Stanislas Niox-Chateau, PDG de Doctolib, invité d'On n'arrête pas l'éco

  • avant-hier
Par certains qualifiée de révolutionnaire, Doctolib est la start-up française qui a, tout du moins, bousculé nos habitudes de prises de rendez-vous médicaux. A la fois annuaire et service de mise en lien patient-soignant, c'est le concept depuis sa fondation en 2013. Un an plus tard, l'entreprise annonce une levée de fonds d'un million d'euros. Soutenue dès ses débuts par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, la Ville de Paris et le Fonds Social Européen à travers Agoranov, Doctolib s'est imposée comme la solution leader sur le marché.

Un rendez-vous, c'est à deux ? Le 15 octobre, ce sera à trois mais surtout : dans les yeux ! Doctolib voudrait faire rentrer l'intelligence artificielle dans le cabinet du soignant qui, libéré de sa prise de notes, aura tout le loisir d'écouter sa patientèle… en la regardant, plutôt que son écran. L'intelligence artificielle permettra-t-elle une humanisation de la relation entre les malades et leurs médecins ? Quels sont les risques de cette intrusion artificielle dans nos dossiers médicaux ? Comment nos données seront-elles protégées ?

Allô IA bobo ! Alexandra Bensaid reçoit ce samedi Stanislas Niox-Chateau, cofondateur et PDG de Doctolib.

On n'arrête pas l'éco (09h10 - 12 Octobre 2024 - Stanislas Niox-Chateau)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le PDG de Doctolib est l'invité d'On n'arrête pas l'écho pour continuer cette discussion sur la santé des français.
00:06Bonjour et bienvenue Stanislas Njoksjato !
00:09Bonjour Alexandra, bonjour à tous !
00:11Doctolib, c'est la plateforme de prise de rendez-vous que vous avez créée il y a un peu plus de 10 ans,
00:15connue et utilisée par quasiment 9 français sur 10, valorisée autour de 6 milliards d'euros, c'est toujours à peu près ça ?
00:23Vous êtes un acteur privé dans la santé, on a écouté le reportage ensemble.
00:27Vous avez quel regard sur ce sujet de la financiarisation du secteur ?
00:31Pour moi il y a deux choses qui sont différentes, la financiarisation et le privé.
00:34Pour moi la santé ce n'est pas un secteur comme un autre.
00:37Donc dans la santé, quand on travaille dans la santé, qu'on soit dans le privé ou dans le public,
00:42ce qui compte c'est la qualité de vie au travail des soignants et la santé des patients.
00:46Et c'est plus important que les chiffres de rentabilité.
00:50Et donc moi évidemment je suis contre cette financiarisation du système de santé,
00:54par contre le privé, aujourd'hui on a des médecins libéraux, des dentistes libéraux, des kinés libéraux, des infirmières libérales,
01:01on a des docteurs libres, on est en entreprise à mission, et donc qu'est-ce qu'on peut être ?
01:06Entreprise à mission il faut dire ?
01:07Entreprise à mission, ça fait depuis deux ans que dans nos statuts,
01:11on a comme objectif d'améliorer le quotidien des soignants, l'accès aux soins et la santé des patients.
01:16Et donc oui je pense qu'on peut être un entrepreneur, être dans le privé et servir à l'intérêt général dans la santé.
01:22Alors ce matin, vous êtes venu nous parler d'innovation, une innovation que vous allez généraliser mardi,
01:28je crois que pour l'instant on n'est pas encore pris la parole pour expliquer le projet.
01:32Que voulez-vous faire avec l'intelligence artificielle ? C'est de cela qu'il s'agit dans les cabinets des médecins.
01:37Écoutez, la santé c'est probablement le secteur qui va le plus être transformé positivement par l'intelligence artificielle.
01:44L'intelligence artificielle dans la santé ça existe depuis des années,
01:47mais majoritairement dans des dispositifs médicaux, notamment en imagerie,
01:52et aussi dans la recherche.
01:54Mais il n'y avait pas d'intelligence artificielle dans le quotidien des patients et des soignants.
01:58Et les progrès sur le traitement naturel du langage, sur la capacité des modèles fondationnels,
02:02depuis quelques trimestres, années, ils changent tout.
02:06Donc on va pouvoir mettre de l'intelligence artificielle dans le quotidien des patients et des soignants
02:10pour que les données de santé des patients et la connaissance médicale soient plus accessibles et actionnables.
02:17Ça va être extraordinaire à ce que vous ayez en tête.
02:20Nous, on va déployer nos modèles d'intelligence artificielle, entraînés en français,
02:24dans les cas d'usage des patients et des soignants, et ça va permettre de transformer nos solutions
02:31pour les rendre de plus en plus pertinentes et personnalisables.
02:34Et deux, on va lancer des produits impensables jusqu'alors.
02:38On peut peut-être parler du premier produit qui est un assistant de consultation.
02:43Cet assistant de consultation est utilisé par 350 médecins avec lesquels on a co-créé ce produit.
02:48Ça permet de faire quoi ? Ça permet de, pendant la consultation avec votre médecin,
02:53notre assistant prend des notes pour le médecin, il retranscrit la consultation,
02:59il fait une synthèse, interrogatoire, examen, diagnostic, il codifie les données,
03:03il complète votre dossier patient.
03:05Le médecin n'a plus qu'à la fin de la consultation à relire et à compléter, valider.
03:11Les résultats sont spectaculaires, c'est-à-dire que le soignant, il ne passe plus de temps devant son ordinateur,
03:16il y a beaucoup moins de fatigue, de charge mentale, les dossiers patients sont plus complétés.
03:20Les résultats sont spectaculaires pour les patients.
03:23Je me souviens, j'étais avec un médecin généraliste hier qui me disait que ses patients lui disaient
03:28« Mais maintenant, je vois ton regard ».
03:33Après dix ans, ça m'a fait vraiment quelque chose que je n'avais pas eu depuis plusieurs années.
03:39Est-ce qu'au bout du bout, l'intelligence artificielle va écouter le patient, noter pendant qu'il parle à son médecin
03:46et puis elle fera des recommandations sur le diagnostic et prescrira l'ordonnance ?
03:50Sur le diagnostic, non. Par contre, elle aide le soignant à avoir zéro temps administratif
03:56et à avoir les bonnes données au bon moment, la bonne connaissance médicale au bon moment.
04:01Le diagnostic, bien sûr, le soignant reste maître du diagnostic et de l'accompagnement du patient.
04:06Mais clairement, si vous prenez un pas de recul, un soignant, c'est un archéologue de la donnée.
04:10Il prend des données de santé du patient, il prend les données de connaissances médicales
04:15et il essaie d'extraire en dix minutes une prise de décision.
04:18Or, les technologies modernes, notamment d'intelligence artificielle, ça lui permet d'avoir les données au bon moment,
04:25la connaissance médicale au bon moment pour prendre la décision et donc ça les rend plus accessibles et actionnables.
04:30Mais on imagine, Stanislas Niok-Château, qu'à un moment donné, pas maintenant, ce n'est pas ce que vous proposez, j'ai compris,
04:35mais dans, je ne sais pas, deux ans, l'IA va dire au médecin « tiens, et si tu prescrivais ça ? »
04:40Alors, qu'il y ait des aides à quelques questions posées, les risques pour identifier les risques,
04:45parce que quand il y a un patient polypathologique qui arrive voir un médecin généraliste,
04:48c'est très compliqué en dix minutes, quinze minutes de prendre une décision.
04:52C'est sûr que l'intelligence artificielle et les technologies modernes vont nous permettre de faire ça.
04:56Et d'ailleurs, on a lancé depuis quelques années un logiciel médical pour les soignants,
05:02plusieurs milliers de soignants qui nous rejoignent tous les mois en ce moment.
05:05Au-delà de ce qu'on avait prévu. Pourquoi ? Parce que, historiquement,
05:09les technologies que les soignants utilisaient, c'était un fardeau.
05:12C'était une charge administrative de plus.
05:14Et on a transformé ça depuis dix ans pour permettre à ces technologies
05:19de redonner du confort de travail aux soignants, de redonner des moyens de prendre en charge des patients différemment.
05:24Allez, j'avance. Autre innovation que vous allez proposer, bientôt, quand on appellera le cabinet pour prendre rendez-vous,
05:31c'est une intelligence artificielle qui va nous répondre ?
05:33Exactement. Le soignant pourra mettre en place un assistant téléphonique virtuel.
05:37Déjà, en Allemagne, près de 3000 cabinets de médecins généralistes,
05:42une technologie développée avec l'Université de Berlin et des chercheurs allemands
05:47qu'on va apporter en France à partir de 2025, qui va permettre d'avoir un assistant téléphonique virtuel.
05:53On va permettre aussi d'avoir un assistant financier pour le soignant,
05:57pour que le soignant puisse facturer en un clic, avoir des codes de facturation
06:02et qu'il ne passe pas de temps sur cette charge administrative.
06:03On va aussi lancer, avec l'intelligence artificielle, un outil de codification de la donnée
06:07pour que toutes les données des soignants, qu'il collecte lui-même ou qu'il collecte par d'autres,
06:14elles soient intelligibles par lui.
06:17Alors, ces données, justement, vous connaissez l'angoisse des utilisateurs par rapport à leurs données.
06:22Elles sont normales.
06:23En tant que patient, est-ce qu'on aura le droit de dire, non, je ne veux pas que l'IA se mêle de mon dossier ?
06:29Et qu'est-ce que vous faites des données ?
06:31La grande question, c'est toujours, est-ce que vous les vendez ?
06:33Alors, bien sûr que non.
06:35Notre seul modèle économique, c'est les soignants qui payent pour les logiciels qu'on a créés pour eux depuis dix ans.
06:40Et les patients, aujourd'hui, ne payent pas l'accès aux soins.
06:43Bien sûr, les données, elles sont sécurisées et protégées avec le plus haut niveau de standard européen.
06:49Et si je ne veux pas de l'IA ?
06:51Aujourd'hui, en fait, vous pouvez décider les solutions que vous utilisez ou pas.
06:54Et l'IA, en fait, c'est qu'un moyen technologique de plus pour améliorer les solutions qu'on offre.
07:00Vous savez, depuis dix ans, on a créé des nouveaux moyens de communication entre les patients et les soignants et entre les soignants.
07:05On a donné aux patients la capacité d'être plus autonome.
07:09On a mis des technologies modernes pour les soignants.
07:11Et l'IA, en fait, c'est qu'un moyen d'amplifier tout ça.
07:14Mais chacun est libre d'utiliser ou pas ces technologies.
07:17Stanislas Njok-Château, vous parlez des moyens de communication.
07:20Alors, il y a quand même un sujet.
07:22Il y a une messagerie sur Doctolib entre les patients et les labos, on reçoit les résultats, les ordonnances.
07:28Et il y a aussi la même chose sur mon espace santé.
07:30Ça, c'est le public, le carnet de santé numérique.
07:33Là, vous êtes en train, vous, l'acteur privé, de faire concurrence au public.
07:38En fait, nous, aujourd'hui, notre messagerie patients-soignants est utilisée depuis des années.
07:42Puisque prendre un rendez-vous, en fait, c'est laisser un message à un soignant.
07:46On a ouvert cette messagerie patients-soignants qui est utilisée par 40 000 personnes.
07:5040 000 soignants aujourd'hui, des millions de messages tous les mois, des millions.
07:55Pourquoi ? Pour améliorer la continuité des soins.
07:58Pour améliorer les soins préventifs.
07:59Et donc, aujourd'hui, moi, je pense que public, privé, ce n'est pas important.
08:03Ce n'est pas très lisible. Il y a deux canaux de communication.
08:06Au contraire, en fait, moi, j'ai pour objectif que tout ce qui est dans mon espace santé aujourd'hui puisse s'intégrer dans l'application Doctolib.
08:13L'application Doctolib qui est une application du quotidien des Français.
08:15Vous l'avez dit en début d'interview, 9 Français sur 10 utilisent Doctolib au quotidien.
08:20On a été élu pour la troisième année consécutive, l'entreprise qui a pu s'améliorer le quotidien des Français.
08:25On en est très fiers. Une petite entreprise française créée avec quatre personnes il y a dix ans.
08:29Et donc, nous, tous les services qu'on peut faire pour que les Français aient accès à la santé plus facilement et rapidement et qu'ils soient en meilleure santé, on le fera.
08:36Qu'on soit privé, public, ça n'a peu d'importance.
08:39Jeudi, c'était la journée mondiale de la santé mentale.
08:42Alors, vous connaissez bien les statistiques.
08:44Vous avez une vision globale sur la santé mentale des Français.
08:47Les femmes françaises, ça ne va pas fort.
08:49Les jeunes non plus. C'est ça que vous lisez ?
08:5112 millions de Français ont des troubles psychiques tous les ans.
08:5512 millions.
08:56L'OMS qui dit que la santé mentale, ça va devenir la première cause de handicap au monde.
09:01Et oui, aujourd'hui, prévalence chez les femmes, deux tiers.
09:05Prévalence chez les jeunes sur Doctolib, sur les 8 millions de rendez-vous de psychologues sur les neuf derniers mois.
09:11Près de la moitié ont été pour des patients jeunes de moins de 35 ans.
09:16Et la santé mentale, il y a une inégalité très forte, une inégalité territoriale.
09:21De répartition des psychologues psychiatres.
09:24Inégalité financière, parce qu'aujourd'hui, les psychologues sont non remboursés en France.
09:28Inégalité de connaissances, aussi beaucoup d'enjeux autour de la prévention santé mentale,
09:33qui reste un sujet tabou pour beaucoup d'entre nous.
09:37Et on est un des pays du monde qui médiquent le plus,
09:39dans lequel la pharmacologie est la plus importante dans la santé mentale,
09:43alors qu'on devrait avoir une juste mesure plus forte entre la pharmacologie et la psychologie.
09:48Donc moi, je suis ravi que ce soit une des grandes causes du gouvernement.
09:53Je pense qu'on aurait dû le faire d'ailleurs depuis des années.
09:55Et qu'améliorer la santé mentale est le bonheur de tous.
09:58C'est un objectif pour nous tous.
10:01Une toute dernière question, Stanislas Neuchâtel, semaine du budget.
10:04On en a parlé au moment où vous êtes assis dans le studio.
10:07Vous dites là, il y a un budget d'efforts sur les entreprises, sur les particuliers.
10:11Votre conviction, vous, en tant que chef d'entreprise ?
10:13Peut-être un peu surprenant, mais moi je crois en une redistribution.
10:19Je pense que c'est bien quand on gagne de l'argent, qu'on redistribue
10:23pour que nos écoles, nos hôpitaux, nos cabinets marchent bien.
10:28Et donc moi, je suis fier d'être en France,
10:30entrepreneur français, avoir créé 3000 emplois et OK pour participer.
10:36Allez fort !
10:37OK pour participer et OK pour essayer de continuer d'améliorer le quotidien des gens.
10:41Stanislas Neuchâtel, le PDG de Doctolib.
10:44Merci d'avoir accepté l'invitation.
10:45Merci pour l'invitation.

Recommandations