Philippe de Villiers : «Ce qu'il s'est passé pour sa fille, ce n'est pas dicible. Comment se peut-il qu'il y ait des monstres ? [...] En France, l'État régalien nous ponctionne et n'assure pas notre sécurité.»
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00:00Ma vie a volé en éclate, elle dit, c'est l'incommensurable.
00:11On est devant un problème métaphysique que chacun connaît dans sa vie à un moment ou à un autre.
00:18Je dis bien métaphysique, c'est le mystère du mal.
00:23Parce que ce qui s'est passé pour sa fille, ça n'est pas dissible, la plaie est ouverte, le mari, le papa est mort, on est morts, on est morts de chagrin.
00:42Mais derrière la métaphysique, le mystère du mal, comment se peut-il qu'on permette un mal absolu ?
00:54Comment se peut-il qu'il y ait des monstres ?
00:59C'est un vrai sujet, si la vie est amour absolu, la vie qui nous est transmise, qui nous est donnée, qui nous est confiée.
01:11Mais derrière la question métaphysique, qui ne regarde que chacun d'entre nous, il y a une question métapolitique qui nous regarde.
01:22Une question métapolitique, c'est-à-dire ce qui précède la cité, ce qui la fonde, ce qui la maintient.
01:38D'abord, c'est la déchéance de l'état régalien.
01:44L'état régalien, c'est un échange depuis qu'il existe.
01:49C'est un échange entre celui qui protège et celui qui est protégé.
01:55Par exemple, il y a le suzerain et il y a le vassal.
01:58Le suzerain dit au vassal, tu me donneras une partie de ta récolte de blé et mon château fort sera ton refuge et ton magasin.
02:08C'est un échange.
02:10C'est un vieux principe qui est né avec l'humanité.
02:15Et le régalien, en fait, c'est quatre éléments qui se coagulent.
02:21La loi, la monnaie, la justice, la défense et la sécurité.
02:27Défense, sécurité.
02:29Or, nous sommes dans une situation inédite.
02:35Nous, la France, nous sommes dans une situation où l'état régalien nous ponctionne, nous brime, nous pressure, prétend ordonner nos vies dans ce qu'elles ont de plus intime.
02:53Et en même temps, n'assure pas notre sécurité.
02:57Et donc, ce qui est devant nous, si on n'y prend pas garde, c'est la tentation mérovingienne qu'on pourrait appeler aujourd'hui la tentation libanaise.
03:08Chacun par axe à milice.
03:09Chacun creuse sa douve.
03:13C'est-à-dire que du temps des vikings, des tartars ou des sarazins, chacun creusait sa douve.
03:22Donc aujourd'hui, les donjons s'appellent les drones.
03:25On peut transposer les digicodes, etc.
03:28Et puis les milices vont arriver.
03:30En d'autres termes, ce qu'on risque aujourd'hui, c'est la privatisation de la sécurité.
03:35Et moi, ce qui m'a fait le plus mal dans l'interview, dans l'entretien de la maman de Lola, c'est qu'elle dit c'est la France.