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Le président de la FFC, Michel Callot, également trésorier du CNOSF, au micro de Cyclism'Actu. Élu depuis 2017 lorsqu'il avait succédé à David Lappartient, Michel Callot brigue ainsi un troisième mandat. Candidat à sa propre succession, lors des élections du 14 décembre qui l'opposeront à Teodoro Bartuccio, Michel Callot a répondu à nos questions sans éluder aucun sujet et surtout les critiques qui lui sont adressées : "Je veux bien avoir toutes les tares mais je ne suis pas responsable de tout à la Fédération Française de Cyclisme." Entretien et à retrouver en vidéo.

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Transcription
00:00Président Michel Callot, vous êtes candidat, donc on ne va pas dire président même si
00:08vous êtes candidat sortant, président sortant, pardon, etc., vous allez briguer un troisième
00:13mandat.
00:14C'est quand même rare.
00:15Je ne sais pas si c'est rare, en tous les cas, trois mandats c'est déjà un maximum
00:22puisque c'est ce que prévoient à la fois nos statuts et à la fois la loi.
00:27Trois mandats, effectivement, c'est un engagement d'une durée, on va dire, respectable par
00:33rapport à ce que représente l'investissement à la présidence d'une fédération comme
00:36la Fédération Française de Cyclisme, mais je pense également qu'on est dans une phase
00:42de transformation d'un certain nombre de choses autour de notre sport et qu'on a aussi
00:47besoin d'un temps un peu long pour pouvoir aller jusqu'au bout de projets importants
00:53et d'une transformation déjà entreprise.
00:55Qu'est-ce qui fait que vous êtes de nouveau candidat ? Quel travail n'est pas terminé ?
01:01Alors, il y a quelques sujets, je l'ai déjà dit, mais qui sont importants dans mon esprit.
01:07Le premier, celui finalement qui a motivé presque tout mon engagement fédéral, c'est
01:12la transformation économique de notre modèle.
01:14Alors cette transformation économique, elle emporte plusieurs aspects.
01:19Il y a d'abord un aspect qui concerne le siège fédéral lui-même, là on a beaucoup
01:22avancé.
01:23Il me reste, je crois, une chose que j'aimerais bien terminer, vous savez qu'on a créé
01:27une filiale commerciale, il faut que cette filiale décolle pleinement pour produire
01:31des revenus et alimenter de manière très pérenne l'économie du siège fédéral qui
01:36est une économie qui sert ensuite au sport particulièrement.
01:40Mais la transformation de notre modèle économique, c'est également emporter nos clubs, le plus
01:44grand nombre de nos clubs, sur de nouveaux modèles, une nouvelle façon de profiter
01:49pleinement de tout ce qu'apporte le vélo pour pouvoir effectivement nourrir à leur
01:53tour leur projet associatif, comme certains clubs le font très très bien aujourd'hui,
01:57et grâce à une action sur des sujets sociétaux, tirer des revenus pour là encore aller vers
02:03le sport, vers notre ADN.
02:05Donc ce sujet de transformation économique est une motivation, je vous le disais, profonde.
02:09Je l'ai en moi vraiment depuis que je suis dirigeant, j'allais dire régional, avant
02:14même d'être dirigeant fédéral.
02:16Deuxième sujet qui me tient à cœur, c'est d'aller au bout d'un certain nombre de modernisation
02:24on va dire comme ça, de nos activités.
02:25Alors c'est très vrai pour la route, peut-être on en reparlera, mais c'est vrai également
02:29sur le plan technique.
02:31On a entrepris une phase de digitalisation de nos services, elle est encore incomplète
02:36parce qu'on l'a fait au rythme de nos moyens et il faut pouvoir aller jusqu'au bout de ça.
02:40Et puis il y a un sujet qui me tient à cœur, tout le monde le sait, c'est les champions
02:44du monde Haute-Savoie en 2027, c'est un sujet très complexe dans lequel il faut que la
02:49fédération prenne toute sa place, toute sa part, parce qu'elle a une vraie expertise.
02:53On sait organiser des grands événements, on l'a démontré en organisant beaucoup de
02:57championnats du monde et légitimement on doit pouvoir traduire cette expertise dans
03:03ce super événement qui va concerner notre sport et qui doit laisser un héritage marquant
03:08pour le cyclisme français.
03:10Et évidemment, parce que je suis depuis l'origine au cœur de ce sujet-là, je suis particulièrement
03:17motivé pour faire en sorte que ce soit au plus grand profit de l'ensemble de nos clubs
03:21et de nos licenciés.
03:22Alors justement ces super champions du monde, ils font causer parce que c'est sur vos terres
03:28et ça dérange certains comme vous le savez ?
03:30Oui, alors ça je pense que c'est quand même un faux débat.
03:33J'ai la chance d'habiter en Haute-Savoie, je dis la chance parce que c'est aussi un
03:37département très riche et il fallait un département qui ait des moyens pour pouvoir
03:41accueillir une opération de cette nature-là.
03:44Vous savez quand vous regardez en France les lieux où ces championnats auraient pu se
03:47tenir, il y en a très peu.
03:48Et puis en plus il se trouve que c'est un petit peu nécessaire d'être sur un territoire
03:52de montagne par rapport à certaines de nos spécialités qui ne peuvent se faire quasiment
03:56qu'en montagne.
03:57Je pense aux VTT descente par exemple.
03:59Et voilà, après cette histoire, elle a d'abord la vertu d'être née et bien née et d'être
04:07sur de bonnes rails aujourd'hui, je pense que c'est ce qu'il faut retenir, le fait
04:11que je sois en Haute-Savoie, c'est anecdotique, mais j'habite en Haute-Savoie et finalement
04:17quand on y regarde bien par rapport à l'énergie, au temps que ça prend, je pense que c'est
04:21peut-être aussi une plus-value pour la fédération que son président soit directement au contact
04:26du territoire des acteurs hauts savoyards que je connais aussi par ailleurs.
04:29Alors ça aura lieu en Haute-Savoie comme vous l'avez dit, nous sommes là au vélodrome
04:33de Saint-Quentin-les-Yvelines, vélodrome national, et le paradoxe c'est que la piste
04:38de ces super championnats du monde en 2027 sera le là et pas en Haute-Savoie.
04:43Alors très probablement ici, rien n'a encore confirmé, mais enfin c'est une probabilité
04:47assez forte que la piste ait lieu ici.
04:51L'occasion des championnats du monde, c'était l'occasion aussi d'avoir un projet de vélodrome
04:56en Haute-Savoie pour des raisons politiques, si ce n'est politicienne, malheureusement
05:01le projet n'a pas pu voir le jour, ou en tous les cas ne pouvait plus voir le jour
05:04dans un délai suffisamment court pour être prêt en 2027.
05:07Les équipements de cette dimension-là naissent quand même difficilement en si peu de temps,
05:13mais si toutefois les championnats du monde, pour leur partie piste, devaient se tenir
05:17au vélodrome national de Saint-Quentin-les-Yvelines, il faut peut-être y voir aussi un écho à
05:22un vélodrome qui a accueilli les Jeux Olympiques, qui a accueilli déjà deux fois des championnats
05:26du monde, et au bout du compte qui est aussi une signature en tant que vélodrome national.
05:31Alors vous avez parlé tout à l'heure d'économie de la Fédération Française de Cyclisme.
05:36Déjà la première question, ça fait huit ans que vous êtes président, comment va
05:40économiquement parlant la Fédération Française de Cyclisme ?
05:43Alors écoutez, notre fédération en tous les cas pour ce qui concerne la partie siège
05:47fédérale, on s'est attaché à respecter ce que nous a demandé l'État finalement
05:53quand on est arrivé en 2017, c'est-à-dire de reconstituer des fonds propres pour la
05:58fédération, d'assainir ses finances, de faire en sorte qu'elle soit stable dans son
06:02modèle financier.
06:03Je pense qu'on a rendu une copie propre en la matière, aujourd'hui notre fédération
06:08elle a des fonds propres qui lui permettent de faire face à des aléas, n'oublions pas
06:13que dans ces huit années on aura traversé le Covid quand même, qui n'est pas une crise
06:18anodine, on a pu soutenir notre base, nos comités régionaux, il n'y a pas eu de casse
06:22à l'issue du Covid, majeur en tous les cas pour le sport cycliste français et puis
06:27on a ensuite traversé, comme tout le monde, une période de crise plus internationale
06:32avec une forte inflation, vous savez que l'inflation par rapport au sport cycliste
06:36elle nous concerne beaucoup parce qu'il y a beaucoup de déplacements dans notre univers
06:42et au bout du compte on s'aperçoit que la fédération a résisté à tout ça, à toutes
06:48ces difficultés et qu'aujourd'hui elle présente un bilan qui est tout à fait satisfaisant.
06:52On parle de votre idée de projet des continentales, qui ne plaît pas la ligue nationale du cyclisme,
07:00vous êtes sûr de votre coup parce que c'est se mettre peut-être tout le monde à dos
07:04du coup ?
07:05Alors tout le monde je ne crois pas, parce que certes la ligue est notre...
07:08Comment vous expliquez justement qu'ils soient contre ?
07:11Alors je pense que la ligue, et je vais bien parler de l'institution et je fais tout
07:18de suite un petit préalable, moi j'ai rencontré beaucoup d'acteurs du monde professionnel
07:22cet été, je me rends bien compte que, et c'est normal, tout le monde n'est pas forcément
07:26très aligné avec les positions défendues par la ligue, mais la ligue, il y a des raisons
07:33historiques à ça, finalement le travail qui a été fait par les acteurs représentant
07:38le cyclisme professionnel français a été un travail de sécurisation de cet univers
07:42professionnel et il faut bien dire qu'ils l'ont plutôt bien réussi, on a beaucoup
07:47de courses professionnelles en France, on a beaucoup d'équipes, on a beaucoup de coureurs,
07:50dans un modèle où vous le savez il y a des accords finalement entre les organisateurs
07:55et les équipes.
07:56Donc la ligue est arrivée à une certaine stabilité autour de ça, et c'est très
07:59bien et ça on ne peut que s'en réjouir, arriver également à sécuriser le mieux
08:04possible le statut des coureurs professionnels, on est en Europe en tous les cas et dans le
08:08monde très certainement le cyclisme professionnel le plus sécur pour les athlètes.
08:14Une fois qu'on a dit ça, il faut se rendre compte que le cyclisme international autour
08:19de nous il bouge, et en particulier ce qui bouge très fort c'est la manière de recruter
08:24les coureurs avec des agents qui sont omniprésents y compris dans le monde amateur, c'est ensuite
08:30l'âge auquel on recrute, et avec des recrutements qui se font de plus en plus jeunes, des coureurs
08:35qui signent de plus en plus vite dans le secteur professionnel, qui ont de plus en plus l'impression
08:40d'avoir complètement raté leur carrière si à 18 ans on ne leur fait pas déjà des
08:44propositions en direction du monde professionnel, et bien par rapport à tout ça, il fallait
08:50qu'on réfléchisse à des solutions, il faut qu'on continue d'ailleurs à réfléchir
08:53à des solutions, on a juste commencé à entrouvrir une porte avec ces comptis fédérales,
08:58mais l'idée c'est de dire on doit pouvoir continuer à être coureur amateur au meilleur
09:03niveau, à son meilleur niveau, au meilleur niveau physique auquel on peut prétendre,
09:07sans pour autant avoir systématiquement une licence professionnelle, et en particulier
09:12une licence professionnelle à 19 ans. Voilà ce qu'on a voulu faire avec les comptis fédérales,
09:16donc oui ça vient sur un niveau, ce troisième niveau du cyclisme international, qui est
09:22un niveau quand vous le regardez de partout dans le monde que je qualifierais d'open,
09:27vous avez des structures professionnelles, des structures amateurs, nous jusque là on
09:31n'avait que des structures professionnelles, on est loin de saturer le quota que nous offre
09:35l'UCI, puisqu'on peut avoir 15 structures continentales dans un pays, et l'idée c'est
09:41juste de profiter de cet espace qui nous reste pour pouvoir l'étendre à un niveau amateur
09:46d'élite, on va dire le meilleur de notre niveau amateur, avec des conditions associées à un réel
09:52double projet pour les athlètes qui rejoignent ces structures là, et qui doit permettre de
09:58laisser un petit peu plus de choix aux jeunes coureurs et aux familles qui seront peut-être
10:03un petit peu moins obligés de se précipiter tout de suite à 19 ans sur des structures
10:07professionnelles. Vous dites le plus sécure, vous parlez du milieu amateur, vous parlez des équipes
10:11françaises, il y a le manageur d'Arkea B&B Hotel, Emmanuel Hubert pour ne pas le nommer, qui a fait
10:17un constat quand même inquiétant sur l'avenir du cyclisme français, on va dire carrément alarmiste,
10:23vous êtes d'accord avec ça, parce que vous êtes quand même un petit peu garant, responsable,
10:30quel va être votre rôle là-dedans vis-à-vis des constats de certains managers généraux d'équipe ?
10:36Alors j'ai eu l'occasion de parler de ces sujets d'ailleurs avec Emmanuel Hubert, on se connaît très
10:42bien, on discute, on parle, par rapport à ce cri du coeur, on va dire, qui a été porté par Manuel
10:52Hubert et quelques autres, bien sûr qu'il faut y voir une vraie alerte, une vraie alarme par rapport
10:58à un secteur professionnel, et là on parle vraiment du haut du panier, du secteur professionnel le plus
11:04élevé, un secteur professionnel où tout est devenu très inflationniste, parce qu'il y a des
11:10investissements étrangers, notamment quasiment des investissements d'Etat dans un certain nombre de
11:15cas, qui font exploser ce marché-là. Alors il y a des régulations qui devront être apportées,
11:22l'UCI réfléchit à une forme de régulation avec le budget CAP, est-ce que l'outil sera suffisant
11:28ou pas ? On pourra commencer à l'évaluer quand il sera présenté au début décembre lors du
11:33séminaire World Tour, et puis après peut-être bien que la France pourra être force de proposition sur
11:39d'autres aspects, et en particulier je sais qu'une partie des managers français sont très sensibles à
11:45des sujets qui pourraient être liés à des problématiques de contrat environnant les coureurs,
11:49notamment parce qu'en France on a un système de formation qui marche très bien et qui ne pèse pas
11:55sur le marché aujourd'hui du très haut niveau. Mais pourquoi justement il ne pèse pas alors que
12:00la France est la nation qui a le plus d'équipes World Tour, Continental Pro, Conti ? Alors le
12:06système ne pèse pas de point de vue économique, j'entends, pas d'un point de vue qualité,
12:10parce qu'au contraire la qualité elle est là, et il ne pèse pas tout simplement parce que les
12:14modalités de transfert des coureurs dans le système du cyclisme international n'emportent
12:23pas de modalités qui viennent rémunérer la formation, ou très peu, et c'est peut-être des
12:29axes sur lesquels on pourra travailler dans l'avenir. Il faut évidemment le faire en
12:34concertation avec les autres pays, avec l'union cycliste internationale, parce que ce qu'on
12:38subit ici c'est une concurrence mondiale, mais comme d'autres secteurs d'activité, on sait très
12:44bien, beaucoup d'industriels savent très bien qu'en France la main d'oeuvre est un petit peu plus
12:47chère, mais par contre on peut lui trouver d'autres vertus, et ce qu'il faut c'est qu'on arrive à
12:51mettre peut-être plus en avant nos avantages concurrentiels. Je sais que c'est très très dur
12:56pour certains de nos managers d'équipe, mais moi j'ai surtout envie de leur dire, parlons,
13:01discutons, essayons d'être force de proposition de manière constructive pour peut-être bouger un
13:07petit peu les lignes. Mais il paraîtrait, si je peux me permettre, que vous n'écoutez pas assez.
13:11Oui, vous savez, après on est dans une campagne électorale, donc je sais bien qu'à ce moment-là,
13:17il faut que la fédération et son président aient à peu près toutes les tares. Non, peut-être j'écoute
13:23pas assez, mais j'essaye en tous les cas, chaque fois que j'ai l'occasion d'être soit dans des
13:29rencontres, soit dans des rendez-vous, parce que je reçois quand même beaucoup de monde aussi dans
13:34le cadre de cette fonction de président de la fédération, j'essaye non seulement d'écouter,
13:39mais de comprendre et de pouvoir apporter des solutions. Et quand on dit ça, ça veut pas
13:43dire répondre à tout, parce que être président de fédération, c'est pas avoir une baguette
13:48magique, elle n'existe pas. Vous voyez bien que par rapport à des difficultés comme celles qu'on
13:52évoque ici, qui sont liées à une internationalisation du cyclisme, à des fonds qui viennent maintenant
13:57hors de l'Europe, notamment de manière assez massive, bien malin la personne qui pourrait
14:03vous dire, moi, président de la fédération française de cyclisme, je mettrai fin à tout ça.
14:06Bien malin, parce qu'une fois dans le siège du président de la fédération, il verra qu'on a
14:12malheureusement pas tous les leviers en main et qu'on peut être une force d'influence, on peut
14:17être une force de négociation, mais encore une fois, la baguette magique, malheureusement, ça n'existe pas.
14:24Celui qui candidate contre vous, monsieur Bartuccio, dit qu'il a peut-être la baguette magique et il
14:30revendique les clubs, le cyclisme amateur, chose qu'on vous reproche, parce que vous, vous en
14:36n'occupez pas assez, visiblement. C'est peut-être le mérite de la fraîcheur, quand on n'a pas exercé
14:43de responsabilité, ne serait-ce même qu'à l'échelle régionale, où on se rend compte très vite, quand
14:48on gère un comité régional, par exemple, qu'on n'est plus sur une somme de problématiques individuelles
14:57de clubs, mais qu'il faut trouver des dénominateurs communs à tout ça et des outils qui fonctionnent
15:01pour un nombre le plus important de clubs. Et l'exercice est tout de suite un petit peu plus difficile.
15:07Donc voilà, je vais mettre ça sur le compte, peut-être, de la naïveté, parce qu'il manque un petit peu,
15:14sans doute, d'expérience sur ce sujet de la gestion collective et de problématiques collectives, ce qui
15:20est le propre d'une fédération.
15:21Et que faire pour aider les clubs qui souffrent, pour aider ces organisateurs de courses en France, où c'est
15:28très compliqué d'organiser une course, on ne va pas nommer toutes les organisations de courses au Grand Prix
15:33d'Isberg, par exemple, au Grand Prix de Denain, etc. Que faire ? Est-ce que la Fédération française de cyclisme
15:38peut les aider ou pas ?
15:39Alors, ça dépend de ce qu'on attend de la Fédération française de cyclisme. La Fédération française de cyclisme,
15:45elle aide ses organisateurs, parfois sans même qu'ils s'en rendent compte, mais de manière diverse et variée,
15:53notamment dans la relation avec les pouvoirs publics. Je vais vous reprendre l'exemple de la période Covid.
15:58On a débloqué je ne sais combien de situations en intervenant auprès des préfectures, parce qu'on a ce relationnel
16:05qui est établi avec le ministère de l'Intérieur et qui nous permet d'agir. La Fédération, elle va promouvoir le cyclisme,
16:11le sport cycliste. Quand on organise un championnat du monde, c'est rien d'autre qu'une vitrine pour notre sport,
16:17qui va convaincre des collectivités de continuer à investir pour le sport cycliste.
16:21Maintenant, si on pense que la Fédération peut aller agir à la place de chaque club ou chaque organisateur pour faire
16:30à sa place ou aller chercher de l'argent à sa place, on se leurre et personne n'y arrivera. Il n'y a pas du tout le...
16:38La Fédération française de cyclisme ne peut pas agir en lieu et place de ces 2300 clubs. Bien au contraire,
16:43elle a besoin du levier d'action de chacun. Et moi, ce que je voudrais surtout souligner ici, c'est qu'au sein de notre
16:48Fédération, grâce à notre réseau de clubs, on a une énergie, on a une dynamique de dirigeants qui est fantastique.
16:55Et c'est cette énergie-là qui fait l'ensemble que forme la Fédération et pas l'inverse.
17:00On parle aussi des bénévoles. C'est important. Il paraîtrait aussi que vous n'en occupez pas assez.
17:06Quelle serait la solution ? Vous êtes le président sortant, donc comme vous l'avez dit, vous avez toutes les tares.
17:11Oui, oui, mais bien sûr. Mais dans le bénévolat, là aussi, il faut regarder les choses attentivement.
17:16On a plusieurs sortes de bénévolat. Vous avez du bénévolat ponctuel, comme on le retrouve beaucoup sur les organisations,
17:22des gens qui viennent donner un coup de main sur les organisations. Celui-ci, il est à entretenir et notamment entretenir
17:30dans le cadre des organisations. Et on voit bien que certains organisateurs arrivent mieux que d'autres à fidéliser
17:37ce bénévolat, à l'animer finalement. Il est précieux, c'est sûr, mais je dirais que celui-ci est à la main de chacune
17:44de nos associations. Et puis, vous avez un bénévolat qui, moi, me préoccupe davantage, qui est le bénévolat d'engagement,
17:50devenir président d'un club, trésorier d'un club, secrétaire général d'un comité, où là, c'est un engagement au quotidien.
17:57C'est tous les jours de l'année. Le président de club, il est dérangé 7 jours sur 7. C'est en permanence.
18:02Et c'est là qu'on a besoin de faire en sorte de faciliter les choses pour ces bénévoles, pour ces dirigeants en améliorant
18:10nos outils, en essayant, et je sais qu'il faut le faire plus encore, mais comme je vous le disais tout à l'heure,
18:17on a essayé d'avancer aussi avec les moyens qui sont ceux de la fédération, mais en mettant plus de ressources
18:22à disposition de ces dirigeants, tout simplement pour essayer de leur faciliter les choses, que ce soit un petit peu plus simple
18:30dans toutes les actions qu'ils ont à accomplir, qui sont déjà très nombreuses.
18:33Une des dernières critiques qu'on vous met à votre actif, c'est les championnats de France derniers qu'il y a eu en Normandie,
18:39mon Saint-Michel. Il manquerait 75 000 euros à payer, selon certains confrères. Qui va payer ? Comment ça va se passer, du coup ?
18:47Parce qu'on a l'air inquiet du côté de la Normandie.
18:50Oui. Alors très concrètement, en l'occurrence, c'est la collectivité d'accueil qui lance un cri d'alerte parce qu'il lui manque
18:59dans son budget ces 75 000 euros, sachant que la fédération, là, est complètement à jour. Elle a un contrat qui la couvre complètement.
19:07Pour autant, vous voyez que j'écoute quand même un petit peu. Je suis sensible quand j'ai ce genre d'alerte.
19:13Et pas plus tard que dans la journée, je rencontrais le président Hervé Morin pour discuter de ces sujets-là.
19:20Donc voilà, on essaye aussi, par rapport à tous ceux qui, à un moment donné, contribuent aux sports cyclistes, bien sûr nos clubs,
19:26bien sûr nos comités, mais aussi les collectivités locales qui interviennent, lorsqu'il y a des difficultés, on essaye de venir à leur aide.
19:34Finalement, Michel Calot, toutes ces critiques, tous ces détracteurs, on ne va pas les nommer, mais vous les connaissez,
19:40entre autres, M. Guimard et C. Werx, c'est le chroniqueur de Cyclisme Actu. Vous avez envie de leur dire quoi, au final ?
19:48Je n'ai pas de message particulier à leur passer, si ce n'est que moi, je suis sensible au respect. Je pense qu'avec l'équipe qui m'entoure
19:57pendant 8 ans, on s'est donné, sans compter, les heures de travail. Elles sont innombrables pour la cause commune,
20:04comme on l'a fait précédemment dans nos comités régionaux, parce qu'on ne sort pas de nulle part, contrairement à ce que parfois on lit.
20:10On n'a pas débarqué ici, au siège de la fédération, sans avoir été dirigeant de club, dirigeant de comité régional.
20:16Et s'il y a un message à passer, je crois que c'est juste d'essayer de prendre la mesure de ce que représente vraiment la gestion d'une fédération,
20:26de ne pas croire que c'est par des mesures parfois un petit peu démagogiques qu'on peut résoudre les problèmes.
20:33Ce n'est pas la réalité. Les choses sont beaucoup plus compliquées que ça. Et aujourd'hui, une fédération de la taille de la fédération française de cyclisme,
20:40elle a des problèmes à gérer à 360 degrés, je dirais, qui sont à la fois des problèmes d'entreprise.
20:49Il y a plus de 70 salariés à la fédération française de cyclisme qui animent ces différents services,
20:54qui sont à la fois des problèmes de politique publique auxquels il faut correspondre.
20:59Et l'État ne manque pas de nous donner des consignes et des commandes.
21:04Elles sont toujours plus nombreuses, toujours plus contraignantes.
21:07Et puis, bien évidemment, au milieu de tout ça, il faut essayer le mieux possible de faire en sorte que notre sport continue à se développer dans tout son éclectisme.
21:16On a la chance d'avoir plein de disciplines.
21:18On a la chance que notre sport se passe sur un vélo, qui est un des enjeux de société majeurs aujourd'hui.
21:24Voilà, c'est comment on peut avoir des stratégies pour se servir de tout ça.
21:28La fédération française de cyclisme aussi, c'est sa vitrine, ses résultats sportifs.
21:33Embutant, finalement, parce qu'on sort des Jeux olympiques Paris 2024.
21:37On était là ensemble au mois d'août. On parlera de la piste tout à l'heure.
21:39De quoi vous êtes plus fier dans ces résultats sportifs au final ?
21:44Je mettrais trois choses à peu près sur un même plan.
21:47La première chose, c'est qu'on a eu pendant ces huit dernières années des titres de champions du monde à peu près dans toutes les disciplines majeures du cyclisme.
21:58Y compris dans des disciplines, parfois, où on repartait d'un petit peu plus loin.
22:04Et y compris, et c'est peut-être mon deuxième point, là où on joue vraiment dans la vitrine avec le doublé de Julien Alaphilippe.
22:13Deux titres de champions du monde.
22:14Regarder le nombre de podiums depuis que Thomas Vauclair est sélectionneur, ça pour moi, c'est une immense satisfaction.
22:20Et puis, je rajouterais bien évidemment, quand même, et même si je sais que certains le contestent formellement, mais les chiffres sont têtus.
22:29Les résultats aux Jeux olympiques, neuf médailles, trois d'or, le cyclisme en tête de son tableau des médailles.
22:35Ça veut dire que si tous les autres sports français avaient fait comme nous, on aurait terminé Première Nation de ces Jeux olympiques de Paris 2024.
22:42Donc ça, c'est pour moi, d'abord une émotion profonde, partagée avec nos athlètes, avec nos staffs, avec notre personnel, avec nos élus.
22:52Et puis surtout, un grand soulagement aussi.
22:55Je vais vous donner le mot qui me vient à l'esprit.
22:57Un grand soulagement parce que, comme tous les autres présidents de fédérations olympiques,
23:01je savais très bien qu'il y aurait les fédérations qui termineraient avec des Jeux réussis et les autres.
23:07Et que ce serait nettement plus simple d'être dans le premier groupe.
23:10Et qui que ce soit qui préside, qui anime la fédération demain, cette personne-là verra, se rendra compte que ce bilan des Jeux olympiques,
23:19il nous sert aujourd'hui dans nos relations avec les collectivités publiques, avec l'État, dans nos relations avec nos partenaires privés.
23:26Dans ce bilan, le seul hic finalement, c'est la piste.
23:30On est passé à côté. Avec le recul, comment vous l'expliquez ?
23:32Il y a tout à refaire pour le sprint, par exemple ?
23:35Oui, je mettrais juste un point de nuance parce que ça, c'est aussi un élément important dans le bilan des Jeux olympiques.
23:42On a remporté des médailles sur nos cinq terrains de jeu.
23:44Sur la piste, on a remporté une médaille d'or.
23:46Si vous prenez les deux dernières Olympiades, toutes nos disciplines confondues, on aurait bien aimé avoir une médaille d'or.
23:52On ne l'a pas eu. Donc le bilan sur piste, c'est quand même une médaille d'or.
23:55Ce n'est pas rien dans des Jeux olympiques.
23:57Vous avez plein d'autres sports qui n'ont pas eu de médaille d'or.
24:00Et il n'y a pas tant de sports français qui ont eu au moins une médaille d'or.
24:03Donc déjà, ça, c'est pour la nuance.
24:04Et après, sur la piste, effectivement, dans les deux collectifs de pistes, il y en a un qui a échoué.
24:10Il n'y a pas d'autre terme. C'est le sprint.
24:11Alors, on savait très bien qu'on se préparait des Jeux olympiques.
24:16On espère toujours que la pièce va retomber du bon côté, mais on savait que c'était notre point faible, que c'était là où on avait le plus de risques.
24:26Par rapport à certaines mesures qui sont réfléchies aujourd'hui, qui sont travaillées pour la suite,
24:32certaines étaient quasiment impossibles à prendre dans aussi proche des Jeux olympiques de Paris en sortant de Tokyo.
24:40Et les prendre, en tous les cas, aurait pu nous amener dans un système, un peu un cercle vicieux, si vous voulez,
24:49qui aurait pu contaminer d'autres collectifs.
24:51Et ça, on ne l'a pas voulu.
24:53Et donc, c'est une décision qu'on a assumée de dire on va aller aux Jeux olympiques de Paris 2024 sur le sprint dans une continuité de ce qui est en place.
25:02Avec peut-être l'espoir qu'on pourra s'en sortir comme on s'en est sorti dans les championnats du monde de 2022, qui était une bonne surprise en soi.
25:12Justement, quand on voit ces mondiaux de 2022 ici, dans ce Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines, on se dit mais qu'est-ce qui s'est passé en deux ans pour que tout s'écroule ?
25:20Déjà, je pense que pour tous les observateurs, vous noterez bien que les championnats du monde, ce n'est pas les Jeux olympiques.
25:27Déjà, aux championnats du monde, vous avez beaucoup plus d'épreuves, donc vous avez plus de dynamique.
25:32Et naturellement, on fait toujours plus de médailles dans les championnats du monde que dans les Jeux olympiques.
25:37Ensuite, les stratégies des nations ne sont pas les mêmes par rapport à des championnats du monde et des Jeux olympiques.
25:42Ça, ça reste peut-être encore un de nos points faibles, en tous les cas sur la piste de ces trois ou quatre dernières Olympiades.
25:49On a plus de mal à se remettre vraiment en programmation d'un objectif quasi unique de l'Olympiade que sont les Jeux olympiques.
25:58Et ce qui peut créer aussi une différence entre des championnats du monde et des Jeux olympiques.
26:03Vous l'avez parlé au préambule de cet entretien.
26:06Si vous êtes réélu, s'il y a un chantier, un chantier à faire pour le président dans son troisième mandat, Michel Calot, pour la Fédération française de cyclisme, ça serait lequel ?
26:17Le chantier le plus sensible, c'est bien évidemment celui de la route, de l'activité du cyclisme sur route, parce qu'on le sait.
26:27Et je pense que ce n'est pas quelque chose qui vient de la Fédération, mais de plein de paramètres différents dont beaucoup sont extérieurs et liés à des évolutions de la société.
26:36La route souffre. Elle souffre d'abord parce que c'est un espace public qui se partage de plus en plus difficilement.
26:42Donc, il y a déjà des problèmes de sécurité et la route souffre parce que c'est là où on a le plus de mal à transformer un modèle qui est un modèle profondément historique,
26:51profondément attaché à l'histoire de notre sport et qui, pour autant, doit s'adapter aux transformations de la société, à la manière de pratiquer aussi de nos licenciés, qui est sans doute différente d'avant.
27:05Donc, on a fait juste ces deux dernières années une réforme des licences et on a toujours dit que cette réforme des licences avait de sens, que si elle était accolée à une réforme des activités.
27:18Ça touche principalement le cyclisme sur route, cette réforme des activités et elle est maintenant devant nous.
27:23Elle est à conduire. Ça touche au calendrier, à la manière d'organiser notre offre de compétition, au format des compétitions.
27:29C'est tous ces sujets qu'il faut qu'on empoigne, de même que cette fameuse pyramide d'accès aux très hauts niveaux.
27:36Mais ça, on en parlait déjà un petit peu tout à l'heure et qui fait partie pleinement du projet route.
27:42Mais je me permettrais d'ajouter un projet de cœur parce qu'il est directement lié à ce qu'on vient de dire sur les Jeux olympiques.
27:48On a vu la dynamique autour du BMX et vraiment le projet de cœur, c'est d'arriver à relancer un plan massif de construction de pistes de BMX en France.
27:56On n'en a que 270. Quand on regarde ce que ça fait, ça fait à peine trois par département.
28:02Et là, on a matière à construire quelque chose de puissant pour l'avenir de notre fédération sur ce volet là.
28:08Michel Calot, en une minute, pourquoi vous êtes la personne qu'il faut pour diriger encore la Fédération française de cyclisme ?
28:17Moi, je n'aurai pas cette prétention là, mais je peux juste dire que je suis prêt à mettre encore au service de notre fédération mon expérience,
28:24qui est une expérience non seulement de président de fédération, mais je le rappelle de président de comité régional, de président de club.
28:32Elle est importante, cette expérience là. Et puis, au-delà de l'expérience, c'est l'énergie, c'est l'envie, c'est les réseaux accumulés pendant ces huit dernières années.
28:42Et peut-être la force de porter quelques-uns des projets essentiels pour notre sport.
28:48Avec tous les coûts, entre guillemets, que vous prenez, on n'a pas peur du mandat de trop ?
28:53Vous savez, les coûts sont à dissocier du mandat. Le mandat de trop, ça serait le mandat où il n'y a plus l'énergie.
29:00Et pour perdre l'énergie, il faut perdre finalement les objectifs, la notion de projet.
29:06Et je vous l'ai dit tout à l'heure, en début de cette interview, quand vous m'avez demandé finalement pourquoi,
29:10les projets, ils sont puissants et ils seront puissants jusqu'à la fin de l'Olympiade.
29:15Donc, il y a matière à être au travail tous les jours.
29:18Et je pense que pour tous ceux qui me connaissent, ils savent que je compte ni mes heures, ni mon énergie pour la fédération.
29:25Il n'y a pas de raison que ça change.
29:26Un dernier mot pour sourire. Si David Lapartient est élu président du CIO, vous allez briguer la présidence de l'UCI ou pas du tout ?
29:34Ce n'est pas du tout quelque chose à quoi je pense.
29:38Je souhaite d'abord à David pleine réussite pour cette élection vers le CIO.
29:42Ça serait un tel honneur pour le sport français plus de 100 ans après Pierre de Coubertin.
29:48C'est d'abord ça qui est important.
29:50Le reste, je pense que par rapport à l'Union cycliste internationale, au-delà de la présidence, ce qu'il faut absolument préserver, c'est une influence française.
29:59Votre conclusion ? Le cyclisme français ne se porte pas si mal finalement ?
30:04Non, je pense que le cyclisme français se porte même très bien.
30:08Il se porte très bien parce qu'il y a une énergie dans nos clubs.
30:11On a 2300 clubs.
30:13C'est beaucoup plus que des fédérations qui sont souvent bien plus nombreuses en nombre de licenciés.
30:17Donc, il y a une énergie fantastique, une capacité organisée depuis la base jusqu'au sommet, jusqu'au sommet de la pyramide fédérale.
30:25Elle est précieuse, cette capacité-là.
30:27Et puis, on a des champions et des champions.
30:28Et c'est ça l'essentiel.
30:30On est là pour le sport.
30:31On est là pour que des gamins qui rentrent dans des clubs aient envie de rêver à devenir des champions.
30:37Ils ont tout ce qu'il faut en France pour pouvoir atteindre leurs rêves.
30:40Et c'est ça qui doit nous animer.
30:41Vivement la mi-décembre pour qu'on sache ?
30:43Vivement, effectivement, qu'on puisse se projeter à plein dans ce nouveau projet et dans cette nouvelle mandature.
30:50Merci à vous.
30:51Merci.

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