En 1942, Odette Bergoffen, née Blanchet, alors âgée de 17 ans a sauvé une mère juive et ses deux enfants, Jean-Claude et Liliane Moscovici. Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, le père des enfants est arrêté et déporté vers Auschwitz. Louise, leur mère parvient à s’enfuir grâce à Odette qui lui fournit de faux papiers pour passer en zone libre. Quelques mois plus tard, ce sont les deux enfants qui sont arrêtés et envoyés à Drancy. Odette les récupère et part se cacher avec leur mère à Morannes, un petit village en Maine-et-Loire. Pour avoir risqué sa vie, Odette Bergoffen est nommée Juste parmi les nations en 1994.
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00:00On aurait dû être gazés le 8 novembre 1942 parce que les enfants et la maman qui était avec nous ont été gazés le 8.
00:07En 1942, à seulement 17 ans, Odette Berghofen, née Blanchet, a risqué sa vie pour sauver une mère juive et ses deux enfants.
00:15Ma grand-mère vivait à Vernois. Je passais toutes mes vacances là-bas.
00:20La famille Moscovici s'est installée dans les années 1930.
00:25Mme Moscovici s'embêtait à Vernois, mille à huit ans, c'est pas drôle quand on arrive de Paris.
00:31Donc elle m'invitait à prendre un thé et je me suis doucement introduite dans la famille.
00:37Et puis deux enfants sont nés, d'abord Jean-Claude, après la petite Liliane.
00:43À l'année de la guerre, en fait, j'étais petit, j'avais six ans.
00:46Évidemment, il y avait le climat qu'il y avait, mais je ne ressentais pas ça parce que j'étais extrêmement protégé.
00:52J'avais mon père, ma mère, j'avais trois oncles, j'avais mes grands-parents maternels.
00:56Enfin, c'était la belle vie.
00:58Dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, le père de Jean-Claude est arrêté et déporté vers Auschwitz.
01:04Louise, sa mère, parvient à s'enfuir grâce à Odette, qui lui fournit de faux papiers pour passer en zone libre.
01:09On avait été confiés à des voisins.
01:11J'ai commencé à aller à l'école le 1er octobre 1942 et le 9 octobre, on a été arrêtés.
01:17Et on est partis au séminaire, manger, pendant quelques jours, et ensuite à Drancy.
01:23Drancy, c'était très dur. On dormait sur le sol, sur la paille.
01:28Ma sœur, j'étais tout à côté d'elle, il fallait que je la rassure, elle pleurait, elle criait.
01:32Il y avait plein d'enfants qui criaient la nuit, tout le temps.
01:35Liliane avait deux ans quand ils ont été à Drancy et Jean-Claude avait six ans là-bas.
01:42Ils ont eu la chance de rencontrer le frère de leur maman, qui n'était pas encore déporté en Allemagne.
01:49Il a dit, mais qu'est-ce que vous faites là ?
01:52Mon oncle a été où il fallait aller dans le camp en disant que ses enfants ne sont pas étrangers,
01:57ils sont français, ils sont nés en France.
02:00Au bout de quelques semaines, on a été transférés à l'UGIF.
02:05L'oncle donne à Jean-Claude et Liliane des papiers où figure l'adresse d'une tante qui s'occupe de prévenir leur mère.
02:11La maman a appris ça, elle m'a envoyé un message, va chercher les enfants, ils seront venus à la campagne.
02:17Et puis j'ai été les chercher, je les ai ramenés à Tours.
02:20Quand on était venus nous récupérer, on était rasés.
02:23On aurait dû être gazés le 8 novembre 1942 parce que les enfants et la maman qui étaient avec nous ont été gazés le 8.
02:30Mon chef de résistance m'a dit, mais vous ne pouvez pas prendre la responsabilité de deux petits-enfants, ce n'est pas possible.
02:37Il faut aller chercher la maman.
02:39La maman était en zone libre, alors j'ai été la chercher.
02:42Puis après on s'est retrouvés à Morane parce que j'avais une tante qui avait une épicerie.
02:48Ma tante a été voir le curé de Morane et puis il nous a donné un local, une cuisine, une chambre au bout d'un dortoir
02:56parce que c'était les vacances, il n'y avait pas d'étudiants.
02:59Il n'y avait qu'une carte d'alimentation, il n'y avait que la mienne.
03:02Mais comme ma tante avait une épicerie, on pouvait tricher.
03:05Par exemple, on ouvrait un kilo de sucre, on prenait trois morceaux.
03:09Vous savez, il y avait beaucoup de gens qui étaient repliés sur les petits villages de campagne.
03:14Alors, on ne faisait pas tâche, on était intégrés.
03:21Puis après, on a vécu ensemble des années jusqu'à la libération.
03:26Le jour même qu'on a appris que Morane était dégagée des Allemands, on est partis à Viernoval.
03:32Elle a retrouvé une maison complètement vide.
03:35Alors, les gens du village sympas, ils amenaient une table, ils amenaient un placard.
03:42Les gens étaient vraiment très, très servibles à Viernoval.
03:45Le seul oncle qui est revenu, le seul membre de la famille qui est sursis, s'il n'y en a qu'un qui est revenu,
03:50c'est marié avec ma mère.
03:51Et je veux dire que mon oncle a été extrêmement paternel.
03:54Mais j'étais quand même toujours restée en relation avec la famille Moscovici
03:59parce que du fait que je passais les vacances là-bas à Viernoval,
04:04alors automatiquement, toutes les vacances, j'allais voir les enfants.
04:09Ah oui, Odette, on s'est toujours vues, pas tous les jours, pas souvent,
04:13mais on s'est vues, on s'est téléphonées.
04:15Odette, pour moi, elle fait partie de la famille complètement.
04:19Pour avoir sauvé trois membres de la famille Moscovici,
04:22Odette Blanchet a été nommée juste parmi les nations en 1994.
04:26C'était une belle récompense quand même.
04:29Juste parmi les nations, c'était quand même bien.
04:32Je trouve que j'ai fait ce qu'il fallait faire.
04:34Je n'avais pas peur du tout.
04:36Je n'étais pas toute seule à avoir fait ça, il y en avait d'autres quand même.
04:39Enfin, il y en a beaucoup d'autres qui n'ont rien fait du tout.
04:42L'histoire d'Odette Blanchet et Jean-Claude Moscovici est à retrouver dans
04:45« Il fallait bien les aider » de François-Guillaume Lorrain, publié aux éditions Flammarion.