• le mois dernier
Un spectacle toutes générations, drôle, corrosif et émouvant, ponctué de documents historiques pour rendre hommage à 2 femmes exceptionnelles. Cette pièce retrace le parcours de deux championnes françaises aux destins exceptionnels, Alice Milliat, à l’origine des premiers Jeux Olympiques féminins, ouvre aux sportives l’accès officiel aux J.O. en 1928 jusqu’alors interdits. Violette Morris, championne de France de football, pilote de course reconnue (elle gagne le Bol d’Or en 1927), détenant également le record du monde du lancer du poids, du lancer du disque et devenant la sportive la plus titrée au monde, hommes et femmes confondues. Un spectacle enregistré en juillet 2024 au festival d'Avignon.

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Transcription
00:00...
00:15Musique rythmée
00:18...
00:24René ?
00:26On fait le test casque ?
00:27Tu m'entends ?
00:281, 2, 3, 4...
00:30...
00:34Oreillette ?
00:35Ça fonctionne ?
00:37Oui, parfait.
00:381, 2, 3, 4...
00:39C'est bon.
00:40Super.
00:41On y va ?
00:43Régine, tout est prêt.
00:44On est avec toi.
00:45On est une équipe.
00:46...
00:51C'est quoi, ces trucs qui dépassent ?
00:53René ?
00:54C'est quoi, ces câbles ?
00:55...
00:57C'est pas vrai. Vous pourriez ranger vos affaires ?
01:01Ça fait pas propre.
01:02Régine, on n'a pas le temps.
01:04Le direct est prêt. On y va.
01:06C'est pas bien rangé.
01:07C'est tout prêt.
01:08Ah, ma mère !
01:09Oui, maman ?
01:11Je vais démarrer l'émission. Il y a quelque chose de...
01:14Les poireaux ?
01:15...
01:16C'est bien une soupe aux poireaux. Je vais démarrer l'émission.
01:20...
01:21Quoi ?
01:22C'est quoi, le problème ?
01:24T'as pas de poireaux ?
01:25Ça va être compliqué de faire une soupe aux poireaux sans poireaux.
01:28C'est en public, aujourd'hui.
01:30Bien sûr.
01:31On y va. Tu y vas dans 15 secondes.
01:33C'est parti.
01:3710, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1.
01:46Bonjour à tous.
01:47Bienvenue sur Radio Juste Là 202.4, en direct et en public.
01:52C'est un véritable voyage dans le temps que nous allons faire ensemble.
01:56Nous vous projetons dans les années 30.
01:58Avec notre régie studio et l'incroyable technique de 2024,
02:03nous avons réussi à rejoindre l'année 1931,
02:07où nous nous installons pour une petite heure d'émission en direct,
02:10soit 93 ans en arrière.
02:13Ensemble, nous allons rencontrer deux figures qui ont marqué le sport féminin,
02:18deux pionnières de femmes incontournables,
02:21invitées exceptionnelles, sportives accomplies,
02:24qui, à leur époque, ont œuvré, et sans le savoir,
02:28ont permis aux femmes d'aujourd'hui de participer aux Jeux olympiques,
02:32Alice Milia et Violette Maurice.
02:35Avec elles, nous allons vivre un moment rare, unique,
02:39grâce à une prouesse technique que nous avons mis 5 ans à mettre au point.
02:43Mais avant de les accueillir pour vous immerger dans l'époque où vivent nos invités,
02:49je vous propose une rétrospective de l'année 1931
02:53que nous a concoctée Marina Mielzarek.
02:56Bonjour Marina.
02:58Bonjour à tous, bonjour Brigitte.
03:00C'est encore tout frais dans nos mémoires.
03:02Il y a juste un mois, l'exposition coloniale internationale fermait ses portes à Paris.
03:06Pendant 6 mois, des personnalités venues de tous les pays
03:09ont pu faire en France un tour du monde en un seul jour.
03:12Le petit train de l'exposition a embarqué les visiteurs
03:15à la découverte de palais, de pyramides et de savannes
03:19recréés spécialement pour l'événement.
03:21Un succès pour notre pays et pour les pays européens
03:23comme la Belgique ou la Hollande, représentés dans les différents bâtiments.
03:27L'exposition française coloniale a mis en valeur notre présence européenne
03:31en Afrique, en Asie, mais aussi en Océanie.
03:34Ce sont, tenez-vous bien, près de 8 millions de visiteurs
03:37qui sont venus à Paris en cette année 1931.
03:40Cette actualité rejoint l'actualité du spectacle
03:43puisque Joséphine Baker, la chanteuse noire admirée en Amérique
03:47et en France, reste première chanteuse au box-office
03:51avec son titre « J'ai deux amours ».
03:54Elle est restée en tête du palmarès en France toute l'année.
03:57Enfin, sachez que les habitants de Diète, en Normandie,
04:00peuvent depuis septembre dernier rejoindre la capitale, Paris, en autorail.
04:04Ce modèle de véhicule appelé Michelin, en raison de son appartenance
04:08aux industries de transport Michelin, a des pneus adaptés à la voie ferrée.
04:14La Michelin relie la gare de Deauville à la gare Saint-Lazare
04:17à Paris en 2h30.
04:19Et c'est Marcel Michelin, le fils du patron André Michelin,
04:23qui a eu l'idée d'inviter les journalistes à monter avec lui
04:27dans la Micheline pour ce premier trajet, une première en France.
04:30Merci pour votre écoute.
04:33Tout de suite, vous retrouvez Brigitte Kernel pour son émission.
04:36Merci Marina, nous vous retrouvons dans une heure
04:39pour un nouveau point sur l'information.
04:41Magie de la radio, aujourd'hui sur Radio Justela 202.4,
04:45les voici, sans ceinture de sécurité et sans airbag,
04:48Alice Milia et Violette Maurice-Bénédicte Jingle.
04:53Violette Maurice n'est pas arrivée. Bonne chance, Brigitte.
04:56On les applaudit.
05:10Bonjour Alice Milia.
05:12Vous rencontrer est un honneur.
05:15Serrez la main de la pionnière que vous êtes.
05:17Je vous en prie, asseyez-vous.
05:20Eh bien, ce sont les aléas du direct.
05:25Violette Maurice n'est pas encore arrivée.
05:27Aussi, nous allons démarrer avec vous, Alice Milia.
05:31Alice Milia, bonjour.
05:33Bonjour.
05:34Merci vraiment d'avoir accepté notre invitation.
05:37Aujourd'hui, à notre époque, en 2024, à l'aube des JO,
05:41j'avais très envie de vous rendre hommage
05:43en consacrant une émission à des femmes
05:45qui ont permis à d'autres femmes d'accéder à la compétition.
05:49Des femmes championnes de France.
05:52Vous êtes un personnage historique.
05:53Oh non, je ne crois pas.
05:55Si, tout à fait, comme Violette Maurice, mais différemment.
05:58Pour ceux qui ne vous connaissent pas, Alice Milia,
06:00vous êtes une sportive de très haut niveau, une des plus grandes.
06:04Vous pratiquez l'aviron à un niveau exceptionnel.
06:08Présidente du club Féminasport en 1915.
06:12En 1917, vous faites partie des fondatrices
06:15de la Fédération des sociétés féminines sportives de France.
06:20Vous convaincrez les autorités les plus réticentes
06:22à inclure les femmes dans le monde du sport.
06:25En 1921, vous fonderez, non sans difficulté visiblement,
06:28la FSFI, la Fédération sportive féminine internationale.
06:32Oui, c'est ça, merci.
06:33Je vous cite.
06:34Le sport féminin a sa place dans la vie sociale
06:38au même titre que le sport masculin.
06:40Eh bien, en 2024, Alice Milia,
06:43pour la première fois dans l'histoire du sport,
06:45autant de femmes que d'hommes vont participer aux Jeux olympiques à Paris.
06:49Et ça, c'est en grande partie grâce à vous.
06:52Merci.
06:54Merci de ces mots.
06:55Merci de cette présentation.
06:58Et merci déjà de m'avoir invitée, madame.
07:02Mais, si je peux me permettre,
07:05je comprends bien, vous venez du futur.
07:08Mais qui êtes-vous ?
07:09Pardon, oui, je m'appelle Brigitte Kernel.
07:12Je suis journaliste, animatrice radio et j'écris des romans.
07:16En 1931, c'est assez rare.
07:18À votre époque, il y en a beaucoup.
07:20Oui, nous sommes nombreuses désormais, heureusement.
07:23C'est justement pour cela que vous êtes ici, Alice Milia,
07:27puisque vous avez aidé par vos exploits, par votre combat,
07:30à faire que les femmes puissent participer aux Jeux olympiques.
07:33Avant d'évoquer mon combat, je voudrais dire,
07:36c'est tellement inattendu pour moi de vivre cet instant.
07:40Quand j'ai reçu votre carton, j'ai d'abord cru à une mauvaise blague.
07:43Mais après tout, vous êtes devant moi.
07:45Si vous vivez en 2024, à Fortiori, en 1931, vous n'étiez pas née.
07:50Or, vous me faites face.
07:53Vous pourriez être mon arrière-petite-fille.
07:55Nous pourrions tous l'être.
07:58Qui sait ce que nous réserve l'avenir ?
08:00En tout cas, je suis ravie de savoir qu'en 2024, les femmes font du sport.
08:04Et si j'ai pu y contribuer, c'est déjà une émotion en soi.
08:07Oui, c'est une sacrée victoire.
08:09Vous savez, Alice Milia, qu'aujourd'hui,
08:11de nombreuses personnes connaissent votre parcours.
08:15Il faut que vous compreniez ma surprise.
08:17À mon époque, je me bats pour que les femmes sportives
08:19fassent partie de l'actualité, avec des journalistes hommes
08:22qui nous mettent plutôt des bâtons dans les roues,
08:24alors qu'une femme anime une émission où ses deux invités sont des femmes.
08:29À force d'acharnement, tout arrive.
08:31Pour l'heure, c'est déjà l'heure d'une pause.
08:34Pub, réclame, oblige.
08:42C'est ce soir qu'elle va se décider
08:45Notre belle caissière du Grand Café
08:48Car depuis des mois, on se languit
08:51Vive, mon Dieu, choisit son mari
08:56C'est la boisson de la jeunesse
08:59C'est aussi de la vieillesse
09:02Limonade pur sucre est de tous adorés
09:05Allez, vous faut faire la tenter
09:11La limonade pur sucre est la plus énergétique
09:14et la plus rafraîchissante des boissons.
09:17Premier clin d'œil de l'émission, comme vous avez pu le constater,
09:20nos publicités s'étendront de 1931 à nos jours.
09:24Alice Milia,
09:27vous avez rencontré énormément de difficultés et d'épreuves
09:30pour inscrire le sport au féminin.
09:33Il faut que vous compreniez le contexte.
09:35Jusqu'ici, les femmes sont cantonnées
09:37aux activités ménagères ou maternelles.
09:39Ça fait pourtant bien 40 ans qu'on fait du sport entre nous.
09:42Si vous allez par là, même depuis l'Antiquité.
09:44Or, ce que nous, on réclame aujourd'hui,
09:46ce n'est pas de toucher la balle, comme on dit,
09:48mais de marquer le but,
09:49d'accéder à la compétition comme toute athlète.
09:52En 2024, le football est l'une des disciplines
09:55qui réunit le plus de nations.
09:57Les matchs sont vus par des millions de personnes.
09:59Et vous, vous avez fait du football, Alice Milia.
10:02Oui, effectivement.
10:04Parce qu'on ne le dit pas assez.
10:05La femme excelle individuellement dans sa discipline,
10:07mais elle s'illustre aussi dans des sports d'équipe.
10:10Et à ce sujet, je veux rendre à César ce qui appartient à César.
10:14Violette Maurice est la première femme
10:16capitaine d'une équipe de football en 1919.
10:18Violette Maurice qui ne devrait pas tarder à arriver.
10:21Toujours pas de nouvelles, Brigitte.
10:23Mais pas de messages.
10:26Qu'est-ce que c'est ?
10:27C'est un téléphone.
10:29Oui, bien sûr.
10:30En fait, c'est un téléphone portable.
10:32Vous voulez voir ?
10:33Vous pouvez appeler sans aucun fil partout dans le monde.
10:36Et aujourd'hui, quand on est en retard et qu'on est poli,
10:39on envoie un SMS pour prévenir.
10:41Un SMS comme un SOS ?
10:44Oui, en quelque sorte, c'est un genre de télégramme.
10:46Et vous pouvez appeler de n'importe où, dans la rue, en marchant.
10:49Allô ?
10:51Allô ?
10:52Vous devez d'abord choisir la personne que vous voulez appeler.
10:55Je vous montrerai ça après l'émission.
10:58Vous avez aussi des photos.
11:00Vous avez le pont d'Avignon, un coucher de soleil, mon chien Titi.
11:05Allô, Titi ?
11:07Non, madame Milliat.
11:08Allô, Titi ?
11:09À votre époque comme à la mienne,
11:11les chiens ne répondent pas encore au téléphone.
11:14Bien sûr.
11:16Je vais demander à Bénédicte, la réalisatrice de l'émission,
11:20si madame Maurice ne se serait pas présentée à l'accueil.
11:23Est-ce qu'elle ne serait pas déjà dans l'ascenseur ?
11:25On se renseigne, Brigitte, on se renseigne.
11:28Pas bloqué, l'ascenseur, j'espère,
11:30parce que ça m'est arrivé une fois,
11:32après un entretien à Radio France avec Michel Houellebecq.
11:35Ambiance.
11:37Ambiance.
11:39Oui, ça vous amuse,
11:41parce que vous ne connaissez pas Michel Houellebecq.
11:44Vous, vous ne connaissez pas Michel Dupré.
11:46Non. Bien.
11:47Chers auditeurs, vous pouvez poser vos questions
11:49au standard, au 01 45 24 5000.
11:52Sur Radio Juste-là 202.4,
11:54nous attendons toujours Violette Maurice,
11:56qui ne devrait pas tarder à arriver.
11:58Ne soyez pas inquiète, madame Kernel.
12:00Violette Maurice est pénible quelques fois,
12:02mais on peut compter sur elle.
12:03J'ai lu qu'elle avait un caractère bien trempé.
12:05C'est-à-dire que si on veut faire du sport,
12:07il faut avoir du répondant.
12:09Et le répondant est la chose dont Violette Maurice manque le moins.
12:12Tout à l'heure, je vous parlais d'embûches
12:14pour les femmes dans le monde du sport,
12:16et vous ne m'avez pas vraiment répondu, Alice Milliat.
12:19J'ai couru à Chaville, j'ai ramé à Nogent.
12:23Depuis 1912, je peux dire qu'on s'organise.
12:26Effectivement, en 1912, naît l'UFGF,
12:29l'Union Française de Gymnastique Féminine.
12:31En 1914, la guerre est déclarée,
12:34et pourtant, en moins d'un an,
12:35on dépasse les 80 associations sportives.
12:38En 1918, il se passe une chose étrange.
12:41Jusque-là, les femmes représentent 55 % de la population,
12:44ce qui est déjà pas mal.
12:46Parenthèse, les hommes et les femmes doivent être égaux en droit.
12:49C'est injuste, cette différence de traitement.
12:51Nous représentons la moitié de l'humanité.
12:53Mais bon, 1918, les chiffres tombent.
12:565 contre 1.
12:57Il y a 5 femmes pour 1 homme.
13:00À la place de se dire, tiens,
13:02comment réinventer et rebâtir notre belle patrie ensemble ?
13:05Les hommes, tous.
13:07Du mineur au dirigeant.
13:09Le paysan, un peu moins, forcément, il a besoin de bras.
13:12Mais tous ont pris peur.
13:13Il a fallu que nous regagnions notre place comme avant.
13:16Pourtant, pendant 4 ans, on l'a fait tourner, le pays,
13:19et s'en rechaîner.
13:21Travailler, élever les gosses, trouver de l'argent,
13:23au moins de quoi se nourrir.
13:25Eh bien, on a même trouvé le temps de s'entraîner.
13:28Les filles avaient un moral d'acier.
13:30Et vous savez pourquoi, Mme Kernel ?
13:32Je vous laisse le dire.
13:33Parce qu'on avait un but.
13:35Une raison de trimer.
13:37En sport, s'entraîner pour remporter une victoire,
13:40une vraie,
13:41et au quotidien, pour maintenir la France à flot
13:44pendant que les hommes étaient au front.
13:46Parce que, bien sûr, oui, c'étaient eux, les héros.
13:49Mais tout de même,
13:51à leur retour, un petit remerciement.
13:53C'était une mission.
13:56Vous savez, j'ai l'impression que toute ma vie est une mission.
13:59C'est beau.
14:00Si ça peut vous rassurer,
14:02aujourd'hui, en France, la femme est indépendante financièrement.
14:07Les droits des femmes sont les mêmes que ceux des hommes
14:10dans nos pays occidentaux.
14:11Enfin, nous nous battons toujours pour le slogan
14:13« à travail égal, salaire égal ».
14:16Il faut continuer le combat.
14:18Je redis, j'évoque la condition des femmes dans nos pays,
14:21mais sur d'autres terres dominées par l'extrémisme,
14:23elle peut être lapidée.
14:25Lapidée ?
14:27Mais quand une femme subit ce genre de traitement,
14:29les autres ne se rebellent pas.
14:30Si elles essaient, leur risque est péril,
14:32mais ça finit souvent mal.
14:33Vous savez, j'ai appris une chose.
14:34Ce qui arrive à la voisine peut vous arriver.
14:37En refusant l'inacceptable pour votre sœur,
14:39vous vous protégez vous-même et les générations à venir.
14:42Bon entendeur. Merci, madame Millia.
14:44Brigitte, si Villette-Maurice ne vient pas du tout,
14:46il va falloir inventer quelque chose.
14:48Eh bien, pour les gens qui nous rejoignent, Alice Millia,
14:51nous avons donc évoqué la F-SFSF, puis la F-SFI.
14:57Vous nous éclairez pour les néophytes comme moi ?
14:59Oui, bien sûr, je comprends.
15:00Évidemment, pour nous, c'est limpide,
15:02puisque c'est ancré dans nos esprits depuis des années.
15:05Nous nous sommes battues pour obtenir cette évolution.
15:08Donc, très rapidement.
15:09Tout commence en 1915, avec le club Academia,
15:13qui a été le premier à proposer des rencontres d'athlétisme féminin.
15:16C'était au stade Bransion, à Paris.
15:18Moi, j'ai mon club féminin sport.
15:20Mais il faut attendre décembre 1917
15:23pour qu'officiellement soit reconnue la F-SFSF
15:25que vous avez évoquée tout à l'heure.
15:27En 1921, c'est la F-SFI,
15:29la Fédération sportive féminine internationale.
15:32Mais il faut que vous sachiez que, parallèlement,
15:34la F-SFSF se transforme plus simplement en F-F-S-F.
15:38Ah oui, alors la F-F-S-F-I, donc c'est la Fédération...
15:42Mais non, madame Kernel,
15:43puisque précisément, je viens de vous dire,
15:45le I signifie international.
15:48Or, à votre micro, j'évoque
15:50l'évolution du sport féminin en France.
15:52Vous me rappelez mon maître d'école
15:54quand j'insistais pour en savoir plus.
15:56Ah, ça y est, Brigitte, tu traînasses.
15:58Pardon, je ne suis pas là pour parler de moi.
16:00Vous savez ce qu'on dit, madame Millia,
16:02qu'on est mieux armés pour affronter le présent,
16:05voir le futur, en connaissant son passé.
16:07Vous êtes d'accord ?
16:08Ah, tout à fait.
16:09Pardonnez-moi, je peux prendre un chocolat ?
16:11Ah oui, oui, je vous en prie.
16:13Eh bien, par contre, éloignez-vous un petit peu du micro,
16:16parce que ça fait des bruits de bouche, voilà.
16:19Abordons maintenant votre parcours, Alice Millia.
16:22Nos auditeurs brûlent, j'en suis sûre,
16:24de vous connaître plus intimement.
16:26Alors, moi, je ne suis pas friande de portrait.
16:28Ah, par contre, là, rapprochez-vous,
16:29parce qu'on ne va plus vous entendre.
16:31Donc, je suis née à Nantes, où j'ai grandi, avec mes parents.
16:36Et quelles professions exerçaient-ils ?
16:40Mon père et ma mère tenaient une épicerie.
16:43Et ça, c'était à quelle époque ?
16:45Bien après la guerre du feu, ça vous va ?
16:48Oui.
16:49Bien.
16:50Ensuite, je pars à Londres.
16:51J'ai été institutrice avec mon mari, Joseph.
16:54J'ai 20 ans.
16:57J'ai été très jeune veuve.
17:00Avec Joseph, nous n'avons vécu que 4 ans ensemble.
17:03Lorsqu'il est mort, j'ai voyagé.
17:05J'avais un appétit de découverte.
17:084 ans.
17:09Et vous maîtrisez plusieurs langues.
17:12Ça, c'est très rare à votre époque.
17:13Oui, je parle l'anglais, le portugais.
17:15Je suis allée plusieurs fois au Brésil, mais peu importe.
17:18L'essentiel, j'étais attirée par la découverte de nouvelles cultures,
17:23avec toujours le sport en arrière-plan.
17:26Je peux dire que le sport est ma colonne vertébrale.
17:30Brigitte, elle est arrivée.
17:31Elle est là.
17:32On m'annonce l'arrivée de Violette Maurice.
17:35Eh bien, aujourd'hui, sur Radio Juste Là 202.4,
17:41nous allons décidément vivre un moment extraordinaire.
17:45Je rappelle à nos auditeurs qu'ils peuvent poser leurs questions au standard
17:49au 01 45 24 5000.
17:52C'est une première dans l'histoire de la radio.
17:55Vous voyez, Brigitte, elle arrive sur un bolide.
17:57Elle arrive au volant d'un bolide.
17:59Cher public, je compte sur vous pour lui réserver
18:03un accueil mémorable.
18:04Bénédicte, jingle.
18:11Oh, ça, c'est de l'accueil.
18:13J'apprécie.
18:14Désolée du retard, indépendant de ma volonté, j'ai crevé.
18:18Heureusement, j'avais mon cric.
18:20Madame Maurice, vous avoir à mes côtés est une émotion.
18:23Bonjour.
18:24Et voici, pour excuser mon retard.
18:27Oh, comme c'est gentil.
18:29Avec les racines.
18:30Eh bien, je mettrai ça dans mon jardin.
18:32Ça fera plaisir à Titi.
18:33Mes amitiés à Titi.
18:34C'est mon chien.
18:36Je vous en prie, asseyez-vous, Madame Maurice.
18:38Je rappelle aux auditeurs qu'ils peuvent poser leurs questions
18:41au 01 45 24 5000.
18:43Je vous en prie, mettez-vous à l'aise, Violette Maurice.
18:46Merci.
18:48Oh, la classe, le fauteuil.
18:49Il manque un barreau de chaise et un whisky pas trop tourbés,
18:52et je sens que vous savez recevoir vos invités, Madame Karnel.
18:55En revanche, les roulettes, ça va.
18:57J'ai pas l'âge.
18:58Mon équipe et moi et notre matériel à roulettes
19:01avons tout de même fait 93 ans de chemin pour arriver jusqu'à vous.
19:05Et quand vous voyez le résultat...
19:07Ah, la finesse est là.
19:08Vous êtes magnifique.
19:10Eh bien, pour les auditeurs qui nous rejoignent,
19:14je rappelle que je reçois aujourd'hui Alice Milia et Violette Maurice
19:18de figures du sport qui gagnent à être connues et reconnues.
19:22Et Violette Maurice qui vient enfin de nous rejoindre.
19:25Ça va, j'ai une grosse journée.
19:27Pour vous présenter, Violette Maurice,
19:29vous êtes aussi une athlète remarquable,
19:32aux performances incroyables,
19:34record du monde du lancé de disques, du lancé de poids.
19:37Violette Maurice avec Alice Milia, vous vous connaissez, bien sûr.
19:40Oui, oui, on se connaît.
19:42Alice, mes hommages.
19:45Mes hommages, Violette.
19:48Bon, vous ne nous avez pas fait venir pour qu'on prenne le thé ?
19:51Non, bien sûr.
19:52Alors, à vous deux, vous couvrez la plupart des disciplines.
19:55Alice Milia, en ce qui vous concerne,
19:58quelles sont celles qui ont le plus compté ?
20:00Je dirais le hockey, le vélo et bien sûr l'aviron.
20:04L'aviron, sport dans lequel vous excellez.
20:07Violette Maurice ?
20:10Oui ?
20:11Dans quel sport avez-vous remporté des médailles ?
20:14La boxe, la natation, le javelot, le lancé de poids,
20:17le disque, la motocyclette, l'athlétisme.
20:20Il y en a pour tous les goûts, Mme Kernel.
20:22Alice Milia, quels sports avez-vous en commun ?
20:25Je vois le football, la course, la natation.
20:29Oui, je sais même les sports d'eau.
20:31Ça peut paraître extravagant, mais c'est vrai.
20:33Il est plus rapide d'énumérer les sports
20:35que nous n'avons pas pratiqués, Violette et moi.
20:37Il y a l'équitation, la gymnastique et le tennis.
20:41Les sports les plus gracieux, en fait.
20:43Disons qu'avec Alice, on n'était pas très à l'aise avec la jupette.
20:46C'est pas qu'elle ne m'attirait pas, on est d'accord,
20:49mais moi, en jupe courte, j'avais l'impression d'être déguisée.
20:52Oui, j'imagine. Vous êtes magnifique.
20:55Mesdames, aborderions-nous le sujet Pierre de Couberta ?
21:02Moi, la politique, ça me saoule.
21:04Le sport existe, on veut y prendre part
21:06et on a prouvé par nos résultats qu'on le méritait.
21:08Il serait temps que la méritocratie gouverne notre pays.
21:10Alice Millien ?
21:13On critique beaucoup le baron Pierre de Couberta, avec raison.
21:17Son attitude envers nous mérite le pillori.
21:19Sa misogynie m'a rendue malade plus d'une fois.
21:22Seulement, à votre micro, pour les générations futures,
21:27aussi improbable que cela puisse paraître,
21:29j'aimerais aussi lui rendre hommage.
21:31Toute ma vie, je me battrais pour que les femmes accèdent aux Jeux olympiques.
21:35Or, les JO, comme vous dites, c'est l'œuvre du baron Pierre de Couberta.
21:40Ce qu'il a rêvé nous dépasse tous.
21:42Une abolition des races, des classes sociales, des frontières.
21:46Une vision extraordinaire, mais quelle misogynie tout de même.
21:50Il refusait fermement que les femmes prennent leur place.
21:53Il a tenu des propos inacceptables.
21:55Exécrables propos à notre rencontre.
21:57Il nous a freinés de toutes ses forces jusqu'à sa démission en 1925.
22:01Mais il n'y a pas à dire.
22:03Les Jeux olympiques, c'est l'œuvre du baron Pierre de Couberta.
22:05Imaginez cette vision.
22:07La fraternité de cinq continents qui vont s'affronter,
22:11illustrées par cinq anneaux aux couleurs vives entremêlées.
22:14Et cette compétition est sous les mêmes lois.
22:18Les mêmes lois pour tous.
22:20Je voue ma vie à ce que les femmes accèdent à cet événement.
22:24Il faut bien que cet événement ait l'envergure d'une vie.
22:27L'envergure d'une vie, oui.
22:29Violette Maurice, avez-vous l'impression de vous battre aussi pour les femmes ?
22:35Moi, je me bats tout court.
22:37Sans qu'on part avec un handicap sévère, franchement.
22:39Le sexe faible, qu'est-ce que ça veut dire ces deux mots à coller ?
22:42On a prouvé par notre attitude pendant la guerre
22:44qu'on ne méritait pas cette appellation.
22:47Cette appellation n'est pas honnête.
22:49Le sexe faible, oui.
22:50Violette a raison.
22:51À travail égal, nous n'obtenons jamais la même reconnaissance.
22:53Pourtant, on la mérite.
22:56Le sexe faible est ancré dans les mentalités.
22:58Il nous faut refuser cet état de fait.
23:00Nous devons exiger des lois, des commissions
23:02qui seront forcées de constater nos résultats
23:04et de confronter les gens à leurs incohérences, à leurs préjugés.
23:07Nous devons être revalorisées.
23:10Brigitte, une auditrice au Standard, ne te plante pas.
23:12C'est du lourd.
23:13On m'a dit qu'il y a quelqu'un au Standard, oui.
23:16Bonjour, je vous écoute.
23:20Marlène Dietrich ?
23:22Oh, mais quelle surprise, quelle joie !
23:25Oui, bien sûr, je comprends, vous êtes pressée.
23:28Quelle est votre question ?
23:30Oh, au moins qu'une question.
23:32Un témoignage.
23:34Je voudrais, mesdames, vous dire que je suis à vos côtés.
23:37Et un message tout particulier pour Violette.
23:43Dans mon deuxième film avec Sternberg,
23:46que je tourne actuellement,
23:48« Morocco »,
23:50je suis en frac, moi aussi.
23:53Et j'espère de tout cœur qu'il va traverser l'Atlantique
23:59pour faire évoluer les mentalités dans nos pays respectifs
24:03et à travers le monde.
24:05Mesdames, je sais ce que vous endurez.
24:11Et du haut de mes dix ans de cabaret,
24:15je voulais vous dire, je vous comprends.
24:19Et je vous ai concocté une chanson de ma composition
24:26en hommage.
24:28Johnny, version Violette.
24:59Halb film Violette.
25:04Merci, Marlène Dietrich.
25:06Surtout, n'hésitez pas à intervenir à nouveau si le cœur vous en dit.
25:10On se perd pas de vue, Marlène.
25:12Tentons de reprendre le fil de l'émission malgré cette émotion.
25:16Mesdames, en 1931,
25:20vous avez déjà obtenu que les femmes puissent participer
25:23aux Jeux Olympiques de 1922, de 1926, de 1928.
25:27Quelles ont été vos actions les plus marquantes pour vous faire entendre ?
25:32J'aimerais juste émettre une rectification.
25:35En 1922, on participe, certes,
25:37mais on a surtout le droit de courir sur le terrain.
25:39La réalité, c'est qu'il faut attendre les Jeux de 1928
25:42pour réellement concourir dans différentes disciplines.
25:45Violette Maurice, quelles ont été vos actions les plus marquantes ?
25:48En boxe, par exemple. Je me suis battue au sens premier du terme.
25:52En cherchant la confrontation, j'ai apporté ma pierre au projet d'Alice.
25:55Il faut que vous réalisiez.
25:57Les hommes avaient leurs matchs. Ils concouraient pour des victoires.
26:00Et nous, les femmes, on était cantonnées aux matchs d'exhibition.
26:03Alors, franchement, j'ai joué le jeu.
26:05J'ai essayé les matchs pour femmes.
26:07Mais alors, moi, cogner sur une femme, ça me fait mal.
26:10En devenant championne de France de boxe et ce, face à un homme...
26:13Brigitte Bicrot, pour les auditeurs.
26:15J'ai prouvé que les femmes méritaient leur place au sein des Jeux.
26:17Si on est capable de décocher un uppercut qui met K.O. un champion masculin,
26:21on est capable d'arbourer leur médaille.
26:23Nos frêles épaules peuvent supporter ce poids.
26:26Promis.
26:28Vous savez, mesdames,
26:30les femmes, aujourd'hui, ont toujours la sensation de supporter beaucoup.
26:35Ah, oui, pardon.
26:37Nous pourrions parler de la charge mentale des femmes, mais...
26:40nous n'aurions pas assez d'une semaine d'émission, je crois.
26:43Charge mentale, c'est quoi ?
26:44Eh bien, je vous propose une petite pause pub.
26:47Bah, déjà ? Et ton clin d'œil ?
26:49Oui, bon bah, tout à l'heure. Allez, lance.
26:57C'est à vous, M. Duret.
26:59Un cœur.
27:01Rapide.
27:03Deux cœurs.
27:06Ah, ah.
27:10C'est à vous, M. Duret.
27:13Deux mille.
27:15Trois.
27:16C'est tout.
27:17Et vous êtes bien excusable.
27:20Les cheveux canoricinés sont toujours si bien bouclés.
27:23Les cheveux canoricinés sont toujours si bien bouclés.
27:26Coiffés.
27:28Si brillants.
27:30C'est qu'elle est merveilleuse, la brillantine lustrale canoricin.
27:34La brillantine canoricin rendra vos cheveux beaux et sains.
27:41Clin d'œil culture.
27:43Saviez-vous que, déjà, durant l'Antiquité,
27:46des sports aériens étaient attitrés aux femmes ?
27:48Ouais, merci, elles avaient le droit à la gym.
27:51Alice Milia,
27:53vous semblez songeuse, tout à coup.
27:55Qu'est-ce qui fait que l'être humain met ses congénères dans des cases ?
27:59En vous parlant,
28:01serons-nous toujours fabricants d'exclusions ?
28:03C'est une vaste question. On vous entend.
28:06Enfin, presque.
28:07Brigitte, laisse tomber. On va les récupérer en micro d'ambiance.
28:09En sport, c'est forcé, ne serait-ce qu'à travers nos performances.
28:13Mais dans nos sociétés, tout est hiérarchie.
28:15Il y a celle de l'intelligence, celle de l'argent,
28:18de par la nature même de l'humain, avec ses préférences.
28:21Donc, l'idée d'aplanir toute affinité est utopie.
28:25D'où l'importance d'une loi qui protégerait quiconque.
28:28Ouais, alors là, mollo,
28:30parce que la justice, elle aussi, elle est parfois à deux vitesses.
28:34Pardon, Mme Kernel, mais au risque de choquer vos auditeurs, spectateurs,
28:38moi, je suis pas loin de penser que la loi du Colt, c'était pas si mal.
28:41Pardon, Mme Maurice ?
28:43Mais c'est très grave, ce que vous dites, là.
28:45À la radio comme dans la vie.
28:47D'autant que, d'après mes fiches,
28:49vous avez été inquiétée plusieurs fois pour faits de violence
28:52et vous avez été radiée, non ?
28:54Faits de violence y compris sur la mouette, votre péniche, votre lieu privé.
28:58Mais effectivement, Brigitte.
28:59Et puisque vous semblez si bien informée,
29:01vous savez pourquoi je l'ai appelée la mouette, ma péniche ?
29:04Non.
29:04Parce que je voulais qu'on soit libre.
29:06Et qu'avec Yvonne, on vole comme des oiseaux.
29:09On puisse larguer les amarres quand on veut.
29:11Yvonne ?
29:12Yvonne Debray, ma princesse.
29:14Une comédienne qui mérite d'être applaudie et reconnue.
29:17Elle a commencé avec Sarah Bernard et Réjeanne
29:20jusqu'à ce qu'elle prenne son envol.
29:22Et comme un vent fluet,
29:25elle vient se poser dans mes bras.
29:27Comme un vent fluet, c'est très joli, cette licence poétique.
29:30Mais enfin, c'est aussi après un drame sur cette même péniche
29:34qu'on vous a enlevé votre licence, Violette Maurice, non ?
29:41La vie est tellement injuste.
29:44Elle a souvent une longueur d'avance sur nous.
29:48Dieu sait que j'en ai boxé des bons hommes, avec ou sans titre à la clé.
29:52Mais tuer un cambrioleur ? Sérieux ?
29:55Avec Yvonne, on n'avait rien sur la mouette.
29:57On vivait d'amour et d'eau fraîche.
29:59De sueur pour moi et de littérature pour madame.
30:03Quand j'ai tué ce cambrioleur, c'était de la légitime défense.
30:06Vous êtes allée devant la justice.
30:07Ils ont reconnu que ce type était armé.
30:09Il m'a menacée avec un pistolet.
30:12Le parquet a bien statué que c'était de la légitime défense,
30:14mais j'avais tellement hurlé que j'aurais été capable de tuer un homme à main nue
30:17à cause de mon viol.
30:24Un viol.
30:26Je sais que c'est difficile d'en parler, mais...
30:29Vous voulez dire quelque chose, Violette ?
30:32Vous auriez éclamé à plusieurs reprises sur le ring
30:36que j'ai l'impression de boxer l'homme qui m'a violée à 17 ans.
30:38Vous avez vraiment dit ça ?
30:41Violette ?
30:44Violette ?
30:55Alice Melia, vous voulez dire quelque chose ?
30:59Violette me l'a dit, à moi aussi.
31:02Vous savez, madame Kernel, à vous écouter,
31:05à vous voir libre et assurée dans votre costume
31:08qui a l'air certes confortable, mais tout de même,
31:11le progrès de la couture est curieux.
31:14Il semble que votre époque vous protège davantage que la nôtre.
31:18Violette était en pension.
31:20Une pension certes huppée, car ses parents sont de la haute, comme on dit,
31:24mais elle n'en a pas moins été abandonnée par eux.
31:27Et le jardinier de l'établissement a fait sa petite affaire, comme on dit.
31:31En toute impunité.
31:33Parce que notre parole contre la sienne n'a aucun poids.
31:37Nous, c'est le poids de la honte qu'on se traballe.
31:41Qu'est-ce qu'il nous reste à nous à part la colère ? La hargne ?
31:44Violette ?
31:47Merci, Alice.
31:50La vérité, c'est que j'ai trouvé que la violence pourrait apprivoiser ma peur.
31:55Et si je veux continuer à être honnête,
32:00j'ai quitté le pensionnat en 1910 parce que je sentais...
32:04Je risquais de le tuer, j'avais 17 ans.
32:06Attendez, Violette.
32:08Vous voulez dire que tous les boxeurs cognent pour se venger de quelque chose ?
32:14Non, madame Kernel. J'ai trop de respect pour les sportifs,
32:17et surtout, je parlerai jamais à la place de quelqu'un d'autre.
32:20Seulement pour moi, c'est vrai.
32:22A chaque uppercut, je rêve que je m'échausse au salopard de jardinier.
32:26Je comprends.
32:28Brigitte, attention, publicité dans les tuyaux.
32:30Alice Milliam,
32:32vous, la violence ne vous inspire pas.
32:36Si vous avez combattu, c'est pour la légitimité des femmes dans le sport.
32:40La légitimité d'être une femme tout court.
32:42Evidemment.
32:44Pub, Brigitte ?
32:46Eh bien, il y a des traditions à la radio, et c'est de nouveau l'heure d'une pause pub.
32:51Molly Nagui ouvre également de nouveaux horizons avec cette publicité pour costumes.
32:56Elle se présente comme un jeu, une succession de pages qui se déplient, se rabattent,
33:01font soudain apparaître un personnage dressé, et donnent une idée de l'abondance du choix.
33:09Revenons à nos invités, Alice Milliam et Violette Maurice, sur Radio Justela 202.4.
33:16Alice Milliam, on dit que l'union fait la force, mais ça n'a pas toujours été facile.
33:21Ça n'a pas toujours été facile ?
33:24Avoir Violette dans son équipe est un plus, puisqu'elle gagne et monte sur le haut des podiums.
33:29Mais c'est vrai que ça n'a pas toujours été facile.
33:32C'est-à-dire ?
33:34Violette ne m'en voudra pas de le dire, parce qu'elle sait que c'est vrai.
33:37Mais ce qui est compliqué avec Violette, c'est qu'elle aime se prendre pour un homme,
33:41elle se comporte comme eux, se sent homme d'ailleurs, je ne sais pas.
33:45Violette Maurice, réaction ?
33:47Eh, moi, faut pas trop m'en coller sur le dos.
33:49Mon combat, c'est le sport pour tous.
33:51Violette, les hommes ont pu penser que vous vouliez les contrer,
33:55remettre leur virilité en question, c'est passé…
33:59Comme une provocation, ça a aggravé la situation, bougé les lignes ?
34:03Oui, exactement. Ça a bougé les lignes de ma démarche,
34:06parce que d'un coup, on confondait le fait que la femme ait l'autorisation de concourir aux Jeux Olympiques
34:10avec le fait que la femme puisse vouloir remplacer les hommes.
34:14Oui, c'est ça, ils ont pris ça comme une provocation.
34:16Ça a provoqué encore davantage les hommes qui rejettent Violette parce qu'ils la redoutent.
34:19Alors que Violette veut juste… comment dire ?
34:24Vous voulez préciser, Violette ?
34:26Être moi.
34:28Moi, je veux juste être moi.
34:30Être vous.
34:32Pourquoi on me laisse pas simplement exister ?
34:34Ah non, mais là, c'est quoi ?
34:36T'as un problème, Bénédicte ? Un petit problème technique ?
34:38Non, t'inquiète pas Brigitte, c'est une petite secousse temporelle, tout va bien.
34:41Ah, quand y a eu la guerre,
34:44quand je me suis retrouvée propulsée ambulancière deux mois auparavant,
34:47j'avais jamais eu de vol entre les mains, qu'est-ce que j'ai fait ?
34:49J'ai retroussé mes manches et j'y suis allée.
34:51Et là, mon style, il choquait personne.
34:5322 ans, prête à tout pour aller aider à sauver des vies le plus vite possible.
34:58Et là, y a pas eu de soucis pour que j'aille au front en pantalon ou en chemise.
35:01Et qu'à l'égal des hommes, j'en récupère des corps en vrac hurlant « Maman ! ».
35:04Gars amputés, torses explosés, gueules cassées.
35:06Ces petits jeunes en uniforme, j'espère les avoir soulagés.
35:09Ils me regardaient dans les yeux comme si j'étais leur mère,
35:12leur sœur ou leur femme quand j'arrivais à les secourir.
35:16Et les gradés, ils me respectaient.
35:19Vous avez prouvé que face aux devoirs, la femme est l'égale de l'homme.
35:24Et là, je peux vous dire que mon allure, il s'en fichait pas mal.
35:27Et puis, très vite, ça a recommencé pendant la guerre.
35:30Les insultes, les caricatures, les moqueries.
35:33Sans en rajouter, est-ce que vous voulez nous confier, Violette, l'insulte qui vous a le plus blessée ?
35:40J'en ai pris des coups dans la gueule, au sens propre comme au figuré.
35:44Pendant une période de ma vie, c'était même tous les jours, et ça a commencé très tôt.
35:47Dès l'école.
35:49Les enfants, entre eux, ils se ratent pas.
35:51Le plus violent, c'était pendant les matchs de boxe.
35:54Vous savez, sur le trajet du vestiaire au ring.
35:56Là, les insultes, ça pleuvait. Le petit, il n'avait plus aucune chance.
36:00Non.
36:02Ce qui m'a vraiment blessée,
36:04je dirais qu'il y a deux phrases.
36:06La première, je l'ai lue dans un journal.
36:08C'était titrée
36:10« Violette Maurice, celle qui a la circonférence de la colonne dont elle porte le nom ».
36:16Et celle qui m'a le plus écœurée,
36:19c'est le propos d'un étudiant de la Sorbonne.
36:21Vous voyez, un qui pense.
36:23À l'époque, il a 20 piges.
36:25C'est pas encore la taupe de son castor.
36:28Il s'appelle Jean-Paul.
36:30Monsieur Jean-Paul Sartre.
36:32Et bien, ce petit monsieur, il a dit
36:34« Les femmes aux gros seins ayant une petite cervelle,
36:36se les faire enlever ne va pas rendre Madame Maurice plus intelligente ».
36:40Révérend Jean-Paul.
36:42Et tout ça malgré votre travail et votre mérite pendant la guerre.
36:46Ah, ça aurait pu m'affaiblir, mais j'avais la volonté.
36:47Relever encore d'autres défis.
36:50En 1924, je suis à nouveau radiée.
36:54Il paraît que mon langage est un peu trop fleuri.
36:57Un peu fleuri, oui.
36:59C'est pas ça Brigitte, mais moi j'aime les primes verts.
37:01Alors parfois, je les offre en bouquet.
37:03Peu importe, 1924, interdit de toute discipline.
37:07Qu'est-ce que je fais ?
37:09Je rassemble toutes mes économies et tapis.
37:11Je me plonge dans la course automobile,
37:14le seul sport à l'époque sans licence.
37:16Et c'est vrai que j'y vais pas à moitié.
37:19Je me fais supprimer les seins pour mieux attraper le volant.
37:221924, il y a tout juste cent ans...
37:24Et ceux qui sont pas contents de ma contribution au sport français à cause de mes habits, je les emmerde.
37:28Trois ans plus tard, je gagne le bol d'or.
37:31Vous êtes une pilote de bolide incroyable, Violette.
37:36Et en 1927, vous êtes l'athlète la plus médaillée au monde,
37:40hommes et femmes confondus.
37:42Voilà.
37:43Eh bien, revenons à la course automobile.
37:47Ah, avec bonheur, Brigitte.
37:49Si vous saviez le bonheur que c'est de dompter des bolides.
37:53Quand j'ai entre le main le moteur de ma BNC Bollach-Nether, une 527 GS, un moteur rubis, vous connaissez ?
38:00Non, je conduis pas.
38:02Oh non. Une femme qui conduit pas en 2000 et des brouettes ?
38:06En 2024, oui.
38:08Votre mari vous l'interdit, faut pas vous laisser faire.
38:09Non, non, Violette. Vous savez, aujourd'hui en France, rien n'est interdit aux femmes.
38:13Oh, pardon. Excusez-du-peu.
38:16Peut-être que vous n'aimez pas conduire après tout et que vous voulez simplement être vous.
38:20C'est pas moi qui vais vous juger.
38:22Brigitte, un poète au standard, Goderic de Lyon.
38:25On m'indique un nouvel auditeur au standard. Oui, bonjour, je vous écoute.
38:29Un poème, c'est gentil, ça, on vous écoute, Goderic.
38:32Soyons clairs, ce n'est pas un poème, je voulais juste être sûr de passer votre standard.
38:36Et vos chiennes de garde.
38:37Même sur les ondes, on n'en peut plus de vos cimagrées.
38:40Mais qu'est-ce qu'on en a à foutre d'une femme qui court ?
38:43Une femme est faite pour être engrossée, pas pour se stériliser elle-même à force de sport.
38:49Bande de dégénérés.
38:51Mais gros con, tu le prends ton tube et tu t'en fais une cravate pour te pendre.
38:54Violette, un peu de tenue, s'il vous plaît. Montrons l'exemple au moment où les auditeurs dépassent...
38:58Non, Brigitte, pardon, pardon, mesdames.
39:00Mais est-ce que ça n'est pas montrer l'exemple que de savoir se lever de temps en temps pour dire non au bas du front ?
39:03Violette, nous sommes bien ensemble, vous êtes magnifiques, asseyez-vous.
39:08Hé, attention, Brigitte, là, ça fait trois fois, on est tous d'accord.
39:12Alice Milia, il vous en a fallu du courage à toutes pour continuer.
39:18C'est-à-dire qu'on en a entendu, vous savez...
39:22Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Oh, pardon, Brigitte, j'ai une boulette en régie.
39:26Encore un problème technique, là, ça fait beaucoup. Alice, je vous écoute.
39:29Oui, je vous disais, c'est-à-dire qu'on entendait à force de se muscler, elles n'auront plus de forme.
39:35Impossible de les marier, aucun homme ne voudra plus d'elles.
39:38Vous êtes devenues dépestiférée.
39:40D'un côté, on entendait, elles portent des shorts, des jupes courtes, on voit leur cuisse, c'est indigne.
39:46Et de l'autre, tu devrais aller les voir dans leur petite tenue sportive, on voit leur intimité, tu vas te régaler.
39:52Des voyeurs.
39:53D'un côté, on était plus capables d'enfanter, plus désirables.
39:56Et de l'autre, on se faisait poursuivre par des salopios qui voulaient s'en mettre plein les mirettes.
40:02Encore un problème technique.
40:04Mais c'est pas possible. Votre technique, elle va revenir.
40:07Vous inquiétez pas, Alice, c'est qu'une liaison entre 2024 et 1931, c'est pas simple.
40:13C'est amusant, ça, vous nous imaginez, toutes les trois, avec le public, à voyager dans le temps jusqu'à la fin de nos jours.
40:19Non, non, vous inquiétez pas, Violette, Bénédicte va trouver une solution.
40:22Qu'est-ce qu'il se passe en régie, vous avez trouvé quelque chose ?
40:24Non, ça va se régler, Brigitte, pas de soucis, c'est un petit problème de décalage horaire, on a juste changé d'époque.
40:29Mais on s'inquiète pas, Brigitte, on s'inquiète pas.
40:31En tout cas, vous savez, pour moi, c'est difficile, je dois absolument rentrer chez moi, j'ai une athlète à entraîner.
40:36Je vous comprends parfaitement, Alice.
40:38C'est drôle, moi, j'aime toutes les aventures. Tu signifies que je suis une trouillarde ? Un peu, oui.
40:42Violette, je ne te permets pas, nous sommes à la radio.
40:44S'il vous plaît, mesdames, ne vous discutez pas.
40:46Trouillarde ! Violette, stop ! Trouillarde ! Ah, ne te frappe pas, Alice, je t'admire, tu sais, je t'ai en affection.
40:52Mais moi aussi, Violette, moi aussi.
40:54Chers publics, visiblement, le noir se prolonge.
40:58Bon, Bénédicte, t'aurais pas un micro à pile ? On va trouver, je sais pas, on va improviser ?
41:01Ah, ça y est, j'aime mieux que ça, Brigitte, on repart. Antenne dans 6, 5, 4...
41:05Silence, mesdames !
41:06Mais on parle pas.
41:072, 1...
41:09Nous voici revenus sur Radio Juste-là 202.4, en direct et en public.
41:13Comme vous avez pu le constater, il y a eu un petit problème technique, mais tout est rentré dans l'ordre, tout va bien.
41:19Alors, je suis toujours avec Alice Milia et Violette Maurice, deux athlètes exemplaires qui ont marqué l'histoire de France.
41:26Nous allons passer tout de suite à notre quiz, les questions d'enfants.
41:30Pour vous, Alice.
41:31Bonjour, je m'appelle Émy, j'ai 9 ans, et aussi, j'aimerais savoir pourquoi les poissons rouges, ils tournent dans un bocal ?
41:40Ah, c'est une jolie question, ça, Émy.
41:43Bonjour, Émy. Quelle jolie question.
41:46Effectivement, tu imagines ce petit poisson rouge tout seul dans son bocal.
41:50Lui, il remet ses exercices au quotidien dans la balance.
41:55Tu sais, tu soulèves une question importante qui est la question de l'endurance.
42:00En sport, il n'y a pas que le sprint.
42:02Tous les jours, endurance rime avec patience et la gagne dont on parle au sport.
42:08Est-ce qu'elle n'est pas, a priori, peut-être vis-à-vis de soi-même ?
42:12Nous avons une deuxième question d'un petit Hugo, je crois.
42:16Est-ce qu'il faut avoir des gros muscles pour faire du sport ?
42:20Alors, bonjour Hugo. Non, je te rassure, les gros muscles ne sont pas obligatoires.
42:25Mais ils peuvent être bienvenus lorsqu'ils apparaissent.
42:28Tu sais, ce qui est merveilleux avec le sport, c'est de se sentir bien dans son corps.
42:33Et puis, tu vas découvrir le plaisir ressenti lorsqu'on pratique une activité physique.
42:40Avec toujours cette volonté de donner son maximum et de se découvrir nouveau tous les jours.
42:47Merci Alice, merci Emy et Hugo.
42:49Des enfants qui, peut-être un jour aussi, auront la vocation du sport.
42:53Et c'est déjà l'heure d'une nouvelle pause pub.
42:59Bien sûr, PLEASE fait merveille pour ôter la poussière, mais ce n'est pas tout.
43:04Avec PLEASE, la poussière n'est pas simplement déplacée, elle reste sur le chiffon.
43:08Résultat, les meubles restent brillants plus longtemps.
43:10Et c'est tant mieux parce que je ne ferai pas ça tous les jours.
43:13PLEASE prend la poussière au piège.
43:15Et c'est tant mieux parce que je ne ferai pas ça tous les jours.
43:18Marie-Pierre Cazet qui a marqué les esprits.
43:21Une femme éclairée.
43:22Violette Maurice, quelle est, selon vous, la motivation de ceux qui, malgré les difficultés, se lancent dans une carrière sportive ?
43:31Vous savez, chaque être est singulier.
43:34Ce qui est fabuleux dans le sport, c'est qu'on ne peut pas y aller à moitié.
43:38Vous voyez, on est obligé de s'y plonger tout entier.
43:40Pour moi, en 1918, il se passe une chose étrange.
43:43C'est la fin de la guerre.
43:44Je devrais me sentir soulagée ?
43:46Eh bien, pas du tout.
43:47Mes parents décèdent.
43:49Et malgré tout ce que j'ai à leur reprocher, le fait de m'avoir si mal aimée, si peu protégée, leur disparition m'abat.
43:57Je réalise, les vieux sont un paravent avant le grand saut.
44:01Il fallait à tout prix que je me plonge dans une nouvelle discipline.
44:04J'ai choisi le football.
44:06Un sport d'équipe.
44:07Vous savez, parfois, le destin choisit pour vous.
44:10Et toi, Alice, qu'est-ce que le destin a choisi pour toi ?
44:13Alice va avoir un petit peu de temps pour répondre à cette question, parce que c'est maintenant l'heure d'une pause musicale pour vous, Violette.
44:19Joséphine Becker, J'ai deux amours.
44:23Ah.
44:26Musique ?
44:29Il y a encore un problème ?
44:32Bon, là, ça commence à suffire.
44:33Alors, elle est où, Joséphine ?
44:35On avait tout calé, on avait tout prévu.
44:36Faut que je la chante moi-même, la chanson ?
44:38Ah oui, je veux bien, s'il te plaît.
44:39Ça m'arrangerait, Brigitte.
44:40Tu peux bien chanter.
44:41Eh, Brigitte, peut-être que le disque a fondu.
44:43Non, non.
44:44Aujourd'hui, les disques ne fondent plus.
44:45J'avoue que je me sens seule.
44:46Enfin, ça fait cinq ans qu'on prépare cette émission.
44:48Pourquoi ?
44:49Il y a tout le temps des problèmes techniques.
44:50Ben, on est désolée, Brigitte.
44:51On ne comprend pas.
44:52On court partout.
44:53Il y a un câble qui manque, qui a été arraché, coupé.
44:55On ne sait pas.
44:56On ne comprend pas.
44:57Ça fonctionnait tout à l'heure.
44:58Alors, on court partout.
44:59On fait au mieux.
45:00On t'assure.
45:01On va réparer ça.
45:02Ne t'inquiète pas.
45:04Ben.
45:08Si on buvait un verre pour se détendre, non ?
45:12Et puis, nous allons continuer cette émission en aparté.
45:17Vous buvez quelque chose, Violette ?
45:19Moi, je ne dis jamais non à un single malt.
45:21Et vous, Alice ?
45:23Avec plaisir, un thé Earl Grey, pour me rappeler mes vingt ans.
45:28Ça y est, on l'a retrouvée, la Joséphine.
45:29Ça repart.
45:30Eh bien, nous, nous allons l'écouter en buvant un verre.
45:33Ça y est, on l'a retrouvée, la Joséphine.
45:34Ça repart.
45:35Eh bien, nous, nous allons l'écouter en buvant un verre.
46:03À la santé de Joséphine, un instant musical.
46:33Clin d'œil à une amie à vous, Violette Maurice,
46:35qui aurait pu être invitée à vos côtés.
46:38Violette Maurice, les années vingt, c'était une période joyeuse.
46:42Si vous saviez le plaisir que j'avais à déposer Joséphine
46:46tous les soirs à son casino de Paris dans ma décapotable.
46:49Je me sentais le maître du monde.
46:51Le monde du spectacle, ça changeait de tout ce qu'on se prenait dans la gueule.
46:55Violette Maurice, vous avez été l'amante de Joséphine Baker.
47:01Enfin, madame Kernel, Violette n'a pas à répondre à cette question.
47:05Je vous rappelle que nous sommes à la radio.
47:06Enfin, Alice, c'est l'actualité.
47:08Votre réalité peut aider à comprendre notre société.
47:11Eh, Alice, dessert le corset.
47:14Moi, ça m'amuse de savoir qu'en 2024,
47:16madame Kernel, elle soit au courant de mes conquêtes.
47:19De quelques-unes, j'imagine.
47:21On s'en parlera au micro.
47:22Eh bien, les minutes s'égrenent
47:24et c'est déjà l'heure du flash info de notre époque,
47:27de ce 8 mars 2024 par Marina Mielzarek.
47:32Bonjour Brigitte, bonjour à tous.
47:34C'est aujourd'hui le 8 mars, la journée internationale du droit des femmes,
47:37journée officialisée au sein de l'ONU à New York en 1977.
47:42Le thème pour cette année 2024,
47:44l'investissement auprès des femmes, il faut accélérer le rythme.
47:47Partout dans le monde, donc, des femmes vont revendiquer leurs droits.
47:51En Pologne, les féministes vont défiler pour l'accès à l'avortement,
47:54un droit que la nouvelle majorité au gouvernement vient de leur redonner.
47:58Et ce 8 mars, elles militent pour une simplification des démarches.
48:01Ailleurs en Europe, ce sont tous les Irlandais, hommes et femmes,
48:05qui sont invités à voter aujourd'hui.
48:07Deux référendums féministes sont organisés
48:09pour modifier dans la constitution des termes jugés trop sexistes,
48:13comme « femmes au foyer » ou encore conformer la notion de famille
48:16aux habitudes d'aujourd'hui.
48:18Culture toujours au Maroc.
48:20Ce soir se clôture le festival de danse contemporaine de Marrakech.
48:24Un mode de sport, avec ce 8 mars, le marathon et le billet de long-femme.
48:28C'est aux États-Unis que ça se déroule, à l'ouest du pays, à Salt Lake City, exactement.
48:33Prochaines informations dans une heure.
48:35En attendant, c'est Brigitte Karnel que vous retrouvez pour son émission
48:38consacrée à deux grandes femmes.
48:40Ça tombe bien, c'est le jour.
48:42Alice Milia et Violette Maurice.
48:44Merci Marina.
48:45Oui, nous restons dans le sport avec mes invités.
48:48Alice Milia, vous semblez très heureuse.
48:52Pardon Brigitte, mais le 8 mars, la journée internationale des droits des femmes.
48:57Ça vous réjouit.
48:58Ouais, mais alors qu'est-ce qu'il se passe ?
49:00Il est 364 autre jour.
49:02Ça vous avez raison.
49:03Excusez-nous Brigitte, mais je réalise en entendant votre flash info
49:06que nous avons des questions à vous poser sur le progrès, sur l'idéal du progrès.
49:11Nous, par exemple, nous sommes passés en agriculture des bœufs au tracteur,
49:14puis plus tard aux machines, que se passe-t-il ensuite ?
49:17Est-ce qu'on prendra davantage soin de la santé ?
49:19Est-ce qu'on vivra plus longtemps ? Est-ce qu'on vivra jusqu'à 100 ans ?
49:22Ah oui, 100 ans c'est possible.
49:24Aujourd'hui, en 2024, on a recensé 30 000 centenaires.
49:27Alors, sur ces 30 000 centenaires, j'imagine qu'il y a des femmes.
49:30Et elles, est-ce qu'elles ont le droit de porter un pantalon ?
49:33Oui, elles portent des jeans, des pantalons comme le mien.
49:36Merci Brigitte.
49:37Donc ça, ça concernait les femmes.
49:39En ce qui concerne les hommes, eux, ont-ils droit de porter un enfant ?
49:43Ah non, pas plus que les chiens ne répondent au téléphone.
49:46Oui, bien sûr.
49:47Et sinon, qu'est-ce que ce sera le record de vitesse ?
49:50Il y a un avion supersonique expérimental qui va à 11 000 km heure.
49:53Mais elle va où la Brigitte ? Tu reprends le contrôle ?
49:55Non, je me détends.
49:56Et un jour, vous pensez qu'il y aura des femmes dans l'espace ?
50:00Il y a déjà des femmes cosmonautes.
50:02Valentina Tereshkova, en 1963, seulement deux ans après Yuri Gagarin sur Vostok 6.
50:08Et on parle aussi d'un prototype de taxi volant,
50:11une sorte de voiture ailée qui pourrait transporter des gens d'un point à un autre.
50:15Je crois qu'ils vont essayer ça aux Jeux Olympiques à Paris.
50:18Et on discute beaucoup aussi de l'intelligence artificielle qui écrit pour nous,
50:23qui crée pour nous, qui pense pour nous, qui un jour peut-être va remplacer nos cerveaux.
50:27C'est beaucoup, non ?
50:28C'est dramatique, oui.
50:46Alice Milia, ces révélations vous laissent songeuse.
50:52Forcément, Brigitte.
50:54Être à votre micro est une chance, mais je réalise, il y a tant à dire.
50:59Et votre temps, à vous, semble tellement plus rapide que le nôtre.
51:04Les femmes doivent être vigilantes.
51:07Une avancée sociale met du temps à être votée, à être acceptée.
51:11Elle peut disparaître en un clin d'œil.
51:13Nous le mesurons au quotidien.
51:14Le droit de vote, par exemple.
51:15En France, nous avons tant de retard.
51:17Les Néo-Zélandaises, les Canadiennes, les Américaines, la plupart des Européennes font entendre leur voix.
51:22Nous, la Chambre des députés a proposé plusieurs fois des lois.
51:25Elles sont toujours rejetées par le Sénat en 1920 et l'année dernière encore en 1930.
51:30Si ça peut vous rassurer, mettre un peu de lumière dans votre journée, mesdames,
51:34je vous assure que dans quelques années, vous aurez le droit de vote.
51:39Que des femmes dirigeront le gouvernement et qu'une femme présidera l'Assemblée nationale.
51:44Yael Brunpivet.
51:45Yael ?
51:47Yael Brunpivet ?
51:49Le racisme a disparu.
51:51Alors ça, c'est l'espoir pour l'humanité.
51:53Parce que vous n'en avez peut-être pas conscience, vous, en 2024,
51:57ni vous, Brigitte, mais nous, en 1931.
52:00On a déjà connu deux guerres avec l'Allemagne.
52:031870 et la Grande, 14-18.
52:06Là, je pense que les mentalités ont avancé.
52:09Vous savez, pour nous, en 1931, c'est plus jamais ça.
52:13Bien.
52:14Eh bien, comme je ne peux pas modifier les événements,
52:20j'aimerais ajouter, pour revenir au sport,
52:24savez-vous que Légerie Dior, c'est un grand couturier, est une femme handicapée
52:30et qu'elle va participer aux Jeux paralympiques ?
52:32Des Jeux paralympiques ?
52:33Oui, c'est Pauline Desroulettes, une grande joueuse de tennis
52:35qui a eu un accident de la route, qui va prendre part à la compétition.
52:39Eh bien, notre émission touche à sa fin.
52:43Merci d'avoir participé à cette émission supersonique expérimentale.
52:48J'aimerais terminer sur les mots de Simone de Beauvoir.
52:51On ne naît pas femme, on le devient.
52:54Alors, imaginez dans le sport, Brigitte.
52:56On ne naît pas médaille d'or, on le devient.
52:59Ça marche aussi.
53:00Violette, votre énergie fait plaisir à voir.
53:03Et vous, Alice, votre ressenti ?
53:05En fait, au travers du sport, on réalise que pour chaque avancée sociale,
53:10il faut quasi une révolution.
53:13Une révolution.
53:15Eh bien, c'est sur ces deux mots, à l'image de mes deux invités,
53:19ces deux héroïnes, que nous allons clore cet entretien.
53:22Mais avant de nous quitter, suivez-moi, mesdames,
53:25pour un dernier hommage sous forme de diaporama
53:28qui met en valeur des femmes qui ont compté entre 1931 et 2024.
54:29Eh bien, je vous donne rendez-vous la semaine prochaine.
54:32Eh, attendez, Brigitte, maintenant qu'on a fait connaissance.
54:36Alors, vous allez retourner en 2024 ou vous restez avec nous en 1931 ?
54:42À moins que je ne vous emmène toutes les deux avec moi.

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