Garder «Emily in Paris» : La drôle de priorité d'Emmanuel Macron

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Chaque vendredi dans la matinale de Dimitri Pavlenko, Eugénie Bastié livre son regard sur l'actualité.
Retrouvez "Eugénie Bastié - Les signatures d'Europe 1" sur : http://www.europe1.fr/emissions/eugenie-bastie-les-signatures-deurope-1

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Transcription
00:00Eugénie Bastier est avec nous, bonjour Eugénie !
00:02Bonjour à tous !
00:03Vous revenez ce matin sur une drôle d'interview, on va en entendre un petit peu d'extrait avec Dimitri Vernet dans un instant,
00:08que le Président de la République a donnée au magazine américain Variety.
00:11Oui, alors que la politique française ressemble à Interville sur le Titanic,
00:15que le mur budgétaire se rapproche à grands pas et que la guerre tonne au Moyen-Orient,
00:19le Président de la République a décidé de donner son avis sur tout et rien dans un magazine culturel américain.
00:24Dans cette interview, Emmanuel Macron évoque son émotion lors de l'apparition de Céline Dion au JO,
00:29évalue la performance de Lady Gaga, nous confie que son film préféré est Les Tontons-Flingueurs,
00:35il ajoute que malgré notre énorme déficit, notre pays continuera à subventionner son cinéma,
00:40comme nulle part ailleurs dans le monde, il se dit très fier que sa femme ait joué dans la dernière saison d'Emily in Paris.
00:46Interrogé sur le fait que cette série américaine devrait déménager à Rome pour la prochaine saison,
00:51le Président répond « Nous allons nous battre ardemment et nous leur demanderons de rester à Paris.
00:56Emily in Paris à Rome, ça n'a pas de sens ! »
00:58Alors là, j'avoue que ça m'a soufflé, je savais qu'il y avait des domaines réservés du chef de l'État,
01:02il y avait la défense, les affaires étrangères, mais pas Netflix.
01:06Et puis bon, c'est vrai que je préférais qu'on se batte pour garder nos usines en France plutôt que des séries américaines.
01:10Bon, c'est quand même une série qui donne une très belle image de la France.
01:13Ouais, enfin une image quand même bien déformée, Dimitri.
01:16L'histoire de cette jeune américaine qui fait du marketing dans un Paris instagramable séduit le monde entier,
01:22mais elle est aussi fidèle à la réalité que la pâte patrouille l'est du métier de policier.
01:26Le Paris d'Emily in Paris, c'est un Paris sans saleté, sans insécurité, sans SDF ni OQTF,
01:32sans Hidalgo, sans manif, sans casseurs, sans grève des boueurs et sans rats, bien sûr.
01:37D'ailleurs, hier, j'ai salomé entre des rats sur la piste cyclable à Paris, c'était très agréable.
01:41Alors, ce qui m'a frappé, c'est qu'au moment même où le chef de l'État affichait cette ambition de garder Emily in Paris en France,
01:49Rachida Dati, elle, demandait la fermeture du Champ de Mars la nuit pour des raisons de sécurité.
01:54Deux touristes y ont été agressés sexuellement le week-end dernier, à deux pas de la tour Eiffel.
01:59On est loin du Paris de carte postale.
02:02Et ce qui me frappe, c'est ce décalage grandissant entre le désir d'afficher la vitrine d'une France attractive pour l'étranger
02:08et la réalité prosaïque d'une insécurité grandissante et incontrôlable.
02:12La série Emily in Paris, Eugénie, fait venir des touristes assez incontestables et c'est même un atout majeur qui reste à la France.
02:18C'est vrai. Alors, il parait que la série aurait contribué à redorer l'image de la France à l'étranger.
02:22Aux États-Unis, nous apprenait une étude de l'IFOP, les Frenchies ont une côte de popularité deux fois plus élevée qu'en 2007.
02:29Mais, en fait, il faut réaliser que si les touristes américains plébiscitent la France, c'est surtout parce que l'écart des revenus est devenu tel entre nos deux pays
02:38que nous sommes devenus pour eux une sorte de Thaïlande excessivement accessible.
02:41Alors, je n'ai rien contre le fait qu'on redore l'image de la France, mais cette obsession pour la vitrine qu'on voit très souvent chez Emmanuel Macron
02:49cache bien souvent l'écroulement des fondations.
02:52Et pour terminer cette chronique, je voudrais vous citer cet extrait d'une interview de Marcel Gaucher, le philosophe qui l'a donné au point.
02:57Il fait cette réflexion intéressante, je cite,
03:00« Nous sommes la civilisation du musée. Les JO à Paris ont célébré le musée parisien.
03:05On ne peut donc pas dire que le passé n'existe pas. On ne lui a jamais consacré autant de soins, mais il ne compte pas.
03:11D'un autre côté, nous n'avons jamais eu autant le culte du changement.
03:15C'est ce paradoxe entre le culte d'une France musée et la passion du Nouveau Monde qu'incarne aussi le macronisme. »
03:21Signature européen Eugénie Bastier. Merci beaucoup Eugénie. 8h53.

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