Stanislas Niox-Chateau, co-fondateur et président de Doctolib, se confie sur son bégaiement et les difficultés qu'il a eu à traverser pour parvenir à en faire une force. Il souligne la difficulté de l'accès aux soins psychologiques en France et appelle à une meilleure sensibilisation pour soutenir les personnes en situation de handicap.
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00:00Vous en parlez, vous le racontez, Stanislas Niok-Château, vous êtes un ancien BEG, vous avez beaucoup travaillé sur votre débit de voix, sur le fait de pouvoir vous exprimer et on imagine bien effectivement que dans votre job, avec vos 3000 salariés désormais, vous avez dû souvent prendre la parole en public.
00:16Est-ce que vous estimez qu'aujourd'hui, les soignants sont suffisamment nombreux pour accompagner les enfants qui connaissent la même difficulté que vous avez connue par le passé ?
00:26Alors la réponse est non. Hier, j'ai été légitimisé pour les 20 ans de la loi sur le handicap, sur l'accessibilité des personnes en situation de handicap.
00:36Aujourd'hui, malheureusement, la France est l'un des rares pays développés à ne pas rembourser ses psychologues.
00:42La France est un des pays développés où le délai d'accès à l'orthophoniste est le plus dur. Vous avez 6 à 9 mois de délai d'attente.
00:52Et la santé mentale reste encore un tabou, avec des inégalités territoriales, des inégalités connaissances.
00:59Il n'y a pas de recherche sur une pathologie comme le péguément qui touche 1% de nos concitoyens, 600 000 personnes en France.
01:05Mais sur toute la santé mentale et le neurodéveloppement, il y aurait tellement à faire.
01:10Je ne dis pas qu'il n'y a pas eu de progrès dans les 20 dernières années sur le handicap.
01:14Qui vous a accompagné ? Qui vous a aidé ?
01:17Quand j'ai arrivé il y a 20 ans, je ne pouvais pas parler. Pendant 6 mois, je n'ai quasi pas parlé.
01:21Je n'ai jamais levé la main en classe. Je n'aurais jamais pensé un jour être ici avec vous.
01:25Ce n'était même pas dans mon mode de penser.
01:28J'ai essayé d'être joueur de tennis quand j'étais petit.
01:30Pour être joueur de tennis, on n'a pas besoin de parler, au moins c'était simple.
01:33Mais après, quand je me suis dit que je n'allais pas être joueur de tennis, je me suis dit que je n'allais pas pouvoir travailler.
01:37Et mes premiers entretiens que j'ai passés, les gens m'ont dit que je ne pourrais pas être devant un client.
01:43Oui, j'ai vécu cette discrimination.
01:46Oui, ça a été extrêmement dur, comme beaucoup de Français en situation de handicap.
01:50Plus de 20% des Français sont en situation de handicap, visibles ou invisibles.
01:55Il faut être honnête, sur la psychologie et la psychiatrie, Laurent connaît ça mieux que moi, c'est même bien pire.
02:01Ça n'a pas cessé de régresser. C'est une catastrophe.
02:05Mais sur l'innovation technologique et médicale sur le handicap,
02:10sur l'accès, sur la sensibilisation, sur la formation des familles et des cédants et sur la santé mentale,
02:16je sais que c'est une grande cause des différents gouvernements,
02:20mais c'est sûr qu'il faudrait qu'on y aille tous pour aider les patients et les soignants.
02:24Qu'est-ce qui vous fait qu'à un moment, quand vous dites « je n'aurais jamais imaginé venir prendre la parole en public ici »,
02:29on me disait « tu ne pourras même pas parler devant un client »,
02:31qu'est-ce qui à un moment a fait que vous avez pu surmonter ça ?
02:34En fait, j'ai compris que le handicap, ça pouvait devenir une force.
02:39Ça m'a poussé à travailler plus dehors.
02:41Ça m'a poussé à écouter, à parler un peu différemment avec, pas que les sons,
02:45mais avec de l'émotion, du regard.
02:47Ça m'a poussé à me dire que…
02:49Vous avez développé d'autres moyens.
02:51Exactement. Et puis je voulais faire des choses utiles pour les gens.
02:54Et en fait, moi, je suis devenu entrepreneur pour ça.
02:56Ça paraît peut-être incroyable, je n'ai pas du tout eu pour projet de devenir Elon Musk, Zuckerberg ou autre.
03:01Pas du tout.
03:02Moi, mon projet, c'était de me dire « je veux faire une entreprise dans laquelle il fait bon vivre et qui est utile ».
03:07Ils ont démarré comme vous aussi.
03:09Oui, chacun a un moment.
03:11Ils ne le faisaient pas en pensant qu'ils deviendraient eux.
03:14Je pense que les moteurs peuvent être différents.
03:17Moi, mon moteur, c'était mon entreprise et comment je vivrais dans mon entreprise et l'utilité.
03:23Et vous voyez, il y a 11 ans, je me suis dit que j'allais travailler dans la santé.
03:26Je n'avais aucun réseau, aucune connaissance, rien.
03:28Et pendant 11 ans, je suis allé aux côtés de tes soignants 4 jours par semaine.
03:32J'ai appris, j'ai lu.
03:34Et en fait, la santé, c'est extraordinaire.
03:36Si vous voulez être entrepreneur, innover, travailler dans la santé, c'est extraordinaire.