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Transcription
00:30La manifestation publique, à première vue banale, est totalement banalisée dans le champ politique, social et mémoriel national.
00:47Se trouve cette cérémonie aussi grandiose qu'exceptionnelle organisée par le ministère des Arts et de la Culture, en collaboration avec la communauté Sawa.
00:55On se trompe au 23 août 2023 à Yaoundé, sur l'esplanade du musée national.
01:00En effet, derrière cette procession empreinte de gravité et ses visages portant le deuil,
01:28l'une des plus importantes cérémonies officielles à avoir jamais été organisée par les autorités du pays,
01:33pour rendre hommage à une figure considérée à juste titre comme héros national, à savoir Adolphe Ngosodine.
01:58Portrait d'un jeune en reflet de la jeunesse de son temps, qui alors âgé d'à peine 30 ans,
02:16osa s'embarquer dans la frêle pirogue affrêtée par son chef supérieur, Douala Mangabel, dont il était le secrétaire,
02:22en direction de Berlin en Allemagne, afin d'aller dresser la poitrine et donner de la voix devant les prétoires et le parlement du pays.
02:29Ce que l'historien et philosophe camerounais Achille Mbembe appelait alors « l'usage public de la raison »,
02:35pour dire non à l'accaparement de leurs terres ancestrales et au rétrécissement de leurs libertés.
02:40Un comportement qualifié d'inacceptable, voire d'extrémiste, par la puissance occupante allemande, qui ne va pas alors manquer de le lui faire savoir.
02:49La peine capitale prononcée contre Adolf Gossodin et son exécution le même jour avec Douala Mangabel sont des exemples d'injustice coloniale.
03:04Le même jour, à Ebolova, Martin Paul Samba est fusillé.
03:11A Drambatanga, le chef Madola, accusé d'avoir envoyé une pirogue à contacter un bateau ennemi en mer, est déporté et exécuté à son tour.
03:28Dans le nord Cameroun, quelques jours plus tard, les lamibès de Kalfu, de Mindif et cinq dignitaires de Marwa sont également tués.
03:45D'où les cris de lamentation et de rage qui, depuis cette date traumatique, n'ont pas eu de cesse de serrer les tripes et les cœurs de tous ceux qui ont cette date en souvenir d'éternité.
03:57Le jour de la mort de Adolf Gossodin et son exécuté.
04:31Adolf Gossodin, passé depuis lors au rang des symboles de ce quelque chose d'indicible qui fait ce qui constitue les nations.
04:38Ce quelque chose de grave, de grandiose, de précis et en même temps d'indéfinissable que l'on appelle un peuple.
04:46Je pense qu'il est important que la jeunesse comprenne que la réalisation de cette cérémonie montre ô combien la jeunesse Camerounaise est importante aux yeux du Président de la République.
05:16Une épopée qui, jusqu'à aujourd'hui, poursuit le Cameroun et les Camerounais sous la forme de ce que l'auteur français Ernest Renan appelait une âme, un principe spirituel.
05:34Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une.
05:37L'une est, disait-il, dans le passé, l'autre dans le présent.
05:42L'une est la possession en commun d'un riche lac de souvenirs.
05:46L'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu.
05:54La nation Camerounaise donc, comme l'individu invisible de ce 30 août 2023, l'aboutissement d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements au sein duquel le culte des ancêtres, comme l'ont fait ici les chefs saouas, est de tous le plus légitime.
06:12Ces ancêtres qui, comme Adolf von Gosselin, nous ont fait ce que nous sommes.
06:17Un passé héroïque, de la gloire, une volonté commune dans le présent, de grandes choses ensemble, des sacrifices consentis, des maux qu'on a souffert.
06:27Cette souffrance en commun qui unit plus que la joie, où les deuils valent mieux que les triomphes, en ce qu'ils imposent des devoirs, commandent l'effort en commun et le désir de continuer de vivre.
06:39De vivre en se montrant capable de tout et en tout premier lieu, d'être Camerounais et fier.

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