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La Loire est pour la 2e année consécutive dans le Top 5 peu enviable des départements où les médecins sont le
plus victimes de violences : agressions verbales ou physiques, vols, dégradations.

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Transcription
00:00Agressions verbales, physiques, vols ou même vandalismes, les violences autour des médecins ne sont pas rares et la Loire est particulièrement visée.
00:08On en parle avec votre invité, David Valverde.
00:10On arrive à analyser avec nous l'enquête menée par l'Ordre des médecins. Bonjour Jean-François Janowiak.
00:14Bonjour David.
00:15Vous en êtes le président dans le département de la Loire. On n'a jamais atteint aussi haut niveau nationalement.
00:20La Loire est le cinquième département qui compte le plus de signalements, 53 en 2023. C'était 62 l'année d'avant.
00:27A chaque fois, ça place la Loire dans le top 5. Est-ce que c'est devenu invivable d'être médecin dans le département de la Loire ?
00:34Non, c'est simplement une triste constatation nationale et départementale.
00:38Ces chiffres, il faut les prendre quand même avec des pincettes parce que c'est du déclaratif.
00:43On a, depuis 20 ans sur le département, incité nos consoeurs et nos confrères à faire des déclarations.
00:50Donc ils sont devenus très déclaratifs. Mais ça ne veut pas dire que dans la Loire, on est plus agressé ou pas.
00:56On peut dire qu'on pourrait aussi dire que ce n'est pas des agressions, c'est des incivilités.
01:01Heureusement, les médecins ne sont pas qu'agressés.
01:04Effectivement, il y a des départements ou des zones qui sont très peu représentées dans ce classement.
01:11On pense notamment à la région parisienne. On se dit qu'avec la quantité de médecins, il devrait être plus haut dans le classement.
01:18Il y a fait un rapport sur le nombre de médecins dans la Loire. On a presque 3800 inscrits au tableau de la Loire.
01:25Paris, c'est 27000 médecins. Ils n'ont pas plus de déclarations que nous.
01:30Donc ça veut dire qu'il y a sûrement une sous-déclaration des Parisiens de ce qu'ils vivent.
01:35Il n'empêche qu'entre 2021 et 2022, on a 23% d'augmentation nationale.
01:41Entre 2022 et 2023, on a 27% d'augmentation nationale.
01:45Ça veut donc dire qu'il y a une augmentation des incivilités vis-à-vis des médecins.
01:51Mais pas que vis-à-vis des médecins. On voit bien ce qui s'est passé hier avec les commémorations des agressions des professeurs.
01:59Les professeurs se font agresser, les policiers se font agresser et les médecins n'échappent pas à cette règle.
02:04Tout ce qui représente un petit peu l'ordre dans notre pays est agressé.
02:08Les agresseurs sont essentiellement des patients.
02:11Quasiment 20%, c'est aussi une personne qui accompagne.
02:14Est-ce que c'est compréhensible ce qui se passe dans les cabinets par le stress que fait naître parfois le statut d'aidant
02:21ou quand on est parent et qu'on accompagne son enfant ?
02:24Rien ne l'explique. En tout cas, on peut essayer de comprendre pourquoi ça se passe, pourquoi le patient est agressif.
02:29Le patient est agressif parce qu'il y a un manque de médecins
02:32et que les délais pour avoir un médecin se sont allongés, les horaires se sont allongés.
02:38En 2018, quand je suis devenu président du département,
02:41vos confrères de la tribune m'avaient interrogé pour me dire
02:45quand même les délais avec les médecins, c'est quand même assez long.
02:48J'ai vu cette phrase qu'ils avaient reprise en chapeau pratiquement.
02:52J'aurais dit mais dans dix ans, ce ne sera pas le délai qui posera un problème,
02:55c'est le fait de ne plus avoir de médecin traitant.
02:57Ce qui est incompréhensible, c'est quand les gens en ont un, pourquoi ils l'agressent ?
03:01Ils ont la chance d'en avoir un.
03:03Par contre, ceux qui n'en ont pas, effectivement, arrivent dans les cabinets
03:06mais que ce soit les cabinets de médecins ou, par exemple, les radiologues ou les biologistes
03:12et vont être agressifs vis-à-vis du médecin ou de son personnel
03:16parce que les délais sont trop longs, parce qu'ils ont attendu,
03:18parce qu'ils n'arrivent pas à avoir de rendez-vous.
03:20Donc si je vous comprends bien, pour régler le problème des violences autour des médecins,
03:23il faut qu'il y en ait plus, tout simplement ?
03:25Je ne sais pas si c'est la solution.
03:27Si la solution était aussi simple que ça, David, je pense que les pouvoirs publics l'auraient trouvé.
03:31Non, je pense que les incivilités augmentent, comme je vous l'ai dit,
03:34vis-à-vis de beaucoup de personnes de la société.
03:39S'il y avait plus de médecins, il y avait, quand on a commencé l'observatoire en 2002
03:44et qu'on a signé un protocole avec les pouvoirs publics,
03:48le procureur de la République, la gendarmerie, la police, en 2013,
03:52pour l'ensemble des départements, puisque nous on l'avait mis en place dans la Loire quelques années avant,
03:57ça prouve bien déjà qu'il y a dix ans, il y avait quelque chose qui était ressenti par les professionnels de santé
04:01sur ces incivilités vis-à-vis des professionnels de santé, que ce soit dans leur cabinet ou à l'hôpital.
04:06On entendait ce matin sur France Bleu Saint-Etienne-Noir, SOS Médecins,
04:09qui nous disait que quand un patient est agressif, on le blackliste, on lui dit qu'on ne le prend plus.
04:15C'est une mesure qui peut être généralisable dans tous les cabinets ?
04:21Il faut comprendre que le soin est basé sur la confiance et la sérénité.
04:24À partir du moment où vous êtes agressif, où vous êtes revendicateur, où vous êtes harceleur vis-à-vis d'un médecin,
04:29on peut comprendre que le médecin refuse de recevoir le patient, parce qu'on a un métier qui est difficile.
04:37Si en plus il se fait dans des conditions de stress, ça ne va pas être bien agréable, ni pour le médecin, ni pour le patient.
04:44En début d'année dernière, Agnès Le Baudot, notre ministre de la Santé,
04:49je rappelle quand même qu'en deux ans on va être à notre septième ministre de la Santé,
04:53donc c'est difficile de faire passer des lois ou d'avoir une continuité pour l'ordre des médecins vis-à-vis de nos tutelles,
05:01avait proposé que soit créé un délit d'outrage vis-à-vis des professionnels de santé.
05:07Malheureusement, ce projet de loi est coincé dans la navette parlementaire entre les deux chambres
05:11et j'espère que le nouveau ministre va l'exhumer et la terminer.
05:14Et justement, Jean-François Janowiak, 5 milliards d'euros d'économies sur le budget de la santé l'an prochain,
05:19c'est ce qui a été annoncé la semaine dernière.
05:21L'une des principales mesures d'économie va concerner le remboursement de consultations chez le médecin.
05:25Les temps qui viennent vont être sombres pour la santé ?
05:31Les médecins ne sont pas responsables ni de la démographie, ni du taux de remboursement des médicaments,
05:36ni du taux de remboursement de la prise en charge des soins.
05:39Par contre, l'ordre des médecins est un observateur très attentif de l'accès aux soins.
05:45Et je ne doute pas que l'institution sera extrêmement vigilante pour rappeler aux pouvoirs publics,
05:51puisque c'est son rôle, c'est une institution de droit privé mais qui a une délégation de services publics,
05:56et qui en particulier doit alerter les pouvoirs publics sur les difficultés d'accès aux soins
06:01que rencontrent les patients et les malades et l'ensemble de la population.
06:05Et je ne doute pas que l'ordre des médecins fera remonter aux tutelles les difficultés
06:10si elles remontent jusqu'à notre institution par le biais de nos confrères et nos conseils.
06:14Jean-François Janowiak, président dans le département de la Loire, du L'Ordre des médecins.
06:19Merci d'avoir été avec nous ce matin. Très bonne journée, merci.
06:21Merci.

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