Gaspard Koenig, philosophe, essayiste et auteur du livre "Agrophilosophie: réconcilier nature et liberté", était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche", sur BFMTV.
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00:00Alors vous écrivez dans ce livre que vous écoutez à la fois les militants des soulèvements de la terre,
00:05donc les activistes des soulèvements de la terre, et les banquiers investis dans la finance régénérative.
00:10Est-ce qu'il faut comprendre que vous soutenez les actions des soulèvements de la terre ?
00:14Disons que je pense que c'est un mouvement de désobéissance civile qui est assez raisonnable dans son ensemble, avec des excès.
00:21Ce n'est pas évident que tout le monde épouse cet adjectif qualificatif pour les soulèvements de la terre, « raisonnable ».
00:28Si vous voulez, dans 50 ans, ou dans 100 ans, on verra ces activistes-là, dont évidemment certains sont excessifs,
00:34et dont certains sont violents, et dont il faut condamner la violence, mais on les verra comme on voit aujourd'hui...
00:38Mais pas seulement certains, beaucoup d'entre eux.
00:40On les verra comme on voit aujourd'hui les militants pour les droits civiques aux États-Unis en 1960,
00:45ou les militants révolutionnaires, les physiocrates français au 18e siècle.
00:50On les verra comme des précurseurs, des gens qui globalement avaient tout de même raison dans les idées qu'ils défendaient,
00:55et qui exerçaient quelque chose qui est fondamental dans la pensée écologique, puisqu'elle a été inventée par Henri-David Thoreau,
01:01qui est la désobéissance civile, c'est-à-dire le fait de dire qu'il y a tout de même des réalités supérieures aux lois du pays,
01:07à partir desquelles nous sommes légitimes à les juger, à les condamner et à agir.
01:13Donc, pour vous, ils sont légitimes ?
01:15En tout cas, j'écoute et je regarde leurs actions avec intérêt, de même que je parle aux banquiers, comme vous le disiez,
01:21parce que je ne pense pas que ça soit exclusif, je ne pense pas que le capitalisme soit à jeter par la fenêtre.
01:26Souvent, quand on lit les livres d'écologie, ça finit par 20 pages d'anticapitalisme qui sortent un peu de nulle part.
01:32Il faut dissocier les deux questions.
01:34C'est comme ça que vous êtes à la fois écolo et libéral ?
01:36Libéral, bon, le terme est un peu aussi pollué que les sols, donc je l'emploie à peine, mais je pense que la liberté est au cœur de ce projet.
01:43La liberté des humains, qui sont des êtres vivants, après tout.
01:46Lutter contre la bureaucratie, c'est aussi permettre, quelque part, à la biodiversité humaine de s'exprimer.
01:52On est dans un univers de production intensive, à la fois d'esprit, très chloroformé, très monotone et de culture.
02:02Et donc, je vois vraiment une grande cohérence, que j'essaye d'associer dans le livre, d'ailleurs, qui porte ce sous-titre,
02:07« Réconcilier nature et liberté ».
02:09Parce que vous voyez bien que c'est difficile à concevoir, a priori, puisque ça paraît être un oxymore.
02:14En vérité, plus de liberté et plus de liberté au contact de la nature mènera à plus d'écologie.
02:19C'est comme ça qu'il faut prendre les choses.