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Entre 2010 et 2017, des dizaines d'enfants confiés à l'Aide sociale à l'enfance du Nord ont été accueillis dans des familles qui ne disposaient pas d'agrément. Ces enfants ont subi des violences, des humiliations et ont été soumis à un travail forcé. Justine Chevalier et Ronald Guintrange reçoivent Perrine Goulet, députée Modem de la Nièvre et présidente de la délégation aux droits de l'enfant à l'Assemblée nationale.

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00:00On l'a appelé le procès de la honte, le procès de la faillite d'enfants censés être protégés.
00:04Depuis lundi, ce sont 18 personnes d'un même village qui sont jugées à Châteauroux pour
00:08avoir accueilli illégalement des enfants placés par l'aide sociale à l'enfance du Nord.
00:13Un véritable réseau composé de familles qui n'avaient pas d'agrément, certaines s'étant
00:17même vu retirer le leur pour des condamnations sur des faits d'agression sexuelle sur des mineurs.
00:21Accueil illégal, conditions d'accueil indignes, au total les montants versés à ces familles par
00:26l'aide sociale à l'enfance s'élèveraient à plus de 630 000 euros. Puis encore, les dizaines
00:32d'enfants placés dans ces familles ont raconté les humiliations, les violences psychologiques,
00:36physiques et le travail forcé qui pouvait leur être imposé. Ce qui vaut pour deux
00:41des prévenus, les têtes de ce réseau, d'être poursuivis pour violences sur ces mineurs.
00:45Comment en est-on arrivé à cette situation ? Comment ces enfants ont été placés sans aucun
00:51contrôle ? L'aide sociale à l'enfance a-t-elle une responsabilité dans cette affaire ? Je suis
00:55Renald Guintrange et vous écoutez Affaires suivantes, le podcast inédit.
00:59Bonjour Justine Chevalier, vous êtes journaliste polyjustice au site BFMTV.com. Avec vous,
01:09nous allons revenir sur ce système mis en place par deux hommes. Un système visant à escroquer
01:14les services de l'aide sociale à l'enfance mais aussi un système d'esclavagisme vis-à-vis de ces
01:19enfants. Bonjour Perrine Goulet. Bonjour. Vous êtes députée modem de la Nièvre, vous êtes
01:23également présidente de la délégation aux droits de l'enfant à l'Assemblée nationale. Vous-même,
01:27vous avez été placé en foyer dans votre enfance. Avec vous, nous allons tenter de comprendre comment
01:32cette situation, cette absence de contrôle a pu se produire et quelles mesures doivent être
01:37prises pour améliorer la prise en charge de ces enfants qui, je le rappelle, sont confiés à l'État
01:42pour les protéger. Tout d'abord Justine, revenons sur ce procès que l'on peut qualifier d'hors
01:47norme et qui s'est ouvert en début de semaine devant le tribunal correctionnel de Châteauroux.
01:50Comment les faits ont-ils été découverts ? On est en septembre 2017. Mathias, c'est un enfant qui
01:57est placé en famille d'accueil. Il est hospitalisé en urgence au CHU de Limoges. C'est un homme,
02:04Julien M, son tuteur, qui vient de l'amener. Il évoque une mauvaise chute. Il va aussi parler de
02:13ce jeune garçon de 15 ans et il va le décrire comme un manipulateur, un psychopathe, un pervers
02:19sexuel. Sauf qu'en réalité, on va vite comprendre que Julien M, il essaie d'assurer ses arrières
02:25puisque quand le jeune Mathias va sortir du coma, donc une semaine plus tard après son
02:33hospitalisation, il va supplier l'équipe médicale de ne pas retourner chez cet homme et il va
02:40dénoncer les mauvais traitements qu'il a subis, à la fois un travail forcé mais aussi des violences
02:46qu'ils l'ont conduite jusqu'à l'hôpital. L'équipe médicale, elle va aussi se souvenir que Julien M,
02:52il y a quelques mois auparavant, il a aussi amené un autre jeune garçon, lui aussi,
02:59qui a eu besoin d'une prise en charge médicale et donc le CHU va faire un signalement au procureur
03:05et une enquête va être ouverte. Les enquêteurs vont rapidement établir que Mathias n'est pas un cas
03:10isolé donc ils vont remonter chez une structure d'accueil basée dans l'Indre, structure par laquelle
03:15des dizaines d'enfants ont été placés par l'aide sociale à l'enfance du département du Nord.
03:19Oui, cette structure elle s'appelle Enfance et Bien-être, vous allez le voir, côté bien-être elle
03:24n'emporte que le nom car cette structure montée par cet homme, Julien M, et un associé à lui,
03:30Bruno C, n'a pas d'agrément pour accueillir ces enfants qui sont placés par l'aide sociale à
03:36l'enfance, l'ADAS plus communément appelée. Avec Bruno C, donc cet associé, ils vont mettre en
03:43place cette structure, disent-ils, pour échapper au fisc mais dans ce dossier on a réellement l'appât
03:50du gain, l'appât du gain sur le dos d'enfants qui sont déjà dans une situation de difficulté et en
03:57fait ce qui va se passer c'est qu'ils vont contacter l'aide sociale à l'enfance, l'aide sociale à
04:03l'enfance va leur confier des enfants qui vont être d'abord placés chez eux mais vu le bénéfice qu'ils
04:09peuvent en tirer, ils vont en fait recruter entre guillemets d'autres familles, des proches, des gens
04:16qui habitent dans leur village pour aussi accueillir des enfants. Donc plus de familles qui accueillent,
04:21plus d'enfants accueillis, donc plus de gains pour eux et au total entre 2010 et 2017 c'est plus de
04:28630 000 euros qui auraient été versés à cette structure, 630 000 euros d'argent public.
04:34Un système pour détourner de l'argent public donc mais l'affaire va évidemment plus loin Justine car
04:39nombreux de ces jeunes placés ont en fait subi des violences. Oui c'est ce que dénonce dans un
04:44premier temps Mathias, le jeune garçon qui était hospitalisé au CHU de Limoges, il va raconter que
04:50Julien M, son tuteur, avant de le placer dans une autre famille d'accueil, lui l'a forcé à
04:58travailler à la fois sur des chantiers, donc du travail illégal. Il va dénoncer aussi des
05:04humiliations, notamment cette scène où cet homme, lors d'une soirée alcoolisée avec son
05:10compère Bruno C, va essayer de lui baisser son pantalon puis va lui uriner dessus. L'associé,
05:17celui qu'on surnomme, que les autres enfants ont surnommé l'ogre, est accusé lui d'être un réel
05:26bourreau. On parle de claques, de coups de pieds, de coups de poing, de strangulations. On parle
05:31aussi de surmédication, de prescriptions à ses enfants, de médicaments dont ils n'ont absolument
05:38pas besoin. Julien M, lui, est accusé d'avoir aussi menacé certains de ses enfants avec un
05:45couteau. Il en a attrapé un autre pour lui plonger la tête dans les toilettes. A cela, on s'ajoute
05:52aussi des conditions innommables de vie pour ces enfants. Certains vivaient dans des caravanes
05:57sans eau et aussi donc ces travaux forcés sur des chantiers, dans les champs. Plusieurs choses
06:04interrogent dans cette affaire. Les traitements infligés à ces enfants ont en fait mis des années
06:09à être révélés et puis il y a évidemment l'absence d'agréments pour accueillir ces enfants. Comment
06:13cette situation a-t-elle pu arriver ? C'est ce que dénoncent les parties suiviles. Comment l'Aide
06:18sociale à l'enfance du Nord, qui avait en charge ces enfants, a pu placer ces jeunes sans aucun
06:27contrôle ? Comment est-ce possible qu'elle n'était pas au courant que cette structure n'avait pas
06:33d'agréments ? Les parties civiles déplorent que, pendant ce procès, il n'y a pas de représentant
06:39justement de l'Aide sociale à l'enfance du département du Nord sur le banc des prévenus.
06:45Il faut savoir aussi que Julien M. avait repris le flambeau de ses parents, également un temps à la
06:52tête d'une structure d'accueil. Sauf que l'agrément des parents leur avait été retiré parce que le
06:58mari, le père de Julien M. avait été condamné pour agression sexuelle sur des mineurs qui étaient
07:04placés chez lui. Bruno C. a déjà été condamné à deux reprises pour des agressions sexuelles sur
07:10des mineurs en 1995 et en 2000. Et en 2021, il a même été condamné pour des viols incestueux sur
07:16sa fille. Ça, c'est pour les faits présumés qu'ils leur sont reprochés, mais eux, comment se défendent-ils ?
07:21Pendant l'enquête, ils ont reconnu le système de, entre guillemets, fausse famille d'accueil, une
07:26manière d'échapper au fisc selon eux. Pressés par le tribunal depuis le début de la semaine, ils
07:34ont admis que cette structure sans agréments, cette activité d'accueil, visait réellement à se
07:39faire de l'argent, à se balader, disent-ils, avec des costumes à 2000 euros. Concernant les violences,
07:45ils parlent de recadrage. On parle pourtant de coups de poing, de coups de pied, de menaces, de
07:50strangulations. Une vidéo de Julien M. a même été diffusée à l'audience. On le voit serrer les
07:55testicules d'un jeune garçon à travers son pantalon. Mais lui, il admet, dégifle la minima, pas de coups
08:02et il dit « je n'ai jamais été violent avec ces jeunes ». Bruno C., lui, il a multiplié les
08:08provocations devant le tribunal. Il a ironisé sur le physique des jeunes filles qui étaient placées
08:13chez lui, disant qu'elles n'étaient pas à son goût, disant qu'en fait il avait sa fille et ça lui suffisait.
08:19Édifiant. Périne Goulet, je reviens vers vous. Vous êtes députée, je le rappelle, présidente de la
08:25délégation aux droits de l'enfant à l'Assemblée nationale. La première question, elle est naturelle,
08:30elle paraît simple, mais elle est importante. Comment les faits que Justine vient de nous détailler
08:35ont-ils pu se produire selon vous ? Alors malheureusement, on constate que dans l'aide
08:41sociale à l'enfance, on a beaucoup de violences. D'ailleurs, la défenseure des droits lors d'un
08:47précédent rapport avait indiqué que notamment dans les foyers de l'enfance, il y avait énormément de
08:51violences. Et on sait que dans le huis clos de certaines familles d'accueil, parce qu'il ne faut pas
08:55jeter le discrédit sur toutes les familles d'accueil, il y a quand même des familles d'accueil qui font très bien
08:58leur travail, mais il y en a d'autres qui ne le font pas bien. Et comme il n'y a pas assez de contrôles
09:03de ces familles, les enfants sont livrés à eux-mêmes. Ce qui est quand même très étonnant, c'est que
09:09les enfants avaient fait des signalements. Ces signalements n'ont pas été entendus, qu'il n'y a
09:13même pas eu un contrôle de déligenté, a priori, pour aller voir ce qui se passait. Donc c'est
09:19plutôt embêtant. Mais effectivement, au départ, on peut déjà se demander comment se fit-il qu'on ait
09:24pu confier ces enfants à une structure qui n'est pas agréée. Normalement, les départements agréent
09:30les familles qui peuvent accueillir des enfants. Ils doivent les contrôler régulièrement. Et donc
09:36là, on peut effectivement se poser la question de comment on a pu en arriver là. Et ce qui est un
09:41peu dommage, effectivement, c'est qu'au procès, et bien même si on ne les avait pas sur le banc des
09:47accusés, je pense qu'il aurait été intéressant qu'on les ait au moins comme témoins pour essayer
09:51de comprendre comment on avait pu en arriver là, parce que ces jeunes sont très courageux. Moi,
09:55vraiment, je trouve que ce qu'ils traversent fait preuve d'un courage immense. Mais il va leur
10:03manquer, à mon avis, certaines réponses à l'issue de ce procès, je trouve dommage.
10:06Et concrètement, vous parliez de contrôle. Comment ça se passe ? Comment on obtient un
10:13agrément ? Comment on nous le retire ? Et ensuite, par la suite, comment ça se passe quand on est
10:18famille d'accueil ? Est-ce qu'on a des contrôles réguliers ? Comment, normalement, ça devrait se
10:24passer ? Normalement, quand quelqu'un souhaite être famille d'accueil, elle fait un dossier auprès
10:30des départements, puisque c'est les départements qui gèrent les familles d'accueil, et après,
10:35le département fait une petite enquête pour voir s'il leur confie l'agrément pour accueillir des
10:40enfants. Une fois qu'ils ont l'agrément, ils ont l'agrément pour un, deux, trois enfants, et bien
10:44un enfant ou plusieurs leur sont confiés. Ces enfants, normalement, ils ont tous un éducateur
10:50référent. Donc cet éducateur référent doit venir régulièrement voir cet enfant, notamment pour
10:55préparer, bien entendu, les jugements, mais aussi prendre des nouvelles. Et là, déjà, on se rend
11:00compte, dans tous les départements, que c'est déjà très compliqué. Et après, les familles d'accueil
11:05sont des salariés des départements. Donc, normalement, le département devrait aussi les
11:11rencontrer comme tous salariés, les entretiens annuels ou ce genre de choses, et pas du tout.
11:15Donc là, on a vraiment des difficultés, et même des familles d'accueil qui sont en difficulté,
11:19parfois, peine à avoir un contact avec le département pour qu'on vienne les soulager. Donc,
11:24on a un vrai sujet sur le statut de ces familles d'accueil. Qui plus est, les quelques contrôles
11:29qu'on peut faire, il faut absolument prévenir jusqu'ici les familles d'accueil, parce qu'on
11:32rentre dans leur intimité, on rentre dans leur maison et donc dans le privé. Donc, on est obligé
11:38de les prévenir. Donc, ça limite aussi les possibilités de détection des problématiques.
11:43Mais en fait, c'est toute la chaîne qui est aujourd'hui plus ou moins défaillante, un peu
11:49partout dans le territoire. Alors, justement, dans cette chaîne, je voudrais qu'on revienne sur l'aide
11:52sociale à l'enfance du Nord, qui plaçait ces enfants. Elle n'est pas présente, vous l'avez
11:56évoqué, à ce procès. Est-ce que vous trouvez ça normal ? Alors que c'est elle qui avait la charge de
12:00ces enfants. C'est ce que je vous disais à l'instant. Je pense qu'au moins, elle aurait dû être citée
12:05en tant que témoin. Mais après, voilà, moi, je ne suis pas là pour commenter une affaire judiciaire.
12:09Je crois que le juge a d'ailleurs répondu qu'il était soumis à ce qui lui avait été renvoyé. Donc,
12:14voilà, c'est compliqué. On ne sait pas ce qui va aboutir derrière. Mais je pense que ça doit
12:19nous interroger tout de même sur toutes ces affaires de violence. Il y en a quand même peu
12:24où les enfants, eh bien, après avoir vécu tout ça, déposent plainte. On me demandait chez certains
12:32de vos confrères pourquoi on ne déposait pas plainte. J'en ai expliqué que quand on sort de
12:36l'aide sociale à l'enfance, on a envie de se construire soi. On essaie déjà de s'en sortir. On
12:40essaye d'avoir un logement. On essaye d'avoir une situation. Et quand on a fini par être stabilisé,
12:46des fois, c'est un peu tard pour revenir et demander des comptes. Donc, c'est pour ça que je trouve très
12:50courageux ces jeunes. Et il faut, à mon avis, qu'on ait quand même une réflexion globale,
12:57État, département, sur la prise en charge de ces enfants. Normalement, dans la loi, il est prévu
13:03qu'il y ait un registre des remontées d'informations d'enfants. Là, il est compliqué de pouvoir dire
13:09comment ça s'est passé au niveau du Nord, parce que, ben voilà, on n'est pas magistrats et je ne sais
13:14pas comment ça se passe au niveau du département du Nord. Mais, normalement, tout est dans la loi
13:19pour que ça n'arrive pas. Typiquement, vous parliez de recadrage, et j'en profite, je rappelle à tout
13:25le monde qu'aujourd'hui, dans la loi, depuis 2019, ma collègue Modem Maude Petit avait fait passer dans
13:32la loi comme quoi les violences éducatives ordinaires étaient interdites dans notre pays. Donc, un recadrage,
13:37il faut. Il y a des adolescents, des enfants, ils ont besoin de cadres. Ce n'est pas un sujet. On ne dit pas
13:42qu'il faut dire oui à tout. Mais il y a des recadrages, il y a des punitions qui n'ont pas besoin d'être faites
13:46avec de la violence. Et là, moi, je suis un peu embêtée quand on me dit qu'on recadre en faisant
13:51les gestes que vous avez indiqués tout à l'heure.
13:54– Vous soulignez le manque de concertation entre peut-être l'aide sociale à l'enfance, la justice, les autres autorités.
14:02Qu'est-ce qu'on pourrait améliorer dans ce système ?
14:06– Alors en fait, cette politique, contrairement un petit peu à ce que vous avez dit tout à l'heure,
14:09l'ADAS, c'était quand c'était complètement l'État. Et c'était il y a plus de 40 ans.
14:13Depuis 40 ans, on a donné cette compétence aux conseils départementaux. Et donc, chaque conseil départemental
14:20agit sur cette politique en fonction de ce qu'elle en pense et de ce qu'elle a besoin de faire.
14:27Depuis 40 ans, l'État n'est plus vraiment aux côtés des départements, puisque c'est une compétence des départements.
14:32Moi, je suis convaincue que pour avancer avec ces enfants, on a besoin des deux jambes,
14:38de l'État et des départements. L'État pour, effectivement, les accompagner au jour le jour,
14:42les départements pour les accompagner au jour le jour, bien sûr, et l'État pour le reste.
14:46C'est-à-dire, effectivement, la justice. Typiquement, on parlait de la protection judiciaire de la jeunesse
14:52il y a quelques semaines. Un enfant qui est de social-enfance, qui commet un petit délit,
14:57il passe en protection judiciaire de la jeunesse. Quelque part, il n'est plus à eux. Il passe à l'État.
15:02Et puis, quand il revient, il n'y a peut-être plus sa place dans la famille d'accueil.
15:05Donc, on voit que là, il y a besoin de mieux faire travailler ensemble la partie justice et État.
15:11Mais également, on a de plus en plus d'enfants qui arrivent avec des troubles.
15:15Parce que quand on a été frappé pendant des années, quand on a été violé, quand on a été mal nourri,
15:21quand on a été délaissé, quand on est pris en charge, on est mis en protection, certes, mais il y a des troubles.
15:26Or, on sait très bien que la partie soins est très défaillante à l'aide sociale à l'enfance.
15:31Donc, il faut que l'État reprenne sa place auprès des départements.
15:34Moi, je plaide pour qu'on monte des établissements communs, comme on peut avoir des établissements communs
15:38en handicap ou pour les personnes âgées, où on ait le soin et l'accompagnement des départements
15:44pour les situations des enfants qui nécessitent une prise en charge du soin.
15:48Et puis après, on a le parcours de l'enfant, l'insertion future de l'enfant.
15:53Et là, on a besoin de l'éducation nationale.
15:55Trop souvent, et je l'ai vécu, c'est les éducateurs qui font l'orientation sur des considérations financières
16:01ou portées par le département.
16:03On a besoin que l'éducation nationale dise non, cet enfant, en fait, il est capable de faire des études.
16:09Laissons-le faire des études.
16:10Qui plus est, maintenant, on a voté dans la loi le fait que les enfants de la ZEU puissent avoir les bourses
16:1612 mois sur 12 et pouvoir rester également dans les logements du CROUS.
16:21Donc, on a tout intérêt à pousser ces enfants, justement, vers les études
16:25pour qu'ils aient une prise en charge, j'allais dire, de droit commun.
16:28Donc, vous voyez, on a besoin du département, oui.
16:31On a besoin de l'État, oui.
16:32Et quand j'entends certains qui me disent qu'il faudrait revenir peut-être tout à l'État,
16:35honnêtement, il y a d'autres politiques de l'État portées que par l'État.
16:38On voit que ce n'est pas forcément mieux.
16:40Et l'ADAS, ce n'était pas forcément mieux.
16:42Le cas Émile, oui, on peut en reparler si vous voulez, c'était l'ADAS à ce moment-là.
16:46Donc, on voit bien aujourd'hui qu'on a besoin, dans ces parcours d'enfants,
16:50qu'on ne dise pas un coup il est sous la responsabilité de l'État,
16:53un coup il est sous la responsabilité du département.
16:55Non, il doit être sous la responsabilité de la société
16:57et tout le monde doit se mettre autour, État et département,
16:59mettre les compétences et agir ensemble.
17:01On imagine qu'une prise en charge, pour qu'elle soit efficace, coûte cher.
17:04Est-ce qu'au final, c'est un problème de moyens ?
17:07Est-ce qu'il faut plus d'argent, plus de moyens pour éviter ce type de drame ?
17:11Alors, il faut, notamment sur la santé,
17:14il faut savoir que ces enfants ont droit à la CMU,
17:19mais par contre, ça n'ouvre pas droit à toutes les prestations payantes,
17:25type psychologue, ergothérapeute, ce genre de choses.
17:27Et je plaide avec une docteur de Necker, madame Gréco,
17:33pour qu'il y ait un forfait soin qui soit donné à ces enfants-là annuellement
17:37pour pouvoir avoir accès à ces soins.
17:40Typiquement, quand on sait qu'une journée d'hospitalisation,
17:43c'est 1200 euros en moyenne,
17:45si on avait un forfait soin du même montant à l'année,
17:48on pourrait prendre en charge tous les soins en ville dont ils ont besoin.
17:51Donc, on pourrait avancer plus vite.
17:53Parce qu'aujourd'hui, on les envoie vers les soins gratuits,
17:55les CMP, les CMPP, mais ils sont bouchés.
17:58Donc, il faut qu'on agisse plus vite.
18:00Ça, c'est pour la partie soins.
18:01C'est une nécessité.
18:02Après, sur la partie prise en charge par les départements,
18:06oui, il faut investir plus sur ces enfants-là, bien sûr,
18:10mais on peut aussi trouver d'autres solutions
18:12sans avoir forcément un alourdissement des sommes à assises,
18:15puisqu'on est déjà sur 10 milliards d'euros pour 377 000 enfants environ.
18:20Mais il y a plusieurs types d'accompagnement qui sont prévus dans la loi
18:24qui ne sont pas du tout développés dans les départements.
18:26Aujourd'hui, et on parle là des familles d'accueil,
18:28on parle beaucoup des foyers,
18:30mais il y a d'autres types de prise en charge qui ne sont pas du tout,
18:33j'allais dire, déployés et qui pourraient alléger,
18:36mais surtout permettre à certaines typologies d'enfants
18:39d'être accompagnées autrement.
18:41Typiquement, l'accueil par un tiers digne de confiance,
18:43c'est-à-dire on recherche dans l'entourage initial de l'enfant,
18:46s'il y a une tante, une grand-mère, une marraine, par exemple,
18:49qui voudrait recueillir l'enfant plutôt qu'il soit mis dans un foyer.
18:53On a besoin de développer ces tiers dignes de confiance,
18:55mais on a besoin aussi d'accompagner ceux qui vont se lancer dans cette aventure,
19:00entre guillemets, et donc on a besoin,
19:02et c'est là aussi où les travaux de la délégation sont en train d'agir,
19:05pour essayer de faire des propositions pour mieux accompagner ces familles.
19:08On a aussi l'accueil durable bénévole, qui est dans la loi également,
19:11qui est entre l'assistant familial, qui est payé pour accueillir l'enfant,
19:15et l'adoption, où là on coupe tous les liens avec l'enfant,
19:17et bien l'accueil durable bénévole, c'est entre les deux,
19:19c'est-à-dire la famille n'est pas payée, mais accueille sur le long terme un enfant.
19:22On a besoin de développer ce type de prise en charge.
19:25Donc vous voyez, on a besoin de multiplier les solutions
19:29pour accueillir un maximum d'enfants.
19:31Est-ce que tous les enfants ne relèvent pas d'une prise en charge à temps plein ?
19:35Et d'une grosse médaquisation, on a aussi des enfants,
19:39parce que les deux parents sont décédés,
19:41parce que l'un a tué par exemple le deuxième,
19:45donc il se retrouve avec un parent en prison et l'autre décédé.
19:49Ces enfants-là, ils n'ont pas forcément connu peut-être les violences comme d'autres,
19:53ils n'ont peut-être pas besoin d'un même accompagnement.
19:56Typiquement, je plaide aussi pour qu'on ait un nouveau statut d'assistant familial,
20:01un assistant familial, je vais dire, à temps partiel,
20:02c'est-à-dire qu'ils pourraient travailler à l'extérieur,
20:05donc un peu comme une famille, c'est-à-dire que l'enfant va à la cantine,
20:08il va à la garderie, comme ça arrive pour tous les enfants.
20:11Donc il faut qu'on multiplie les dispositifs de prise en charge
20:14pour coller aux besoins des enfants,
20:16mais surtout pour répondre à, j'allais dire,
20:18l'augmentation importante de mise sous protection des enfants,
20:22qui est plutôt une bonne chose,
20:25parce que ça veut dire que la parole se libère,
20:26mais on est à 10% d'augmentation par an
20:28depuis quelques années de mise sous protection,
20:31donc il faut vraiment qu'on réfléchisse autrement.
20:34Et oui, il y a besoin de moyens,
20:35mais il y a aussi besoin d'ouvrir les possibilités d'accueil
20:38pour répondre aux besoins de chaque enfant.
20:41Merci, Perrine Goulet.
20:42Merci beaucoup, Perrine Goulet.
20:43Merci beaucoup, Justine Chabalier.
20:44C'était Affaires suivantes, le podcast Inédit.

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