait déjà été créée pour confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban.
00:49Son mandat est renouvelé chaque année par les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU.
00:54Seule la légitime défense est autorisée.
00:57Et donc, quelque part, tant que les casques bleus ne sont pas une cible directe,
01:02ils sont condamnés à attendre et à observer.
01:06En réalité, ce n'est pas un outil pour résoudre le conflit.
01:10Ça n'a jamais été pensé comme ça.
01:12C'est un outil pour gérer l'escalade et les tensions entre le Liban et Israël.
01:17Combien de soldats la composent ?
01:19Cette force compte un peu plus de 10 000 soldats, originaires de 50 pays, dont près de 600 Français.
01:25Quelle est sa mission ?
01:27Elle est chargée de surveiller l'application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité
01:32qui stipule que seule l'armée libanaise et les casques bleus doivent être déployés dans le sud du Liban.
01:39La Finul doit donc aussi aider le gouvernement libanais
01:42à assurer la restauration de son autorité effective dans le sud du pays.
01:46Vous avez des casques bleus qui sont censés encadrer et apporter leur concours aux forces armées libanaises,
01:52mais des forces armées libanaises qui ne veulent pas elles-mêmes pousser la logique jusqu'au bout
01:57en empêchant le Hezbollah d'être une forme de nuisance.
02:00Et donc, on peut comprendre pourquoi Israël, de son côté, considère que le travail n'est pas fait.
02:06Que se passe-t-il dans cette région ?
02:08La zone est toujours restée le théâtre régulier d'affrontements entre Tsar et le Hezbollah,
02:14le mouvement islamiste libanais lié à l'Iran et demi-juré d'Israël.
02:18Les forces armées libanaises qu'ils sont censées accompagner refusent elles-mêmes d'empiéter sur,
02:24par exemple, les propriétés privées qui sont instrumentalisées par le Hezbollah
02:30et où le Hezbollah, d'ailleurs, établit ses camps, ses spots d'entraînement,
02:35ses stands de tir, voire des tours d'observation d'où ils observent Enar d'Israël.
02:41Quel statu quo !
02:43Contrôler la cessation des hostilités dans le sud du Liban et sécuriser l'ensemble de la zone,
02:48autant dire que la mission de la Finul est plus que jamais impossible.
02:52On a une forme, non pas d'irrésolution, mais d'hypocrisie de la part des grandes puissances
02:57qui, à la fois, ont tout intérêt à ce que cette force soit quand même présente
03:02pour jeter un éclaircissement sur une région du monde qui est quand même toujours marquée par des tensions.
03:09Donc l'absence de la Finul aurait été finalement pire que de ne pas l'avoir,
03:14mais sans lui donner toutefois tous les moyens,
03:17bien que, de manière régulière, ça a été le cas sur les deux dernières années,
03:21on provoche son mandat.