De 2005 à 2019 _ que reste-t-il de la révolution libanaise
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00:00Un an après la révolution du cèdre commencée le 17 octobre 2019,
00:04l'heure est au bilan.
00:05Malheureusement pour le Liban, le constat est triste,
00:07voire très amer avec de funestes événements.
00:11Ce mouvement populaire a permis à une jeunesse pleine d'espoir
00:13de dénoncer la corruption d'un système politique ainsi que ses dérives sectaires.
00:18Nous étions sur place dès le début de cette vague de protestations inédites
00:22et les manifestations n'avaient rien de commun.
00:24Fêtes, DJ en plein air, stands de nourriture,
00:27mais aussi groupes de paroles entre Libanais venus des quatre coins du pays
00:31pour parler économie, société et politique.
00:34Des liens avaient été tissés et les barrières brisées.
00:37De Tripoli à Nabatier, Chiite, Sunnite, Druze ou encore Maronite se retrouvaient
00:42pour finalement constater qu'ils vivaient tous les mêmes galères au quotidien
00:46et qu'ils n'étaient pas si différents.
00:48L'ébauche d'un nouveau Liban se dessinait peu à peu avec une génération
00:52qui voulait se réapproprier l'espace public.
00:54Dans un pays où 40% de la population est au chômage,
00:58les jeunes avaient l'occasion d'exprimer leur frustration
01:00et surtout d'envisager la naissance d'un système laïque et égalitaire.
01:06Je rêve d'un Liban où la souveraineté du citoyen, c'est la priorité.
01:12Je rêve d'un Liban civil.
01:16Je rêve d'un Liban où la diversité, c'est notre point fort, pas notre point faible.
01:23Un Liban qui n'est pas esclave aux agendas politiques d'autres pays.
01:29Cette révolution a entraîné la démission de trois premiers ministres au total
01:32en l'espace d'un an, alors que le Liban, lui, continuait sa descente aux enfers.
01:38Petit à petit, les Libanais ont vite compris
01:40que les dirigeants ne comptaient pas céder leur place
01:42et la révolution a changé de visage.
01:45Les manifestations qui étaient familiales voire festives sont devenues plus violentes.
01:50L'armée libanaise a eu recours à un usage excessif de la force,
01:53mutilant même de nombreux manifestants.
01:56Le facteur malchance fut aussi de la partie.
01:59La pandémie de Covid-19 et le confinement ont paralysé le mouvement populaire.
02:04Et surtout, l'effroyable drame qui a eu lieu le 4 août 2020.
02:08Alors que le pays est au bord du gouffre,
02:10criblé de dettes, sans perspective politique et sociale,
02:13une double explosion au port de Beyrouth vient ôter le peu d'espoir
02:17qui restait à une population épuisée et appauvrie.
02:20Plus de 200 personnes perdent la vie,
02:226 500 sont blessés et 300 000 perdent leur maison.
02:26Une fois encore, la corruption de la classe politique est pointée du doigt.
02:30Que faisait plus de 2750 tonnes de nitrate d'ammonium
02:34dans un entrepôt en plein centre-ville ?
02:37Pas de réponse de l'exécutif
02:39et aucun sursaut de la classe politique n'aura lieu,
02:42malgré la gravité de la situation.
02:44Aujourd'hui, le Liban qu'on appelait la Suisse du Moyen-Orient
02:47est un pays en chute libre
02:49et des milliers de Libanais quittent le pays.
02:51Plus de 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté,
02:55un niveau de crise jamais atteint même pendant la guerre civile
02:58qui a ravagé le territoire entre 1975 et 1990.
03:03Plusieurs facteurs expliquent aussi pourquoi
03:05la révolution n'a pas pris le tournant attendu.
03:07Il ne faut pas sous-estimer la solidité du système politico-communautaire.
03:12Ces parties ont la chance d'être soutenues par une base d'irréductibles.
03:17L'absence de leaders capables de faire l'unanimité
03:20est également un facteur important
03:22puisqu'aucune figure populaire n'a pu faire trembler
03:25les dirigeants politiques actuels,
03:27ce qui les conforte dans leur influence.
03:29Alors même si la révolution a été noyée par ses péripéties malheureuses,
03:33la colère est toujours aussi forte.
03:35La flamme de la révolte est encore présente
03:37et les Libanais comptent bien l'exploiter
03:39pour apporter un second souffle à la révolution du cèdre.