• il y a 13 heures
Paul, cycliste de 27 ans, a été tué par un automobiliste mardi dernier. Le conducteur a été mis en examen pour meurtre et incarcéré. Ce week-end de nombreux hommages ont été rendu partout en France. Le ministre des Transports a reçu les associations de cyclistes. Pour leur dire quoi ? Alexis Frémeaux, co-président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette (FUB) est l'invité pour tout comprendre dans RTL Soir.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 21 octobre 2024.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Yves Calvi et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:04Il est 18h42, bonsoir Alexis Frémaux, merci de nous rejoindre.
00:07Vous êtes coprésident de la Fédération française des usagers de la bicyclette, la FUB.
00:11Vous venez d'être reçu il y a quelques minutes par le ministre des Transports, François Durand-Wrey,
00:16à un entretien en urgence qui fait suite au décès de Paul Vary dont nous avons beaucoup parlé sur RTL.
00:21Ce cycliste de 27 ans a donc été persécuté puis écrasé par un automobiliste à Paris il y a près d'une semaine.
00:27Qu'avez-vous demandé au ministre ?
00:30Bonsoir. Ce qu'on a demandé d'avoir au ministre c'est de reconnaître l'émotion et de comprendre ce qui s'est passé à Paris,
00:41cette violence, cette violence qui s'est abattue, cette haine qui s'est abattue sur Paul Vary.
00:48Et sa première demande c'est de dire que le gouvernement, dans son ensemble, doit reconnaître cette violence
00:55et de dire qu'on refuse cette violence sur les routes.
00:58Et ça c'est vraiment le message qu'on a passé en premier au ministre, c'est de dire qu'il faut refuser cette violence sur les routes.
01:04C'est pas une question d'être automobiliste, cycliste, piéton, là c'est pas la question.
01:08La question c'est refuser la violence et dire que ceux aujourd'hui qui sont violents sur les routes doivent être exclus.
01:16Et ça c'est le message qu'on a passé très très clairement au ministre lors de cette réunion.
01:21Et il vous a entendu le ministre sur ce point ?
01:24Je pense que le ministre il a compris notre émotion.
01:27Après on savait que c'est pas en trois jours qu'on construit des réponses politiques.
01:34Nous ce qu'on attend c'est une mise en action et je pense que le ministre s'est engagé à se saisir du sujet
01:41et pas en tant que ministre des Transports au nom de l'ensemble du gouvernement
01:44parce que les sujets concernent le ministre des Transports mais il concerne aussi et peut-être avant tout
01:48le ministre de l'Intérieur, M. Roteiro, qu'on n'a pas entendu sur le sujet.
01:52Il concerne aussi le ministre de la Justice, M. Migaud,
01:54parce qu'aujourd'hui quand on va dans les commissariats pour déposer des plaintes,
01:57la plupart du temps on nous explique que tout va bien, vous n'avez pas été blessé,
02:01vous êtes vivant, de quoi vous vous bléniez.
02:03Quand ces plaintes sont acceptées, ça se finit la plupart du temps sur des classements sans suite.
02:10Donc il n'y a pas de poursuite, il y a une impunité.
02:13Il faut que la société dans son ensemble ouvre les yeux sur ces violences et qu'elles soient considérées.
02:18Et c'est ça vraiment le message qu'on a passé au ministre.
02:21Il s'est engagé au nom du gouvernement à lancer une mission contre les violences sur les routes
02:27pour protéger tous les usagers et en particulier les plus vulnérables,
02:31ceux qui n'ont pas de carrosserie, les cyclistes et les piétons,
02:34et que cette mission fasse des recommandations qui pourront être confiées au Premier ministre
02:40pour que l'ensemble des acteurs ministériels concernés,
02:43et en particulier le ministre de l'Intérieur, le ministre de la Justice, le ministre des Transports,
02:48puissent s'en saisir ensuite pour que ça change,
02:50pour que les comportements violents, qui sont les comportements d'une minorité,
02:53et ça il faut le dire, aujourd'hui près de 80% des automobiles sont tout leur point,
02:58et parmi les 20% qui n'ont plus de point, la plupart ne sont pas des violents.
03:02Donc cette petite minorité violente sur les routes,
03:06on doit aller sur des routes et c'est ça pour lequel on attend le gouvernement,
03:11et je pense que le ministre s'est engagé ce soir à traiter le sujet au nom de l'ensemble du gouvernement.
03:16– Alexis Frémaux, dans votre communiqué de presse du jour,
03:19vous affirmez que Paul Vary a été victime d'un meurtre, j'ai envie de vous l'expliquer.
03:23– C'est pas nous qui l'affirmons, il a été mis en examen pour ça.
03:27– J'entends bien, mais ça ne fait aucun doute pour vous,
03:29la mort de Paul est le fruit d'un meurtre, à titre personnel ?
03:33Vous le ressentez, vous le vivez comme tel ?
03:35– Moi je fais confiance à la justice, ça a été qualifié dès le soir,
03:38quand j'ai lu la première dépêche qui est sortie.
03:40– Vous avez raison.
03:41– Nous avons réagi et nous avons parlé de meurtre,
03:45et je pense qu'on a eu raison parce que vous voyez,
03:47qu'est-ce qui s'est passé à l'issue de l'enquête policière ?
03:50Le juge d'instruction, qui est un juge indépendant,
03:52a mis en examen l'auteur des faits, pas pour homicide involontaire,
03:57pas pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner,
04:00il a bien mis en examen pour meurtre,
04:02parce que quand vous roulez avec un véhicule de 2 tonnes,
04:05quand vous roulez sur quelqu'un,
04:07quand vous accélérez pour faire passer le corps de la personne
04:11sous les roues de votre voiture,
04:12que la voiture monte sur le corps de la personne,
04:15c'est ce qui s'est passé, il faut qualifier l'horreur des faits.
04:18Il faut qualifier l'horreur des faits, ça ne peut être qualifié que de meurtre.
04:22C'est pas parce que vous n'utilisez pas un couteau ou une arme à feu,
04:25c'est pas parce que vous utilisez une voiture
04:27que ça devient brusquement involontaire,
04:29que ça devient brusquement quelque chose qui ne serait pas volontaire.
04:33Quand vous utilisez une voiture au même titre qu'un couteau ou une arme à feu,
04:36quand vous roulez sur quelqu'un avec un engin de 2 tonnes,
04:39effectivement, vous vous mettez en situation de le tuer.
04:42Et donc là, c'est ce qui s'est passé pour Paul Barry,
04:45et le juge d'instruction a retenu cette qualification,
04:47elle est très claire.
04:48Nous on fait confiance en la justice,
04:50et on fait confiance dans la réponse pénale qui sera donnée
04:53à cette affaire qui est extrêmement grave,
04:55et je pense que c'est pour ça qu'elle a choqué bien au-delà des cyclistes,
04:57elle a choqué tous ceux aujourd'hui qui sont victimes de cette violence,
05:00y compris des automobilistes,
05:01parce qu'aujourd'hui quand on circule sur autoroute,
05:03le nombre de fois où quand vous roulez à 130 kmh
05:05et que vous vous faites doubler par un camion,
05:07vous prenez les appels de phare, vous prenez les voitures qui vous collent,
05:09à un mètre derrière vous, quand vous êtes avec vos enfants,
05:11dans votre voiture, ça, ça s'appelle de la violence,
05:13ça, ça s'appelle de la mise en danger,
05:15et c'est ce type de comportement aujourd'hui qu'on doit exclure des routes.
05:18Et c'est pas une question d'être automobiliste ou cycliste.
05:21Et c'est ce que vous voulez dire aussi dans votre communiqué
05:23lorsque vous dites que des millions de Françaises et de Français
05:25sont confrontés à une violence motorisée, banalisée,
05:28c'est ce que vous venez de nous expliquer en fait ?
05:31Exactement, c'est que cette violence aujourd'hui,
05:33elle est acceptée alors qu'elle n'est pas acceptable.
05:35Et on n'accepte pas des violences dans la rue,
05:38on n'accepte pas des violences dans les transports en commun,
05:40et on accepte sur les routes, sur les routes pour le coup,
05:44c'est là où il y a une sorte d'acceptation de cette violence.
05:48Et ça, on dit, aujourd'hui, il faut réagir,
05:51c'est l'ensemble de la société,
05:52il faut que les gens qui sont la très grande majorité des gens,
05:55qui sont les personnes non violentes,
05:57qui refusent cette violence,
05:58que cette majorité écrasante,
06:01elle s'exprime et elle dise, ça suffit,
06:04on ne veut plus de violence sur nos routes.
06:05C'est ça l'appel qu'on a donné au ministre,
06:07je pense qu'il a été entendu ce soir,
06:09qu'il a été entendu à la hauteur du sujet de société
06:12auquel on est confronté.
06:14Pour dire les choses simplement,
06:15est-ce qu'il y a aussi une prise de pouvoir ?
06:17Ce terme n'est pas polémique quand je l'utilise,
06:19des deux roues, avec aussi leurs excès.
06:22J'ai envie de vous dire, le problème demain,
06:24c'est que cyclistes, automobilistes et piétons
06:26arrivent enfin à vivre dans une communauté
06:29qui se perçoit comme étant la même.
06:32Il y a de plus en plus de cyclistes, c'est une réalité,
06:35tous les automobilistes l'acceptent,
06:37on voit bien que certains automobilistes ne l'acceptent pas,
06:40il y a aussi de plus en plus de cyclistes, c'est une réalité,
06:42il faut que les cyclistes aussi s'adaptent,
06:45respectent mieux les règles,
06:46parce que ce qui était possible,
06:47quand il y avait très peu de cyclistes,
06:48n'est plus quand c'est une masse de cyclistes,
06:50et ça c'est une réalité,
06:51on n'a pas peur de le dire en tant qu'association cycliste,
06:55et après la violence, rien ne justifie la violence,
06:57vous pouvez penser que les cyclistes font n'importe quoi,
06:59c'est votre opinion,
07:00par contre, ça ne justifie en rien
07:02de mettre sous pression un cycliste,
07:04de le mettre en danger,
07:05de le renverser volontairement,
07:07et ça c'est deux choses de nature très différentes,
07:09et c'est ce qu'on a redit au ministre,
07:11et ce n'est pas une question d'automobilisme,
07:13de cycliste, de guerre entre les usagers,
07:15on a besoin de respect,
07:16et surtout on a besoin d'un principe clair,
07:18simple,
07:19on n'est pas violent quand on est sur les routes.
07:21– Vous avez parfaitement raison,
07:22merci beaucoup,
07:23juste pour nous faire sourire,
07:24vous êtes venu à vélo au ministère ?
07:26– Oui, je suis venu à vélo,
07:27et je peux vous dire que je n'ai pas fait du vélo
07:29le cœur léger ces derniers jours.
07:31– Et vous avez pu garer votre vélo
07:33à l'intérieur du ministère ?
07:35– Non, je l'ai garé devant,
07:36mais tout va bien, il est toujours là.
07:37– Bon, très bien,
07:38merci beaucoup Alexis Frémaux,
07:39co-président de la Fédération française des usagers de la bicyclette,
07:42la FUB dans un instant,
07:44on va se détendre,
07:46on part au galop avec Marc-Antoine Lebray.

Recommandations