Le secrétaire régional Ufap-Unsa Justice Lyon, Dominique Verrière, était l’invité de Midi News, ce jeudi 24 octobre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la réponse pénale pour lutter contre l’ultraviolence des mineurs : «Vous avez des personnes qui grandissent dans un monde où la violence est omniprésente».
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00:00Ce qu'on vit, c'est ce qu'on vit un peu dans tous les quartiers,
00:03d'une certaine manière, enfin dans tous les quartiers des établissements pénitentiaires s'entend.
00:08C'est-à-dire une hausse de la violence qui est en effet plus visible sur les jeunes mineurs,
00:15parce qu'ils sont un peu les précurseurs, ils nous annoncent ce qui va arriver d'une certaine façon.
00:22Mais je pense que les policiers dans la rue sont encore plus au fait que nous, sans doute,
00:27de ce phénomène-là, puisqu'on incarcère quand même pas très facilement,
00:30mais à la limite, tant mieux, les mineurs.
00:34Et en général, c'est vrai que quand ils arrivent chez nous,
00:37ils ont une fiche pénale à rallonge avec des faits extrêmement graves.
00:40Oui, c'est ce que j'allais dire.
00:41Finalement, les agents pénitentiaires sont confrontés à des jeunes qui sont d'autant plus violents
00:45qu'on ne met pas facilement un jeune en prison.
00:48C'est ça.
00:49Ils nous arrivent en dernière limite, c'est-à-dire qu'ils ont déjà fait des actes extrêmement graves.
00:53Et on doit gérer ça, puisqu'on doit gérer un stock,
00:57puisque c'est tout ce qu'on demande aujourd'hui à la pénitentiaire de faire,
00:59que ce soit pour les mineurs comme pour les majeurs.
01:02On doit gérer un stock et on ne nous donne absolument aucun moyen pour le faire,
01:05évidemment, parce que sinon, ça ne serait pas drôle, sans doute, je ne sais pas.
01:09Mais les outils législatifs ne sont pas du tout adaptés à notre situation, si vous voulez,
01:18et en tout état de cause, au-delà des places de prison qu'il faudrait construire,
01:22ce que j'ai entendu dans votre reportage,
01:24il va falloir réviser en grande profondeur la manière dont on les prend en charge dans les établissements,
01:30puisque vous indiquiez que les établissements mineurs, à juste titre, ce que vous disiez,
01:35dans les EPM, le régime est plutôt adapté à ceux qui sont les plus cools,
01:41alors que c'est là qu'il y a les plus gros moyens.
01:43Il y a les plus gros moyens en éducateurs PJJ, les plus gros moyens en activité, etc.
01:47Alors que dans les quartiers mineurs des établissements pénitentiaires,
01:50on met les détenus les plus difficiles, et c'est là qu'il y a le moins de moyens.
01:55Donc il y a un vrai problème.
01:57C'est quoi le profil de ces jeunes, ils sont condamnés ?
02:00Pourquoi ceux qu'on retrouve dans les prisons pour des faits de plus en plus graves, j'imagine ?
02:04Il y a de tout, il y a de tout ce qu'il y a comme chez les majeurs.
02:07Vous avez des violeurs, vous avez des assassins,
02:10vous avez souvent aussi des gens qui commettent des voies de fait,
02:13des actes de torture d'une certaine façon.
02:17Ce n'est pas d'une certaine façon d'ailleurs,
02:18c'est des véritables actes de torture dans certains cas,
02:21parce que les règlements de comptes sont sans pitié entre eux.
02:25Donc il y a des enjeux de pouvoir, y compris en détention d'ailleurs,
02:28pour régler le trafic de drogue, le trafic de téléphone,
02:33l'argent qui circule, etc.
02:35Et ils sont plus violents qu'auparavant ces jeunes,
02:38puisqu'on entendait dans le reportage qu'ils avaient un parcours judiciaire déjà chevronné,
02:42si je puis dire, puisque dès l'âge de 9-10 ans,
02:45c'était des profils qui avaient commencé déjà à faire guetteur
02:47dans les quartiers pour les trafiquants de drogue.
02:49Est-ce que, justement, une fois arrivés dans ces établissements pénitentiaires,
02:52ce sont des détenus encore plus dangereux que les jeunes ne l'étaient auparavant ?
02:57Certainement.
02:59Moi, mon temps des quartiers mineurs remonte un petit peu.
03:02Les gens que j'ai gardés à l'époque sont aujourd'hui autour d'une trentaine d'années.
03:07C'était certainement des profils assez différents de ce qui arrive aujourd'hui.
03:11En tout cas, des constats qui sont faits par les collègues les plus anciens
03:15dans les quartiers mineurs et EPM,
03:17les profils ont considérablement évolué
03:20en fonction aussi des cités desquelles ils sont issus.
03:24Parce que sur mon secteur, on a deux gros secteurs pourvoyeurs,
03:29que sont Lyon et Grenoble.
03:30Grenoble avec ses spécificités bien à elle.
03:34Et donc, vous avez des gens qui grandissent dans un monde, en fait,
03:38qui n'est pas du tout celui qu'on connaît, entre guillemets,
03:41où la violence est omniprésente.
03:43On ne règle les choses que par la violence.
03:46Donc forcément, quand ils nous arrivent dans les établissements pénitentiaires
03:50ou qu'ils se font face à la police dehors,
03:53c'est assez compliqué à gérer parce que c'est la confrontation
03:57d'une conception de la vie qui est complètement différente
03:59chez les uns et chez les autres.
04:01Et c'est ça qu'il faut réussir à réunir
04:03dans un système où la violence continue d'exister malheureusement, en fait.
04:08Sous-titrage Société Radio-Canada