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Au lendemain des élections communales, nous revenons sur les résultats du scrutin avec un focus sur les communes wallonnes. Sarah Saadi-Garcia interroge Stéphane Vande Velde, journaliste au Soir et Romain Biesemans, politologue au CEVIPOL-ULB

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Transcription
00:00Au lendemain des élections communales, nous revenons sur les résultats et les premiers enseignements de ce scrutin avec un focus ici sur les grandes villes wallonnes.
00:14Stéphane van de Velde, vous êtes responsable de l'actualité politique wallonne au soir.
00:19Bonjour. Bonjour.
00:20Et Romain Bismens, bonjour.
00:22Bonjour. Vous êtes politologue au CIVIPOL de l'ULB.
00:25Merci d'être avec nous aujourd'hui.
00:27Alors revenons tout d'abord sur la bataille qui a fait rage à Mons entre le bourgmestre sortant Nicolas Martin et le président du MR Georges-Louis Boucher.
00:36Un duel très médiatisé et très suivi.
00:38Et à la fin, c'est Martin qui gagne ou c'est plutôt Boucher qui perd ?
00:43Moi, je pense que c'est quand même Boucher qui perd puisqu'il avait fait de cette élection un enjeu central.
00:49Il perd, mais il gagne quand même pas mal de voix.
00:53Mais Nicolas Martin sera toujours le bourgmestre, même s'il perd sa majorité absolue pour un siège.
00:59Alors, on pensait quand même que Georges-Louis Boucher allait un peu plus mordre Nicolas Martin.
01:06Ce n'est pas le cas. Donc, Nicolas Martin a fait beaucoup plus que résister.
01:10Donc, dans ce cadre là, on peut dire que Nicolas Martin est le gagnant.
01:14Mais comme perdant, Georges-Louis Boucher a quand même réussi à s'inscrire sur la longueur dans une ville qui est quand même très rouge au départ.
01:28Oui, je pense que d'un point de vue symbolique, c'est aussi peut-être la première défaite de Georges-Louis Boucher depuis les élections du 9 juin.
01:35Bon, au niveau, si on regarde l'ensemble de la Wallonie, on ne va pas parler de défaite pour le MR au contraire.
01:41Mais d'un point de vue personnel, étant donné qu'il avait personnalisé cette campagne montoise autour de son image, de sa personne et aussi de transposer cette opposition entre Nicolas Martin et Mont-Saint-Mieux en une opposition Georges-Louis Boucher et Paul Magnette.
01:58On peut dire qu'il sort quand même symboliquement perdant de cette opposition.
02:03Et de l'autre côté aussi, Nicolas Martin gagne, je pense, beaucoup en légitimité, peut-être aussi au sein du Parti Socialiste pour la suite.
02:10Deux chiffres, Nicolas Martin a fait deux fois plus de voix de préférence quasiment que Georges-Louis Boucher.
02:17Et je pense qu'elle est principalement là, la défaite, puisque c'était quand même un duel, plus qu'un duel de liste, c'était un duel de personnes.
02:26Donc là, je pense que la défaite peut se symboliser par ces chiffres là.
02:31Alors, le Parti Socialiste maintient ses principaux bastions à Mons, donc à Liège, à Charleroi, à Bruxelles-Ville également.
02:38Est-ce que c'est une bonne nouvelle pour Paul Magnette ?
02:41Et au-delà de ça, est-ce qu'on peut parler pour autant de murs rouges qui auraient bloqué la vague bleue ?
02:47Paul Magnette avait dit que de toute façon, il serait toujours président du PS après le scrutin communal.
02:55Mais on pouvait quand même en douter s'il y avait eu une lourde défaite.
03:00Quelle aurait été sa légitimité après ce scrutin-là ?
03:03Là, je pense qu'il va pouvoir mener sereinement la rénovation du PS.
03:08Et donc oui, pour lui, c'est si pas une victoire, au moins ce n'est plus un échec.
03:13Et puis, c'est vrai qu'ils ont conservé quand même pas mal de grandes villes.
03:17Georges Boucher réussit quand même à prendre Tournai, peut quand même prendre Verviers.
03:21Donc malgré tout, il là aussi, il grignote.
03:25Et donc, je pense que le PS n'a pas perdu.
03:31Le MR a presque gagné.
03:33Je pense qu'on peut dire ça aussi, que la vague bleue n'a pas submergé le mur rouge,
03:39mais qu'il y a eu une petite érosion de ce mur rouge, malgré tout,
03:43comme ils finissent quand même premier à Tournai,
03:47mais ils sont dépassés par une majorité des autres listes.
03:53À Verviers, ils se tassent quand même pas mal.
03:55Ils perdent aussi des villes moyennes comme Anderlew.
03:58Je pense qu'à Framerie aussi, ils vont probablement aller dans l'opposition.
04:02Sambreville, qui était quand même, avec Luperto, un bastion aussi.
04:09Donc, c'est vrai qu'il y a quand même pas mal de...
04:12On sent quand même que le mur s'effrite.
04:15Il y a un peu d'érosion, effectivement.
04:17Faisons un tour maintenant du côté de Namur et de sa région à présent,
04:21où Maxime Prévost, avec les engagés, réalise un score très élevé, un score historique.
04:28Oui, ce qui est fou, c'est qu'on pensait que là,
04:31il était bien implanté et qu'il lui suffisait juste de confirmer.
04:37Mais quand on regarde son score, c'est quasiment la majorité absolue.
04:41C'est 23 sièges, c'est 43 %, c'est plus 15 % dans une ville où il était déjà omnipotent,
04:47où il règne depuis 2006.
04:50Donc, c'est énorme.
04:51C'est tout simplement énorme.
04:53Donc là, il y a Maxime Prévost et puis il reste un peu les autres.
04:59Oui, son capital sympathie, son image plus lisse, plus consensuelle que d'autres,
05:04comme Georges Luboucher, ont fait leurs effets déjà au 9 juin.
05:07Là, on voit aussi qu'au niveau local, ça joue énormément.
05:10Et voilà, ils dirigeaient en tripartie avec le MR et les écolos.
05:16Ils n'ont plus besoin d'écolos.
05:17Ils ont une majorité confortable, engagés et Mers.
05:21Donc oui, c'est une réelle victoire pour Maxime Prévost et même au niveau de la Wallonie en général,
05:27où ils ont su quand même, par rapport à un clair retrait en 2018,
05:33revenir en force dans de nombreuses localités.
05:36On pouvait aussi se demander si, quelque part, l'après 9 juin allait se confirmer.
05:44D'autant plus que le PS notamment et les écologistes aussi
05:48ont tapé beaucoup plus sur les engagés durant cette campagne,
05:53en disant qu'ils avaient déjà mangé quelques promesses de leur programme,
05:57que le budget allait suivre derrière et qu'on allait voir des lentemains qui allaient un peu déchanter.
06:05Eh bien, ça n'a pas eu d'effet.
06:06Au contraire, puisque les engagés font même quasiment mieux dans le scrutin provincial.
06:13Ils sont même devant le PS, donc ils font même mieux qu'en juin.
06:17Et si je peux rajouter aussi qu'au niveau des votes globaux,
06:20même si ça ne représente pas, enfin ce n'est pas très pertinent étant donné qu'on est dans des scrutins locaux,
06:25les engagés sont devant le PS au final aussi.
06:29Donc c'est quand même une résurrection totale du parti par rapport au déroute des élections précédentes.
06:39Il y avait un autre parti qui avait promis de faire certaines percées en Wallonie, c'est le PTB.
06:45Alors, est-ce que ça a été le cas ? Est-ce que le PTB a réussi à conquérir de nouveaux bastions ?
06:52Alors, on peut regarder là où ils voulaient percer, ils ont percé.
06:56Molenbeek, Herstal, Serin qui avaient été donnés, ils ont percé.
07:00Ils ont 26% à Serin, 31% à Herstal.
07:04Donc pour ça, c'est une réussite.
07:06Maintenant, il faut transformer l'essai puisque la véritable ambition du PTB,
07:11c'était de rentrer dans des majorités pour enlever le sparadrap du parti qu'on dit qui ne prend jamais ses responsabilités.
07:17Et donc là, ça doit négocier.
07:19À Serin notamment, le PS a toujours la majorité absolue et donc n'ont pas vraiment besoin du PTB.
07:26Il faut voir s'ils vont ouvrir leur majorité et à qui ?
07:29Même chose à Herstal.
07:31Est-ce que Frédéric Dardenne va préférer aller avec le MR ou avec le PTB ?
07:35Donc, on voit que c'est une réussite du premier tour.
07:38Mais là, pour eux, il y a un second tour qui sera capital.
07:41Vont-ils réussir véritablement à convaincre pour rentrer dans des majorités ?
07:47Et on est, je pense, dans une continuité un petit peu de ce qu'on avait vu le 9 juin.
07:51Avant le 9 juin, on les considérait comme étant bien plus haut dans les sondages, ainsi de suite.
07:56Il y a eu une certaine forme de désillusion.
07:59Ici, les résultats au niveau communaux, que ce soit à Serin, Herstal, Molenbeek, Charles Roy,
08:05confirment un petit peu les résultats qui étaient observés le 9 juin.
08:09A voir s'ils seront en mesure de monter dans des majorités
08:15et s'ils arriveront à se rendre aussi incontournables pour cela.
08:21Ces élections communales sont aussi un vrai désaveu pour Écolo qui confirme sa chute.
08:27Je pense qu'ils ont réussi malgré tout à faire de meilleurs scores qu'espérés à Bruxelles.
08:38Mais en Wallonie, c'est la Bérezina, il y a encore quelques poches qui résistent.
08:43On peut parler de peine, on peut parler malgré tout de liège,
08:47où ils font le même score qu'en 2018.
08:52On peut parler, je pense qu'il y a encore Oui, où ils font aussi le même score qu'en 2018.
09:01Mais pour le reste, c'est la Bérezina.
09:03Je vais prendre un exemple qui n'est pas un bastion écologiste,
09:07parce qu'il y a Autigny, ils font même mieux qu'en 2018.
09:10Mais comme ils avaient face à eux un cartel, ils vont perdre le maillot rat.
09:15Ils vont perdre le maillot rat en gain, ils perdront le maillot rat XL.
09:19Mais je vais prendre un autre exemple qui est moins parlant,
09:22mais à Charleroi, qui n'est pas du tout un bastion écologiste.
09:25Ils n'avaient que trois conseillers communaux, ils avaient fait 7%,
09:28mais ils perdent leurs trois conseillers communaux.
09:30Donc ils n'ont plus rien.
09:32Et c'est la première fois depuis 1982 qu'ils n'ont plus un élu au conseil communal,
09:37dans un bastion qui n'est pas du tout écologiste.
09:40Je le répète, mais c'est quand même, voilà, ils n'ont plus rien.
09:44Merci à vous deux pour ces analyses.
09:46Merci également à notre réalisateur Luca Allou.
09:48Pour en savoir plus concernant les enseignements de ces élections,
09:51n'hésitez pas à vous rendre sur le site du Soir et sur notre application.
09:54Merci et à bientôt.