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00:007h46 sur France Bleu, Pays de Savoie, et c'est une invitée très remontée que nous recevons en studio ce matin.
00:06Pour parler école, il faut dire que les sujets d'inquiétude sont nombreux.
00:09Suppression de postes, manque de moyens matériels, des enseignants pas remplacés et la liste est longue.
00:14Marlène Tassé, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Vous êtes la co-secrétaire départementale du syndicat enseignant SNES-FSU en Savoie.
00:21Avant d'aborder tous ces sujets, on va parler laïcité.
00:24Car sur ce sujet, vous les enseignants, vous êtes en première ligne dans tous les sens du terme.
00:28Hier, une minute de silence était observée pour vos collègues Samuel Paty et Dominique Bernard qui ont été assassinés.
00:34Et vous, en tant que professeur, vous devez à la fois gérer ce choc, cette émotion.
00:38Et en même temps, on vous demande de faire des actions pédagogiques.
00:42Vous, à titre personnel, comment vous vivez cela ?
00:45Moi, déjà, se souvenir, c'est capital, de nos collègues qui ont été assassinés.
00:51Ces dernières années, on a vécu quelque chose qu'on n'imaginait pas.
00:56Et ils ont été assassinés pour leur mission.
00:59Pour moi, la plus belle de l'école publique, c'est celle de l'émancipation par les savoirs.
01:04Donc, en ce qui concerne les missions pédagogiques qui sont liées à ça, c'est nos missions principales.
01:09Et en tout cas, moi, la mienne, j'ai fait ça pour ça.
01:12Donc, aujourd'hui, ces assassinats, ils nous permettent, avec les enfants justement,
01:17de poser ces principes de laïcité qui sont les fondements de l'école publique laïque chez nous.
01:23Alors, on va entendre que ce n'est pas toujours facile.
01:25On va écouter le témoignage d'une collègue à vous, enseignante de français en Haute-Savoie.
01:29Moi, ça m'est arrivé de me sentir très très mal.
01:32Par exemple, après, Charlie Hebdo, un élève super mignon dans ma classe, m'avait dit
01:36« Mais madame, si vous aviez eu ce genre de propos, effectivement, je n'aurais pas hésité à vous planter. »
01:45Alors, cette enseignante précise bien que ce genre d'attitude est rare, que c'est vraiment à la marge.
01:49Mais bon, ça lui est quand même arrivé.
01:51Est-ce que les enseignants se sentent un petit peu seuls face à ça ?
01:54Ou est-ce que vous êtes bien accompagnés et soutenus dans ce genre de situation ?
01:58Aujourd'hui, j'espère que la hiérarchie entend tous ces problèmes et essaye de faire face.
02:05Après, ce n'est pas encore tout le temps, car on se sent parfois très seul, en effet.
02:09Après, on a, entre collègues, aussi des moyens, aujourd'hui, avec des référents laïcités dans les établissements,
02:17où on essaie de se soutenir et d'avoir des réponses collectives à tout ça.
02:21Mais il faut bien sûr savoir que les réponses éducatives qu'on a contre toutes les formes d'obscurantisme,
02:28elles exigent du temps, elles exigent des moyens, des moyens personnels, des moyens matériels aussi.
02:33Donc, c'est un travail de longue haleine, en effet, qu'on a avec les élèves.
02:38Justement, on va en parler.
02:39Marlène Tasset est co-secrétaire départementale du syndicat enseignant SNES-FSU en Savoie.
02:43Elle est notre invitée ce matin.
02:44Alors, les syndicats enseignants menacent d'une grève.
02:46Hier, vous avez demandé à la ministre de l'Éducation de vous recevoir dans les trois jours.
02:51Vous dénoncez la suppression de 4 000 postes.
02:54C'est ce qu'a annoncé le gouvernement pour l'an prochain.
02:56Ça, c'est une décision qui ne passe absolument pas.
02:59Non. On nous répète encore une fois que l'école est une priorité.
03:03Mais apparemment, c'est une priorité à démanteler, puisque l'Éducation nationale contribue aujourd'hui le plus
03:08aux suppressions de postes dans la fonction publique, avec encore 4 000 postes supprimés,
03:13dont presque 3 000 dans le premier degré.
03:16Alors que tout ça se repose sur la baisse démographique.
03:22C'est l'un des arguments. Le gouvernement dit qu'il y aura à peu près 100 000 élèves en moins l'année prochaine.
03:26Donc, on peut supprimer des postes d'enseignants.
03:28Sauf que depuis 2006, on a eu des effectifs qui augmentaient et on a supprimé des postes.
03:32Ça a été 28 000 emplois en moins dans le second degré depuis 2006.
03:36Donc, en fait, on pourrait profiter au contraire de cette baisse démographique
03:39pour baisser le taux d'encadrement dans nos collèges.
03:42En France, il faut savoir qu'on a le taux d'encadrement le plus élevé d'Europe.
03:47Donc, on a des classes à 27 élèves jusqu'à 30.
03:50Aujourd'hui, ça devient courant.
03:52Donc, en fait, nous, on veut profiter de cette baisse pour créer des emplois.
03:58Même pour retrouver le taux d'encadrement de 2006,
04:01il faudrait même créer 45 000 emplois dans l'Éducation nationale aujourd'hui.
04:06Donc, ces suppressions de postes, c'est encore un moyen de démanteler l'école publique.
04:10En Savoie, il y a une mesure qui fait bondir les enseignants.
04:14C'est le département qui annonce qu'il ne veut plus financer les activités et le matériel pédagogique.
04:19Il estime que c'est à l'État de payer, pas à lui.
04:22Derrière les termes activité et matériel pédagogique, il y a des choses très concrètes.
04:27Expliquez-nous.
04:28Oui, en fait, l'État s'occupe plutôt des carnets, des manuels scolaires, des frais de photocopie, etc.
04:33Et ça, c'était toujours établi depuis les lois de décentralisation que la collectivité territoriale,
04:38donc le département pour les collèges, finance des activités d'ordre pédagogique,
04:43donc du matériel pour les TP, les travaux pratiques de science, d'art plastique, de musique,
04:49ou du matériel pour des projets pédagogiques.
04:51Et puis, il finance aussi une partie de nos sorties culturelles et de nos voyages scolaires,
04:55notamment la part enseignant.
04:57Et donc là, c'est fini ?
04:58Non, le département de la Savoie, qui a une décision unique presque en France,
05:06qui décide arbitrairement de ne plus financer ces activités-là.
05:10Est-ce que les établissements vont avoir les moyens de les financer, ces activités ?
05:14Non, puisque l'autonomie financière des collèges de Savoie aujourd'hui est minimale,
05:19donc on n'a plus de sous, clairement, pour financer ça.
05:22D'accord, Marlène Tassé, merci, co-secrétaire départementale du SNES-FSU en Savoie.
05:28Vous restez avec nous, on a des auditeurs qui veulent témoigner.
05:34Et oui, si vous aussi vous voulez réagir, vous nous appelez 0806 0010 10.
05:39Est-ce que vous estimez que l'éducation nationale doit aussi participer aux mesures d'économie,
05:44ou au contraire, est-ce que vous pensez qu'il n'y a déjà pas suffisamment de profs ?
05:48Si vos enfants, vos petits-enfants sont peut-être concernés, justement,
05:51par la suppression d'envoyages scolaires ou d'un manque de matériel dans leur collège,
05:55vous venez en parler avec nous, 0806 0010 10.
05:58Et on est avec Yann, qui nous appelle de Savigny, on est dans le nord de la Haute-Savoie.
06:03Donc vous, Yann, si j'ai bien compris, votre fils est resté plusieurs mois sans professeur l'an dernier.
06:09Oui, tout à fait. Bonjour, bonjour à tous.
06:13Il a commencé l'année avec trois profs absents, français, art plastique et anglais.
06:23Et donc les premiers ont été remplacés au bout de quatre mois, le dernier au bout de six mois.
06:30Pas de polycopier pour attraper les cours.
06:35Alors vous vous dites quoi, Yann, quand vous entendez qu'on annonce 4000 suppressions de postes supplémentaires ?
06:43Je ne comprends pas très bien. Il y a un classement qui s'appelle le classement PISA au niveau mondial
06:49où on a régressé en 25 ans, on a perdu une dizaine de places.
06:53On est passé de la 15e place à la 25e, 26e, et on va encore supprimer les effectifs.
07:00Alors je ne sais pas quoi vous dire de cette touche.
07:05J'ai écouté la personne qui a parlé juste avant moi.
07:10Je suis complètement d'accord avec elle. On voit un système qui est déminé et on va encore le diminuer.
07:16Merci beaucoup, Yann, pour votre appel.
07:19Marlène Tassier, on entendait le témoignage de Yann.
07:21En ce qui concerne justement les remplacements, on en est où d'un prof devant chaque classe ?
07:26Le SNESFSU a lancé une enquête de rentrée et on a 56% des collèges et lycées dans lesquels il manque au moins un prof aujourd'hui.
07:36Le site du ministère au 8 octobre faisait appel à 1810 petites annonces pour recruter des professeurs aujourd'hui.
07:44Donc le manque de profs aujourd'hui, il est criant.
07:47Est-ce que vous rencontrez des professeurs qui viennent de répondre à une annonce pour la rentrée ?
07:53Alors justement qui ne sont pas professeurs en fait, parce que ça peut être toute personne qui a un bac plus 5 maintenant.
07:58J'ai cru que c'était 3.
08:00C'est toujours 5.
08:01D'accord, j'ai cru que pour les remplacements on pouvait.
08:03Donc bac plus 5, mais qui ne sont pas forcément formés.
08:05Ils se retrouvent aussi un peu comme ça, démunis du jour au lendemain devant une classe.
08:09Oui, il n'y a aucune formation. Les contractuels sont recrutés du jour au lendemain.
08:14Ils répondent aux annonces et aujourd'hui on se retrouve avec des personnels contractuels partout.
08:20Des personnels qui sont précarisés.
08:22Il faut savoir aussi que ce sont des personnels qui souvent ne sont pas payés au mois de septembre,
08:27voire courant octobre ou novembre.
08:30Donc voilà, on maltraite les personnels et les élèves évidemment en répercussion.
08:36Merci beaucoup Marlène Tassé, notre invitée ce matin.
08:40Vous êtes la co-secrétaire départementale du SNES-FSU en Savoie, un syndicat enseignant.
08:47Bonne journée à vous.
08:48Merci, vous aussi.
08:49Et cette interview est à réécouter sur francebleu.fr.

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